Sayfadaki görseller
PDF
ePub

mention de cette plénitude, lorsque, parlant de JésusChrist, il dit : « Il l'a établi pour être le chef de toute l'Église, qui est son corps et sa plénitude, lui qui consomme tout en tous (Ephes., 1, 22, 23). » Mais, lors même qu'il faudrait entendre le passage dont il s'agit de la résurrection, qui nous empêcherait d'appliquer aussi à la femme ce qu'il dit de l'homme, en prenant l'homme pour tous les deux, comme dans ce verset du Psaume: « Bienheureux l'homme qui craint le Seigneur (Psal., CX1, 1)! » Car assurément les femmes qui craignent le Scigneur sont comprises dans la pensée du Psalmiste.

CHAPITRE XIX.

Que tous les défauts corporels, qui, pendant cette vie, sont contraires à la beauté de l'homme, disparaîtront à la résurrection, la substance naturelle du corps terrestre devant seule subsister, mais avec d'autres proportions d'une justesse accomplie.

Est-il besoin de répondre maintenant aux objections tirées des ongles et des cheveux? Si l'on a bien compris une fois qu'il ne périra rien de notre corps, afin qu'il n'ait rien de difforme, on comprendra aussi aisément que ce qui ferait une monstrueuse énormité sera distribué dans toute la masse du corps, et non pas accumulé à une place où la proportion des membres en serait altérée. Si, après avoir fait un vase d'argile, on le voulait défaire pour en recomposer un vase nouveau, il ne serait pas nécessaire que cette portion de terre qui formait l'anse ou le fond dans le premier vase, les formât aussi dans le second;

il suffirait que toute l'argile y fût employée. Si donc les ongles et les cheveux, tant de fois coupés, ne peuvent revenir à leur place qu'en produisant une difformité, ils n'y reviendront pas. Cependant ils ne seront pas anéantis, parce qu'ils seront changés en la même chair à laquelle ils appartenaient, afin d'y occuper une place où ils ne troublent pas l'économie générale des parties. Je ne dissimule pas, au surplus, que cette parole du Seigneur: « Pas un cheveu de votre tête ne périra, » ne paraisse s'appliquer plutôt au nombre des cheveux qu'à leur longueur. C'est dans ce sens qu'il a dit aussi : « Tous les cheveux de votre tête sont comptés (Luc, XII, 7). » Je ne crois donc pas que rien doive périr de notre corps de tout ce qui lui était naturel; je veux seulement montrer que tout ce qui en lui était défectueux, et servait à faire voir la misère de sa condition, sera rendu à sa substance transfigurée, le fond de l'être restant tout entier, tandis que la difformité seule périra. Si un artisan ordinaire, qui a mal fait une statue, peut la refondre si bien qu'il en conserve toutes les parties, sans y laisser néanmoins ce qu'elle avait de difforme, que ne faut-il pas attendre, je le demande, du suprême Artisan? Ne pourra-t-il ôter et retrancher aux corps des hommes toutes les difformités naturelles ou monstrueuses, qui sont une condition de cette vie misérable, mais qui ne peuvent convenir à la félicité future des saints, comme ces accroissements naturels sans doute, mais cependant disgracieux, de notre corps, sans rien enlever pour cela de sa substance?

Il ne faut point dès lors que ceux qui ont trop ou

1

trop peu d'embonpoint appréhendent d'être au séjour céleste ce qu'ils ne voudraient pas être, même ici-bas. Toute la beauté du corps consiste, en effet, en une certaine proportion de ses parties, couvertes d'un coloris agréable. Or, quand cette proportion manque, ce qui choque la vue, c'est qu'il y a quelque chose qui fait défaut, ou quelque chose d'excessif. Ainsi donc, cette difformité qui résulte de la disproportion des parties du corps disparaîtra, lorsque le Créateur, par des moyens connus de lui, suppléera à ce qui manque ou ôtera le superflu. Et quant à la couleur des chairs, combien ne sera-t-elle pas vive et éclatante en ce séjour où : « Les justes brilleront comme le soleil dans le royaume de leur père ?» Il faut croire que Jésus-Christ déroba cet éclat aux yeux de ses disciples, quand il parut devant eux après sa résurrection; car ils n'auraient pu le soutenir, et cependant ils avaient besoin de regarder leur maître pour le reconnaître. C'est pour cette raison qu'il leur fit toucher ses cicatrices, qu'il but et mangea avec eux, non par nécessité, mais par puissance. Quand on ne voit pas un objet présent, tout en voyant d'autres objets également présents, comme il arriva aux disciples qui ne virent pas alors l'éclat du visage de JésusChrist, quoique présent, et qui pourtant voyaient d'autres choses, les Grecs appellent cet état opacia, mot que les Latins ont traduit dans la Genèse par cæcitas, faute d'un autre équivalent. C'est l'aveuglement dont les Sodomites furent frappés, lorsqu'ils cherchaient la porte de Lot sans pouvoir la

Matth., XIII, 43.

trouver. En effet, si c'eût été chez eux une véritable cécité, comme celle qui empêche de rien voir, ils n'auraient point cherché la porte pour entrer, mais des guides pour les ramener '.

Or, je ne sais comment, l'affection que nous avons pour les bienheureux martyrs nous fait désirer de voir dans le ciel les cicatrices des plaies qu'ils ont reçues pour le nom de Jésus-Christ, et peut-être les verrons-nous. Ce ne sera pas une difformité dans leur corps, mais une marque d'honneur, qui donnera de l'éclat, non point à leur corps, mais à leur gloire. Il ne faut pas croire toutefois que les membres qu'on leur aura coupés leur manqueront à la résurrection, eux à qui il a été dit : << pas un cheveu de votre tête ne périra. » Mais, s'il est à propos qu'on voie, dans le siècle nouveau, ces marques glorieuses de leur martyre gravées jusque dans leur chair immortelle, on doit penser que les endroits où ils auront été blessés ou mutilés conserveront seulement une cicatrice, en sorte qu'ils ne laisseront pas de recouvrer les membres qu'ils avaient perdus. La foi nous assure, il est vrai, que dans l'autre vie aucun des défauts de notre corps ne paraitra plus; mais ces marques de vertu ne peuvent être considérées comme des défauts'.

Comp. saint Augustin, Quæst. in Gen., qu. 42.

2 Comp saint Jeau Chrysostome, Hom. I in SS. Machab., n. 1, et saint Ambroise, lib. 10, in Lucam,

CHAPITRE XX.

Qu'au jour de la résurrection, la substance de notre corps, de quelque manière qu'elle ait été dissipée, sera réunie intégralément

Loin de nous la crainte que la toute-puissance du Créateur ne puisse rappeler, pour ressusciter les corps, toutes les parties qui ont été dévorées par les bêtes, ou consumées par le feu, ou changées en poussière, ou dissipées dans l'air! Loin de nous la pensée que rien soit tellement caché dans le sein de la nature, qu'il puisse se dérober à la connaissance où au pouvoir du Créateur! Cicéron, dont l'autorité est si grande pour nos adversaires, voulant définir Dieu autant qu'il en est capable : « C'est, dit-il, un esprit libre et indépendant, dégagé de toute composition mortelle, qui connait et meut toutes choses, et qui a lui-même un mouvement éternel '. » Cicéron s'inspire ici des plus grands philosophes. Hé bien ! pour parler selon leur sentiment, peut-il y avoir unė chose qui reste inconnue à celui qui connaît tout, ou qui se dérobe pour jamais à celui qui meut tout? Ceci me conduit à répondre à cette question qui paraît plus difficile que toutes les autres : à qui, lors de la résurrection, appartiendra la chair d'un

Tuscul., lib. 1, cap. 27.

2 La définition de Cicéron peut, en effet, s'appliquer à merveille au Dieu d'Anaxagore et de Platon, et même au Dieu d'Aristote, pourvu qu'on entende par le mouvement éternel qu'elle attribue au Moteur suprême, non pas un mouvement sensible et matériel, mais l'invisible mouvement de la Pensée éternelle se repliant éternellement sur elles même pour contempler sa propre essence.

« ÖncekiDevam »