Sayfadaki görseller
PDF
ePub

Dieu ne s'est pas contenté de former toutes choses, il conserve et gouverne tout'. Un général donne ses ordres à son armée, un pilote à son équipage, Dieu au monde2. Il est par rapport à l'univers, ce qu'un roi est par rapport à son empire3. L'univers ne pourrait subsister, s'il n'était dirigé par l'harmonie et par la providence". Dieu est bon, sage et heureux par lui-même. Il est regardé comme le père des dieux et des hommes, parce qu'il répand ses bienfaits sur tous ses sujets. Législateur équitable, précepteur éclairé, il ne perd jamais de vue les soins de son empire. Nous devons modeler nos vertus sur les siennes, qui sont pures et exemptes de toute affection grossière".

Un roi qui remplit ses devoirs est l'image de Dieu 7. L'union qui règne entre lui et ses sujets est la même qui règne entre Dieu et le monde.

Il n'y a qu'un Dieu très-grand, très-haut, et gouvernant toutes choses. Il en est d'autres qui possèdent différens degrés de puissance, et qui obéisssent à ses ordres. Ils sont à son égard ce qu'est le chœur par rapport au coryphée, ce que sont les soldats par rapport au général 9.

Ces fragmens contredisent si formellement l'idée qu'on a voulu nous donner des opinions de Pythagore, que des critiques ° ont pris le parti de jeter sur leur

'Stheneid. ap. Stob. serm. .46, p. 352.—2 Archit. ibid. serm. 1, p. 15.3 Diotog. ibid. serm. 46, p. 330.- 4 Hippod. ibid. serm. 101, p. 555, lin. 26. 5 Stheneid. ibid. p. 332. Euryphant. ibid. 6 Stheneid. ibid. Archyt. ibid. serm. 1, p. 13.

p.555.

[blocks in formation]

- ' Diotog.

p. 334. 9 Onatas, ibid. Conring. et Thomas. ap. Bruck.

ibid. serm. 46, p. 330. 8
Ecphant. ibid.
eclog. phys. lib. 1, cap. 3, p.4. —
t. 1, p. 1040 et 1102,

10

authenticité des doutes qui n'ont pas arrêté des savans également exercés dans la critique'. Et en effet, la doctrine déposée dans ces fragmens est conforme à celle de Timée, qui distingue expressément l'Être suprême d'avec l'âme du monde, qu'il suppose produite par cet être. On a prétendu qu'il avait altéré le système de son maître 2. Ainsi, pour condamner Pythagore, il suffira de rapporter quelques passages recueillis par des écrivains postérieurs de cinq à six cents ans à ce philosophe, et dont il est possible qu'ils n'aient pas saisi le véritable sens ; et pour le justifier, il ne suffira pas de citer une foule d'autorités qui déposent en sa faveur, et surtout celle d'un de ses disciples qui vivait presque dans le même temps que lui, et qui, dans un ouvrage conservé en entier, expose un système lié dans toutes ses parties!

Cependant on peut, à l'exemple de plusieurs critiques éclairés, concilier le témoignage de Timée avec ceux qu'on lui oppose. Pythagore reconnaissait un Dieu suprême, auteur et conservateur du monde, être infiniment bon et sage, qui étend sa providence partout; voilà ce qu'attestent Timée et les autres Pythagoriciens dont j'ai cité les fragmens. Pythagore supposait que Dieu vivifie le monde par une âme tellement attachée à la matière, qu'elle ne peut pas en être séparée; cette âme peut être considérée comme un feu subtil, comme une flamme pure; quelques Pythagoriciens lui donnaient le nom de Dieu, parce que c'est le nom qu'ils accordaient à tout ce qui sortait des mains de l'Être suprême : voilà, si je ne me trompe, la seule manière d'expliquer les Fabr. bibl. græc. t. 1 › P. 529. 2 Bruck. t. 1, p. 1093.

passages qui jettent des doutes sur l'orthodoxie de Pythagore.

Enfin il est possible que quelques Pythagoriciens, voulant nous donner une image sensible de l'action de Dieu sur toute la nature, aient pensé qu'il est tout entier en tous lieux, et qu'il informe l'univers comme notre âme informe notre corps. C'est l'opinion que semble leur prêter le grand - prêtre de Cérès, au chapitre xxx de cet ouvrage. J'en ai fait usage en cet endroit, pour me rapprocher des auteurs que je citais en note, et pour ne pas prononcer sur des questions qu'il est aussi pénible qu'inutile d'agiter. Car enfin ce n'est pas d'après quelques expressions équivoques, et par un long étalage de principes et de conséquences qu'il faut juger de la croyance de Pythagore : c'est par sa morale pratique, et surtout par cet institut qu'il avait formé, et dont un des principaux devoirs était de s'occuper de la Divinité', de se tenir toujours en sa présence, et de mériter ses faveurs par les abstinences, la prière, la méditation et la pureté du cœur. Il faut avouer que ces pieux exercices ne conviendraient guère à une société de spinosistes.

7.° Écoutons maintenant l'auteur des pensées sur la comète. « Quel est l'état de la question, lorsqu'on veut « philosopher touchant l'unité de Dieu? C'est de savoir << s'il y a une intelligence parfaitement simple, totale« ment distinguée de la matière et de la forme du monde, et productrice de toutes choses. Si l'on af

«

'Plut. in num. t. 1, p. 69. Clem. Alex. strom. lib. 5, p. 686. Aur. 2 Jambl. cap. 16, p. 57. Anonym. ap. Phot. p. 1313. Diod. excerpt. Vales. p. 245 et 246.

carm.

[ocr errors]

<< firme cela, l'on croit qu'il n'y a qu'un Dieu; mais « si l'on ne l'affirme pas, on a beau siffler tous les «< dieux du paganisme, et témoigner de l'horreur pour <«< la multitude des dieux, on admettra réellement une << infinité de dieux. » Bayle ajoute qu'il serait malaisé de trouver, parmi les anciens, des auteurs qui aient admis l'unité de Dieu sans entendre une substance composée. « Or une telle substance n'est une qu'abusivement et improprement, ou que sous la << notion arbitraire d'un certain tout, ou d'un être col<< lectif'. >>

Si, pour être placé parmi les polythéistes, il suffit de n'avoir pas de justes idées sur la nature des esprits, il faut, suivant Bayle lui-même, condamner non-seulement Pythagore, Platon, Socrate, et tous les anciens, mais encore presque tous ceux qui, jusqu'à nos jours, ont écrit sur ces matières : car, voici ce qu'il dit dans son dictionnaire3: « Jusqu'à M. Descartes, tous « nos docteurs, soit théologiens, soit philosophes, << avaient donné une étendue aux esprits, infinie à Dieu, « finie aux anges et aux âmes raisonnables. Il est vrai « qu'ils soutenaient que cette étendue n'est point maté«< rielle, ni composée de parties, et que les esprits sont << tout entiers dans chaque partie de l'espace qu'ils « occupent. De là sont sorties les trois espèces de pré<«< sence locale : la première pour les corps, la seconde « pour les esprits créés, la troisième pour Dieu. Les « Cartésiens ont renversé tous ces dogmes; ils disent << que les esprits n'ont aucune sorte d'étendue, ni de

I

1 Bayle, contin. des pens. t. 3, §. 66.—2 Moshem. in Cudw. cap. 43 S. 27, not. n, p. 684.—3 Art. Simonide, not. ɛ.

"

présence locale; mais on rejette leur sentiment, «< comme très - absurde. Disons donc qu'encore aujour«d'hui tous nos philosophes et tous nos théologiens << enseignent, conformément aux idées populaires, que «< la substance de Dieu est répandue dans des espaces «< infinis. Or il est certain que c'est ruiner d'un côté « ce que l'on avait bâti de l'autre ; c'est redonner <«< en effet à Dieu la matérialité que l'on lui avait « ôtée. »>

L'état de la question n'est donc pas tel que Bayle l'a proposé. Mais il s'agit de savoir si Platon, et d'autres philosophes antérieurs à Platon, ont reconnu un premier être, éternel, infiniment intelligent, infiniment sage et bon; qui a formé l'univers de toute éternité ou dans le temps; qui le conserve et le gouverne par luimême ou par ses ministres ; qui a destiné dans ce monde ou dans l'autre des récompenses à la vertu et des punitions au crime. Ces dogmes sont clairement énoncés dans les écrits de presque tous les anciens philosophes. S'ils y sont accompagnés d'erreurs grossières sur l'essence de Dieu, nous répondrons que ces auteurs ne les avaient pas aperçues, ou du moins ne croyaient pas qu'elles détruisissent l'unité de l'Être suprême'. Nous dirons encore qu'il n'est pas juste de reprocher à des écrivains qui ne sont plus des conséquences qu'ils auraient vraisemblablement rejetées, s'ils en avaient connu le danger. Nous dirons aussi que notre intention n'est pas de soutenir que les philosophes dont je parle avaient des idées aussi saines sur la Divinité que les nôtres,

Moshem. dissert. de creat. ap. Cudw. t. 2, p. 315. - 2 Moshem. in Cudw. cap. 4, t. 1, p. 685.

« ÖncekiDevam »