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leur, entente dramatique et étude de mœurs; parce qu'aussi l'auteur me paraît être celui de nos jeunes écrivains dont l'avenir a le plus de promesses. Le troisième volume: Les héros de l'Emeute, m'a trouvé négligent. Je répare ma négligence en copiant dans une Revue de la province l'appréciation que voici :

« Ce volume est une étude approfondie des lois et des mœurs de la francmaçonnerie, et une peinture fidèle des causes occultes qui ont poussé les fauteurs des journées de juin 1848. C'est une suite de péripéties dans lesquelles on retrouve les principaux personnages du drame si émouvant qu'à retracé M. d'Appilly (dans les deux premières séries). C'est une lecture qu'on ne peut plus interrompre quand elle est commencée, tant elle offre d'intérêt. C'est un détail horrible el curieux en même temps des épreuves à subir pour être initié à la redoutable Société des francs-maçons. C'est une révélation de la puissance de cette armée ténébreuse dont les chefs seuls connaissent les effrayants projets, tandis qu'ils amusent la masse de leurs prosélytes par des épreuves absurdes et des cérémonies ridicules. Le volume se termine par le triste détail de l'assassinat de Monseigneur Affre, au moment où il montait sur une barricade pour porter aux insurgés des paroles de paix et de conciliation. »

Mais il n'est pas prudent de remettre au lendemain. Tandis que la porte bibliographique est entr'ouverte, faisons passer sans retard un tout petit livre Les Voltiges de M. Renan, auteur: M. Léopold Giraud; éditeur : Victor Palmé. Il a divers mérites, ce petit livre, il raille spirituellement, il pince au vif, et il arrive le premier. C'est un brave tirailleur. De plus grosses troupes, c'est-à-dire des travaux plus étendus viendront après lui, je suppose, mais ne le feront pas oublier.

Un autre livre encore: Critiques et Croquis, auteur: M. Eugène Veuillot; éditeur: Louis Hervé. Le titre dit assez quelle est la substance du livre : il promet et le nom tient. Formuler un éloge à trois pas d'un auteur qui doit vous entendre; cela gêne un peu. Empruntons l'opinion de M. Émile Zola, de l'Evénement, un ennemi !

« Un volume où madame Sand et Victor Hugo sont vertement attaqués, où le Catholicisme devient une commune mesure avec laquelle l'auteur toise chaque talent, ne peut vraiment pas m'être sympathique. Mais on dirait que le souffle puissant du grand frère a passé par là, et, tout en me révoltant, j'ai lu le volume jusqu'au bout. Puisqu'un ennemi a lu le livre, les amis le dévoreront. >>

M. Émile Zola ne voudrait pas que le Catholicisme, c'est-à-dire le Code qui contient la législation morale entière, fût la mesure commune pour juger quoi que ce soit des actes ou des œuvres de l'esprit. Il en faut une cependant dont nous soyons tous justiciables, comme tous les métaux sont justiciables de la pierre de touche. On me dira: «Vous êtes orfèvre, M. Josse?» — Oui, mais pas de ces orfèvres travaillant le maillechor, qui rêvent la pierre de touche indépendante.

Il apparaît coup sur coup des nouveaux venus superbes dans le pays littéraire. Quelques-uns, comme M. Glais-Bizoin, ne font qu'entrer et

sortir. Après celui-ci et M. Jules Favre, deux membres du Corps législatif, voici M. le comte d'Alton-Shée, ancien pair de France.

M. d'Alton-Shée a fait une comédie : l'Ivresse. Cela se jouera au théâtre des Variétés, à moins que cela ne se joue en Suisse. Déjà l'Ivresse a été représentée dans maint et maint salon. Deux ou trois amis empressés du noble auteur en disent beaucoup de bien, sans autre détail.

L'Ivresse! qu'est-ce que cela peut-être ? Une excitation à la tempérance, probablement.

Ce titre réveille en moi un souvenir bon pour chronique. Il y a quelque vingt ans, j'assistais à une séance de la Chambre des pairs, près de M. Armand Marrast, de très-aristocratique mémoire. M. d'Alton-Shée, dont les jeunes trente ans paraissaient déjà bien mûrs, monta à la tribune, et un huissier, porteur d'un plateau, y monta discrètement derrière lui. M.Marrast se prit à rire! Il expliqua que chaque fois que son ami d'Alton-Shée escaladait la tribune, cela occasionnait une petite révolution. L'huissier enlevait en toute hâte l'éternel verre d'eau sucrée, et il y substituait un grog à l'eau-de-vie, liqueur mâle et tonique façonnée expressément pour le noble pair. Mais je crois toujours voir le Ganimède en gilet rouge de la Chambre des pairs, faisant disparaitre l'eau sucrée avec une précipitation comique, et si bien que je m'en défende, cette Ivresse en deux ou trois actes m'apporte une odeur de grog à l'eau-de-vie très-marquée.

Savez-vous la nouvelle? Le mois prochain, une femme - prodige doit nous arriver de Londres. On la nomme Dolorès-Addah-Isaacs-Menken. Tous les réclamiers du théâtre versent de l'encre rose dans leur écritoire, à l'intention de miss Dolorès-Isaacs-Addah-Menken. Elle se manifestera dans un cirque quelconque pour y jouer le principal rôle d'un drame équestre la femme Mazeppa. On promet en son nom des audaces effroyables qui feront courir ventre à terre le tout Paris que vous savez. Vous objectez que cela n'est pas absolument littéraire.

Un peu de patience: miss Dolorès etc., a trente-et-un ans; elle est Israélite; elle parle le français, l'allemand, l'anglais, l'italien, l'hébreu ; elle traduit le latin et le grec; et, dès son jeune âge de quatorze ans, on lui devait une excellente version de l'Iliade. Alors elle se fit danseuse, et dès avant ses quinze ans elle débuta à l'Opéra français de New-York, avec un succès inouï. Un peu plus tard, elle se fit écuyère et devint officier de cavalerie; ensuite elle vint se fixer à la Nouvelle-Orléans, exposa deux tableaux magnifiques et publia un volume de poésies. Au Texas elle fut rédacteur en chef du journal politique Liberty, composa des tragédies et des comédies que ne désavoueraient ni M. Viennet ni M. Émile Augier. Enfin, après avoir fondé un autre journal encore, elle s'improvisa artiste dramatique, et elle jouait avec un tel talent que, d'un bout à l'autre des États-Unis, on accourait pour l'acclamer!... Je m'arrête... Il y en a bien d'autres ! C'est une réclame de six étages à gravir, etjene suis qu'à l'entresol.

Est-ce assez littéraire? Comparez miss Dolorès-Addah-Isaacs-Menken à... Mme Sand! Celle-ci fait des romans, sans plus; point de vers même, ni de tragédies; elle ne saurait ni danser, ni monter a cheval, ni...

Je finirai par une autre nouvelle que le monde des lettres a accueillie très-bénévolement et qui néanmoins me paraît grave en un sens.

M. Émile Augier a fait une comédie extrêmement médiocre : la Contagion. Ne sachant à qui s'en prendre du peu de succès de son œuvre, il s'en est pris au cinquième acte, le plus raisonnable, le plus inoffensif : c'est toujours ainsi; et il a eu l'idée, moins originale qu'audacieuse, d'interrompre les représentations de la pièce pour substituer un nouveau cinquième acte à l'acte primitif.

Les avis se partagent cependant. On trouve que le premier cinquième acte valait mieux que le deuxième cinquième acte, et le bruit a couru que l'auteur préparait un troisième cinquième acte.

Peu importe, car les quatre autres sont mauvais.

Le joint de la question n'est pas là. Il est, ce me semble, dans le sansfaçon excessif de M. Émile Augier, contre lequel personne ne réclame. Ainsi le public, que l'on nomme dérisoirement le juge souverain, subit l'obligation à peu près absolue de ne prononcer que des acquittements; s'il y a du sifflet dans son verdict, il y faut de l'unanimité.

Cette bienveillance polie qu'on lui impose mériterait au moins un retour de politesse.

Évidemment ce qu'a fait là M. Émile Augier n'est pas poli du tout..... Il corrige, il efface, il retouche, pour ainsi dire coram populo, de manière qu'au lieu d'avoir représenté une œuvre sérieuse devant le juge souverain, on ne lui a livré qu'une épreuve, et les premières représentations, qui se payent à prix d'or, n'étaient que des répétitions.

Si votre comédie n'est point achevée, achevez-la; prenez vos mesures, consultez vos amis; mais quand vous la livrez au public, que ce soit chose définitive, autrement cette familiarité extrême fait penser à un aimable gandin qui, en plein salon, tirerait de sa poche une cravate rose pour la substituer à une cravate bleue.

Savez-vous bien que si les MM. de Goncourt (je n'ai aucune intention de malice) avaient pu invoquer un tel précédent, leur Henriette Maréchal aurait fini par se tirer d'affaire. Ils eussent refondu le troisième acte, puis le premier, puis le second, ou le troisième encore; en dernier ressort, ils eussent insinué des couplets dans leur comédie, et Henriette Maréchal se serait peut-être appelée à la fin de la fin la commère Bergougnotte, folie-vaudeville en cinq actes.

:

Mais c'est crier dans le désert. Les lettres ont aujourd'hui trop de vanité pour prendre souci de leur dignité.

VENET.

BULLETIN LITTÉRAIRE

DROIT PUBLIC DE L'ÉGLISE ET DES NATIONS CHRÉTIENNES, par M. Guillaume AUDISIO; traduit de l'italien par M. le chanoine Labis. 2o vol. in-8°, 378 pages. Lethielleux, 1865.

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Sarlit, 1865.

par

L'AGONIE DE JÉSUS, traité de la souffrance morale, par le P. BLOT.
3 vol. in-12; ensemble 1550 pages. Victor Palmé, 1866.
HISTOIRE DE LA BIENHEUREUSE MARGUERITE-MARIE,
Mme Marie BRAY. In-12, 280 pages.
EVE ET MARIE, par M. l'abbé ROGER, in-18, 151 pages, Putois-Cretté.
LE TOUR DU MONDE. Nouveau journal de voyages, sous la direction
d'Edouard Charton. 2o semestre 1855. Un vol. in-4 illustré 451 pag. ·
Hachette 1865.

SOUS LES SAPINS, Nouvelles du Nord, traduites par M. MARMIER, in-12,
Hachette, 1865.

384 pag.

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HISTOIRE DE PARIS, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, par M. AMÉDÉE GABOURD; cinquième et dernier volume, in-8°, 469 pag. Gaume et Duprey, 1865.

I.

Nous avons eu déjà l'occasion de parler à nos lecteurs du remarquable ouvrage de M. G. Audisio, qui intéresse à un si haut point la science ecclésiastique et le clergé. Il est un fait incontestable : c'est qu'aujourd'hui plus que jamais le clergé a besoin d'avoir une connaissance étendue et approfondie du droit public ecclésiastique. On livre de nos jours à ce droit des assauts nombreux et multipliés, on tente par tous les moyens de le détruire et de le faire disparaître : il y a nécessité de le défendre, mais il est bon de se convaincre que pour cela de simples affirmations ne suffisent pas; il faut savoir démontrer ses affirmations par des arguments tirés de l'ordre surnaturel et de l'ordre social. La vérité catholique est de tous les temps et de tous les pays, elle est pour tous les peuples. Le droit de l'Eglise est tel, qu'il n'est pas un gouvernement qui puisse s'en faire ombrage et s'en effrayer. Le bon catholique peut être bon citoyen dans toutes les parties du monde, et le droit public de l'Eglise, maintenu dans les justes bornes qui lui ont été assignées par son auteur, peut pacifiquement s'adapter à toutes les formes de gouvernement. L'unité et l'immutabilité dogmatique de l'Église ne sont pas un obstacle: il y a là une vérité qui mériterait d'être entendue et mieux comprise de beaucoup; cela dissiperait les malentendus et tout le monde y gagnerait. C'est pour cela que nous recommandons vivement l'ouvrage de M. Guillaume Audisio, qui est de na

ture à produire grand bien en raison de la matière qu'il traite et en raison de la science et de la clarté avec lesquelles il la traite. Le premier volume nous a exposé la constitution dogmatique et sociale de l'Eglise; le second volume, celui dont nous annonçons la mise en vente, parle des erreurs qui ont troublé et suspendu, dans le cours des siècles, la marche progressive des nations chrétiennes. Le mal n'a fait que grandir et laisser des ruines sur son passage; le rationalisme métaphysique a renversé les fondements du dogme, et le rationalisme politique a mis à terre les fondements de l'ordre social, religieux et civil. Sans doute, le peuple n'accepte pas facilement des systèmes tout formés; mais ces systèmes ont eu pour résultat de disséminer dans les masses des opinions mal définies, incertaines et flottantes, qui tendent à disloquer ou tout au moins à affaiblir les parties les plus vitales de la constitution politique de l'Église et de l'État. Là est le mal du moment actuel, et rien ne peut être plus opportun que de faire connaître la constitution de l'Église telle qu'elle a été réglée par JésusChrist: cette connaissance est capable de dissiper beaucoup d'erreurs, et il n'est rien de plus propre à la répandre que d'étudier l'ouvrage de M. Guillaume Audisio.

II

Il est un livre sur lequel nous voulons appeler l'attention des lecteurs de la Revue, c'est le livre que vient de publier le P. Blot; il est intitulé l'Agonie de Jésus. La souffrance morale occupe une large place dans la vie de chacun de nous, et le livre du P. Blot nous offre un véritable traité de cette souffrance morale, considérée et étudiée en Jésus-Christ, qui a daigné la prendre en lui pour la transfigurer et nous montrer comment il fallait l'accepter nous-mêmes, et la supporter à son exemple, avec patience et résignation, afin d'en faire une chose méritoire pour le ciel. Les lecteurs chrétiens, aujourd'hui, quoique s'y laissant encore prendre fort souvent, ont une certaine défiance des livres ascétiques et de piété, et ils ont raison; ils devraient en avoir encore une plus grande, car les livres de ce genre qui nous envahissent chaque jour comme une marée montante, sont ce que l'on peut voir de plus pauvre: on y trouve des mots et des phrases en abondance, mais pas de doctrine, et de pensées encore moins. Nous nous hâtons de proclamer que le livre du P. Blot sort du commun et ne ressemble en rien à ces livres à l'eau de rose, dont nous avons une horreur souveraine. La doctrine est abondante et sûre dans l'Agonie de Jésus, et l'onction s'y fait partout sentir; l'auteur a le don d'émouvoir en même temps qu'il donne une instruction solide et puisée aux meilleures sources. Ajoutons que lui-même possède un beau talent, corroboré par une piété tendre et ardente. L'œuvre du P. Blot est une œuvre pleine de foi, de science et d'érudition, qui sera d'une grande utilité aux prêtres d'abord ils y trouveront amplement les matériaux dont ils auront besoin pour parler sur l'agonie que Jésus endura en lui-même, et qu'il continua d'endurer dans chacun de ses membres mystiques. C'est par la bouche du prêtre que l'auteur voudrait arriver aux fidèles, pour les consoler dans leurs souffrances morales. Il ne faudrait cependant pas en conclure que

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