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tentons de celles que nos ennemis nous fournissent malgré eux, et dont ils sont eux-mêmes les dépositaires; d'autant mieux que nous y trouvons prédite cette dispersion même dont les Juifs nous fournissent le témoignage éclatant. Chaque jour, ils peuvent lire dans les psaumes cette prophétie : « C'est mon Dieu; il me préviendra par sa miséricorde. Mon Dieu m'a dit en me parlant de mes ennemis Ne les tuez pas, de peur qu'ils n'oublient votre loi; mais dispersez-les par votre puissance (Psal., LVIII, 10). » Dieu donc a fait voir sa miséricorde à l'Eglise dans les Juifs ses ennemis, parce que, comme dit l'Apôtre : « Leur crime est le salut des Gentils (Rom., XI, 11). » Et il ne les a pas tués, c'est-à-dire qu'il n'a pas entièrement détruit le judaïsme, de peur qu'ayant oublié la loi de Dieu, ils ne nous pussent rendre le témoignage dont nous parlons. Aussi ne s'est-il pas contenté de dire: « Ne les tuez pas, de peur qu'ils n'oublient votre loi; » mais il ajoute « Dispersez-les. » Si avec ce témoignage des Écritures ils demeuraient dans leur pays, sans être dispersés partout, l'Église, qui est répandue dans le monde entier, ne les pourrait pas avoir de tous côtés pour témoins des prophéties qui regardent Jésus-Christ.

CHAPITRE XLVII.

Si, avant l'incarnation de Jésus-Christ, d'autres que les Juifs ont appartenu à la Jérusalem céleste.

Si d'autres que des Juifs ont prophétisé le Messie, c'est pour nous un surcroît de preuves; mais nous

n'avons pas besoin de leur témoignage. En effet, nous ne l'alléguons que pour montrer qu'il y a eu probablement parmi les autres peuples des hommes à qui ce mystère a été révélé, et qui ont été poussés à le prédire, soit qu'ils aient participé à la même gråce que les prophètes hébreux, soit qu'ils aient été instruits par les démons, que nous savons avoir confessé Jésus-Christ présent, tandis que les Juifs ne le connaissaient pas. Aussi je ne crois pas que les Juifs même osent soutenir que nul hors de leur race n'a servi le vrai Dieu depuis l'élection de Jacob et la réprobation d'Ésaü. A la vérité, il n'y a point eu d'autre peuple que le peuple israélite qui ait été proprement appelé le peuple de Dieu; mais ils ne peuvent nier qu'il n'y ait eu parmi les autres nations quelques hommes dignes d'être appelés de véritables Israélites, en tant que citoyens de la céleste patrie. S'ils le nient, il est aisé de les convaincre par l'exemple de Job', cet homme saint et admirable, qui n'était ni juif ní prophète, mais un étranger originaire d'Idumée, à qui l'Écriture néanmoins accorde ce glorieux témoignage que nul homme de son temps ne lui était comparable pour la piété. Bien que l'histoire ne dise pas en quel temps il vivait, nous conjecturons par son livre placé par les Juifs entre les canoniques, à cause de son excellence, qu'il est venu au monde environ trois générations après le patriarche Jacob. Or, je ne doute point que ce ne soit un effet de la providence de Dieu de nous avoir appris par l'exemple de Job qu'il a pu y avoir parmi les autres peuples

1 Job, 1; Ezech., XIV, 20.

des membres de la Jérusalem spirituelle. Mais il faut croire que cette grâce n'a été faite qu'à ceux à qui l'unique médiateur entre Dieu et les hommes, JésusChrist homme, a été révélé, et que son incarnation leur était prédite avant qu'elle arrivât, comme elle nous a été annoncée depuis qu'elle est arrivée, en sorte qu'une seule et même foi conduise par lui à Dieu tous ceux qui sont prédestinés pour être sa cité, sa maison et son temple. Quant aux autres prophéties de Jésus-Christ qu'on produit d'ailleurs, on peut penser que les chrétiens les ont inventées. C'est pourquoi il n'est rien de plus fort contre tous ceux qui voudraient révoquer en doute notre foi, ni de plus propre pour nous y affermir, si nous prenons les choses comme il faut, que les prophéties de JésusChrist tirées des livres des Juifs, qui, ayant été arrachés de leur pays et dispersés dans tout le monde pour servir de témoignage à la foi de l'Église, ont contribué à la faire partout fleurir.

CHAPITRE XLVIII.

Que la prophétie d'Aggée touchant la seconde maison de Dieu, qui doit être plus illustre que la première, ne doit pas s'entendre du temple de Jérusalem, mais de l'Eglise.

Cette maison de Dieu, qui est l'Église, est bien plus auguste que la première, bâtie de bois précieux et toute couverte d'or. La prophétie d'Aggée n'a donc pas été accomplie par le rétablissement de ce temple, puisque, depuis le temps où il fut rebâti, il fut moins fameux que du temps de Salomon. On peut dire même qu'il perdit beaucoup de sa gloire, d'abord

par les prophéties qui vinrent à cesser, et ensuite par les diverses calamités qui affligèrent les Juifs jusqu'à leur entière désolation. Il en est tout autrement de cette nouvelle maison qui appartient au Nouveau Testament; elle est d'autant plus illustre qu'elle est composée de pierres meilleures, de pierres vivantes, c'est-à-dire des fidèles renouvelés par le baptême. Mais elle a été figurée par le rétablissement du temple de Salomon, parce qu'en langage prophétique ce rétablissement signifie le Testament nouveau. Ainsi, lorsque Dieu a dit par le prophète dont nous parlons : « Je donnerai la paix en ce lieu (Aggæi, II, 10), » comme ce lieu désignait l'Église qui devait être bâtie par Jésus-Christ, on doit entendre: J'établirai la paix dans le lieu que celui-ci figure. En effet, toutes les choses figuratives semblent en quelque sorte tenir la place des choses figurées. C'est ainsi que l'Apôtre a dit : « La pierre était JésusChrist (I Cor., x, 4), » parce que la pierre dont il parle en était la figure. La gloire de cette maison du Nouveau Testament est donc plus grande que celle de l'Ancien, et elle paraîtra telle quand on en fera la dédicace. C'est alors que « viendra celui que tous les peuples désirent (Aggæi, 11, 8), » comme le porte le texte hébreu, parce que son premier avénement ne pouvait pas être désiré de tous les peuples, qui ne connaissaient pas celui qu'ils devaient désirer, et par conséquent ne croyaient point en lui. C'est aussi alors que, selon la version des Septante, dont le sens est pareillement prophétique, « les élus du Seigneur viendront de tous les endroits de l'univers. » A partir de cette époque, il ne viendra rien que ce qui a été

élu et dont l'Apôtre dit : « Il nous a élus en lui avant la création du monde (Ephes., 1, 4). » Le grand architecte qui a dit : « Il y en a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus (Matth., XXII, 14),» n'entendait pas que ceux qui, ayant été appelés au festin, avaient mérité qu'on les en chassat, dussent entrer dans l'édifice de cette maison dont la durée sera éternelle, mais seulement les élus. Or, maintenant que ceux qui doivent être séparés de l'aire à l'aide du van, remplissent l'Église, la gloire de cette maison ne paraît pas si grande qu'elle paraîtra, quand chacun sera toujours où il sera une fois.

CHAPITRE XLIX.

Que les élus et les réprouvés sont mêlés ensemble ici-bas.

Dans ce siècle pervers, en ces tristes jours où TÉglise, par des humiliations passagères, s'acquiert une grandeur immortelle pour l'avenir et est exercée par une infinité de craintes, de douleurs, de travaux et de tentations, sans avoir d'autre joie que l'espérance, si elle se réjouit comme il faut, beaucoup de réprouvés sont mêlés avec les élus, et les uns et les autres renfermés en quelque sorte dans ce filet de l'Évangile (Matth., XIII, 47), nagent pêlemêle à travers l'océan du monde, jusqu'à ce que tous arrivent au rivage, où les méchants seront séparés des bons, alors que Dieu habitera dans les bons comme dans son temple, pour y être tout en tous (I Cor., xv, 28). Ainsi, nous voyons s'accomplir cette parole de celui qui disait dans le psaume : « J'ai publié et annoncé partout, et ils se sont mul

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