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humaines, ce n'est donc pas user d'un droit, c'est exercer un acte de violence.

Je ne dis pas que cette violence ne puisse procurer, en certaines circonstances, quelqu'utilité à l'ordre social actuel, en tant qu'elle corrige l'effet de violences antérieures ; je ne dis pas qu'une société ne puisse acquérir quelque perfectionnement dans cette lutte établie contre l'ordre naturel, mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Il s'agit de prouver que le mot Droit, dans le langage des révolutionnaires, est vide de sens. Si quelque chose peut être appelé Droit, dans l'ordre humain, c'est la faculté qu'a tout homme de conserver son existence telle qu'il l'a reçue, et avec toutes les modifications qui lui appartiennent : en particularisant ce droit, j'ajouterai qu'en cas de conflit entre des prétentions diverses, l'antériorité décide la prééminence (1), et que tout changement provoqué dans l'ordre actuel est une révolté contre la justice, bien loin d'être l'exercice d'un droit.

(1) Il serait peut-être plus juste de dire que l'antériorité décide le droit lui-même ; car, qu'est-ce, après tout, qu'un droit opposé à un autre? celui des deux qui l'emporte n'est-il pas le seul digne de ce nom?

On a défini les droits : « des prétentions fondées sur des titres légitimes. » Si cette définition est trouvée juste, tous les raisonnemens des révolutionnaires sont détruits par la base; car, ou les titres dont il s'agit sont antérieurs aux faits, et, dans ce cas, il faudra inviter nos philosophes à prouver qu'ils ont reçu du Créateur l'autorisation de changer ce qu'il a créé ; ou ces titres sont postérieurs aux faits, et alors il est évident que les seuls, les véritables droits consistent à maintenir les choses dans l'état où le sort les a placées.

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Encore une fois, je ne prétends pas que l'espèce humaine doive ni puisse rester stationnaire. Il paraît que la société fut destinée, dès le principe, à subir des modifications d'âge en âge d'ailleurs, toutes nos connaissances étant relatives, nous ne saurions comprendre l'utilité de l'ordre social, si cet ordre n'était constamment attaqué, ainsi que nous pourrions apprécier la justice, si l'injustice n'était là pour terme de comparaison; mais ce que je crois avoir suffisamment démontré, c'est que le Droit est toujours du côté de ceux qui conservent. Ceux qui provoquent les changemens ou qui les approuvent, peuvent bien s'appuyer de l'autorité des intérêts, des passions, même

de la nécessité; mais le mot Droits doit être rayé de leur dictionnaire.

DU DOGME DE la souverainETÉ DU PEUPLE.

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Je n'entreprendrais pas de parler ici sur un sujet que de plus habiles que moi ont appro? fondi (1), si les étranges opinions qu'on essaye de propager de nouveau dans l'Europe, ne me faisaient un devoir de prémunir les esprits superficiels contre le plus dangereux de tous les sophismes.

La souveraineté absolue n'est point parmi les hommes; elle est en dehors des sociétés; l'ordre général lui est soumis; les rois et les gouvernemens n'en sont que les premiers ministres; la souveraineté vient de Dieu, ou, si on l'aime mieux, de la nature dès choses.

De ce que là volonté de l'homme est illimitée, on a conclu que la souveraineté l'était aussi : première erreur. L'homme peut vouloir tout, même l'injustice; il ne dépend pas

(1) Voyez, à ce sujet, les excellens articles que M. le comte de Saint-Roman a publiés dernièrement dans divers recueils périodiques.

de lui pourtant que la loi suprême qui régit le monde soit autre chose que la justice.

En accordant à tous les hommes le droit et l'exercice de la souveraineté, on leur a dit : vous êtes libres; deuxième erreur. La souveraineté mise en commun, et la liberté de chacun, sont deux choses incompatibles. Toute collection d'individus qui exerce la souveraine puissance sur elle-même est un troupeau d'esclaves esclaves de la volonté commune qui varie perpétuellement; esclaves du hasard et de la mobilité des votes; esclaves des plus forts, des plus adroits, et presque toujours des plus injustes.

Qu'on n'aille pas m'opposer ici l'exemple de quelques sociétés pauvres et peu nombreuses qui subsistent sous les formes démocratiques. Je sais qu'il existe dans certains cantons suisses, et ailleurs, des peuplades qui se gouvernent par des réglemens adoptés à la pluralité des voix. Mais ces honnêtes citoyens reconnaissent des souverainetés hors d'euxmêmes; ce sont les lois antérieures, la religion, les coutumes, les mœurs; ils regardent ces choses comme sacrées. Il ne leur est jamais venu dans la pensée qu'ils eussent le droit de les renverser; du moment où ils s'en croiraient

les arbitres souverains, leur constitution deviendrait un problême; du moment où ils y porteraient une main sacrilége, leur liberté serait anéantie.

Qu'on me montre en France une puissance extérieure absolue à laquelle l'universalité des citoyens se déclare soumise. Qu'on me prouve que la religion exerce sur les esprits une influence souveraine; que les traditions antiques sont révérées; que l'éducation plie tous les hommes sous le joug d'un véritable esprit national, et je concevrai la possibilité de remettre le pouvoir aux mains de la majorité.

Il n'y a de liberté dans une société que lorsque les lois fondamentales sont respectées; le despotisme seul s'arroge le droit de changer les constitutions, de porter atteinte aux légitimités. Eh! qu'importe que le despostime appartienne à la multitude ou à un seul ? Ce dernier est même préférable; car la tyrannie populaire est la plus capricieuse, la plus turbilente, la plus sanguinaire de toutes les tyrannies.

Accorder au peuple le droit de souveraineté, c'est le constituer despote absolu dans toute l'étendue du terme. Si le peuple a le droit de faire sa constitution, il a celui de la défaire

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