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couronne de fleurs qui ceignait sa tête, remit Démade en liberté, et rendit justice à la valeur des vaincus 1.

La ville de Thèbes, qui avait oublié ses bienfaits, fut traitée avec plus de rigueur. Il laissa une garnison dans la citadelle; quelques-uns des principaux habitans furent bannis, d'autres mis à mort. Cet exemple de sévérité qu'il crut nécessaire, éteignit sa vengeance, et le vainqueur n'exerça plus que des actes de modération. On lui conseillait de s'assurer des plus fortes places de la Grèce; il dit qu'il aimait mieux une longue réputation de clémence que l'éclat passager de la domination 3. On voulait qu'il sévît du moins contre ces Athéniens qui lui avaient causé de si vives alarmes ; il répondit : « Aux dieux ne plaise que je détruise le théâtre de la gloire, moi qui ne travaille que pour elle ! » Il leur permit de retirer leurs morts et leurs prisonniers. Ces derniers, enhardis par ses bontés, se conduisirent avec l'indiscrétion et la légèreté qu'on reproche à leur nation; ils demandèrent hautement leurs bagages, et se plaignirent des officiers macédoniens. Philippe eut la complaisance de se prêter à leurs vœux, et ne put

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Plut. in Pelopid. t. 1, p. 287. 2 Justin. lib. 9, cap 4. apophth. t. 2, p. 177. — 4 Id. ibid. p. 178.

3 Plut.

s'empêcher de dire en riant: «Ne semble-t-il « pas que nous les ayons vaincus au jeu des os-. « selets 1? >>>

Quelque temps après, et pendant que les Athéniens se préparaient à soutenir un siége 2, Alexandre vint, accompagné d'Antipater, leur offrir un traité de paix et d'alliance 3. Je le vis alors cet Alexandre, qui depuis a rempli la terre d'admiration et de deuil. Il avait dix-huit ans, et s'était déjà signalé dans plusieurs combats. A la bataille de Chéronée, il avait enfoncé et mis en fuite l'aile droite de l'armée ennemie. Cette victoire ajoutait un nouvel éclat aux charmes de sa figure. Il a les traits réguliers, le teint beau et vermeil, le nez aquilin, les yeux grands,' pleins de feu, les cheveux blonds et bouclés, la tête haute, mais un peu penchée vers l'épaule gauche, la taille moyenne, fine et dégagée, le corps bien proportionné et fortifié par un exercice continuel 4. On dit qu'il est très-léger à la course, et très - recherché dans sa parure 5. Il entra dans Athènes sur un cheval superbe qu'on

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Plut. apophth. t. 2, p. 177. Lycurg. in Leocr. p. 153. Demosth. de cor. p. 514. 3 Justin. lib. 9, cap. 4. 4 Arrian. de

exped. Alex. lib. 7, p. 309. Plut. in Alex. t. 1, p. 666 et 678; id. apophth. t. 2, p. 179. Quint. Curt. lib. 6, cap. 5, S. 29. Solin. cap. 9. Ælian. var. hist. lib. 12, cap. 14. Antholog. lib. 4, p. 314.— 5 Ap, Aristot, rhet. ad Alex. cap, 1, î. 2, p. 608.

nommait Bucéphale, que personne n'avait pu dompter jusqu'à lui 1, et qui avait coûté treize

talents ".

Bientôt on ne s'entretint que d'Alexandre. La douleur où j'étais plongé ne me permit pas de l'étudier de près. J'interrogeai un Athénien qui avait long-temps séjourné en Macédoine : il me dit :

Ce prince joint à beaucoup d'esprit et de talens un désir insatiable de s'instruire 2, et du goût pour les arts, qu'il protége sans s'y connaître. Il a de l'agrément dans la conversation, de la douceur et de la fidélité dans le commerce de l'amitié 3, une grande élévation dans les sentimens et dans les idées. La nature lui donna le germe de toutes les vertus, et Aristote lui en développa les principes. Mais au milieu de tant d'avantages règne une passion funeste pour lui, et peut-être pour le genre humain; c'est une envie excessive de dominer, qui le tourmente jour et nuit. Elle s'annonce tellement dans ses regards, dans son maintien, dans ses paroles et ses moindres actions, qu'en l'approchant on est comme saisi de respect et de crainte 4. Il vou

* Plut. in Alex. t. 1, p. 667. Aul. Gell. lib. 5, cap. 2.—a Soixantedix mille deux cents livres. 2 Isocr. epist. ad Alex. t. 1, p. 466.* Plut, ibid. p. 677. — Elian. var. hist. lib. 12, cap.14.

I

drait être l'unique souverain de l'univers 1, et le seul dépositaire des connaissances humaines 2. L'ambition et toutes ces qualités brillantes qu'on admire dans Philippe se retrouvent dans son fils, avec cette différence, que chez l'un elles sont mêlées avec des qualités qui les tempèrent, et que chez l'autre la fermeté dégénère en obstination, l'amour de la gloire en phrénésie, le courage en fureur : car toutes ses volontés ont l'inflexibilité du destin, et se soulèvent contre les obstacles3, de même qu'un torrent s'élance en mugissant au-dessus du rocher qui s'oppose à

son cours.

Philippe emploie différens moyens pour aller à ses fins; Alexandre ne connaît que son épée. Philippe ne rougit pas de disputer aux jeux olympiques la victoire à de simples particuliers; Alexandre ne voudrait y trouver pour adversaires que des rois 4. Il semble qu'un sentiment secret avertit sans cesse le premier qu'il n'est parvenu à cette haute élévation qu'à force de travaux, et le second, qu'il est né dans le sein de la grandeura.

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Plut. in Alex. t. 1, p. 680. —2 Id. ibid. p. 668. Ap. Aristot. rhet. ad Alex. cap. 1, t. 2, p. 609. 3 Plut. ibid. p. 680. 4 Id. ibid. p. 666; id. apophth. t. 2, p. 179. Voyez la comparaison de Philippe et d'Alexandre dans l'excellente histoire que M. Olivier de Marseille publia du premier de ces princes en 1740 (t. 2, p. 425.)

Jaloux de son père, il voudra le surpasser; émule d'Achille1, il tâchera de l'égaler. Achille est à ses yeux le plus grand des héros, et Homère le plus grand des poëtes 2, parce qu'il a immortalisé Achille. Plusieurs traits de ressemblance rapprochent Alexandre du modèle qu'il a choisi. C'est la même violence dans le caractère, la même impétuosité dans les combats, la même sensibilité dans l'âme. Il disait un jour qu'Achille fut le plus heureux des mortels, puisqu'il eut un ami tel que Patrocle, et un panégyriste tel qu'Homère 3.

La négociation d'Alexandre ne traîna pas en longueur. Les Athéniens acceptèrent la paix. Les conditions en furent très - douces. Philippe leur rendit même l'île de Samos 4, qu'il avait prise quelque temps auparavant. Il exigea seulement que leurs députés se rendissent à la diète qu'il allait convoquer à Corinthe pour l'intérêt général de la Grèce 5.

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2 Id. de fort. Alex. orat. 1,

t. 2 s

Plut. in Alex. t. 1, p. 667. p. 327, 331 etc. Dio Chysost. de regn. orat. p. 19. -3 Plut. ibid.

p. 672. Cicer. pro Arch. cap. 10, t. 5, p. 315.- 4 Plut. ibid. p. 681.

5 Id. in Phoc. t. 1, p. 748.

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