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tipliés sans nombre (Psal., XXXIX, 8). » C'est ce qui arrive maintenant, depuis qu'il a publié et annoncé, d'abord par la bouche de Jean-Baptiste son précurseur (Matth., III, 2), et en second lieu par la sienne propre : « Faites pénitence, car le royaume des cieux est proche (Ibid., iv, 17). » Le Seigneur done fit choix de quelques disciples qu'il nomma apôtres, sans naissance, sans considération, sans lettres, afin d'être et de faire en eux tout ce qu'ils seraient et feraient de grand. Parmi eux se trouva un méchant; mais le Sauveur, usant bien d'une mauvaise créature, se servit d'elle pour accomplir ce qui était ordonné touchant sa passion, et pour apprendre, par son exemple, à son Église à supporter les méchants. Ensuite, après avoir jeté les semences de l'Évangile, il souffrit, mourut et ressuscita, montrant par sa passion ce que nous devons endurer pour la vérité, et par sa résurrection ce que nous devons espérer pour l'éternité, sans parler du profond mystère de son sang répandu pour la rémission des péchés. Il conversa quarante jours sur la terre avec ses disciples, et monta au ciel devant leurs yeux; et dix jours après, il leur envoya, suivant sa promesse, l'Esprit saint de son père, dont la venue sur les fidèles est marquée par ce signe suprême et nécessaire qu'ils parlaient toute sorte de langues (Act., 11, 6), figure de l'unité de l'Eglise catholique, qui devait se répandre dans tout l'univers et parler les langues de tous les peuples.

CHAPITRE L.

De la prédication de l'Evangile, devenue plus éclatante et plus efficace par la passion de ceux qui l'annonçaient.

Ensuite, selon cette prophétie : « La loi sortira de Sion, et la parole du Seigneur de Jérusalem (Isai., 11, 3), » et suivant la prédiction du Sauveur même, quand après sa résurrection il ouvrit l'esprit à ses disciples étonnés, pour leur faire entendre les Écritures, et leur dit : « Il fallait, selon ce qui est écrit, que le Christ souffrit, et qu'il ressuscitát le troisième jour, et qu'on prêchât en son nom la pénitence et la rémission des péchés dans toutes les nations, en commençant par Jérusalem (Luc, XXIV, 46 et 47); » et encore, quand il répondit à ses disciples qui s'enquéraient de son dernier avénement : « Ce n'est pas à vous à savoir les temps ou les moments dont mon Père s'est réservé la disposition; mais vous recevrez la vertu du Saint-Esprit qui viendra en vous, et vous me rendrez témoignage à Jérusalem, et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre (Act., 1, 7, 8); » suivant, dis-je, toutes ces paroles, l'Église se répandit d'abord à Jérusalem, et de là en Judée et en Samarie; et l'Évangile fut ensuite porté aux Gentils par le ministère de ceux que Jésus-Christ avait lui-même allumés comme des flambeaux pour éclairer toute la terre, et embrasés du Saint-Esprit. Il leur avait dit : « Ne craignez point ceux qui tuent le corps, mais qui ne peuvent tuer l'âme (Matth., x, 28); » et le feu de la charité qui brûlait leur cœur étouffait en eux toute

crainte. Il ne s'est pas seulement servi pour la prédication de l'Évangile de ceux qui l'avaient vu et entendu avant et après sa passion et sa résurrection; mais il a suscité à ces premiers disciples des successeurs qui ont aussi porté sa parole dans tout le monde, parmi de sanglantes persécutions, Dieu se déclarant en leur faveur par plusieurs prodiges et par divers dons du Saint-Esprit, afin que les Gentils, convertis à celui qui a été crucifié pour les racheter, prissent en vénération, avec un amour digne de chrétiens, le sang des martyrs qu'ils avaient répandu avec une fureur digne des démons, et que les rois mêmes, dont les édits ravageaient l'Église, se soumissent humblement à ce nom que leur cruauté s'était efforcée d'exterminer, et tournassent leurs persécutions contre les faux dieux, pour l'amour desquels ils avaient auparavant persécuté les adorateurs du Dieu véritable.

CHAPITRE LI.

Que les hérétiques sont utiles à l'Église.

Mais le diable, voyant qu'on abandonnait les temples des démons, et que le genre humain courait au nom du Sauveur et du Médiateur, suscita les hérétiques pour combattre la doctrine chrétienne sous le nom de chrétiens. Comme s'il pouvait y avoir dans la Cité de Dieu des personnes de sentiments contraires, à l'exemple de ces philosophes qui se contredisent l'un l'autre dans la cité de confusion! Quand donc ceux qui dans l'Église de Jésus-Christ ont des opinions mauvaises et dangereuses, après en

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avoir été repris, y persistent opiniâtrément, et refusent de se rétracter de leurs dogmes pernicieux, ils deviennent hérétiques, et une fois sortis de l'Église, elle les regarde comme des ennemis qui servent à exercer sa vertu. Or, tout hérétiques qu'ils sont, ils ne laissent pas d'être utiles aux vrais catholiques qui sont les membres de Jésus-Chrit, Dieu se servant bien des méchants mêmes, et toutes choses contribuant à l'avantage de ceux qui l'aiment (Rom., VIII, 28). En effet, tous les ennemis de l'Église, quelque erreur qui les aveugle ou quelque passion qui les anime, lui procurent, en la persécutant corporellement, l'avantage d'exercer sa patience, ou, s'ils la combattent seulement par leurs mauvais sentiments, ils exercent au moins sa sagesse; mais, de quelque façon que ce soit, ils lui donnent toujours sujet de pratiquer la bienveillance ou la générosité envers ses ennemis, soit qu'elle procède avec eux par des conférences paisibles, soit qu'elle les frappe de châtiments redoutables. C'est pourquoi le diable, qui est le prince de la cité des impies, a beau soulever ses esclaves contre la Cité de Dieu étrangère en ce monde, il ne lui saurait nuire. Dieu ne la laisse point sans consolation dans l'adversité, de peur qu'elle ne s'abatte, ni sans épreuve dans la prospérité, de crainte qu'elle ne s'exalte, et ce juste tempérament est marqué dans cette parole du psaume : Vos consolations ont rempli mon âme de joie, à proportion des douleurs qui affligent mon cœur (Psal., LCII, 19); » ou encore dans ces mots de l'Apôtre : « Réjouissez-vous en espérance, et portez avec constance les afflictions (Rom., XII, 12). »

Le docteur des nations dit aussi que « tous ceux qui veulent vivre saintement en Jésus-Christ seront persécutés (II Tim., ш, 12); il ne faut donc pas s'imaginer que cela puisse manquer en aucun temps; car alors même que l'Église est à couvert de la violence des ennemis du dehors, ce qui n'est pas une petite consolation pour les faibles, il y en a toujours beaucoup au dedans qui affligent cruellement le cœur des gens de bien par leur mauvaise conduite, en ce qu'ils sont cause qu'on blasphème la religion chrétienne et catholique; et cette injure qu'ils lui font est d'autant plus sensible aux âmes pieuses qu'elles l'aiment davantage et qu'elles voient qu'on l'en aime moins. Un autre sujet de douleur, c'est de penser que les hérétiques qui se disent aussi chrétiens et ont les mêmes sacrements que nous et les mêmes Écritures, jettent dans le doute plusieurs esprits disposés à embrasser le christianisme, et donnent lieu de calomnier notre religion. Ce sont ces déréglements des hommes qui font souffrir une sorte de persécution à ceux qui veulent vivre saintement en Jésus-Christ, lors même que personne ne les tourmente en leur corps. Aussi le Psalmiste fait sentir que cette persécution est intérieure, quand il dit : « A proportion des douleurs qui affligent mon cœur.»> Mais au surplus, comme on sait que les promesses de Dieu sont immuables, et que l'Apôtre dit : « Dieu connait ceux qui sont à lui (Tim., II, 19), de sorte que nul ne peut périr de ceux « qu'il a connus par sa prescience et prédestinés pour être conformes à l'image de son fils (Rom., yin, 29), » le Psalmiste ajoute Vos consolations ont rempli mon âme de

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