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Démophon. On nous parle tantôt d'un seul dieu, et tantôt de plusieurs dieux. Je ne vois pas moins d'imperfections que d'oppositions dans les attributs de la Divinité. Sa sagesse exige qu'elle maintienne l'ordre sur la terre, et le désordre y triomphe avec éclat. Elle est juste, et je souffre sans l'avoir mérité.

Philocles. On supposa, dès la naissance des sociétés, que des génies placés dans les astres veillaient à l'administration de l'univers : comme ils paraissaient revêtus d'une grande puissance, ils obtinrent les hommages des mortels; et le souverain fut presque partout négligé pour les ministres.

Cependant son souvenir se conserva toujours parmi tous les peuples 1. Vous en trouverez des traces plus ou moins sensibles dans les monumens les plus anciens ; des témoignages plus formels dans les écrits des philosophes modernes. Voyez la prééminence qu'Homère accorde à l'un des objets du culte public: Jupiter est le père des dieux et des hommes. Parcourez la Grèce : vous trouverez l'Être unique, adoré depuis long-temps en Arcadie sous le

Act. Apost. cap. 10, v.35; ibid, cap. 17, v. 23 et 28. S. Paul. ep. ad. Rom. cap. 1, v. 21. Jablonsk. panth. lib. 1, cap. 2, p. 38; id. in proleg. §. 22. Fréret, défens. de la chronol. p. 335, Bruck. hist. philos. t. 1, p. 467, Cudw. cap. 4, §. 14, etc. etc.

nom du Dieu Bon par excellence1; dans plusieurs villes, sous celui du Très-Haut 2, ou du Très-Grand 3.

Écoutez ensuite Timée, Anaxagore, Platon: C'est le Dieu unique qui a ordonné la matière et produit le monde 4.

Écoutez Antisthène, disciple de Socrate : Plusieurs divinités sont adorées parmi les nations, mais la nature n'en indique qu'une seule 5.

Écoutez enfin ceux de l'école de Pythagore. Tous ont considéré l'univers comme une armée qui se meut au gré du général; comme une vaste monarchie où la plénitude du pouvoir réside dans le souverain 6.

Mais pourquoi donner aux génies qui lui sont subordonnés un titre qui n'appartient qu'à lui seul? c'est que, par un abus depuis long-temps introduit dans toutes les langues, ces expressions dieu et divin ne désignent souvent qu'une supériorité de rang, qu'une excellence de mé

* Pausan. lib. 8, cap. 36, p. 673. Macrob in somn. Scip. lib. 1, cap. 2.2 Pausan. lib. 1, cap. 26, p. 62; lib. 5, cap. 15, p.414; lib. 8, cap. 2, p. 600; lib. 9, cap. 8, p. 728.-3 Id. lib. 10, cap. 37, p. 893.4 Tim. de anim. mund. Plat. in Tim. Anaxag. ap. Plut. de plac. philos. lib. 1, cap. 7, t. 2, p. 881. 5 Cicer. de nat. deor. lib. 1, cap. 13, t. 2, p. 407. Lactant. instit. divin. lib. 1, cap. 5, t. 1, p. 18; id. de irâ Dei, cap. 11, t. 2, p. 155. Plut. de orac. def. t. 2, p. 420. — 6 Archyt. de doctr. mor. ap. Stob. serm. 1, p. 15. Onat. ap. Stob. eclog. phys. lib. 1, cap. 3, p. 4. Stheneid ap. Stob. serm. 46, , p. 332. Diotog. ibid p. 330.

rite, et sont prodiguées tous les jours aux princes qu'il a revêtus de son pouvoir, aux esprits qu'il a remplis de ses lumières, aux ouvrages qui sont sortis de ses mains ou des nôtres 1. Il est si grand en effet, que, d'un côté, on n'a d'autre moyen de relever les grandeurs humaines qu'en les rapprochant des siennes, et que, d'un autre côté, on a de la peine à comprendre qu'il puisse ou daigne abaisser ses regards jusqu'à nous.

Vous qui niez son immensité, avez-vous jamais réfléchi sur la multiplicité des objets que votre esprit et vos sens peuvent embrasser? Quoi! votre vue se prolonge sans effort sur un grand nombre de stades, et la sienne ne pourrait pas en parcourir une infinité ! Votre attention se porte, presqu'au même instant, sur la Grèce, sur la Sicile, sur l'Égypte; et la sienne ne pourrait s'étendre sur tout l'univers 2 !

Et vous qui mettez des bornes à sa bonté, comme s'il pouvait être grand sans être bon, croyez-vous qu'il rougisse de son ouvrage? qu'un insecte, un brin d'herbe, soient méprisables à ses yeux? qu'il ait revêtu l'homme de qualités

'Menand. ap. Stob. serm. 32, p. 213. Cleric. ars crit. sect. 1, cap. 5, t. 1, p. 2. Moshem. in Cudw, cap. 4, §. 5, p. 271. Xenoph. memor. lib. 1, p. 728.

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7.

éminentes 1, qu'il lui ait donné le désir, le besoin et l'espérance de le connaître, pour l'éloigner à jamais de sa vue? Non, je ne saurais penser qu'un père oublie ses enfans, et que, par une négligence incompatible avec ses perfections 2, il ne daigne pas veiller sur l'ordre qu'il a établi dans son empire.

Démophon. Si cet ordre émane de lui, pourquoi tant de crimes et de malheurs sur la terre? Où est sa puissance, s'il ne peut les empêcher? sa justice, s'il ne le veut pas?

Philocles. Je m'attendais à cette attaque. On l'a faite, on la fera dans tous les temps; et c'est la seule qu'on puisse nous opposer. Si tous les hommes étaient heureux, ils ne se révolteraient pas contre l'auteur de leurs jours; mais ils souffrent sous ses yeux, et il semble les abandonner. Ici ma raison confondue interroge les traditions anciennes; toutes déposent en faveur d'une Providence. Elle interroge les sages 3; presque tous d'accord sur le fond du dogme, ils hésitent et se partagent dans la manière de l'expliquer. Plusieurs d'entre eux, convaincus que limiter la justice ou la bonté de Dieu, c'était l'anéantir, ont mieux aimé donner des bornes à son pou

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'Xenoph. memor. lib. 1 p. 725 et 726.—2 Plat. de leg. lib. 10, 't. 2, p. 902. – 3 Cicer. de nat. deor. lib. 1, cap. 2, t.2, p. 398.

le

voir. Les uns répondent : Dieu n'opère que bien; mais la matière, par un vice inhérent à sa nature, occasionne le mal en résistant à la volonté de l'Étre suprême1. D'autres : L'influence divine s'étend avec plénitude jusqu'à la sphère de la lune, et n'agit que faiblement dans les régions inférieures 2. D'autres : Dieu se mêle des grandes choses, et néglige les petites 3. Il en est enfin qui laissent tomber sur mes ténèbres un trait de lumière qui les éclaircit. Faibles mortels! s'écrient-ils, cessez de regarder comme des maux réels, la pauvreté, la maladie, et les malheurs qui vous viennent du dehors. Ces accidens, que votre résignation peut convertir en bienfaits, ne sont que la suite des lois nécessaires à la conservation de l'univers. Vous entrez dans le système général des choses, mais vous n'en êtes qu'une portion. Vous fûtes ordonnés pour le tout, et le tout ne fut pas ordonné pas vous 4.

pour

Ainsi, tout est bien dans la nature, excepté dans la classe des êtres où tout devrait être

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3 Ap.

' Plat. in Tim. t. 3, passim. Ocell. Lucan, cap. 2. Aristot. de cœlo, lib. 2, cap. 1, t. 1, p. 453; id. de part. animal. lib. 1, cap. 1, t. 1, p. 970. Moshem. in Cudw. cap. 1 S. 45, not. S. Plat. de leg. lib. 10, t. 2, p. 901, Ap. Aristot. de mundo, cap. 6, t.1, p.611. Euripid. ap. Plut. de reip. ger. t. 2, p. 811.-4 Plat. ibid. p. 903.

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