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joug du vainqueur que de s'exposer aux dernières fureurs de la guerre. Et c'est ainsi que dans la suite des temps, non sans un conseil de la providence de Dieu, qui règle le sort des batailles, quelques peuples ont été les maîtres des autres. Or, entre tous les empires que les divers intérêts de la cité de la terre ont établis, il en est deux singulièrement puissants, celui des Assyriens et celui des Romains, distincts l'un de l'autre par les lieux comme par les temps. Celui des Assyriens, situé en Orient, a fleuri le premier; et celui des Romains, qui n'est venu qu'après, s'est étendu en Occident: la fin de l'un a été le commencement de l'autre. On peut dire que les autres royaumes n'ont été que des rejetons de ceux-là.

Ninus, second roi des Assyriens, qui avait succédé à son père Bélus ', tenait l'empire, quand Abraham naquit en Chaldéc. En ce temps-là florissait aussi le petit royaume des Sicyoniens, par lequel le docte Varron commence son histoire romaine 2. Des rois des Sicyoniens, il descend aux Athéniens, de ceuxci aux Latins, et des Latins aux Romains. Mais, comme je l'ai dit, tous ces empires qui ont précédé la fondation de Rome étaient peu de chose en comparaison de celui des Assyriens; et Salluste, tout en

Sur Bélus, voyez Hérodote, lib. 1, cap. 181 sqq. La plupart des historiens font commencer l'empire d'Assyrie à Ninus. Bélus a été ajouté par les historiens postérieurs, notamment par Eusèbe dans sa Chronique.

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Voyez plus haut (livre VI, ch. ) le témoignage éclatant que rend saint Augustin à la science de Varron. L'histoire romaine dont il est question ici et qui est entièrement perdue, est mentionnée par les grammairiens Charisius et Servius et par Arnobe (Adv. Gent., lib. V, p. 143 de l'édition de Stewech).

reconnaissant que les Athéniens ont été célèbres dans la Grèce, croit pourtant que la renommée a exagéré leur puissance. « Les faits d'armes d'Athènes, dit-il, ont été grands et glorieux, je n'en disconviens pas; mais toutefois je les crois un peu au-dessous de ce qu'on en publie. L'éloquence des historiens a beaucoup contribué à leur éclat, et la vertu de ses héros a été rehaussée de toute la grandeur de ses beaux génies'. » Ajoutez à cela qu'Athènes a été l'école des lettres et de la philosophie, ce qui n'a pas peu contribué à sa gloire. Mais à ne considérer que la puissance matérielle, il n'y avait point en ce tempslà d'empire plus fort ni plus étendu que celui d'Assyrie. En effet, on dit que Ninus subjugua toute l'Asie, c'est-à-dire la moitié du monde, et porta ses conquêtes jusques aux confins de la Libye. Les Indiens furent les seuls de tous les peuples d'Orient qui demeurèrent libres de sa domination; encore, après sa mort, furent-ils soumis par sa femme Sémiramis 2. Ce fut donc alors, sous le règne de Ninus, qu'Abraham naquit chez les Chaldéens; mais, comme l'histoire des Grecs nous est bien plus connue que celle des Assyriens, ayant passé jusqu'à nous par les Latins, et, après ceux-ci, par les Romains, qui en sont descendus, j'estime qu'il ne sera pas hors de propos de rappeler à l'occasion les rois des Assyriens, afin qu'on voie comment Babylone, ainsi que l'ancienne Rome, s'avance dans le cours des siècles

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1 Catil., ch. 8.

Voyez Diodore de Sicile, d'après Ctésias (lib. 11, cap. 15 sqq.).

3 Saint Augustin suit la Chronique d'Eusèbe; d'autres font naitre

Abraham la vingtième année du règne de Sémiramis.

avec la Cité de Dieu, étrangère ici-bas. Quant aux faits qui doivent nous servir à mettre en parallèle les deux cités, il vaut mieux les emprunter aux Grecs et aux Latins, parmi lesquels je comprends Rome, comme une seconde Babylone.

Or, à la naissance d'Abraham, Ninus était le second roi des Assyriens, et Europs le second roi des Sicyoniens; l'un avait succédé à Bélus, et l'autre à Ægialeus'. Quand Dieu promit à Abraham une postérité nombreuse, après qu'il fut sorti de Babylone, les Assyriens en étaient à leur quatrième roi, et les Sicyoniens à leur cinquième. Alors le fils de Ninus régnait chez les Assyriens après sa mère Sémiramis, qu'il tua, dit-on, parce qu'elle voulait former avec lui une union incestueuse. Quelques-uns croient qu'elle fonda Babylone, peut-être parce qu'elle la rebâtit 3; car nous avons montré au seizième livre quand et comment Babylone fut fondée. Pour ce fils de Semiramis, les uns le nomment Ninus comme son père, les autres Ninyas. Télexion tenait alors le sceptre des Sicyoniens, et son règne fut si tranquille que ses sujets, après sa mort, firent de lui un dieu et lui décernèrent des jeux et des sacrifices.

1 Ces synchronismes sont établis d'après Eusèbe.

2 C'est le récit de Justin, abréviateur de Trogue Pompée, qui écrivait probablement d'après Ctésias. Comp. Agathias, Hist., lib. I, cap. 24.

3 Diodore de Sicile et Justin, d'après Ctésias (page 396 sqq. de l'édition de Bæhr), font bâtir Babylone par Sémiramis. Suivant Josèphe et Eusèbe, Bélus serait le fondateur de Babylone, et Sémiramis n'aurait fait que la restaurer et la fortifier.

CHAPITRE III.

Sous quels rois des Assyriens et des Sycioniens naquit Isaac, Abraham étant alors âgé de cent aus, et à quelle époque de ces mêmes empires Isaac, âgé de soixante ans, eut de Rébecca deux fils, Ésau et Jacob.

Ce fut sous le règne de Télexion que naquit Isaac, selon la promesse que Dieu en avait faite à son père Abraham, qui l'eut à l'âge de cent ans de sa femme Sarra, à qui la stérilité et le grand âge avaient ôté l'espérance d'avoir des enfants: Arrius', cinquième roi des Assyriens, régnait alors. Isaac, âgé de soixante ans, eut de sa femme Rébecca deux enfants jumeaux, Ésau et Jacob, Abraham étant encore vivant et âgé de cent soixante ans; mais il mourut quinze ans après sous le règne de l'ancien Xerxès, roi des Assyriens, surnommé Baléus, et de Thuriacus ou Thurimacus, roi des Sicyoniens, tous deux septièmes souverains de leurs peuples. Le royaume des Argiens prit naissance sous les petits-fils d'Abraham, et Inachus en fut le premier roi. Il ne faut pas oublier, qu'au rapport de Varron, les Sicyoniens avaient coutume de sacrifier sur le sépulcre de Thurimacus. Sous les règnes d'Armamitrès et de Leucippus, huitièmes rois des Assyriens et des Sicyoniens, et sous celui d'Inachus, premier roi des Argiens, Dieu parla à Isaac et lui promit, comme il avait fait à son père, qu'il donnerait la terre de

1 L'édition bénédictine donnait Arabius, auquel la nouvelle édition de 1838 substitue Arrius. Voyez la note du savant éditeur, tome VII, page 776.

Chanaan à sa postérité, et qu'en elle toutes les nations seraient bénies. Il promit la même chose à son fils Jacob, appelé depuis Israël, sous le règne de Bélocus, neuvième roi des Assyriens, et de Phoronée, fils d'Inachus, deuxième roi des Argiens; car Leucippus, huitième roi des Sicyoniens, vivait encore. Ce fut sous ce Phoronée ', roi d'Argos, que la Grèce commença à devenir célèbre par ses lois et ses institutions. Phegoüs, cadet de Phoronée, fut honoré comme un dieu après sa mort, et on lui bâtit un temple sur son tombeau. J'estime qu'on lui déféra cet honneur, parce que, dans la partie du royaume que son père lui avait laissée, il avait élevé des chapelles aux dieux, et divisé les temps par mois et par années. Surpris de ces nouveautés, les hommes encore grossiers crurent qu'il était devenu dieu après sa mort, ou le voulurent croire. On dit qu'lo, fille d'Inachus, appelée depuis Isis, fut honorée en Égypte comme une grande déesse; d'autres pourtant la font venir d'Éthiopie en Égypte, où elle gouverna avec tant de sagesse et de justice que les Égyptiens, qui lui devaient en outre l'invention des lettres et beaucoup d'autres choses utiles, la révérèrent comme une divinité, et défendirent, sous peine de la vie, de dire qu'elle avait été une simple mortelle.

Pausanias fait honneur à Phoronée d'avoir initié son peuple à l'usage du feu (lib. 11, cap. 15); ce que saint Augustin dit de ce personnage et de son frère Phegous est très-probablement emprunté à Varron. Comp. Platon, Timée, init.

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