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ne parlait, jusqu'à ce que la pendule avertit Hugh de l'heure de la poste. Alors, se précipitant hors de la chambre, il dit, faisant allusion à un sujet de conversation inachevé : Allons, je vous laisse, Clare, résoudre cette

question avec Ursie.

Mme Fitz-Gérald à ce moment passa pour se rendre au salon. Elle s'arrêta devant lui, et, soulevant ses longues paupières avec une surprise bien jouée: Ursie est-elle avec vous ?

- Oui, la voulez-vous, Señora?

Il parlait de ce ton badin qui lui était habituel quand il s'adressait à elle, mais dans sa précipitation, au sujet de ses lettres, il ne remarqua pas le regard qu'elle lui jeta en le quittant.

CHAPITRE XV

LE COMMENCEMENT DE LA FIN

C'était la fête de la Nativité de la Sainte-Vierge, un brillant jour de septembre. Les habitants du château revenaient de la messe, et Clare encore assise dans sa chaise roulante, tenait conseil avec Ursie au sujet de la couronne de Cora; car il devait y avoir dans la soirée une grande procession. - Rita, dit-elle à sa belle-mère, ne soyez pas maussade et venez prendre votre part de responsabilité. Avec votre bon goût, vous n'avez pas d'excuse à donner.

La dame la regarda avec son sourire endormant. Oh! si, j'ai des excuses. Je suis très-fatiguée et si paresseuse; puis je ne vous manquerai pas, vous avez Ursie.

La pointe de malice de cette parole excusera la réponse de Hugh.

Non, c'est vrai. Mais nous avions pensé que cela concernant votre fille, devait vous intéresser. Mais ne vous en mettez pas en peine, Donna Rita, nous nous en occuperons nous-mêmes. Sur ce, je vous souhaite une bonne sieste.

Clare murmura « Hugh!» trop tard pour l'arrêter; seulement elle espéra que sa conscience le tourmenterait, quand l'enfant, riant de sa réponse, s'écria :

-Oh! certainement, frère Hugh, nous arrangerons très-bien cela nousmêmes; maman d'ailleurs n'aime pas les fleurs. Puis voilà papa, il nous aidera à choisir et Ursie fera la couronne.

Le squire était fou de sa charmante petite belle-fille.

Eh bien ! Cora, je dis des fleurs blanches.

Le pauvre Squire était-il heureux ? Hélas ! il craignait déjà parfois d'avoir agi bien inconsidérément. Il n'était pas profond, on le sait, mais il était loyal; aussi faisait-il ce qu'il devait pour trouver sa femme aussi charmante maintenant que lorsqu'il l'avait connue sous ces délicieux bosquets de ci

troniers de San-Francisco. Néanmoins son cœur se serrait quand il contemplait le visage pâle et si patient de Clare, ou qu'il entendait le ton légèrement persifleur de Hugh, qui cachait ainsi le dédain qu'il avait pour celle qui remplissait si mal la place de sa mère.

Hugh et son père aidèrent Clare à rentrer dans la maison et l'installèrent sur son sofa.

Dois-je vous envoyer Ursie, ma chérie ?

-Non, merci, cher père. Je pense que je vais dormir; je donne donc congé à Ursie.

Je ne crois pas que Cora y consente, dit Hugh en se rendant de nouveau sur la pelouse. Eh bien! Señorita, où en êtes-vous ?

-Ursie avance bien gentiment, frère. Et ce myrte est si joli, voyez ! et il y en a tant chez nous.

Chez nous ? Ah! vous vous trouvez donc chez vous maintenant, Cora, demanda Ursie.

Non, non, s'écria la petite avec colère. Je ne serai jamais chez moi ici, jamais! Ma maison est à San-Francisco, où je jouais tant avec mon frère Pédro et où il repose. Ah! Cora était bien contente. Pourquoi maman est-elle venue ici? Ursie, vous êtes bien bonne, mais je voudrais que maman ne fût jamais venue.

- Et moi aussi, Cora, du plus profond de mon cœur !

Ursie jeta un regard terrifié sur Hugh qui parlait ainsi. Elle savait combien Cora était au-dessus de son âge et craignait les conséquences de cette parole.

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L'enfant frappa du pied et reprit avec excitation: Oui, Cora le savait. Pauline m'a dit (Pauline était la femme de chambre française de Me FitzGérald) que personne ici ne nous aimait. Votre papa aurait dû toujours rester ici avec vous et sœur Clare.

-Oh! chut, chérie, chut! Et Ursie essaya de prendre sur ses genoux l'enfant excitée; mais elle, de plus en plus irritée, s'échappa en colère et se précipita dans la maison en pleurant.

Ursie était très-pâle. — Pourquoi lui avez-vous dit cela ? demanda-t-elle à Hugh, oubliant sa réserve ordinaire,

Il fut heureux de la voir ainsi franchir les barrières qu'elle tenait toujours élevées entre eux.

Pourquoi ? parce que c'est la vérité, Ursie, et la vérité doit se faire jour en dépit de tout. Les paroles de cette petite ont amené cela. Combien ses yeux brillaient! Elle a une belle petite âme, avec tout cet amour de « sa maison. » C'est vraiment curieux dans une enfant. Allons, ne vous alarmez pas, Ursie, il n'y a là rien de sérieux. Et maintenant laissez-moi vous demander quelque chose. Je voudrais tant savoir si vous n'avez pas encore reçu de nouvelles de Corney.

Il l'avait crue pâle avant, et pourtant son visage pâlit encore, tandis que sa couronne glissait de ses doigts sans nerf, et sur sa figure se répandit de nouveau cette expression d'horreur déjà connue. Hugh se souvint de l'avoir vue quelques années auparavant, quand il lui avait parlé de sa lettre d'Angleterre. C'était la même expression. Il la regarda avec un singulier mélange de reproche et de tristesse; elle détourna les yeux, mais faisant un violent effort pour maîtriser son émotion.

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Non, je n'en ai jamais eu, pauvre frère ! murmura-t-elle. C'est étrange et bien triste. Quelquefois je m'imagine qu'il est mort. Ma pauvre mère a échappé à toutes ces douleurs, vous voyez.

- Oui, répondit-il avec amertume. Ma mère aussi a échappé à bien des chagrins. Je pense souvent que je n'aurais jamais pu lui cacher le mien. Vous savez quel est mon grand chagrin !

Elle se remit à tresser ses feuilles et ses tiges, ne répondant ni par la parole, ni par le regard.

Il continua. Dois-je vous le dire, Ursie? il lui prit les mains et elle dut écouter :

Elle secoua la tête, mais

Le silence de Corney n'est pas plus étrange que le vôtre vis-à-vis de moi. Vous et moi, Ursie, nous aurions ri autrefois, si l'on nous avait dit que viendrait un temps où vous me cacheriez un secret; un secret qui vous conduit au tombeau, qui a fait de vous une ombre et vous a mise dans un tel état, que mon cœur se brise en vous regardant. Et il est venu ce temps où vous vous éloignez de moi. Ayez confiance, Ursie. Ne pouvez-vous vous confier en moi pour toutes choses? Ignorez-vous que je désire partager votre fardeau quel qu'il soit? Non, vous ne continuerez pas ainsi à briser votre propre cœur aussi bien que le mien.

Elle tourna vers lui son visage, dont la pâleur toujours croissante trahissait la vérité des paroles de Hugh.

Je ne puis vous entendre davantage. C'est inhumain, cruel; je vous l'ai déjà dit et je vous le répète. Rien n'a changé depuis que je vous ai dit que je ne pouvais parler; mais vous n'avez pas de pitié. Oh ! que Dieu me prête son secours! Laissez-moi m'en aller; je ne puis endurer cela.

A ce moment, avant qu'elle eût pu retirer ses mains de celles qui les retenaient, les branches du bosquet dans lequel Ursie était assise s'entr'ouvrirent, et Katie Roche montra son joli minois exprimant un complet étonnement, tandis qu'elle regardait tour à tour sa sœur et Hugh.

Katie Roche était grandement changée. D'une charmante enfant elle était devenue une belle jeune femme, possédant le plus joli type des beautés irlandaises. Son costume aussi avait varié; et le petit chapeau, orné d'un ruban bleu, posé coquettement sur ses larges tresses de cheveux bruns; le mantelet de soie et la robe de mousseline, tout indiquait qu'avec les charmes,

les attraits de la Rose de Rathlinn (comme on l'appelait), s'était développé son amour de la toilette.

Il y eut une pause embarrassante: l'étonnement paralysait Katie; elle n'avait jamais entendu sa sœur parler ainsi. Ses derniers mots lui étaient parvenus, et, regardant Hugh et Ursie, elle vit que l'agitation était la même chez tous les deux. Hugh fut le premier à parler.

Vous venez de la maison, Katie ?

Oui, Monsieur Hugh, et la maîtresse vous demande, Ursie. Miss Cora pleure, vous ferez bien d'aller la rejoindre, si vous êtes prête toutefois. Katie appuya sur ces derniers mots d'une manière significative; sa sœur ne les remarqua même pas. Elle dit simplement : Toute prête, chérie. Et elle partit avec Katie. Mais un étrange pressentiment l'envahit, semblant l'avertir qu'un nouveau temps de trouble approchait, et que le nuage sous lequel elle vivait allait s'assombrir de plus en plus sur sa tête.

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A. MARBER.

La fin au prochain numéro.)

L'ART DE PLAIRE

I

Les femmes pensent qu'il faut plaire.

Fort peu pensent à plaire, et celles qui y pensent ont, le plus souvent, recours aux plus audacieux procédés pour déplaire parfaitement.

La plupart veulent plaire aux yeux et s'affublent d'une façon ridicule, se teignent les cheveux et s'enduisent le visage de cosmétiques huileux saupoudrés de farine de riz.

Un plus petit nombre ont une ambition plus élevée et veulent plaire à l'esprit.

Celles-là lisent Balzac, A. Dumas, About et même Gustave Flaubert. Làdessus elles jargonnent à plaisir et surtout à déplaisir. Elles singent tantôt l'une tantôt l'autre des héroïnes entrevues, perdent leur propre caractère sans en acquérir aucun autre, et finissent par ne plus avoir aucune forme. Leur audace est en raison inverse de leurs mérites.

Ces femmes-là ont des enfants qui les voient, les entendent et les imitent} A vingt ans, les fillettes sont blasées sur la toilette et affichent mille excentricités de costume et de langage, s'étonnent de n'être pas admirées, aimées, respectées; veulent être applaudies, suivies et fêtées par-dessus tout: elles sont alors méprisées et dédaignées.

Des prédicateurs et des écrivains ont essayé de rappeler à ces femmes leur destinée, leurs espérances, leurs devoirs et leurs droits.

Par-dessus tout elles ont droit à l'admiration, à l'amour et au respect. Seulement, il faudrait s'entendre sur ces mots, admiration, amour, respect car, aujourd'hui, le sens même des mots se perd.

Combien de femmes parmi celles qui se croient le plus admirées, le plus aimées, le plus respectées, seraient étrangement étonnées et confuses si, tout à coup, on se mettait vraiment à les admirer, à les aimer et à les respecter!

N'ont-elles pas pris jusqu'à présent le compliment pour l'admiration, la honte pour l'amour et la politesse pour le respect? ne cherchent-elles pas l'admiration par leurs rubans et leurs jupons, et l'amour par l'audace de leurs manières? Quant au respect, on n'y pense plus et on réclame à peine la politesse. Cependant de graves enseignements sont descendus de la chaire;

Tome XV. -125 livraison.

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