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Quant à l'Immaculée Conception de Marie, Mgr Manning, qui se propose de publier prochainement un ouvrage sur le culte rendu à la sainte Vierge par l'Église catholique, se contente, dans sa lettre pastorale, de répondre sommairement aux attaques du Dr Pusey. Il montre que, loin d'être sans fondements dans l'antiquité ecclésiastique, cette croyance y trouve autant de patrons qu'il y a de Docteurs qui ont affirmé la sainteté sans tache de la mère de Dieu. Plus vague d'abord dans son expression, comme la doctrine du péché originel, avec laquelle elle est connexe, cette croyance est devenue ensuite plus explicite : les Conciles d'Éphèse et de Francfort l'avaient déjà implicitement proclamée en déclarant Marie exempte de péché; deux autres Conciles, celui de Bâle et celui d'Avignon, l'ont affirmée par des décrets explicites; elle n'a cessé d'être enseignée par toutes les Universités de la Chrétienté et par tous les grands Ordres religieux, à une seule exception près; et encore cette exception n'est-elle point générale, puisque, dans l'Ordre même de Saint-Dominique, on trouve cent trente théologiens qui soutiennent l'Immaculée Conception contre quatre-vingt-dix qui la nient. Pie IX, en la définissant enfin, ne fait que suivre les traces de tous ses prédécesseurs, et il est appuyé par le suffrage antécédent de l'immense majorité des Évêques et par le suffrage subséquent de l'Épiscopat tout entier.

Il faut être animé envers la Papauté de sentiments bien hostiles, pour voir dans un pareil acte un excès arbitraire d'autorité.

II

Nous venons d'entendre un Évêque jugeant au point de vue de l'orthodoxie le plan de réunion proposé aux catholiques par l'école puséiste, et le condamnant avec tout le poids que donne à sa sentence une autorité éminente servie par une haute raison.

Il sera permis à l'écrivain qui va paraître maintenant devant nous de se placer à un point de vue moins élevé, de donner aux considérations personnelles une plus large part d'attention, et de faire amicalement remarquer au Dr Pusey les étranges méprises de détail qui se mêlent dans son livre aux erreurs fondamentales signalées par Mgr Manning.

Cet écrivain est le chanoine Fréd. Oakeley, jadis élève du collége de Christ-Church, dont le Dr Pusey fait partie, plus tard fellow de

Baliol, et aujourd'hui curé d'une des principales paroisses catholiques de Londres.

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Il nous l'avoue lui-même avant d'entrer dans l'Église catholique, il avait éprouvé les hésitations et les craintes qui arrêtent en ce moment le Dr Pusey; lui aussi, il redoutait ce système pratique qui n'a cessé d'être l'épouvantail des anglicans; il avait même exprimé publiquement sa frayeur dans un journal protestant, un an avant de faire acte de soumission à l'Église Romaine. « Je craignais, dit-il, qu'en me faisant catholique, je me misse dans l'impossibilité d'accorder ma conscience avec mon obéissance à l'Église. Je songeais surtout à certaines dévotions populaires que je ne croyais pas pouvoir adopter sans cesser d'être un bon chrétien, et qu'il ne me serait pas permis de repousser sans cesser d'être un bon catholique. Il me fallut du temps pour surmonter cet obstacle. Enfin, je me dis à moi-même qu'il s'agissait de courir une de ces «aventures de la foi » dont Newman parle quelque part, et d'imiter le Père des croyants, dont le mérite consista surtout en ce qu'il suivit la voix de Dieu « sans savoir où il allait. » Je dois dire que, depuis mon entrée dans le sein de l'Église catholique, je n'ai pas éprouvé pendant un seul moment l'embarras que j'avais tant redouté. »

M. Oakeley ne se contente pas de son témoignage personnel; il rend parfaitement raison de ce système pratique, qui, du dehors, paralt si repoussant. C'est le fruit nécessaire et l'indice évident de la vie de l'Église. La doctrine du Sauveur, dont elle a le dépôt, n'est pas une lettre morte; aujourd'hui comme durant la vie mortelle du divin Maître, ses paroles sont esprit et vie : elles éclairent les âmes, tandis que sa grâce les échauffe et les pousse à toutes sortes de bonnes œuvres. « A quelque période de son histoire que vous preniez l'Église, vous ne devez pas vous attendre à trouver en elle une forme stérile ou une littérature stéréotypée, mais un monde rempli d'animation spirituelle là est le théologien, qui déduit scientifiquement les conséquences des dogmes révélés; ici le saint approfondit dans ses pieuses méditations l'ineffable mystère de l'Incarnation du Verbe de Dieu, et y découvre des merveilles cachées aux esprits moins purs et moins exercés par là se forme au sein de l'Église un trésor qui s'accroît d'âge en âge, et auquel chaque génération ajoute sa part de saints exemples, de miracles accomplis, d'expériences acquises, de dévotions populaires, de luttes contre l'erreur. Ce sont toutes ces mani

festations extérieures de la vie intérieure de l'Église que l'on nomme son système pratique. »

Que l'humaine fragilité mêle ses misères à ces fruits de la divine grâce, il faut bien s'y attendre; et ce serait être par trop exigeant que de vouloir contraindre l'Église à prévenir tous les abus. Son divin Fondateur ne lui permet même pas d'arracher avec trop de précipitation cette ivraie, qui se mêle sans cesse au bon grain, dans le champ dont il lui a confié la culture. Qu'on cesse donc de chercher un prétexte pour s'éloigner d'elle dans les désordres qu'elle est sans cesse occupée à corriger. Loin d'obliger les prosélytes à adopter ces abus, elle les réprouve dans ses enfants; et, satisfaite de conserver l'unité dans les choses nécessaires, elle laisse à tous la plus grande liberté dans le choix des formes et des pratiques par lesquelles ils peuvent manifester extérieurement leur foi et leur piété. La partie du système pratique qui paraît le plus repoussante au D' Pusey, nous l'avons vu, c'est la dévotion des catholiques envers la Mère de Dieu. M. Oakeley n'a pas de peine à écarter les difficultés accumulées par l'écrivain anglican contre ce point de notre croyance. Il prouve que les louanges et les marques d'honneur prodiguées à Marie par les enfants de l'Église ne sont que le développement et la conséquence légitime de l'incomparable dignité qui lui est attribuée par le symbole des Apôtres, que les anglicans récitent comme nous. Ce sont eux qui se mettent en contradiction manifeste avec la foi apostolique, quand ils refusent d'honorer celle par qui le Fils de Dieu a été conçu et de laquelle il est né, de qui par conséquent il a reçu tout ce qui le fait notre frère, tout ce qu'il a donné pour notre salut.

Quand nous attribuons à Marie une part très-active dans l'œuvre de notre rédemption, au lieu de lui prêter, comme le font les protestants, un rôle purement passif, nous ne faisons que suivre les indications de l'Écriture, qui nous la montre négociant en quelque sorte avec l'archange Gabriel, et qui dès l'origiue du monde lui attribue, conjointement avec son divin Fils, une lutte à mort contre l'infernal serpent. Pusey oublie cette partie si remarquable de la prophétie faite à nos premiers parents, quand il suppose, contrairement à la plus manifeste vérité, que nous basons sur une erreur de copiste, sur le changement d'ipsum en ipsa, l'argument que nous tirons de cette prophétie en faveur de la Conception immaculée de la Mère de Dieu. Que ce soit le germe béni de cette Femme prédestinée qui ait écrasé la tête du serpent, il n'en est pas moins certain

que la Femme est son auxiliaire dans cette guerre; et il semble que ce soit pour nous aider à reconnaître Marie dans cet auxiliaire du nouvel Adam, que son divin Fils, dans l'Évangile, ne lui donne presque jamais d'autre nom que celui de Femme. Elle nous apparaîtra encore sous ce nom, quand saint Jean nous la montrera, dans l'Apocalypse, accomplissant la prophétie antique et remportant sur le vieux serpent une victoire définitive. Comment, en présence d'indications si claires et si glorieuses à Marie, peut-on accuser la tradition de l'Église universelle d'être sans fondement dans l'Écriture?

Il y a peut-être plus d'injustice encore dans l'autre accusation portée par Pusey contre notre dévotion à Marie, celle de diminuer notre respect et notre amour pour le divin Sauveur. M. Oakeley n'invoque pas seulement sa propre expérience, mais encore celle de tous ses confrères dans le sacerdoce, et il affirme que toujours l'accroissement de la dévotion envers Dieu est le fruit d'une dévotion plus tendre envers sa Mère. Les saints qui ont paru le plus excessifs dans les hommages qu'ils ont rendus à celle-ci, sont précisément ceux qui se sont fait remarquer par un plus ardent amour pour l'Homme-Dieu. Que M. Pusey prenne la peine de lire en entier les livres où il a puisé les textes qu'il nous oppose, celui du vénérable Grignon de Montfort, par exemple; et il se convaincra que, loin de rendre le péché plus facile, la dévotion à la Mère de Dieu, telle qu'elle est enseignée dans ces livres, ne peut qu'éloigner du péché. Après avoir ainsi aplani les obstacles que le pacificateur anglican nous avait accusés d'opposer à la réconciliation de son Église avec l'Église romaine, M. Oakeley ne pouvait se dispenser de nous donner son avis sur le plan de pacification qui nous est proposé. C'est là que se trouvent les difficultés réelles. Pas plus que nous, M. Oakeley ne croit à la possibilité d'une réunion en corps de l'Église anglicane, et il en donne une raison bien simple: c'est que l'Église anglicane n'est pas un corps; c'est un agrégat d'éléments hétérogènes, réunis ensemble par un lien purement extérieur, la loi civile. « Où est le principe de cohésion ou la marque d'organisation, le centre avec lequel le Saint-Siége pourrait entrer en relation? Les membres de cette Église ne peuvent même pas s'accorder sur le nom qu'il faut lui donner. Faut-il l'appeler l'Église établie, ou l'Église anglo-catholique, ou l'Église nationale, ou l'Église protestante? Le premier de ces noms est rejeté par le parti de la Haute-Église; le second, par celui de la Basse-Église; le troisième ne tient pas compte de la masse des

dissidents, qui n'appartiennent pas moins à la nation que les anglicans; le nom de « protestant », chaleureusement revendiqué par un grand nombre, n'est pas moins chaleureusement répudié par les autres. Le corps des Évêques ne représente rien, si ce n'est la désunion. Quelques-uns d'en tre eux inclinent vers le latitudinarianisme; un ou deux en appellent à l'antiquité, tout en protestant contre Rome; plusieurs ne veulent d'autre règle de foi que la Bible et le jugement privé; les autres évitent tous les partis extrêmes et tiennent uniquement à ce qu'on les laisse vivre tranquilles. Quel est l'ambassadeur capable de négocier au nom d'une semblable cour et de sauvegarder des intérêts aussi divergents? Exposer cet état de choses, c'est paraître faire de la satire; mais la satire n'est pas dans l'exposé, elle est dans la chose elle-même.

Du reste, M. Oakeley remarque avec raison qu'en répudiant le plan d'une réunion en corps de l'Église anglicane, nous lui donnons une preuve de notre franchise et de notre respect pour la vérité : car personne n'aurait plus d'intérêt que nous à accepter cette réunion, si elle était possible. La plupart des obstacles qui arrêtent les conversions individuelles seraient écartés par ce retour collectif, et l'Église catholique acquerrait par ce seul acte le plus puissant instrument que l'humanité puisse lui offrir pour la conversion du monde entier; malheureusement tout nous porte à croire que ce n'est qu'un beau rêve.

Ce qui est certain, c'est que la réconciliation des deux Églises ne peut avoir lieu qu'autant que l'Église anglicane reconnaîtra la primauté de l'Église romaine, définie par le Concile de Florence et reconnue par les Gallicans aussi bien que par les Ultramontains. Cette primauté est la base de l'unité; et, par conséquent, la première condition de l'union, c'est de la reconnaître. Pusey paraît s'être fait à ce sujet une complète illusion. Il veut l'union, afin de rendre aux croyants la force dont leurs divisions les dépouillent, pour combattre et vaincre l'incrédulité; et pourtant il repousse l'unique principe d'où pourrait leur venir cette force. Au lieu de chercher dans l'Église catholique cette plénitude de foi et cette puissance d'unité qui manquent à l'Église anglicane, il demande un minimum ; il veut qu'il soit permis aux anglicans devenant catholiques d'être aussi peu catholiques que possible! Comment un homme aussi éclairé peut-il se mettre aussi ouvertement en contradiction avec le but qu'il poursuit? Sait-il ce que c'est qu'un catholique minimum? M. Oakeley va le lui apprendre que le bon docteur considère attentivement le portrait

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