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nication des biens fait partie de l'unité de l'Église. Le Docteur Angélique (opuscule Contra impugnantes religionem) dit que tout homme qui peut exercer un acte a le droit d'être reçu dans les sociétés établies pour cet acte. Les instituts religieux, le doctorat, les dignités ecclésiastiques et séculières doivent donc être accessibles pour tous les chrétiens, sans distinction de naissance et de patrie. La justice distributive veut que les biens ecclésiastiques soient donnés à tous les hommes qui en sont dignes.

XXXVI

Les canonistes s'accordent à dire que les statuts particuliers qui défendent de donner les charges ecclésiastiques aux étrangers ne sont pas valides, sauf l'approbation formelle du Saint-Siége.

On peut consulter Thomas del Beni, de Immunitate ecclesiastica, chap. vin, quest. 10. Il soutient que les statuts de ce genre violent la liberté de l'Église. Là où ces statuts existent, on doit présumer que les princes agissent en vertu d'un privilége que le Saint-Siége leur aura concédé en récompense de leur dévouement,

Les enfants de l'Église, dit Thomassin, ne sont des étrangers en aucun lieu. Les anciens canons recommandaient l'élection de gremio; le changement qui s'est accompli dans la discipline semble avoir été amené par l'union plus étroite qui s'est formée entre les Églises particulières et par la communion plus parfaite qui s'est montrée entre elles et leur Chef suprême dans les temps modernes.

XXXVII

Il y a dans la hiérarchie ecclésiastique une dignité que l'on ne peut conférer qu'aux étrangers: le Concile romain de 1725 défend de prendre le vicaire général dans le clergé de la ville ou du diocèse. Les canonistes rapportent un grand nombre de décrets du SaintSiége qui excluent les ecclésiastiques diocésains des fonctions de vicaire général. Les parents d'un évêque, tels qu'un frère ou un neveu, ne peuvent pas être nommés vicaires généraux : on a des décisions formelles sur ces divers points.

CH. CHAILLOT,

Prélat romain.

LES ÉPOPÉES FRANÇAISES"

I

Au commencement du XVIII• siècle, les voyageurs et les touristes qui se rendaient de Naples à Sorrente, aimaient à s'arrêter quelques instants entre Torre dell' Annunciata et Nocera, au milieu d'un splendide paysage s'étendant en pente douce depuis le pied du Vésuve jusqu'au bord de la Méditerranée. D'un côté, avec ses couches successives de lave refroidie, la rude et noire montagne qui vomit le feu et qui brandit parmi les nuages son panache de flamme et de fumée; de l'autre, la nappe bleue du golfe de Naples, les barques des pêcheurs, les voiles des vaisseaux fuyant à l'horizon, et, dans le loin- · tain, le cap de Sorrente, les îles d'Ischia et de Procida où la fable avait placé le géant Typhée, Capri où plane encore le souvenir de Tibère. Mais ce qui, en cet endroit particulier, frappait et arrêtait le voyageur, ce n'était point précisément cette vue admirable, puisqu'il la contemplait déjà depuis Naples et qu'il la devait retrouver tout le long de sa route : c'était, au centre de cet horizon, la fertilité, le mouvement et la vie de ce merveilleux coin de la terre. De gaies habitations que les premiers rayons de l'aube semblaient avoir dorées de leur jaune reflet; de belles villas, ayant, au lieu de toitures, des promenoirs et des terrasses à balustrades de marbre, s'élevaient çà et là, tantôt dans un bosquet d'orangers en fleurs, tantôt à l'ombre de vieux arbres, cinq ou six fois séculaires, qui plongeaient profondément dans le sol leurs racines énormes. Une petite rivière, le Sarno, roulait joyeusement ses claires eaux parmi les champs et les jardins, parmi les bois et les prairies. Nulle ruine romaine dans le paysage. Les murs les plus anciens n'étaient pas plus âgés que les arbres; et, bien que l'on vit à la culture de la terre, au nombre et à l'aspect des maisons, que depuis longtemps déjà la main de l'homme travail

(1) LES ÉPOPÉES FRANÇAISES. I. Études sur les Origines et l'Histoire de notre Littérature nationale, par Léon Gautier. Un volume grand in-8 de 700 pages. Chez Victor Palmé. Prix: 10 francs.

lait cette oasis, il était aisé de reconnaître que la civilisation d'autrefois ne s'y etait point assise, et que c'était à une époque plus rapprochée de nous qu'on s'était avisé de défricher et de peupler ce fertile désert. Çà et là, beaucoup de choses anciennes ou vieilles, aucune qui fût antique. D'après les érudits, nul souvenir des anciens ne se rattachait à cet endroit, sinon, prétendait-on, qu'il aurait été traversé par Pompée dans l'une de ses guerres. De là le nom sous lequel quelques parchemins le désignaient : campus Pompeius, « le camp ou le champ de Pompée. »>

Mais de l'authenticité plus ou moins douteuse de ce nom on s'inquiétait fort peu, et il faut tous nos scrupules d'historien, ne voulant rien oublier, pour rappeler ce détail parfaitement indifférent aux habitants qui peuplaient ce joli paysage, comme aux touristes qui y arrêtaient leurs regards. Sous ce soleil ruisselant, au sein de cette végétation luxuriante, le sentiment du présent semblait tout dominer, et la vie, une vie joyeuse comme le matin et bruyante comme un plein midi, débordait de toutes parts. Sur la route se croisaient, dans tous les sens, gens à pied et gens en voiture : ici, ces grands chariots de paysans qu'a immortalisés le pinceau de Léopold Robert; là, des cavalcades empanachées. Plus loin, des troupeaux de buffles au pas pesant, rentraient à l'étable ou descendaient dans les prairies. A chaque instant, dans un nuage de poussière, au bruit de mille grelots, le corricolo aux roues rapides passait et brûlait le pavé. Et, à l'exception des animaux graves et calmes qui ne se hâtaient que lentement, tout cela allait, venait, courait, vivait, en un mot, avec cette vélocité sautillante, particulière au peuple de ce pays.

Un jour, au cœur même de cette contrée, un paysan creusait un puits. La terre était friable et douce, comme de la cendre mouillée et séchée. Voilà que tout à coup il heurta du bout de sa pioche un corps très-dur qui rendit un son métallique. Il creusa plus avant et vit que ce corps avait une forme humaine. C'était une statue de bronze, l'une des plus belles que nous ait laissées l'art antique. Il continua de creuser à gauche et à droite, espérant rencontrer encore quelque objet de cette nature, peut-être même un trésor; il trouva les quatre murs d'une grande salle. D'autres vinrent après lui, la salle permit de découvrir toute la maison. On voulut rechercher le jardin, et, on trouva une seconde maison, puis une troisième, puis un palais, le tout avec des peintures, des fresques, des objets d'art, des meubles

en métal, tout l'attirail d'une civilisation disparue. Une ville, une grande ville de près d'une lieue de tour, se dressait peu à peu comme une résurrection formidable devant les foules accourues et stupéfaites, dit-on, jusqu'à l'épouvante. Le Campus Pompeius n'étaitautre que l'emplacement de Pompeï, de Pompeï jadis disparue tout à coup en quelques heures, et pour ainsi dire enterrée vivante sous la pluie de cendres du Vésuve, lors de cette terrible éruption de l'an 70, dans laquelle périt Pline l'ancien, suivant le récit émouvant que nous a transmis Pline le jeune. Elle gisait là, cachée, recouverte et ensevelie depuis quinze à vingt siècles, sous ce linceul de cendres; non point couchée et ruinée, mais debout et superbe, avec tous ses monuments qui, sauf leur forme antique, semblaient bâtis d'hier, avec ses merveilles artistiques plus nombreuses et plus éclatantes que celles de la plupart de nos villes d'Europe, avec ses portiques, ses arcs de triomphe, ses colonnes, ses palais, ses rues pavées d'asphalte, ses places publiques, ses statues de marbre et d'airain, ses musées, ses bains, ses théâtres, ses temples. Elle gisait là, cette vaste cité, à quelques pieds du sol, à fleur de terre pour ainsi dire, inconnue, oubliée, n'étant point même soupçonnée, aussi complétement ignorée en un mot que si elle n'eût jamais été. Et sur la terre fertile, verdoyante et joyeuse, la végétation florissait ; et les routes, peuplées de piétons et de cavaliers, couraient à travers les campagnes, et on allait et on venait sans se douter le moins du monde que l'on marchait sur ces restes prodigieux d'une civilisation écroulée.

J'ai visité moi-même cette ville extraordinaire, à la fois vivante et morte, cette ville que semblaient avoir quittée la veille seulement des hommes disparus depuis bientôt deux mille ans. A l'ombre de ces palais, au milieu de ces rues, faites, ce semble, pour être si bruyantes, le silence et la solitude, l'un et l'autre si doux dans les profondeurs des bois, ont je ne sais quoi de terrible. L'ornière tracée par les dernièrs chars qui ont passé là, n'est point encore effacée. Au-dessus d'une porte j'ai remarqué un écriteau indiquant que la maison était à louer pour les prochaines ides de mars. On croirait que les habitants sont allés à quelque fête des environs et qu'ils vont rentrer tout à coup..... Et je parcourais ces monuments superbes, ces palais de marbre, et je me demandais comment pendant tant de siècles on ne les avait point découverts; et, mesurant combien était peu épaisse la couche de terre qui les avait cachés pendant un si long temps,

je ne pouvais concevoir comment on ne s'était point douté de cette ville qui était là, gisante et magnifique, attendant sa résurrection. Et j'accusais l'incurie de ce peuple, et sa légéreté, et sa folie. Et je me disais en moi-même que, dans notre intelligente terre de France, parmi nos savants, nos curieux et nos fouilleurs, pareille chose eût été impossible. Je me disais avec orgueil que, dans notre pays, je ne sais quel instinct divinatoire aurait prévenu en quelque sorte dès le premier pas et dès le premier jour quiconque eût foulé un tel sol et lui eût crié dans l'oreille :: Civitatem calcas.

Je me trompais, et notre pays a, sur sa conscience intellectuelle, un fait bien autrement inconcevable et monstrueux que l'oubli d'Herculanum ou de Pompei..

II

Depuis ma première enfance, depuis que ma mère me remit pour la première fois un livre entre les mains, et de même qu'elle m'avait enseigné à marcher dans les allées parfumées du jardin, m'apprit à lire dans les livres, c'est-à-dire à marcher aussi dans ces sentiers de l'esprit et dans ces routes diverses que tant d'ouvriers ont tracées; depuis ce moment, - déjà lointain, hélas ! je n'ai cessé !' de vivre dans le pays des lettres françaises, m'y promenant d'abord pour la joie un peu paresseuse de mon intelligence, y voyageant ensuite avec un zèle studieux, et enfin y construisant moi-même mon humble maison pour y passer mes jours terrestres. Que de fois j'ai parcouru cette longue avenue qui remonte de l'année où nous sommes jusqu'au seizième siècle et qui redescend des haillons mal cousus de Villon, à la pourpre déchirée de Hugo! J'allais et je venais, m'arrêtant partout, m'asseyant à tant de foyers illustres et admirant comment, en un espace de temps relativement si court, avait pu se former une littérature si riche, si variée, si vivante, si magnifique parfois, une langue si claire, si férme et si puissante à tout exprimer. Je me plaisais surtout à l'étudier dans sa seconde formation au seizième siècle, le plus souvent en la compagnie de mon vieux voisin du Périgord, le sieur Michel de Montaigne. Et si je m'arrêtais à cette période de ces trois derniers siècles, c'est que, avant le seizième siècle, je ne trouvais nulle œuvre littéraire, l'esprit humain ayant fait un long somme durant cette froide et ténébreuse nuit qu'on appelle le moyen âge. Ronsard et la Pléiade l'avaient déploré comme inoi; Boileau et le Parnasse de Louis XIV l'avaient confirmé; Vol

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