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BULLETIN LITTÉRAIRE

ANCIENNE ET NOUVELLE DISCIPLINE DE L'EGLISE, par L. THOMASSIN. Nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée, par M. l'abbé ANDRÉ. IV et Ve vol. gr. in-8, ensemble 1253 pag. L. Guérin, Bar-le-Duc, 1866 (1). MEDITATIONS POUR UNE RETRAITE SPIRITUELLE, suivies des Pensées sur le salut, par le P. BOURDALOUE; in-18, 135 pag.-L. Guérin, 1866 (2).

I

Deux volumes encore, et cette nouvelle et remarquable édition de l'important ouvrage du P. Thomassin sera complète. Les tomes IV et V renferment la deuxième partie de la Vocation des clercs, qui traite de leur ordination, de leur dépendance envers leur évêque, du droit de patronage, de l'irrégularité et des écoles, de l'élection, de la confirmation, de l'ordination, de la cession et de la résignation des évêques. Vient ensuite la grande question des bénéfices, à l'examen de laquelle est consacrée une partie du quatrième volume et tout le cinquième. Le P. Thomassin y parle de la pluralité des bénéfices, des commendes, des dispenses, des principaux devoirs des évêques, de la résidence, des conciles, des assemblées du royaume et du clergé, des synodes, des visites, des prédications, de la protection des pauvres et de la juridiction des évêques. On n'a pas oublié que M. l'abbé André, l'un des hommes les plus instruits en droit canonique, revoit l'œuvre du P. Thomassin, l'augmente, la complète, la continue jusqu'à nos jours et la met en harmonie avec la discipline actuelle. C'est un travail réel et intéressant que le sien, c'est un travail sérieux, dont on peut comprendre la valeur en parcourant les notes nombreuses et parfois de longue haleine semées dans les deux nouveaux volumes que nous annonçons; nous en avons compté jusqu'à quarante pour le cinquième volume seulement. Ces notes contiennent des faits qui viennent confirmer la doctrine exposée dans l'ouvrage et faire connaître la discipline actuelle de l'Eglise à propos des questions traitées; ou bien ce sont des notes historiques, élucidant quelque point obscur ou douteux, donnant sur certaines écoles des détails inconnus extrêmement curieux, et faisant mieux connaître quelques personnages célèbres. Là où, dans un récit aussi savant que complet, le P. Thomassin nous a montré toutes les vicissitudes et les modifications apportées aux élections et nominations aux grandes prélatures jus

(1-2) On peut se procurer ces ouvrages à la librairie Palmé.

qu'à l'ère des révolutions modernes, M. l'abbé André prend la plume à son tour et nous continue ce récit jusqu'à l'époque actuelle. Là, à propos de la cession et de la résignation des bénéfices, le continuateur nous rappelle le magnifique exemple donné il y a quelques années par Charles Odescalchi, cardinal-vicaire de Rome, grand-prieur de l'Ordre de Malte, qui se démit de toutes ses dignités pour entrer dans la Compagnie de Jésus. Si nous voulions ainsi indiquer tous les objets sur lesquels portent les remarques de M. l'abbé André, ce serait une affaire de trop longue haleine : nous voulons seulement affirmer à nos lecteurs que le travail du correcteur est sérieux et mérite de fixer l'attention de ceux qui s'occupent de l'étude des matières de discipline ecclésiastiquc.

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C'est une heureuse idée d'avoir édité dans un format commode et portatif, avec un caractère net, clair et d'une grosseur raisonnable, sur un beau papier, les Méditations et les Pensées du P. Bourdaloue: elles seront de cette façon accessibles à tous et serviront à nourrir la piété, que tant de livres contemporains ne servent qu'à détruire sous prétexte de l'alimenter. Ecrites avec cette éloquence convaincante, avec cette solidité de doctrine qui fait surtout le caractère distinctif du P. Bourdaloue, les méditations renfermées dans le volume dont nous signalons l'apparition s'occupent des vérités capitales de la religion, des exercices de piété et des grands mystères du Christianisme. Les fidèles trouveront là tout ce qu'il faut pour secouer l'indifférence, faire sortir l'âme de sa torpeur, retremper sa vigueur, la remettre ou la faire marcher à grands pas dans la voie du salut. Les religieux et les religieuses auront là, retracés au vif, les devoirs qu'ils ont à remplir; ils verront clairement où ils en sont dans la voie de la perfection qu'ils ont embrassée; ils apprendront à connaître les moyens les plus efficaces à mettre en œuvre pour arriver à la perfection et les motifs qui doivent les engager à devenir de plus en plus fervents. Quoique composées spécialement pour une retraite, les Méditations du P. Bourdaloue peuvent servir en tout temps, et chacun y puisera à l'occasion un remède contre le mal particulier qui tourmente son âme. Ce livre est un de ceux dont on ne devrait pas se séparer, que l'on ne saurait trop lire et trop méditer. On ne se trompera jamais en le conseillant aux autres car le temps a montré et consacré son utilité et son opportunité de tous les jours. Nous ne pouvons que le recommander comme le meilleur livre dont on puisse se servir pour la méditation ou une lecture pieuse.

A. VAILLANT.

HISTOIRE DU MONDE, depuis Adam jusqu'à Pie 1X, par M. HENRY DE RIANCEY, t. VI°, in-8° de 500 pages. - Paris, Palmé. Prix : 5 fr.

A la veille de l'apparition de ce nouveau volume de l'Histoire du Monde, nos lecteurs nous sauront gré de placer sous leurs yeux l'avertissement de l'auteur. Ce livre obtient un succès toujours croissant. Le prêtre, l'homme du monde, la jeunesse studieuse doivent posséder un pareil ouvrage, qui

est tout à la fois une magnifique Histoire de l'Eglise et une Histoire universelle.

« Le présent volume s'ouvre au lendemain de la conversion de Constantin et se ferme à la veille de l'hégyre de Mahomet.

« Les trois siècles dont il trace le tableau ont vu la fin de l'Empire d'Occident après le dernier éclat de la gloire de Théodose, l'établissement de l'Empire d'Orient avec l'effort de renaissance de Justinien, l'invasion des Barbares conduite par Gensérik et par Attila, la désolation du vieux monde et la formation du monde moderne, la constitution de la Royauté franke avec le Sicambre baptisé par saint Remi, et enfin les origines de cette société nouvelle qu'a établie l'Église et qui gardera le beau nom de « Chrétienté. »>

«Tandis que l'extrême Orient et l'Asie centrale rejettent la lumière évangélique et s'enferment dans les ténèbres pour offrir une proie plus facile, l'Occident reçoit le sceptre de la puissance, de la liberté, de la civilisation; il devient l'instrument privilégié des desseins de la Providence et le maître du monde.

« Le Christianisme triomphe et le Labarum est l'étendard de l'Europe régénérée. L'Église adoucit et console l'inévitable chute de l'ancien Empire romain; elle anéantit l'impuissante résurrection du paganisme tentée par Julien l'Apostat; elle écrase l'hérésie par le génie et la sainteté de ses Docteurs, les Athanase, les Chrysostome, les Jérôme, les Ambroise et les Augustin.

«Puis, après avoir amorti la fureur des Barbares, elle les convertit et les éclaire; elle sauve la liberté et la dignité humaines, les lettres et les arts, la législation, la famille, les mœurs, et elle constitue les États sur la base de la Justice et de la Foi.

« Après l'histoire rapide de ce grand bouleversement, de ces ruines fameuses et de cette renaissance féconde, nous avons porté nos études spéciales sur l'état social et politique produit par la fusion du Monde romain et du Monde barbare. C'est le berceau de nos ancêtres, c'est l'aurore des siècles nouveaux on ne saurait trop y apporter de méditations. Pour cela les récentes recherches de l'érudition contemporaine nous ont singulièrement servi rappelons avec gratitude les beaux travaux de M. Guizot et de M. le comte de Montalembert, de M. le prince de Broglie, de M. Ed. Dumont, de M. Casimir Gaillardin, de M. Albert du Boys, et, parmi ceux qui ne sont plus, de M. A. Thierry et du savant et modeste abbé Gorini. .

« Le volume se termine par un coup d'œil sur la lutte entre la vérité et l'erreur, sur la littérature profane et chrétienne, sur les Pères, les Docteurs, les moines et les apôtres de ces âges mémorables, sur la mission de l'Église et sur le rôle souverain de la Papauté.

« La même bienveillance dont nous avons déjà eu à nous louer nous soutient dans la tâche difficile et ardue que nous poursuivons pour le service de la Vérité. Si cette bienveillance se montre inépuisable, elle ne l'est pas autant encore que notre reconnaissance. Que nos vénérables Évêques, que

nos excellents guides, que nos indulgents amis veuillent bien en trouver ici la nouvelle et respectueuse expression! >>

«< Paris, en la fête de la Pentecôte 1866. »

« HENRY DE RIANCEY.

ALBUM DE VOYAGES, par M. Amédée ACHARD.

On est souvent très-embarrassé pour choisir un livre dans les Bibliothèques de chemins de fer: on perd son temps à chercher quelque nom sympathique parmi les titres des romans philosophiques, des prolixes récits anglais ou américains, des platitudes ou des grivoiseries qui encombrent l'étalage de la salle d'attente; on feuillette deux ou trois volumes, en tâchant de deviner sur quelques lignes l'esprit et la manière de l'auteur. La cloche sonne on rejette le livre, ou bien, faute d'en savoir assez, on emporte un ouvrage qu'on est presque honteux d'avoir lu et qu'on laisse dans le wagon, bien décidé à ne pas l'introduire chez soi. Aussi nous empressons-nous de signaler l'Album de Voyages, par M. Amédée Achard: c'est un livre qu'on lira avec un vrai plaisir et qu'on importera dans sa famille en toute sécurité. L'auteur est du nombre de ces écrivains qui, s'ils ne sont pas encore pour nous, ne sont pas contre nous : ils côtoient le sentiment chrétien et semblent être séparés des choses de la religion, non par un abîme, mais par un mince courant qui va se rétrécissant jusqu'au point où il ne faudra plus qu'un pas pour le franchir. Les romans de M. Achard, sans être absolument de ceux que les jeunes filles peuvent lire sans trop de danger, sont honnêtes et purs; jusque dans les sentiments les plus passionnés, l'expression est chaste, les pensées élevées et délicates; l'idée du devoir y domine, et jamais la religion, ses pratiques ou ses ministres n'y sont bafoués ni travestis par une dédaigneuse ignorance, affectée ou réelle. Dans l'Album de Voyages, M. Achard laisse encore plus franchement éclater le sens catholique.

C'est avec «< un attendrissement sincère » qu'il visite les catacombes de Rome; c'est avec «un profond intérêt qu'il reste pendant deux heures et demie sous le charme de la parole persuasive de Mgr de la Tour d'Auvergne, » qui avait bien voulu se constituer le cicérone de quelques Français à travers la Nécropole chrétienne. Ailleurs il s'écrie: «Entre les bras du « Protestantisme, les Cathédrales meurent. » Et quoique ce cri de détresse soit poussé par l'artiste plus peut-être que par le croyant, ce n'en est pas moins un hommage rendu au Catholicisme, dont tous les auteurs à la mode ne sont pas capables. M. Taine entr'autres n'a-t-il pas avancé qu'entre les bras de la Religion l'Art était mort?

Plus loin, M. Achard, en parlant de la piété et de la ferveur des Viennoises, qu'il n'a vues surpassées ni en Italie ni même en Espagne, ajoute : « A toute heure du jour la prière habite l'immense Cathédrale de SaintEtienne.... le velours et la soie s'y rencontrent avec la bure déchirée.... les hommes ne sont pas moins nombreux parmi les fidèles.... Il y a contre un pilier près du chœur une image de la sainte Vierge tenant l'Enfant Jésus dans ses bras. Il y avait toujours quelqu'un devant cette peinture, et

j'ai vu des pauvresses s'incliner sur l'image et de grandes dames les y suivre. Mêmes baisers, mêmes soupirs. Que d'autres aient le triste courage de rire de ces dévotions: savent-ils combien de consolations cette image que tant de lèvres altérées sollicitent, a versées dans des âmes souffrantes et blessées? que d'allégements et que d'espérances? quelle chose la remplacera? M. Achard a raison : les choses peuvent bien détruire, effacer les croyances; elles ne les remplacent pas.

Sans arborer aucune prétention aux recherches et aux découvertes, comme il nous en avertit lui-même, l'auteur de l'Album sait pourtant nous raconter mille détails nouveaux. Les conjonctures actuelles donnent un intérêt de plus aux chapitres qui ont trait à l'Allemagne. M. Achard ne se moque de rien de vrai, de simple, d'honnête : il a ce don du sourire spirituel et bon, qui est si différent du rictus sardonique. Le caractère allemand, qui a inspiré tant de mauvais bons mots, le charme par le mélange de naïveté et de poésie dont il se compose; il apprécie dans une page charmante «< ce bonheur particulier qu'on ne connaît qu'en Allemagne, » et il a de nobles paroles pour « cette Autriche que mille assauts ont ébranlée, que mille périls pressent encore après avoir été mille fois conjurés, et qui, toujours menacée, semble plus forte que la fortune, la guerre et les révolutions. >>

Pourquoi faut-il que par cet entraînement, ou plutôt cet engouement irréfléchi dont tant de bons esprits ne peuvent se défendre, M. Achard soit moins juste de l'autre côté des Alpés ? Nous ne pouvons le suivre sur le terrain de la politique; mais, sans toucher au présent ni à l'avenir, nous en appellerons au passé, et quand M. Achard raconte qu'une belle Milanaise émigrée appelait son pays: la Lombardia desolata, nous ferons observer, d'après le témoignage non suspect de l'historien des Républiques italiennes, que, si la Lombardie a été désolée, c'était assurément avant de passer sous la domination de la Maison d'Autriche. Partagée entre des tyranneaux et de petites républiques qui en faisaient le théâtre de leurs luttes acharnées, en proie à l'oppression de ses maîtres d'un jour, à leurs exactions, à leurs cruautés, plus d'une fois déchirée par le schisme religieux, la Lombardie ne connut de paix durable que depuis sa réunion définitive aux Etats de Charles-Quint. Avec cette paix, l'industrie, les arts, le commerce et l'agriculture prirent un rapide essor, auquel la guerre de succession ne porta pas même une sérieuse atteinte. La prospérité ne fit que s'accroitre sous la maison de Habsbourg-Lorraine, dont l'autorité paternelle avail respecté ces Institutions municipales si chères aux races latines.

Mais quel livre n'est pas sujet aux réserves de ses lecteurs? La nôtre est bien légère; et, si un rayon du soleil du Midi nous semble avoir quelque peu ébloui M. Achard, son livre n'en demeure pas moins un des plus aimables compagnons de voyage qu'on puisse rencontrer.

DE ROMONT.

Le Propriétaire-Gérant: V. PALME

PARIS, E. DE SOYE, IMPRIMEUR, 2, PLACE DU PANTHEON,

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