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vers que lorsqu'un violent enthousiasme le mettait hors de lui-même 1.

Lysis fit alors quelques questions dont on jugera par les réponses d'Euclide. La poésie, nous dit ce dernier, a sa marche et sa langue particulière. Dans l'épopée et la tragédie, elle imite une grande action, dont elle lie toutes les parties à son gré, altérant les faits connus, y en ajoutant d'autres qui augmentent l'intérêt, les relevant tantôt au moyen des incidens merveilleux, tantôt par les charmes variés de la diction ou par la beauté des pensées et des sentimens. Souvent la fable, c'est-à-dire la manière de disposer l'action2, coûte plus et fait plus d'honneur au poëte que la composition même des vers 3.

Les autres genres de poésie n'exigent pas de lui une construction si pénible. Mais toujours doit-il montrer une sorte d'invention, donner, par des fictions neuves, un esprit de vie à tout ce qu'il touche, nous pénétrer de sa flamme, et ne jamais oublier que, suivant Simonide, la poésie est une peinture parlante, comme la peinture est une poésie muette.

1 Aristot. probl. t. 2, p. 817, c.—2 Id. de poet. cap. 6, p.656, E -3 Id. ibid. cap. 9, t. 2, p. 659, B. 4 Plut. de aud. poet. t. 2, p. 17. Voss. de art. poet. nat. p. 6.

Il suit de là que le vers seul ne constitue pas le poëte. L'histoire d'Hérodote mise en vers ne serait qu'une histoire, puisqu'on n'y trouverait ni fable ni fictions 2. Il suit encore qu'on ne doit pas compter parmi les productions de la poésie les sentences de Théognis, de Phocylide, etc., ni même les systèmes de Parménide et d'Empedocle sur la nature 3, quoique ces deux derniers auteurs aient quelquefois inséré dans leurs ouvrages des descriptions brillantes ou des allégories ingénieuses 5.

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J'ai dit que la poésie avait une langue particulière. Dans les partages qui se sont faits entre elle et la prose, elle est convenue de ne se montrer qu'avec une parure très-riche, ou du moins très élégante; et l'on a remis entre ses mains toutes les couleurs de la nature, avec l'obligation d'en user sans cesse, et l'espérance du pardon, si elle en abuse quelquefois.

Elle a réuni à son domaine quantité de mots interdits à la prose, d'autres qu'elle allonge ou raccourcit, soit par l'addition, soit par le retranchement d'une lettre ou d'une syllabe, Elle

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Aristot. de poet. cap. 9, t. 2, p. 659, E. 2 Plat. in Phædon, t. 1, p. 61, B. ——— 3 Aristot. ibid. cap. 1, p. 655. Plut. ibid. p. 16. 4 Aristot. ap. Diog. Laert. lib. 8, §. 57. Emped. ap. Plut. de vitand.

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ære alien. t. 2, p. 830. Sext. Empir. adv. logic. lib. 7, p. 396. --5 Sext. Empir. ibid. p. 392.

a le pouvoir d'en produire de nouveaux 1, eť le privilége presque exclusif d'employer ceux qui ne sont plus en usage, ou qui ne le sont que dans un pays étranger 2, d'en identifier plusieurs dans un seul3, de les disposer dans un ordre inconnu jusqu'alors, et de prendre toutes les licences qui distinguent l'élocution poétique du langage ordinaire.

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Les facilités accordées au génie s'étendent sur tous les instrumens qui secondent ses opérations. De là ces formes nombreuses que les vers ont reçues de ses mains, et qui toutes ont un caractère indiqué par la nature. Le vers héroïque marche avec une majesté imposante; on l'a destiné à l'épopée; l'iambe revient souvent dans la conversation; la poésie dramatique l'emploie avec succès. D'autres formes s'assortissent mieux aux chants accompagnés de danses 5a; elles se sont appliquées sans effort aux odes et aux hymnes. C'est ainsi que les poëtes ont multiplié les moyens de plaire.

Euclide, en finissant, nous montra les ouvrages qui ont paru en différens temps sous les noms

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1 Aristot. de poct. cap. 21, t. 2, p. 669, в. — 2 Id. ibid. p. 668, »; et cap. 22, p. 669, E. — Id. ibid. cap. 20, p. 668, ▲. 4 Jd. ibid. cap. 22, p. 670, c. -5 Id. ibid. cap. 24, p. 672, B. Voyez, sur les diverses formes des vers grecs, le Chapitre XXVII de cet ouvrage, t. 3.

-a

L'Épopée,

d'Orphée, de Musée, de Thamyris 1, de Linus, d'Anthès 2, de Pamphus 3, d'Olen 4, d'Abaris 5, d'Épiménide, etc. Les uns ne contiennent que des hymnes sacrés ou des chants plaintifs; les autres traitent des sacrifices, des oracles, des expiations et des enchantemens. Dans quelques-uns, et surtout dans le Cycle épique, qui est un recueil de traditions fabuleuses où les auteurs tragiques ont souvent puisé les sujets de leurs pièces 7, on a décrit les généalogies des dieux, le combat des Titans, l'expédition des Argonautes, les guerres de Thèbes et de Troie 8. Tels furent les principaux objets qui occupèrent les gens de lettres pendant plusieurs siècles. Comme la plupart de ces ouvrages n'appartiennent pas à ceux dont ils portent les noms a Euclide avait négligé de les disposer dans un certain ordre.

Venaient ensuite ceux d'Hésiode et d'Homère. Ce dernier était escorté d'un corps redoutable d'interprètes et de commentateurs 9. J'avais lu avec ennui les explications de Stésimbrote et

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'Plat. de rep. lib. 2, t. 2, p. 364 ; id. de leg. lib. 8, t. 2, p. 829. Aristot. de gener, animal. lib. 2, cap. 1, t. 1, p. 1073. • Heracl. ap. Plut. de mus. t. 2, p. 1152.- 3 Pausan. lib. 1, p. 92, 94, etc. 4 Herodot. lib. 4, cap. 35.5 Plat. in Charmid. t. 2, p. 158."Diog. Laert. lib. 1, §. 111.7 Casaub. in Athen. p. 301. 8 Fabr. bibl. græc. lib. 1, cap. 17, etc. Voyez la note III à la fin du

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de Glaucon 1; et j'avais ri de la peine que s'était donnée Métrodore de Lampsaque pour découvrir une allégorie continuelle dans l'Iliade et dans l'Odyssée 2.

... ·

A l'exemple d'Homère, plusieurs poëtes entreprirent de chanter la guerre de Troie. Tels furent, entre autres, Arctinus, Stésichore 3, Sacadas, Leschès 5, qui commença son vrage par ces mots emphatiques : Je chante la fortune de Priam et la guerre fameuse 6. Le même Leschès dans sa Petite Iliade 7, et Dicéogène dans ses Cypriaques 8, décrivirent tous les événemens de cette guerre. Les poëmes de l'Héracléide et de la Théséide n'omettent aucun des exploits d'Hercule et de Thésée 9. Ces auteurs ne connurent jamais la nature de l'épopée; ils étaient placés à la suite d'Homère, et se perdaient dans ses rayons, comme les étoiles se perdent dans ceux du soleil.

I

Euclide avait tâché de réunir toutes les tra

Plat. in Ion. t. 1, p. 530.. - 2 Plat. ibid. Tatian. advers. Gent. S. 37, p. 80. Fabr. bibl. græc. t. 1, p. 9 et 597. — 4 Athen.

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lib. 13, cap. 9, p. 610. Meurs. bibl. græc. cap. 1.
cap. 25, p. 860.
t. 1, p. 280.

Pausan. lib. 10,
Horat. de art. poet. v. 137. 7 Fabr. ibid.

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8 Herodot. lib. 2, cap. 117. Aristot de poet. cap. 16,

t. 2, p. 664; cap. 23, p. 671. Athen. lib. 15, cap. 8, p. 682. Perizon. ad Ælian. var. hist. lib. 9, cap. 15.9 Aristot. de poet. cap. 8, t. 2, p. 658.

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