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pements qu'il a dû donner à son sujet sont exposés d'une manière si succincte, quoique toujours très-claire, que son ouvrage a besoin d'être lu avec l'attention la plus soutenue, attention que du reste son intérêt commande; et, loin d'être une suite de méditations, on pourrait affirmer que chaque phrase est en réalité un sujet de méditation. On ne s'étonnera donc pas si la traduction donnée chez M. Dillet a obtenu un succès remarquable. C'est ce succès, qui ne s'est pas fait attendre et qui s'est prononcé dès l'apparition des premiers volumes, qui a attiré l'attention publique sur l'éminent ouvrage de Ludolphe et a engagé M. Palmé à donner une édition du texte latin. On conçoit que les Actes des Saints nécessitaient comme introduction nécessaire la Vie de Celui qui a été la source et qui est le but de toute sainteté; et, cette nécessité une fois établie, il n'était pas possible de mieux trouver. Loin de se nuire l'une à l'autre, ces deux publications, nous en sommes convaincu, se prêteront un mutuel secours. Les ecclésiastiques, les religieux, les hommes instruits voudront consulter le texte, sûrs d'y rencontrer la pensée de l'auteur revêtue des expressions mêmes avec lesquelles il l'avait formulée; les femmes et toutes les personnes pour lesquelles l'usage du latin n'est pas très familier, trouveront cette pensée mise tout à fait à leur portée dans l'élégante traduction de Dom M.-P. Augustin. Ajoutons que la réimpression du texte latin était devenue un besoin réel, puisque les anciennes éditions, moins soignées et dans des conditions typographiques très-inférieures à celles de l'édition de M. Palmé, atteignaient, quand on les rencontrait dans les ventes publiques, un prix bien plus élevé que celui de l'édition nouvelle. Nous l'avons dit et nous le répétons: ces hommes du moyen âge, que la stupide frivolité du siècle dernier voulait faire passer presque pour des barbares, n'écrivaient qu'après avoir longtemps médité et surtout prié. Aussi la lecture de leurs ouvrages élève l'âme et échauffe les cœurs en y faisant pénétrer une étincelle de cet amour de Dieu dont ils étaient si profondément animés. Nous ne connaissons aucun livre qui puisse produire ce bon et salutaire effet autant que la Grande Vie de Jésus-Christ, par Ludolphe le Chartreux. MARQUIS DE ROYS.

OEUVRES COMPLETES DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME, traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Jeannin 8° vol. grand in-8. 604. p. Guérin 1866. - Bar-le-Duc (1). Voyages d'un faux derviche dans l'asie CENTRALE, par Arminius Vamberg, traduit de l'anglais par Forgues. Gr. in-8 illustré. Hachette 1866.

I

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Nous avons avec le 8 volume la fin du commentaire sur l'Évangile saint Mathieu dont nous avons déjà parlé, le commentaire sur l'Évangile saint Jean et cinq homélies sur les actes des Apôtres. Dans le commentaire sur saint Jean l'orateur a changé de marche et de méthode; sa façon de procéder diffère de celle qu'il avait adoptée dans le commentaire sur saint

(1) On peut souscrire aussi chez Palmé.

Mathieu. Dans Saint Jean, il s'applique surtout à réfuter les erreurs des hérétiques; il veut fournir des armes au chrétien afin qu'il puisse résister à l'ennemi. C'est cette fois le but constant de saint Jean Chrysostôme, c'est pour cela qu'il s'arrête surtout aux versets que les hérétiques détournaient de leur vrai sens et appliquaient à leurs erreurs. En dehors de cela, il donne de son texte une explication courte et simple que suit une exhortation morale dont l'éloquence est rarement absente. Il est vraisemblable que les quatre-vingts homélies sur saint Jean ont été prêchées à Antioche, quoique le fait ne soit pas certain; on ignore aussi à quelle année on doit les rapporter. Pour ne pas nuire à ses autres discours, saint Jean Chrysostôme prononçait ses homélies dès le matin; les auditeurs à cette heure matinale étaient ceux qui étaient pleins de zèle et pleins de ferveur, et qui par là même étaient plus en état de profiter de ce qu'ils entendaient, et de combattre à l'occasion les ennemis de la religion.

Saint Jean Chrysostôme, pendant sa vie, poursuivit constamment deux buts instruire les fidèles dans la piété et les fortifier contre les assauts du démon, les prémunir contre les attaques des hérétiques qui étaient alors fort nombreux et les mettre à même de leur répondre. Il accomplissait ses devoirs sur ce point avec un rare courage, prêchant, malgré la faiblesse et la délicatesse de son tempérament, jusqu'à trois fois la semaine. Saint Jean Chrysostôme est de tous les Pères celui qui a le mieux défendu et avec le plus d'éloquence la divinité de Jésus-Christ, son égalité avec son père et sa consubstantialité. C'est dans les discours qui traitent cette matière que brillent davantage son éloquence et la force de ses raisonnements. Toutes les homélies de saint Jean Chrysostôme se décomposent presque toujours en deux parties: une partie dogmatique et une partie morale. Dans la première partie, il exprime la doctrine de Jésus-Christ et de l'Église; dans la seconde, il exhorte familièrement mais éloquemment ses auditeurs à pratiquer la vertu et à fuir le vice. Nous ne pouvons nous empêcher d'exprimer en terminant la vive satisfaction que nous éprouvons de voir cette belle et utile traduction de saint Jean Chrysostôme s'acheminer rapidement vers sa fin.

II

On ne peut s'empêcher d'admirer ces hommes intrépides qui, par amour de la science, sacrifient leur repos, se condamnent à des fatigues inouïes et s'exposent à perdre la vie en parcourant des contrées inconnues. Quand de pareils hommes nous racontent leurs voyages, leurs livres empruntent à leurs aventures cet âpre intérêt qui s'attache au développement d'un drame, intérêt qui, malgré que nous en ayons, nous enchaîne, nous passionne et fait battre notre cœur d'émotion. Le livre de M. Vamberg a surtout cet intérêt dramatique. Désireux de connaître quelle parenté existe entre les dialectes hongrois et les Turco-Tartares, il partit de Constantinople afin de satisfaire son désir d'éclaircir cette question. Il n'ignorait pas les difficultés qu'il lui faudrait vaincre pour parcourir les pays qu'il voulait visiter. Pour réussir plus facilement dans sa périlleuse entreprise, il s'habilla en derviche, bien résolu à en jouer le rôle. Il y allait pour lui de la

vie si la ruse était découverte, mais il comptait sur son audace, son sangfroid et son insouciance des périls. Le drame commence. Vous figurez-vous cet homme forcé au milieu de contrées barbares et inexplorées, au milieu de peuples cruels et sanguinaires, forcé de jouer son prétendu rôle de fanatique et d'indifférent? et à ce rôle il ne faut aucune distraction car on a des soupçons et les yeux sont sur lui; il lui est interdit de prendre aucune note, les menaces sont continuellement suspendues sur sa tête; et cependaut il trouve le moyen d'étudier les contrées au milieu desquelles il voyage. Quelle fermeté de caractère il fallut à ce voyageur! commc son âme devait être fortement trempée ! Vous le figurez-vous couvert de misérable haillons, n'ayant qu'une nourriture insuffisante et grossière et affrontant pendant de longs mois ce que la vie a de plus redoutable. Il sait que du jour au lendemain il peut être soumis à d'effroyables supplices, il envisage froidement sa situation et ne sent pas un instant la peur ni le découragement l'envahir; la peur ou le découragement serait pour lui la mort. M. Vamberg donnera plus tard le résultat de ses observations; le volume que nous annonçons ne contient que le récit de son voyage de Ténéran à Kiva, Bokhara et Samarcand, par le grand désert Turcoman. L'ouvrage de M. Vamberg, élégamment traduit par M. Forgues, contient deux parties: la première est le récit pur et simple du voyage; la seconde renferme des détails sur la géographie, la statistique, les relations sociales et politiques des divers Etats centro-asiastiques. Cette seconde partie n'est pas sans interet, mais elle a un intérêt différent de la première. elle satisfait le désir de s'instruire. Le voyage d'un faux derviche est illustré de trente-quatre gravures sur bois et accompagné d'une carte à l'aide de laquelle on suit parfaitement les pérégrinations de M. Vamberg, ce qui ajoute un nouvel attrait à la lecture de son livre.

A. VAILLANT.

VIE ET LETTRES DE M ROSE FERRUCCI, publiées par Mm FERRUCCI sa mère. Première traduction française.

« O foi sainte! ô très douce religion de Jésus-Christ! si je n'avais été certaine de vos promesses et de votre puissance, moi, pauvre mère qui, perdant ma fille, ai perdu plus que la vie, j'aurais certainement été entraînée de la douleur au désespoir; mais vous m'avez donné la force de vivre et de souffrir, vous avez montré le ciel à mes yeux baignés de larmes : grâce à vous, je répète avec confiance et résignation: « Heureux ceux qui meurent dans le Seigneur! >>

Ainsi débute un livre simple et touchant, où Mme Ferrucci raconte la vie de sa fille morte comme une sainte, après avoir vécu comme une parfaite chrétienne. Je ne sais rien de plus fortifiant et de plus beau que cette douleur apaisée mais immense, avec laquelle une mère que la foi seule préserve du désespoir, rouvre ses plaies et met à nu la blessure de son. cœur, pour que les vertus de sa fille puissent servir de modèle, et que, même au tombeau, cette morte chérie fasse encore du bien.

Rose Ferrucci, née à Bologne le 2 juillet 1835, morte à Pise le 5 fé

vrier 1855, fut une de ces créatures choisies sur lesquelles Dieu se plaît à yerser tous ses trésors, une de ces âmes qui laissent après elles comme une traînée de bons exemples et comme un parfum de sainteté. Ces personnalités d'élite sont indéfinissables; l'admiration qu'elles inspirent ne se communique pas par la parole il faut faire directement connaissance avec elles et apprendre à les aimer dans les traces qu'elles ont laissées, dans leurs lettres ou dans le souvenir de ceux qui ont eu le bonheur de vivre dans leur milieu. Rose Ferrucci est de la famille d'Eugénie de Guérin, sans cette tristesse un peu vague et morbide qui apparaît quelquefois chez cette dernière. L'Italienne a quelque chose de plus lumineux et de plus attrayant que sa sœur la Française, mais le fond de ces deux natures est le même toutes deux sont profondément chrétiennes; elles vivent par l'amour et se développent par la foi.

La vie d'une jeune fille morte à vingt ans ne paraît pas d'ordinaire devoir être longue à raconter, et, à moins de narrer ses jeux en détail, il semble qu'il n'y ait rien à relever dans ce livre blanc encore à toutes les pages. Cependant, celle dont nous parlons, moissonneuse prévoyante, avait déjà à cet age sa gerbe de bonnes actions plus grosse que celle de beaucoup. qui sont morts chargés de jours. Tout enfant, les pauvres étaient sa préoccupation constante, elle se privait de son pain aux repas pour le donner aux mendiants. Un jour de grande réunion chez ses parents, elle eut l'idée d'organiser une petite loterie pour secourir une malheureuse femme. N'ayant rien de précieux, elle mit en lots son papier et ses aiguilles. A son lit de mort, elle pense encore à ses pauvres, et oublie ses souffrances pour s'occuper d'eux. Son esprit était aussi cultivé que son cœur était riche de charité et de tendresse : elle savait, à l'âge où d'autres apprennent encore leur langue maternelle, l'italien, l'allemand, le français et le latin

Elle possédait cette faculté rare, le don de l'admiration. Tout ce qui est beau l'enthousiasme, et cet esprit si sincèrement chrétien vit incessamment encontact avec les grands génies, poëtes, orateurs, historiens, qui ont honoré l'humanité : elle va de Virgile à Goethe, elle s'extasie devant Milton, elle apprend par cœur les plus beaux passages de Dante, de Schiller, de Klopstock; elle lit et relit Bossuet et Fénelon. Elle connaît l'histoire ancienne et l'histoire moderne. Elle semble deviner qu'elle mourra jeune et se hâte de s'approcher de tout ce qui élève, développe et fait pour ainsi dire vivre d'une double vie. La musique lui parle cette langue ineffable que si peu comprennent. L'art lui révèle ses mystérieuses splendeurs. Réglées par une mère prudente, ces études multiples n'ont pour effet que d'agrandir et d'éclairer encore cette intelligence si merveilleusement douée. Tout ce qui porte une empreinte de grandeur et de beauté trouve place sans confusion dans cet esprit rare, parce que tout est rapporté à la source de toute beauté et de toute grandeur, parce que tout s'éclaire du resplendissant soleil de la Révélation. Avec ce savoir im- ́ mense, rien de plus simple que Rose; elle reste enfant, elle est toujours gaie et la moindre chose l'amuse. Ses lectures ne sont que des récréations où elle se repose d'avoir travaillé pour les pauvres. Ses lettres, adressées à ses amies, à ses parents, à son fiancé, débordent de tendresse, de dou

ceur et de grâce naturelle et enjouée sa blanche robe de jeune fille ne laisse pas apercevoir le plus petit bout de bas azuré.

Mile Ferrucci avait rencontré un cœur digne d'elle, un jeune homme pieux et bon, et le mariage allait être célébré, quand la mort la trouva mûre pour le ciel. Atteinte d'une fièvre milliaire, elle expira en quelques jours. Je viens de voir mourir une sainte, s'écria son confesseur en sortant de sa chambre.

Nous ne pouvons que remercier Me Ferrucci d'avoir surmonté une aussi insondable douleur, et d'avoir compris qu'en l'état actuel de la société, la vie d'une chrétienne comme sa fille appartient à tous ceux qui ont besoin d'être édifiés, consolés ou fortifiés. Le premier, M. l'abbé Perreyve, avait proclamé l'utilité et le charme de cet ouvrage, que nous voudrions voir dans toutes les mains. Nous ne pouvons après lui que le signaler à l'attention du public catholique. N'est-ce pas un bon signe aussi qu'il nous vienne de cette Italie, où l'Eglise subit aujourd'hui de si rudes assauts?

ÉDOUARD DRUMONT.

Le Propriétaire-Gérant: V. PALMS.

PARIS. — E. DE SOYE, IMPRIMEUR, 2, PLACE DU PANTHEON.

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