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passions et sur nos devoirs. C'est ce que Théagès, Métopus et Archytas exécutèrent avec suc

cès 1.

Différens traités sortis de leurs mains se trouvaient placés, dans la bibliothèque d'Euclide, avant les livres qu'Aristote a composés sur les mœurs. En parlant de l'éducation des Athéniens, j'ai tâché d'exposer la doctrine de ce dernier, qui est parfaitement conforme à celle des premiers. Je vais maintenant rapporter quelques observations qu'Euclide avait tirées de plusieurs ouvrages rassemblés par ses soins.

Le mot vertu, dans son origine, ne signifiait que la force et la vigueur du corps 2; c'est dans ce sens qu'Homère a dit, la vertu d'un cheval 3, et qu'on dit encore, la vertu d'un terrain 4. Dans la suite, ce mot désigna ce qu'il y a de plus estimable dans un objet. On s'en sert aujourd'hui pour exprimer les qualités de l'esprit, et plus souvent celles du cœur 5.

L'homme solitaire n'aurait que deux sentimens, le désir et la crainte; tous ses mouvemens seraient de poursuite ou de fuite 6. Dans la société, ces deux sentimens, pouvant s'exercer Homer. iliad. lib. 15, v. 642.-3 Id. ibid. 4 Thucyd. lib. 1, cap. 2. 5 Aristot. eudem. lib. 2, cap. 1, t. 2, p. 202. - 6 Id. de animâ, lib. 3, cap. 10, t. 1,

'Stob. passim.

lib. 25, v. 574.

p. 657, D.

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sur un grand nombre d'objets, se divisent en plusieurs espèces : de là l'ambition, la haine et les autres mouvemens dont son âme est agitée. Or, comme il n'avait reçu le désir et la crainte que pour sa propre conservation, il faut maintenant que toutes ses affections concourent tant à sa conservation qu'à celle des autres. Lorsque réglées par la droite raison elles produisent cet heureux effet, elles deviennent des vertus.

On en distingue quatre principales: la force, la justice, la prudence et la tempérance'. Cette distinction, que tout le monde connaît, suppose dans ceux qui l'établirent des lumières profondes. Les deux premières, plus estimées, parce qu'elles sont d'une utilité plus générale, tendent au maintien de la société; la force où le courage pendant la guerre, la justice pendant la paix2. Les deux autres tendent à notre utilité particulière. Dans un climat où l'imagination est si vive, où les passions sont si ardentes, la prudence devait être la première qualité de l'esprit; la tempérance, la première du cœur.

Lysis demanda si les philosophes se partageaient sur certains points de morale. Quelquefois, répondit Euclide: en voici des exemples.

Archyt. ap. Stob. serm. 1, p. 14. Plat. de leg.
-Aristot. rhet. lib. 1, cap. 9, t. 2, p.

p. 964, B.

lib. 12, t. 2. 531, A.

On établit pour principe qu'une action, pour être vertueuse ou vicieuse, doit être volontaire ; il est question ensuite d'examiner si nous agissons sans contrainte. Des auteurs excusent les crimes de l'amour et de la colère, parce que, suivant eux, ces passions sont plus fortes que nous; ils pourraient citer en faveur de leur opinion cet étrange jugement prononcé dans un de nos tribunaux. Un fils qui avait frappé son père fut traduit en justice, et dit pour sa défense que son père avait frappé le sien; les juges, persuadés que la violence du caractère était héréditaire dans cette famille, n'osèrent condamner le coupable. Mais d'autres philosophes plus éclairés s'élèvent contre de pareilles décisions. Aucune passion, disent-ils, ne saurait nous entraîner malgré nous-mêmes; toute force qui nous contraint est extérieure, et nous est étrangère 3.

Est-il permis de se venger de son ennemi? Sans doute, répondent quelques-uns; car il est conforme à la justice de repousser l'outrage par l'outrage 4. Cependant une vertu pure trouve plus de grandeur à l'oublier. C'est elle qui a

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Aristot. eudem. lib. 2, cap. 8, t. 2, p. 212, D. 2 Id. magn. moral. lib. 2, cap. 6, t. 2, p. 178, A. 3 Id. de mor. lib. 3, cap. 3, t. 2, p. 30; cap. 7, p. 33; id. magn. moral. lib. 1, cap. 15, t. 2 , P. 1 156. - 4 Id. rhet. lib. 1, cap. 9, t. 2, p. 531, E.

dicté ces maximes que vous trouverez dans plusieurs auteurs: Ne dites pas du mal de vos ennemis 1; loin de chercher à leur nuire, tâchez de convertir leur haine en amitié 2. Quelqu'un disait à Diogène : Je veux me venger; apprenezmoi par quels moyens ? En devenant plus vertueux, répondit-il 3.

Ce conseil, Socrate en fit un précepte rigoureux. C'est de la hauteur où la sagesse humaine peut atteindre qu'il criait aux hommes: « Il ne « vous est jamais permis de rendre le mal pour « le mal 4.

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Certains peuples permettent le suicide 5; mais Pythagore et Socrate, dont l'autorité est supérieure à celle de ces peuples, soutiennent que personne n'est en droit de quitter le poste que les dieux lui ont assigné dans la vie.

Les citoyens des villes commerçantes font valoir leur argent sur la place; mais dans le plan d'une république fondée sur la vertu, Platon ordonne de prêter sans exiger aucun intérêt 7.

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1 Pittac. ap. Diog. Laert. lib. 1, §. 78. Cleobul. ap. eumd. lib. 1, §. 91. Plut. apophth. lacon. t. 2, p. 218, ▲. Themist. orat. 7, 3 Plut. de aud. poet. t. 2, p. 21, E. - .4 Plat. in Crit. t. 1

p. 95. P. 49

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5 Strab. lib. 10, p. 486. Ælian. var. hist. lib. 3, cap. 37, et alii. — “ Plat. in Phædon. t. 1, p. 62. Cicer. de senect. cap. 20, t. 3, p. 318. -7 Plat. de leg. lib. 5, t. 2, p. 742.

Sociales

De tout temps on a donné des éloges à la probité, à la pureté des mœurs, à la bienfaisance; de tout temps on s'est élevé contre l'homicide, l'adultère, le parjure, et toutes les espèces de vices. Les écrivains les plus corrompus sont forcés d'annoncer une saine doctrine, et les plus hardis de rejeter les conséquences qu'on tire de leurs principes. Aucun d'eux n'oserait soutenir qu'il vaut mieux commettre une injustice que de la souffrir 1.

Que nos devoirs soient tracés dans nos lois et dans nos auteurs, vous n'en serez pas surpris ; mais vous le serez en étudiant l'esprit de nos institutions. Les fêtes, les spectacles et les arts eurent parmi nous, dans l'origine, un objet moral dont il serait facile de suivre les traces.

Des usages qui paraissent indifférens présentent quelquefois une leçon touchante. On a soin d'élever les temples des Grâces dans des endroits exposés à tous les yeux, parce que la reconnaissance ne peut être trop éclatante 2. Jusque dans le mécanisme de notre langue, les lumières de l'instinct ou de la raison ont introduit des vérités précieuses. Parmi ces anciennes formules de politesse que nous plaçons au com

Aristot. topic. lib. 8, cap. 9, t. 1, p. 275. - Id. de mor. lib. 5, cap. 8, t. 2, p. 64, v.

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