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moindre échec; et il ne doit jamais s'exposer à en éprouver, quoi qu'en disent les partisans du système des ordonnances. Renonciation de la noblesse à ses priviléges pécu

niaires.

Il n'est pas rare d'entendre, de nos jours, certains héritiers des niveleurs du dix-huitième siècle reprocher aux deux premiers ordres d'avoir causé la révolution, en refusant de se prêter aux sacrifices que le malheur des tems semblait rendre nécessaires. Le système ordinaire des oppresseurs est d'accuser les opprimés d'avoir attiré tous les maux qu'on leur a fait souf→ · frir; mais, ici sur-tout, la mauvaise foi est évidente: la noblesse et le clergé n'attendirent pas, pour se dépouiller d'une possession légitime qui remontait aux tems les plus reculés de la monarchie (1), qu'une délibération en commun leur ôțât le mérite d'un sacrifice volontaire. Chacun de ces ordres, dans sa chambre séparée, consentit spontanément à partager tout le fardeau des charges de l'Etat. C'était là tout ce que la patrie exigeait d'eux; les cahiers s'accordaient sur ce point. Lorsque les meneurs de l'anarchie populaire voulurent ensuite leur ravir tous leurs droits politiques, des résistances se montrèrent : de bonne foi, les ennemis du clergé et de la noblesse pouvaient-ils prétendre, sans délire, que ces deux corps sacrifiassent volontairement jusqu'à leur existence, pour satisfaire des passions haineuses et des amours - propres exaltés? J'ai lu quelque part qu'un brigand, convaincu de plusieurs assassinats commis sur une route environnée d'abîmes, se défendait en disant : « J'invitais tous ces gens-là à se jeter de bonne grâce dans le précipice; aucun n'y consentait ; n'ai-je pas été forcé de les tuer? Mort du dauphin, à Meudon. Députation du tiers-état au roi.

La famille royale était plongée dans les larmes. Lorsqu'on annonça cette députation, le roi fit répondre que, tout entier à sa douleur, il ne pouvait la recevoir. Les députés insistent, nou

(1) Expressions de M. Necker.

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4 juin. 6

6 juin.

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velles excuses; enfin, une troisième fois ils réiterent leurs instances, et ils sont introduits. A cette occasion, Louis XVI ne put s'empêcher de s'écrier: « Ny a-t-il donc point de pere parmi ces messieurs de l'assemblée ? »

La chambre du tiers-état se constitue en assemblée nationale.

Le soleil du 17 jain éclaira pour la dernière fois la vieille monarchie. La délibération de l'assemblée fut le manifeste de la révolution naissante : cet événement est trop important pour ne pas y consacrer quelques réflexions.

Depuis l'ouverture des états-généraux, de vifs débats s'étaient élevés entre les trois ordres; le tiers, plus nombreux à lui seul que le clergé et la noblesse, demandait que l'on délibérât en commun. C'était condamner les deux premiers ordres de l'Etat à subir le joug humiliant et perpétuel d'une majorité qui ne dissimulait déjà plus ses intentions hostiles. Le roi, protecteur naturel des corps composant la monarchie, devait interposer surle-champ son autorité dans ces discussions; sa débonnarité perdit tout. Après avoir de part et d'autre consulté ses forces, l'assemblée du tiers se constitua, de sa propre autorité, en chambre souveraine. Elle risquait peu à cette détermination, le roi n'avait ni la volonté, ni la force morale suffisante pour disperser les mandataires du peuple, quoique leur rassemblement dût être dès lors considéré comme factieux. D'un autre côté, tous les membres viciés, ou même faibles des deux premiers ordres, devaient se réunir partiellement au noyau principal de la représentation nationale. Il ne s'agissait plus que de trouver une dénomination convenable à ce rassemblement.

Le nom de chambre du tiers-état ne pouvait plus convenir; il ne désignait que le tiers des droits politiques de la nation française, et le projet était de les confondre tous pour les tous envahir. L'abbé Syeyes proposa le titre de représentans de la nation; Mirabeau s'éleva avec force contre cette dénomination : il proposa d'y substituer celle de représentans du peuple. Voici quelle était sa pensée : Le mot nation française emporte l'idée

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d'une monarchie divisée en trois ordres; le mot peuple permet d'exclure cette distinction. En effet, les deux premiers ordres font partie essentielle de la nation, et non pas précisément du peuple. L'intention d'anéantir les ordres se découvre déjà dans le choix que fit Mirabeau d'une épithète pour caractériser une assemblée qui s'emparait de la souveraineté. Cette intention perce d'ailleurs à chaque phrase de son discours, qu'il termine en rappelant avec éloge les rémontrans d'Amérique, les pâtres de Suisse, et les gueux des Pays-Bas.

Néanmoins, la motion de Mirabeau excita de longs murmures; l'annonce de tels projets était prématurée; on refusa de prononcer dès le premier jour l'anéantissement d'une constitution de quatorze siècles. Si un orateur aussi habile que Mirabeau eût saisi cet instant pour démontrer tout le danger d'une réunion illégale dans laquelle on dévoilait déjà de telles intentions, peut-être que des aveugles se fussent éclairés, des faibles encouragés, et des pervers dévoilés, au point de faire perdre à cette assemblée la consistance qu'elle cherchait à se donner. Mais un tel homme ne se trouva point. Il s'y rencontra, au contraire, un de ces esprits timides, comme nous en avons tant vu depuis dans nos assemblées délibérantes, qui se placent au milieu des discussions, voilent à demi et l'erreur et la vérité, et qui, sous le nom de conciliateurs, embarrassent les questions les plus claires. Un M. Legrand (1) proposa le titre d'assemblée nationale, qui fut adopté à la majorité de 491 voix contre €90. C'est ainsi que la dénomination d'états-généraux, la scule constitutionnelle en France, fut abolie à jamais.

La salle de la chambre du tiers-état est fermée en vertu d'une proclamation du roi. Les députés du tiers se rendent au Jeu de Paume, à Versailles, précé

17 juin.

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(1) Ce M. Legrand se distingua depuis par son courage à la convention nationale, où il protesta énergiquement contre le jugement de Louis XVI. C'était un homme de bien. Hélas! que d'hommes de bien contribuèrent, dans les commencemens, par une modération mal entendue, au triomphe du mal!

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dés de M. Bailly, leur président; ils prennent aussitôt un arrêté ainsi conçu :·

« L'assemblée nationale, considérant qu'appelée à » fixer la constitution du royaume, opérer la régéné– » ration de l'ordre public, et maintenir les vrais prin»cipes de la monarchie, rien ne peut empêcher qu'elle »ne continue ses délibérations, dans quelque lieu qu'elle » soit forcée de s'établir; et qu'enfin, partout où ses » membres sont réunis, là est l'assemblée nationale; >> arrête que tous les membres de cette assemblée prê»teront à l'instant le serment de ne jamais se séparer, » et de se rassembler partout où les circonstances l'exi‚» geront, jusqu'à ce que la constitution du royaume » soit établie et affermie sur des fondemens solides ; et >> que, ledit serment étant prêté, tous les membres, et » chacun d'eux en particulier, confirmeront par leur signature cette résolution inébranlable. » Tous les membres, un seul excepté, prêtent ce serment.

Séance royale. Discours du roi, et lecture de plusieurs déclarations de S. M. Le roi veut que l'ancienne distinction des trois ordres de l'Etat soit conservée en son entier, comme essentiellement liée à la constitution de son royaume; que les députés librement élus par chacun des trois ordres, formant trois chambres, délibérant par ordres, et pouvant, avec l'approbation du souverain, convenir de délibérer en commun, puissent seuls être considérés comme formant le corps des représentans de la nation. En conséquence, le roi déclare nulles les délibérations prises par les députés du tiers-état, le 17 de ce mois, comme illégales et inconstitutionnelles.

23 juin.

Une déclaration, en trente-cinq articles, indique quels sont les bienfaits que le roi accorde à ses peuples. Voici quels étaient les avantages assurés par ces trente-cinq articles :

Point d'impôts ni d'emprunts sans le consentement des représentans de la nation; examen de la situation des finances par les états-généraux; publicité du tableau des recettes et dépenses; fixation des sommes attribuées à chaque département, même pour la maison du roi; plus de priviléges ni de distinctions dans le paiement des contributions; abolition du droit de franc-fief'; toutes les propriétés, sans exception, respectées; continuation d'exemption pour les deux premiers ordres des charges personnelles qui seront converties en charges pécuniaires; détermi nation d'après l'avis des états - généraux des emplois et charges qui conserveront le droit de donner et de transmettre la noblesse; les états-généraux chargés de chercher et de proposer les moyens de concilier l'abolition des lettres de cachet avec le maintien de la sûreté publique; les mêmes états-généraux chargés d'examiner et de faire connaître le moyen le plus convenable de concilier la liberté de la presse avec le respect dû à la rez ligion, aux mœurs et à l'honneur des citoyens; établissement dans les diverses provinces des états provinciaux formés de deux dixièmes de membres du clergé, de trois dixièmes de la noblesse et de cinq dixièmes du tiers-état ; élections libres de ces membres; délibération des députés à ces états sur toutes les affaires administratives; attribution spéciale par le roi à ces états de l'administration des hôpitaux, des prisons, des dépôts de mendicité, des enfans trouvés, de l'inspection des dépenses des villes, de la surveillance des forêts, etc.; les états - généraux chargés de s'occuper d'un nouveau projet sur les douanes; adoucissement de l'impôt sur le sel; examen des avantages et des inconvéniens des droits d'aides et autres impôts; perfectionnement des lois civiles et criminelles ; abolition entière et jours de la corvée; abolition du droit de main-morte dans toute la France; examen du tirage de la milice et des adoucissemens dont cette partie peut être susceptible ; sans le consentement des

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pour tou

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