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11 juillet.

5o Le principe de toute souveraineté réside dans la nation (1).

6. Nul corps, nul individu, ne peut avoir une autorité qui n'en émane expressément (2).

• Tout gouvernement a pour but le bien commun (3); cet intérêt exige que les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire soient distincts et définis (4), et que leur organisation assure la représentation libre des citoyens, la responsabilité des agens et l'impartialité des juges.

8 Les lois doivent être claires, précises, uniformes pour tous les citoyens.

9o Les subsides doivent être librement consentis, et proportionnellement répartis.

10° Et comme l'introduction des abus et le droit des généra¬ tions qui se succedent nécessitent la révision de tout établissement humain, il doit être possible à la nation d'avoir, dans certains cas, une convocation extraordinaire de députés, dont le seul

consentir à rien de contraire au bien de l'être qui veut. Si donc le peuple promet simplement d'obéir (à ses représentans, à une constitution, à des lois), il se dissout par cet acte; le corps politique est détruit. (Contrat Social, l. II. )

(1) Pour que cette proposition ne tombe pas dans l'absurde, il faut l'expliquer ainsi : Il ne peut y avoir de souverain d'une nation qu'autant que cette nation existe.

(2) Cela est positif. Le clergé émanait de la nation; la noblesse aussi émanait de la nation. Je défie qu'on puisse fonder en France aucune institution publique qui u'émane pas de la nation française.

(3) Pour remplir ce but, le gouvernement doit posséder une condition indispensable, la stabilité; car le bonheur de l'homme consiste dans l'assurance qu'on lui donne de sa tranquillité future. Donc, remettre à l'arbitraire du peuple la forme du gouvernement, c'est marcher en sens contraire du but qu'on se propose.

(4) M. de la Fayette répète ici le thême favori des idéologues du dix-huitième siècle. Je crois qu'il serait fort embarrassé de l'expliquer. Par exemple, pourrait-il nous dire comment il sépare le pouvoir judiciaire du pouvoir exécutif? Si le premier est chargé exclusivement d'exécuter la loi, le second serait-il au-dessus de la loi? ou bien ces deux pouvoirs auraient-ils des attributions semblables, et, dans ce cas, où serait le motif de la distinction? Nos idéologues politiques confondent toujours les fonctions avec les pouvoirs, et les pouvoirs avec la souveraineté. Ces choses sont pourtant bien différentes.

objet soit d'examiner et de corriger, s'il est nécessaire, les vices de la constitution (1).

On peut déjà apprécier le mérite de ce chef-d'œuvre que M. de la Fayette avait importé des forêts de l'Amérique septentrionale, comme le résultat de la sagesse d'un peuple en état de révolte. On voit que ce code renferme véritablement tous les principes de la justice, de l'immoralité, de la liberté, du despotisme, et finalement de l'anarchie: on peut s'en servir à tout; c'est pourquoi les révolutionnaires l'accueillirent avec transport ; ils décidèrent qu'on placerait la déclaration des droits en tête de la constitution. C'est en vain que des hommes sages s'élevèrent contre le ridicule et le danger de cette détermination.

« On nous cite l'exemple des Américains, s'écria Malouet ; >> eh! qu'ont de commun ces peuples avec nous? ils ont pris » l'homme dans le sein de la nature, ils le présentent à l'uni>> vers dans sa souveraineté primitive. Mais la société américaine >> nouvellement formée, est composée en totalité de proprié» taires déjà accoutumés à l'égalité, étrangers au luxe ainsi qu'à » l'indigence, connaissant à peine le joug des impôts, des pré» jugés qui nous dominent. Ici, nous avons cent pauvres contre » un riche; là, il y a plus de propriétés que d'hommes pour les » posséder.

>>

Ces raisons étaient trop bonnes pour ne pas être rejetées ; la proposition passa, et ses conséquences, ne tardèrent pas à paraître ; nous verrons leur admirable enchaînement.

Renvoi et départ de M. Necker.- Nomination pour former le nouveau ministère de MM. de Breteuil, Lagalaisière, de Broglie, de Laporte et Foulon.

Soulèvement à Paris. Le buste de M. Necker et celui de M. d'Orléans sont promenés dans la capitale. Le

11 juillet.

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(1) Si la nation souveraine a le droit de réviser sa constitution dans un certain nombre d'années, pourquoi n'aurait-elle pas le droit de le faire demain? et si elle peut réviser ainsi toutes les constitutions, à quoi bon lui en imposer une? Que de papier perdu !

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peuple résiste à la force armée qui veut rétablir l'ordre, et lui jette des pierres. Le tocsin sonne; les boutiques des armuriers sont enfoncées; les barrières sont brûlées.

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L'assemblée demande de nouveau au roi l'éloignement des troupes. Il répond que lui seul peut juger la nécessité de ces troupes et qu'il ne changera rien à ses dispositions. L'assemblée décrète que M. Necker et les autres ministres qui viennent d'être éloignés emportent son estime et ses regrets. Elle déclare qu'effrayée des suites funestes que peut entraîner la réponse du roi, elle ne cessera d'insister sur l'éloignement des troupes et sur l'établissement des gardes bourgeoises. Elle arrête de plus que son président écrira à M. Necker et aux autres ministres disgraciés pour leur faire connaître l'arrêté qui les concerne.

Le tocsin sonne; le garde-meuble est forcé; on prend trente mille fusils à l'hôtel des Invalides; soixante mille hommes sont armés, enrôlés et organisés en compagnies; la Bastille est attaquée et prise. -M. Delaunay, gouverneur, et M. de Flesselles, prévôt de Paris, sont

massacrés.

La prise de la Bastille fut le premier essai que les révolutionnaires firent des dispositions de la populace organisée. Le sujet de l'épreuve était heureusement choisi. Depuis long-tems on montrait au peuple la Bastille comme une prison toujours destinée aux défenseurs de ses droits. On répandait avec perfidie le bruit qu'on y préparait des chambres pour renfermer les députés populaires, à la suite d'un coup d'état qu'on accusait faussement la cour de projeter dans cette situation des esprits, on n'avait rien à craindre de cette portion considérable du peuple qui n'agit point, mais qui laisse agir; qui, prévoyant mal les résultats des renversemens politiques, y assiste comme spectateur tran

quille, et y porte même un intérêt de curiosité; et qui attend, pour y prendre part, que l'exemple des succès l'encourage, ou que le danger qui le menace lui-même l'oblige à s'armer.

Le fait est que les donjons de la Bastille n'étaient pas plus redoutables aux Parisiens que les volcans de l'Etna ou de l'Islande. Ce n'était pas pour les paisibles habitans d'une capitale que ces cachots étaient construits. Ils renfermaient, à l'époque où nous sommes, six prisonniers dont le sort n'intéressait personne. Un exemple suffira pour montrer que sous un gouvernement aussi doux que celui de Louis XVI, la Bastille pouvait même être considérée comme une ressource utile à l'administration paternelle d'un grand peuple. Il est des scélérats dont les lois ordinaires ne peuvent même réprimer les crimes, loin d'être assez puissantes pour les prévenir. Il est des hommes dont la perversité dépasse les bornes de toute législation, comme il est des pestes qui surmontent tous les efforts de la médecine. Le seul moyen d'en garantir les peuples est d'isoler le mal. Les prisons d'état et les lazarets sont des préservatifs contre une contagion sans remède. Ceux qui connaissent l'histoire du comte de S**, un des six prisonniers délivrés au 14 juillet, ne pourront contester la justesse de ces réflexions.

Cet homme abominable, dont le nom même ne peut être prononcé sans soulever d'indignation tout cœur qui a conservé quelque respect pour la morale publique, avait fondé sa célébrité sur un livre dont l'infamie surpasse tout ce que l'imagination la plus dépravée avait pu concevoir jusqu'à nous. Cet homme joignait l'exemple au précepte, et l'horreur de sa vie égalait celle de ses écrits. Aucun moyen légal de répression ne lui était applicable; car la publicité d'une telle procédure eût aggravé le scandale : un cachot et l'oubli, voilà tout ce que la vindicte publique pouvait employer contre lui, dans l'intérêt des mœurs.

Le comte de S** usa de sa liberté d'une manière digne de lui et de ses libérateurs; il publia un ouvrage où il se surpassa luimême; et tel fut l'excès de sa hardiesse, qu'elle épouvanta les. gouvernemens les plus corrompus que nous ayons subis. L'horreur de son délire indigna nos dictateurs jusqu'au sein de leurs

14 juillet.

14 juillet. impures orgies. Cet homme fut saisi de nouveau,

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et jeté, sans autre forme de procédure, dans les cachots de Charenton, où il est mort dans le blasphême et l'infection. Voilà pour qui, sous le gouvernement paternel de Louis XVI, les prisons d'état semblaient réservées ; voilà pour qui il eût été nécessaire de les bâ— tir si elles n'eussent point existé.

Si la Bastille eût voulu se défendre, elle eût bravé long-tems les efforts de la canaille mal armée qui l'assiégeait. Mais le gouverneur avait reçu l'ordre du roi. Cet ordre universel, qui prescrivait à tout dépositaire de la force royale de mettre bas les armes devant la populace rassemblée, dévouait à la mort tout sujet fidèle: Delaunay s'y conforma, et sa tête tomba pour at— tester son obéissance. Cet ordre, en effet, imposait un devoir et une condition exprimés par deux seuls mots : abéir et mourir.

Le roi se rend à l'assemblée et lui annonce le renvoi des troupes.-Démolition de la Bastille. — Paris choisit pour maire M. Bailly, et pour commandant de la garde nationale M. de la Fayette.

L'assemblée demande le renvoi des ministres et le rappel de M. Necker.— Le roi cède à ce vœu.

Tous ceux qui, à la cour, craignent les fureurs populaires, se hâtent de fuir.

Le roi se rend à Paris en traversant une haie de cent cinquante mille hommes sous les armes ; on n'entend que le cri de vive la nation! Arrivé à l'hôtel-de-ville, il est harangué par plusieurs orateurs; son émotion ne lui permet pas de parler. — M. Bailly annonce de sa part qu'il est venu pour calmer toutes les inquiétudes. Il prend des mains de ce maire la cocarde nationale. Le roi retourne à Versailles. Les cris de vive le roi! retentissent partout.

M. Foulon est arrêté, conduit à Paris et immolé par une populace furieuse; sa tête sanglante est portée dans les

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