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Hymnes.

qui sont particulières à certaines professions, telles que les chansons des moissonneurs, des vendangeurs, des éplucheuses, des meuniers des ouvriers en laine, des tisserands, des nourrices, etc. I

L'ivresse du vin, de l'amour, de l'amitié, de la joie, du patriotisme, caractérisent les premières. Elles exigent un talent particulier : il ne faut point de préceptes à ceux qui l'ont reçu de la nature; ils seraient inutiles aux autres. Pindare a fait des chansons à boire 2; mais on chantera toujours celles d'Anacréon et d'Alcée. Dans la seconde espèce de chansons, le récit des travaux est adouci par le souvenir de certaines circonstances, ou par celui des avantages qu'ils procurent. J'entendis une fois un soldat à demi ivre chanter une chanson militaire, dont je rendrai plutôt le sens que les paroles. « Une lance, « une épée, un bouclier, voilà tous mes trésors; << avec la lance, l'épée et le bouclier, j'ai des champs, des moissons et du vin. J'ai vu des « gens prosternés à mes pieds; ils m'appelaient « leur souverain, leur maître ; ils n'avaient point « la lance, l'épée et le bouclier 3. »

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Combien la poésie doit se plaire dans un pays

Mém. de l'acad. des bell. lettr. t. 9, p. 347.-2 Athen. lib. 10, cap. 7, p. 427. Suid. in!»§.— ' Athen. lib. 15, cap. 15, p. 695.

où la nature et les institutions forcent sans cesse des imaginations vives et brillantes à se répandre avec profusion! car ce n'est pas seulement aux succès de l'épopée et de l'art dramatique que les Grecs accordent des statues, et l'hommage plus précieux encore d'une estime réfléchie. Des couronnes éclatantes sont réservées pour toutes les espèces de poésies lyriques. Point de ville qui, dans le courant de l'année, ne solennise quantité de fêtes en l'honneur de ses dieux; point de fête qui ne soit embellie par des cantiques nouveaux ; point de cantique qui ne soit chanté en présence de tous les habitans, et par des chœurs de jeunes gens tirés des principales familles. Quel motif d'émulation pour le poëte! Quelle distinction encore, lorsqu'en célébrant les victoires des athlètes, il mérite luimême la reconnaissance de leur patrie! Transportons-le sur un plus beau théâtre. Qu'il soit destiné à terminer par ses chants les fêtes d'Olympie ou des autres grandes solennités de la Grèce ; quel moment que celui où vingt, trente milliers de spectateurs, ravis de ses accords, poussent jusqu'au ciel des cris d'admiration et de joie! Non, le plus grand potentat de la terre ne saurait accorder au génie une récompense de si haute valeur.

De là vient cette considération dont jouissent parmi nous les poëtes qui concourent à l'embellissement de nos fêtes, surtout lorsqu'ils conservent dans leurs compositions le caractère spécial de la divinité qui reçoit leurs hommages: car, relativement à son objet, chaque espèce de cantique devrait se distinguer par un genre particulier de style et de musique. Vos chants s'adressent ils au maître des dieux, prenez un ton grave et imposant; s'adressent-ils aux Muses, faites entendre des sons plus doux et plus harmonieux. Les anciens observaient exactement cette juste proportion; mais la plupart des modernes, qui se croient plus sages, parce qu'ils sont plus instruits, l'ont dédaignée sans pudeur 1.

Cette convenance, dis-je alors, je l'ai trouvée dans vos moindres usages, dès qu'ils remontent à une certaine antiquité; et j'ai admiré vos premiers législateurs, qui s'aperçurent de bonne heure qu'il valait mieux enchaîner votre liberté par des formes que par la contrainte. J'ai vu de même, en étudiant l'origine des nations, que l'empire des rites avait précédé partout celui des lois. Les rites sont comme des guides qui

'Plat. de leg. lib. 3, t. 2, p. 700. Plut de mus. t. 2, p. 1155. Lettr. sur la musique, par M. l'abbé Arnaud, p. 16.

nous conduisent par la main dans des routes qu'ils ont souvent parcourues; les lois, comme des plans de géographie où l'on a tracé les chemins par un simple trait, et sans égard à leurs sinuosités.

Je ne vous lirai point, reprit Euclide, la liste fastidieuse de tous les auteurs qui ont réussi dans la poésie lyrique; mais je vous en citerai les principaux. Ce sont, parmi les hommes, Stésichore, Ibycus, Alcée, Alcman, Simonide, Bacchylide, Anacréon et Pindare; parmi les femmes, car plusieurs d'entre elles se sont exercées avec succès dans un genre si susceptible d'agrémens, Sapho, Érinne, Télésille, Praxille, Myrtis et Corinne 1.

Les

Avant que d'aller plus loin, je dois faire mention d'un poëme où souvent éclate cet enthou- Dithyrambes. siasme dont nous avons parlé. Ce sont des hymnes en l'honneur de Bacchus, connus sous le nom de dithyrambes. Il faut être dans une sorte de délire quand on les compose; il faut y être quand on les chante : car ils sont destinés à diriger des danses vives et turbulentes, le plus souvent exécutées en rond 3.

Voss. de inst. poet. lib. 3, cap. 15, p. 80. - Plat. in Ion. t. 1, p. 534; id. de leg. lib. 3, t. 2, p. 700. 3 Procl. chrestom. ap. Phot. bibl. p. 985. Schol. Pind. in olymp. 13, v. 25. Schol Aristoph. in av. v. 1403.

Ce poëme se reconnaît aisément aux propriétés qui le distinguent des autres 1. Pour peindre à la fois les qualités et les rapports d'un objet, on s'y permet souvent de réunir plusieurs mots en un seul, et il en résulte des expressions quelquefois si volumineuses, qu'elles fatiguent l'oreille; si bruyantes, qu'elles ébranlènt l'imagination 2. Des métaphores qui semblent n'avoir aucun rapport entre elles s'y succèdent sans se suivre ; l'auteur, qui ne marche que par des saillies impétueuses, entrevoit la liaison des pensées, et néglige de la marquer. Tantôt il s'affranchit des règles de l'art ; tantôt il emploie les différentes mesures de vers, et les diverses espèces de modulation 3.

Tandis qu'à la faveur de ces licences, l'homme de génie déploie à nos yeux les grandes richesses de la poésie, ses faibles imitateurs s'efforcent d'en étaler le faste. Sans chaleur et sans intérêt, obscurs pour paraître profonds, ils répandent sur des idées communes des couleurs plus communes encore. La plupart, dès le commencement de leurs pièces, cherchent à nous éblouir par la magnificence des images tirées des mé

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Schmidt, de dithyr. ad calc. edit. Pind. p. 251. Mém. de l'acad. des bell. lettr. t. 10, p. 307.-2 Aristoph. in pac. v. 831. Schol. ibid. Aristot. rhet. lib. 3, cap. 3, t. 2, p. 587, E. Suid. in Avg et in Endrese. 3 Dionys. Halic, de compos. verbor. §. 19, t. 5, p. 151.

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