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nous croyons qu'elle suffira pour faire prendre une idée assez complète de la révolution, de ses causes, de ses effets, et de l'influence qu'elle exerce encore sur les hommes et sur les événemens de nos jours.

En ce moment sur-tout, où les principes qui ont dirigé les fauteurs de nos troubles sont de nouveau proclamés dans toute l'Europe : en ce moment, où la nation espagnole est prête à répéter nos fatales expériences, Touvrage que nous présentons peut avoir da moins le mérite de l'à-propos. C'est un tablean rapòde des développemens de la théorie révolutionmaire mise en pratique: c'est un recueil de faits présentés jour par jour; et si Ton reconnaît que ces faïts ne sont antre chose que des consé quences réelles, indispensables, des principes adoptés des Torigine de cette crise sanglante, notre but sera rempli

Les publicistes qui s'occupent de travaux politiques et historiques, trouveront dans cet CONTACT Tensemble des faits qui gisent dispersés dans cette innombrable quantité d'écrits que la révolution a fait naître. Le classement chronologique que nous avons adopté leur sera A un grand secours. Rien n'a été admis dans le texte que ce qui est prouvé par des documens

irrécusables: quant aux anecdotes inédites, et dont la connaissance nous est parvenue par des moyens particuliers, nous les avons renvoyées dans les notes au bas des pages, quel que fût leur degré d'authenticité.

C'est principalement à la jeunesse française, à cette portion précieuse de la plus belle nation de l'Europe, que nous nous proposons d'être utile. Née depuis l'époque de nos troubles, ou ne les ayant aperçus qu'à travers le prisme heureux de l'ignorance du premier âge, cette jeunesse, parvenue à une maturité peut-être trop avancée, n'a vu la patrie qu'entourée de toutes les illusions de la gloire militaire. Bien que la splendeur éphémère d'un trône usurpé ne fût que l'effet d'une réaction violente contre les principes de la révolution, plusieurs confondent dans leur esprit les succès du despotisme avec les efforts impuissans de la démagogie. Il est essentiel de leur démontrer que tout ce qui se rencontra de grandeur, d'éclat, dans le règne d'un soldat parvenu, vint précisément de ce que sa main robuste comprima avec la plus grande violence les principes désorganisateurs qui l'avaient précédé, ces mêmes principes qu'on nous vante aujourd'hui. Si cet homme énergique finit par être victime de son orgueil,

c'est qu'il n'appartenait pas à un fils de la révolution de la terminer; c'est qu'il n'était pas légitime, et que la révolution étant, à proprement parler, une guerre à mort contre tout ce qui est légitime, il était ridicule de croire qu'on put la combattre avec d'autres armes que celles de la légitimité.

· Il est inutile, je pense, de parler de l'esprit dans lequel cet ouvrage est rédigé. S'il suffit d'observer scrupuleusement la vérité historique pour être impartial, nous mériterons ce titre; mais qu'on n'attende pas de nous cette impartialité qui consiste à prendre un terme moyen entre la vérité et l'erreur, à adoucir les teintes, à concilier les opinions fausses avec les opinions vraies : il s'agit ici de principes, et les nôtres sont suffisamment connus. Nous ne nions point le bien qui a été produit pendant le cours de la révolution; mais nous niors que la révolution ait produit ce bien. Nous affirmons, d'un autre côté, que tout le mal qui a cu lieu pendant cette époque a été l'effet naturel du développement des doctrines révolutionnaires. Nous croyons qu'après avoir lu cet ouvrage, on se dispensera de nous demander les motifs de la guerre que nous déclarons à ces doctrines.

Pour rédiger ce manuel chronologique, nous avons compulsé une immense quantité d'écrits concernant la révolution. Il eût été impossible de citer à chaque page nos autorités; qu'il nous suffise de dire ici que nous avons particulièrement consulté, sur tous les crimes des révolutionnaires, les écrivains dont euxmêmes ne sauraient récuser le témoignage. Le père Duchène, Marat, Prudhomme, nous ont fourni les détails de la vie publique et privée des hommes de leur parti. L'impitoyable Moniteur, qui n'épargne personne, par la raison qu'il fut toujours rédigé sous l'influence éphémère des puissances du jour, a servi à contrôler notre travail; enfin, nous avons aussi fait usage de plusieurs histoires de la révolution, composées par des hommes recommandables par leurs talens et par leurs principes. (1)

Nous n'avons pas eu, du reste, la préten

(1) Nous avons, entre autres, trop d'obligations à M. Lacretelle, dont le Précis historique est un des meilleurs ouvrages de ce genre (eu égard à l'époque de sa publication ), pour n'en pas faire ici une mention spéciale. On reconnaîtra, dans quelques endroits de notre ouvrage, que nous n'avons pas craint de puiser dans son livre des faits que nous n'aurions pu raconter mieux que lui.

tion d'élever un monument littéraire. Une histoire, telle qu'on a coutume de l'exiger d'un écrivain, est, à proprement parler, un discours à propos de l'histoire, et ceci n'est presque qu'un recueil de faits. Notre but a été l'utilité, et nous n'avons nullement songé à l'effet des rapprochemens, à l'art des transitions, aux ornemens du style, en un mot, à la gloire d'auteur. Nous pensons, d'ailleurs, que le cadre que nous avons adopté est le seul convenable dans les circonstances présentes. Les événemens de la révolution sont trop récens, et sur-tout trop multipliés, pour qu'il soit possible de les envelopper dans les formes oratoires, et de les restreindre dans les limites d'un plan historique. Exposer les faits avec simplicité, les classer selon leur ordre chronologique, présenter rarement, et sous une forme bien distincte, les réflexions qu'ils font naître et les développemens qu'ils exigent, voilà, selon nous, le seul travail vraiment utile que les contemporains d'une grande crise puissent léguer à leur successeurs.

Nous avons cru devoir faire précéder ce recueil par quelques considérations sur les principales questions politiques agitées pendant nos troubles, afin qu'on soit plus à portée d'ap

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