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qu'on va lui en tracer, et qu'il juge si l'original qu'il représente est bien l'homme qu'il lui faut pour vaincre le rationalisme contemporain. Qu'est-ce donc que le catholique minimum? « C'est un homme qui regarde la foi comme un fardeau, non comme un privilége, et qui par conséquent croit le moins qu'il peut. En fait de politique ecclésiastique, il atteint à peine au niveau de la théorie gallicane. Il sympathise beaucoup plus avec ses compatriotes non catholiqués, qu'avec les meilleurs catholiques des pays étrangers; en d'autres termes, il préfère sa patrie à l'Église. Il est par conséquent plus jaloux des droits de la Reine et de la Constitution que des droits du Pape, tandis qu'il lui serait facile de conserver aux premiers tout le respect qui leur est dû, tout en donnant aux seconds le dévouement que réclame leur divine origine. Il n'aime pas les dévotions populaires, pas plus celles qui se rapportent à la sainte Vierge que les autres; il les considère comme des excès de sensibilité maladive. Il veut que les prêtres soient « hommes du monde », non pas seulement pour en connaître les folies et pour ramener le monde à Dieu, mais pour se conformer à ses idées et à ses manières, se mêler à ses sociétés et se passionner pour ses intérêts. Il préfère l'éducation purement profane à l'éducation religieuse, et les vertus sociales aux vertus surnaturelles; il est même tenté de croire que ces dernières n'ont guère d'existence que dans les Vies des saints ou dans les sermons. L'utilité des Ordres religieux est pour lui chose au moins fort douteuse, sauf celle des Ordres hospitaliers. Il est très-tenté de penser que la vérité objective est une chimère, et qu'une religion qui impose des dogmes à croire sous peine de damnation est la plus abusive de toutes les tyrannies; toutes les divergences religieuses lui paraissent faciles à concilier par des explications mutuelles; enfin il est d'avis que, si un homme est un bon citoyen et un voisin agréable, sa croyance est d'une importance secondaire.»>

Ne dirait-on pas qu'en traçant ce portrait, M. Oakeley avait sous les yeux nos catholiques sincères et indépendants? Mais non il proteste qu'il ne s'occupe que de l'Angleterre. C'est là qu'il trouve, comme il se trouve malheureusement partout, ce type de catholiques qui boîtent des deux côtés, suivant l'expression de l'Écriture, et qui essayent d'allier le culte de Jéhovah avec celui de Baal. Il demande au docteur Pusey si c'est bien à multiplier les exemplaires de ce triste type qu'il voudrait employer les énergies de son âme si religieuse et les dernières années de sa laborieuse vie. Ce n'est sûrement pas le

remède le plus propre à guérir le mal terrible dont souffre en ce moment l'Angleterre et que M. Oakeley dépeint dans les termes suivants : « Ce que nous avons surtout à déplorer dans la condition religieuse de ce pays est une profonde léthargie spirituelle, une totale insensibilité aux réalités d'un monde supérieur. C'est là une maladie bien plus désespérée, un symptôme bien plus alarmant de la désorganisation morale d'un peuple, que la plus terrible réaction de l'incrédulité contre la foi vive, semblable à celle dont la France nous a donné le spectacle à l'époque de la grande révolution. Du reste, je ne prétends pas nier que l'incrédulité n'étende également son empire sur une partie considérable de la nation. Il est impossible d'en douter quand on lit notre littérature populaire. Les catholiques qui sont plus constamment en rapport avec les protestants des classes moyennes, affirment que parmi eux l'incrédulité gagne beaucoup de terrain. On a de graves raisons pour penser que le socinianisme (c'est-à-dire la négation de la Trinité et de la Divinité de Jésus-Christ) est la croyance dominante de certaines professions libérales, et qu'on ne se dispense d'avouer hautement cette erreur que parce que l'Église anglicane n'a aucun moyen d'obliger ses membres laïques à confesser leur foi. A mesure que s'étendra l'éducation purement séculière, et que l'Église établie sera plus complétement amalgamée avec les sectes qui ne reconnaissent pas le principe d'autorité, on peut à peine douter que le feu qui couve maintenant sous la cendre n'éclate tout à coup et ne produise un grand incendie. Alors on reconnaîtra, mais peut-être trop tard, que l'unique moyen de vaincre l'esprit d'incrédulité était la restauration de la seule Église qui ait des dogmes définis et une autorité infaillible. »

Je ne sais si le Dr Pusey a lu la brochure de son ancien collègue d'Oxford; mais, s'il l'a lue, il est bien difficile que des considérations aussi saisissantes n'aient pas fait sur lui une profonde impression.

III

D

Au moins est-il impossible qu'il n'ait pas lu la lettre qui lui a été adressée à lui-même par son « cher vieil ami le P. Newman, et il ne paraît pas moins impossible que cette lettre n'ait pas fait sur lui une impression plus profonde encore et plus favorable que tous les autres écrits dont son Eirènicon a été le sujet.

Évidemment, en écrivant cette lettre, le P. Newman n'a eu qu'une seule chose en vue : élargir la voie qui doit ramener son ami au sein de l'unité catholique, et écarter les obstacles qui l'empêcheraient de suivre cette voie jusqu'au bout.

Ces obstacles, il en a éprouvé lui-même toute la gravité; et nous, à qui il n'en a rien coûté pour nous mettre en possession de la foi catholique, nous serions bien injustes si nous trouvions mauvais qu'un homme à qui elle a coûté des sacrifices plus amers que la mort, fasse tous ses efforts pour adoucir à l'un de ses anciens compagnons d'infortune l'amertume de ces sacrifices.

Newman a pensé, et à notre avis il a pensé avec raison, qu'il pouvait laisser à d'autres le soin de faire ressortir les contradictions dans lesquelles est tombé le malencontreux pacificateur, de signaler ses erreurs de fait et les vices de son argumentation. Il s'est imposé une autre tâche: célle de répondre aux intentions de son ami plus qu'à ses paroles; de le défendre, s'il le faut, contre lui-même, en lui prouvant qu'il ne s'est pas rendu justice, et qu'il s'est fait dans son livre plus protestant qu'il n'est en réalité;, enfin, de lui démontrer que, pour se mettre d'accord avec l'Église catholique, il n'a qu'à se mettre d'accord avec lui-même.

Telle est la position aussi habile que charitable où Newman s'est placé dans sa lettre. Il ne paraît pas du reste prendre au sérieux le plan de réunion proposé par son docte ami, et il ne se donne même pas la peine d'en signaler les impossibilités. Il se contente de signaler dans ce plan un progrès sur les idées soutenues il y a vingt-cinq ans. On disait alors jusqu'à ce que Rome ait renoncé à son système pratique, nous ne pouvons songer à nous unir à elle. Aujourd'hui on se contente de stipuler, comme condition de réunion, que Rome n'obligera pas l'Angleterre à adopter ce système pratique, dont on ne nie pas l'utilité pour d'autres pays. C'est un progrès; mais Newman espère que Pusey et ses amis ne s'arrêteront pas là, et il lui prédit assez clairement qu'un jour viendra où il renoncera de luimême au plan impraticable qu'il propose aujourd'hui.

On nous demandera à quoi s'attache l'éloquent Oratorien, s'il ne juge pas à propos de discuter le plan de réunion qui fait le sujet principal du livre de Pusey. Il s'attache uniquement à résoudre la principale difficulté qui empêche son ami de se soumettre purement et simplement à l'Église, l'opposition apparente entre la croyance des premiers siècles et notre dévotion envers la Mère de

Dieu. Son intention n'avait pas été d'abord de s'en tenir là; il s'était proposé de défendre, contre les attaques de son ami, la thèse plus générale du développement de la doctrine catholique; et la discussion de cette thèse lui aurait fourni l'occasion d'écarter les difficultés tirées des prétendues exagérations de l'autorité papale. La manière vraiment magistrale dont a été traitée la question qui fait l'objet de cette première lettre, ne peut que nous faire désirer vivement que l'illustre écrivain ne nous fasse pas trop attendre l'achèvement de

son œuvre.

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Après quelques explications sur des points de moindre importance, Newman ouvre sa défense du culte rendu par l'Église catholique à la Mère de Dieu, par une distinction capitale, qui répand sur la discussion tout entière une grande clarté il distingue la dévotion de la croyance : la première est le fruit de la seconde ; elle résulte de l'effet produit sur le cœur par la croyance qui éclaire l'esprit ; et, comme cet effet devient de plus en plus puissant à mesure que la croyance est plus profondément méditée et plus complétement développée, on ne saurait s'étonner que la dévotion prenne dans le cours des âges de considérables accroissements. « Le Christianisme, dit Newman, est une religion éminemment objective: il nous expose les faits et nous fait connaître les personnes en termes très-simples le plus souvent; il laisse ensuite les vérités ainsi énoncées produire leurs effets sur les cœurs qui sont préparés à les recevoir. » Dans l'ordre surnaturel, comme dans l'ordre de la nature, Dieu se plaît à donner aux causes leur libre jeu. La dévotion même envers la personne adorable de Notre-Seigneur, le culte de l'Eucharistie ont acquis dans la suite des âges de grands accroissements: comment s'étonner que la dévotion envers Marie ait été sujette à la même loi?

La question n'est donc pas si l'antiquité a pratiqué de la même manière que l'Église des âges suivants la dévotion envers Marie; entre les anglicans et nous le vrai point en litige est celui-ci : la croyance sur laquelle se base notre dévotion envers Marie a-t-elle été admise par l'Église des premiers siècles?

Newman soutient et il prouve que la question ainsi posée ne peut donner lieu à aucun doute. Il ne prend qu'un seul des titres nombreux de Marie : il la considère comme la nouvelle Eve; il montre cette prérogative proclamée en même temps par saint Justin, saint Irénée et Tertullien. Ces trois docteurs vivaient vers le milieu du second siècle : le premier représente la Palestine et l'Église de saint

Jacques; le second, l'Asie mineure et l'Église de saint Jean; le troisième, Rome et l'Afrique, et par conséquent l'Église de saint Pierre. L'unanimité avec laquelle, à de si grandes distances, ils tracent le parallèle entre le rôle de Marie dans la Rédemption et le rôle d'Eve dans la Chute, montre que cette doctrine est une doctrine apostolique. Or, cette doctrine suffit à condamner les anglicans et à justifier les catholiques. En présence des affirmations de ces saints Docteurs, on ne saurait soutenir que Marie a été purement passive dans l'œuvre de notre rédemption. Si elle n'en a pas été la cause principale, non plus qu'Ève dans notre chute, elle y a pris du moins une part active, quoique secondaire; elle a été l'auxiliaire du nouvel Adam.

La croyance à l'Immaculée Conception est elle-même renfermée dans cet enseignement des premiers Pères : car, si Marie est la nouvelle Ève, la véritable mère des vivants, il est impossible qu'elle ait reçu une grâce inférieure à la grâce accordée, dans sa création même, à la première femme. Newman nous assure, du reste, que les violentes oppositions des protestants à l'Immaculée Conception de Marie naissent uniquement de l'absence dans leur esprit d'une notion exacte du péché originel. Si, comme nous, ils faisaient consister le péché dans la privation de la grâce originelle; si par conséquent ils comprenaient que la Conception Immaculée de Marie n'est autre chose que la sanctification de son âme dès le premier instant de son existence; si surtout ils faisaient attention à la clause que nous ajoutons à la proclamation de ce privilége, à savoir que Marie n'en a été redevable qu'aux mérites de son divin Fils, dès lors ils ne pourraient plus nous faire aucune objection raisonnable, et toute leur hostilité s'évanouirait.

Après avoir admirablement exposé tout ce que ce rôle de nouvelle Ève suppose de sainteté en Marie et tout ce qu'il lui confère de grandeur, le P. Newman montre la dévotion des chrétiens naissant peu à peu de cette croyance, et il en trouve de touchants indices dans les peintures des Catacombes, dont plusieurs remontent, suivant le chevalier de Rossi, au temps même des Apôtres. Ces peintures, qui, dans leur primitive simplicité, reproduisent si bien le tableau tracé par saint Jean dans l'Apocalypse, de la femme qui vient de mettre au monde son enfant, nous fournissent une preuve nouvelle que ce tableau se rapporte à Marie. Ainsi la dernière prophétie renfermée dans les Écritures est la proclamation de son triomphe, comme la

Tome XV. 122 livraison.

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