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avaient été mises en ordre par l'Être suprême'. Plusieurs philosophes, ne voulant abandonner ni le principe ni la tradition, cherchèrent à les concilier. Les uns, comme Aristote, dirent que cet être avait formé le monde de toute éternité ; les autres, comme Platon, qu'il ne l'avait formé que dans le temps, et d'après une matière préexistante, informe, dénuée des perfections qui ne conviennent qu'à l'Être suprême 3. L'un et l'autre étaient si éloignés de penser que leur opinion pût porter atteinte à la croyance de la Divinité, qu'Aristote n'a pas hésité à reconnaître Dieu comme première cause du mouvement 4, et Platon comme l'unique ordonnateur de l'univers. Or, de ce que les plus anciens philosophes n'ont pas connu la création, proprement dite, plusieurs savans critiques prétendent qu'on ne les doit pas ranger dans la classe des athées “.

4. Les anciens attachaient en général une autre idée que nous aux mots incorporel, immatériel, simple". Quelques-uns, à la vérité, paraissent avoir conçu la Divinité comme une substance indivisible, sans étendue et sans mélange3; mais par substance spirituelle, la

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'De mund. ap. Aristot. cap. 6, t. 1, p. 610. - 2 Aristot. de cœlo, lib. 2, cap. 1, t. 1, p. 452; id. metaph. lib. 14, cap. 7, t. 2, p. 1001.- Plat. in Tim. t. 3, p. 51, etc. Cicer. de nat. deor. lib. 1, cap. 8, t. 2, p. 403. 4 Aristot. metaph. lib. 14, cap. 7, t. 2, p. 1000, etc. -5 Plat. in Tim. Moshem. de creat. ex nihilo, in Cudw. t. 2, p. 310, etc. Cudw. cap. 4, §. 7, t. 1, p. 276. Beausobre, hist. du manich. liv. 5, chap. 5, t. 2, p. 259. Bruck. hist. philos. t. 1, p. 508. Zimmerm. de atheism. Plat. in amoen. litter. t. 12, p. 587. 7 Bruck. ibid. p. 690. Moshem. in Cudw. cap. 4, S. 24, p. 630. сар. 7, t. 2 , p. 851, ▲; lib. 5, cap. 5, p. 652, E.

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Anaxagor. ap. Aristot. metaph. lib. 1, de anim. lib. 1, cap. 2, t. 1, p. 620, D;

plupart n'entendaient qu'une matière infiniment déliée'. Cette erreur a subsisté pendant une longue suite de siècles, et même parmi des auteurs que l'Église révère; et, suivant quelques savans, on pourrait l'admettre sans mériter d'être accusé d'athéisme 3.

5. Outre la disette de monumens dont j'ai parlé plus haut, nous avons encore à nous plaindre de l'espèce de servitude où se trouvaient réduits les anciens philosophes. Le peuple se moquait de ses dieux, mais ne voulait pas en changer. Anaxagore avait dit que le soleil n'était qu'une pierre ou qu'une lame de métal enflammée. Il fallait le condamner comme physicien, on l'accusa d'impiété. De pareils exemples avaient depuis long-temps accoutumé les philosophes à user de ménagemens. De là cette doctrine secrète qu'il n'était pas permis de révéler aux profanes. Il est très-difficile, dit Platon 5, de se faire une juste idée de l'auteur de cet univers; et si on parvenait à la concevoir, il faudrait bien se garder de la publier. De là ces expressions équivoques qui conciliaient en quelque manière l'erreur et la vérité. Le nom de Dieu est de ce nombre. Un ancien abus en avait étendu l'usage à tout ce qui, dans l'univers, excite notre admiration; à tout ce qui, parmi les hommes, brille par l'excellence du

'Moshem. in Cudw. cap. 1, S. 26, t. 1, p. 47, not.y; id. in cap. 5, sect. 3, t. 2, p. 360. Beausobre, hist. du manich. liv. 3, chap. 1, t. I , p. 474; chap. 2, p. 482.-2 Moshem. ibid. cap. 5, sect. 3, S. 26, not. l, t. 2, p. 434. 3 Moshem. ibid. cap. 5, S. 4, t. 1, p. 136. Beausobre, ibid. chap. 2, t. 1, p. 485. - 4 Plut. de superst. t. 2, p.169, F. Sotion. ap. Diog. Laert. lib. 2, §. 12. Euseb. præp. evang. lib. 14, §. 14, p. 750. — 5 Plat. in Tim. t. 3,

mérite ou du pouvoir. On le trouve, dans les auteurs les plus religieux, employé tantôt au singulier, tantôt au pluriel'. En se montrant tour à tour sous l'une ou l'autre de ces formes, il satisfaisait également le peuple et les gens instruits. Ainsi, quand un auteur accorde le nom de Dieu à la nature, à l'âme du monde, aux astres, on est en droit de demander en quel sens il prenait cette expression; et si, au-dessus de ces objets il ne plaçait pas un Dieu unique auteur de toutes choses.

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6. Cette remarque est surtout applicable à deux opinions généralement introduites parmi les peuples de l'antiquité. L'une admettait au-dessus de nous des génies destinés à régler la marche de l'univers. Si cette idée n'a pas tiré son origine d'une tradition ancienne et respectable, elle a dû naître dans les pays où le souverain confiait le soin de son royaume à la vigilance de ses ministres. Il paraît en effet que les Grecs la reçurent des peuples qui vivaient sous un gouvernement monarchique ; et de plus, l'auteur d'un ouvrage attribué faussement à Aristote, mais néanmoins trèsancien, observe que, puisqu'il n'est pas de la dignité du roi de Perse de s'occuper des minces détails de l'administration, ce travail convient encore moins à l'Être suprême 3.

La seconde opinion avait pour objet cette continuité d'actions et de réactions qu'on voit dans toute la nature. On supposa des âmes particulières dans la pierre

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3 Xenoph. Plat. 2 Plut. de orac. def. t. 2, p. 415. —3 De mund. ap, Aristot, cap, 6, t. 1, p. 611.

d'aimant', dans les corps où l'on croyait distinguer un principe de mouvement et des étincelles de vie. On supposa une âme universelle répandue dans toutes les parties de ce grand tout. Cette idée n'était pas contraire à la saine doctrine. Car rien n'empêche de dire que Dieu a renfermé dans la matière un agent invisible, un principe vital qui en dirige les opérations. Mais par une suite de l'abus dont je viens de parler, le nom de Dieu fut quelquefois décerné aux génies et à l'âme du monde. De là les accusations intentées contre plusieurs philosophes, et en particulier contre Platon et contre Pythagore.

Comme le premier, ainsi que je l'ai déjà dit, emploie le nom de Dieu tantôt au singulier, tantôt au pluriel 3, on lui a reproché de s'être contredit*, La réponse était facile. Dans son Timée, Platon, développant avec ordre ses idées, dit que Dieu forma l'univers, et que, pour le régir, il établit des dieux subalternes, ou des génies, ouvrages de ses mains, dépositaires de sa puissance, et soumis à ses ordres. Ici la distinction entre le Dieu suprême et des autres dieux est si clairement énoncée, qu'il est impossible de la méconnaître, et Platon pouvait prêter les mêmes vues, et demander les mêmes grâces au souverain et à ses ministres. Si quelquefois il donne le nom de Dieu au monde, au ciel, aux astres, à la terre, etc. il est visible qu'il

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1, p. 620, D.—

3 Plat. in tim.

'Thales. ap. Aristot. de anim. lib. 1, cap. 2, t. * Cudw. cap. 3, §. 2, t. 1, p. 99. Moshem. ibid. t. 3, p. 27; id. de leg. lib. 4, t. 2, p. 716, etc. etc. deor. lib. 1, cap. 12 t. 2, p. 406. Bayle, contin. des. pens. t. 5,

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4 Cicer. de nat.

§. 26.

entend seulement les génies et les âmes que Dieu a semés dans les différentes parties de l'univers, pour en diriger les mouvemens. Je n'ai rien trouvé dans ses autres ouvrages qui démentît cette doc

trine.

Les imputations faites à Pythagore ne sont pas moins graves, et ne paraissent pas mieux fondées. Il admettait, dit-on, une âme répandue dans toute la nature, étroitement unie avec tous les êtres qu'elle meut, conserve et reproduit sans cesse; principe éternel dont nos âmes sont émanées, et qu'il qualifiait du nom de Dieu 1. On ajoute que, n'ayant pas d'autre idée de la Divinité, il doit être rangé parmi les athées.

De savans critiques se sont élevés contre cette accusation', fondée uniquement sur un petit nombre de passages susceptibles d'une interprétation favorable. Des volumes entiers suffiraient à peine pour rédiger ce qu'on a écrit pour et contre ce philosophe; je me borne à quelques réflexions.

On ne saurait prouver que Pythagore ait confondu l'âme du monde avec la Divinité, et tout concourt à nous persuader qu'il a distingué l'une de l'autre. Comme nous ne pouvons juger de ses sentimens que par ceux de ses disciples, voyons comment quelques-uns d'entre eux se sont exprimés dans des fragmens qui nous restent de leurs écrits.

'Cicer. de nat. deor. lib. 1, cap. 11, t. 2, p. 405. Clem. Alex. cohort. ad. gent. p. 62. Minuc. Felix, p. 121. Cyrill. ap. Bruck. t. 1, p. 1075. Justin. mart. cohort. ad gentes, p. 20. - 2 Beausobre, hist, du manich. lib.5, chap. 2, t. 2, p. 172. Reimmann. histor. atheism, sap, 29, p, 150; et alii ap. Bruck. t. 1, p. 1081,

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