Sayfadaki görseller
PDF
ePub

quités ecclésiastiques et liturgiques me permirent de rectifier cette hypothèse. A une des séances de l'Institut archéologique, je démontrai que ces couronnes, soi-disant royales, étaient, à une époque reculée, suspendues au-dessus des autels ou le long des murs des églises. Cette coutume avait un double motif: les fidèles voulaient, en suspendant une couronne au-dessus du Crucifix, entourer ce lieu d'honneur et d'éclat, comme pour le venger des insultes des païens; quelquefois aussi, déjà du temps de Constantin, il était d'usage d'en suspendre au-dessus du tombeau d'un saint ou d'un martyr, comme un emblême de la couronne de gloire qu'il avait reçue au ciel. Ce symbole équivalait à la canonisation solennelle qui se décerne maintenant par l'Église, et paraît avoir été l'origine de l'auréole qu'on a placée depuis autour de la tête des saints. »

M. Rock entre dans d'intéressants détails sur ce magnifique autel de Saint-Ambroise, qu'il a étudié d'une manière approfondie, au double point de vue de l'art et de la religion.

Il a pu constater une fois de plus que le culte de la Très-Sainte Vierge n'est pas, comme le prétendent les protestants, d'invention récente et toute humaine : elle est représentée sur un des panneaux de l'autel, au moment de l'Annonciation; elle ne se tient pas debout devant l'Ange, mais assise sur un trône surmonté d'un dais, comme un être supérieur même à un Archange. Cette attitude assignée à la future Mère du Christ, et qui se retrouve dans un grand nombre d'œuvres d'art extrêmement anciennes, témoigne de la vénération dont l'Église et la chrétienté des premiers siècles entouraient NotreDame, Notre-Dame bénie, comme on dit encore en anglais.

« Sur un autre panneau on voit figurer l'artiste lui-même, tenant son œuvre entre ses mains et la présentant à saint Ambroise, qui lui donne sa bénédiction. Sur une inscription placée au-dessous se lisent ces mots Wolwinus magister phaber.

« Les écrivains italiens ont voulu faire de l'éminent artiste un Italien; mais cette prétention n'est pas soutenable : le nom de Wolwin est évidemment d'origine germanique, on le retrouve à plusieurs époques de l'histoire d'Angleterre, et il subsiste encore dans quelques comtés du royaume, composé, comme la plupart des noms propres parmi le peuple, de deux mots, Wol et Win. » Ce qui, en anglo-saxon, signifiait un pauvre écolier, un homme de condition obscure ou servile. De plus, jamais un Italien n'eût écrit faber par un ph; tandis que l'orthographe grecque s'était maintenue chez

les Anglo-Saxons, qui employaient le ph avec autant d'affectation que les Italiens en mettaient à le retrancher même dans les mots empruntés au grec. Cette manière d'écrire s'est conservée jusqu'au temps d'Henri III, et la cathédrale d'York en offre un exemple dans le distique suivant :

Ut Rosa phlos phlorum,

Sic est Domus ista domorum.

Il peut sembler bizarre au premier abord, qu'en Italie, cette terre des beaux-arts, on ait eu recours à des Anglo-Saxons pour exécuter un travail pareil à celui de l'autel de Saint-Ambroise de Milan.

Les Grecs et les Romains ignoraient absolument l'art des émailleurs, et l'on trouve un passage du Grec Philostrate, qui écrivait sous Septime Sévère, et qui fait allusion à ce procédé «où excellent certains Barbares des côtes de l'Océan. » On a retrouvé dans les tombeaux, en Angleterre et sur les côtes de Bretagne, des émaux remontant à une époque très-reculée, du temps du Pape Vitalien et des rois de l'Heptarchie saxonne.

Ces émailleurs avaient une grande renommée en Italie : les lampes qu'ils faisaient pour les églises étaient fort recherchées; ou les nommait gabatæ saxicæ. Enfin, il faut se souvenir de la décadence où les arts étaient tombés en Italie et en Grèce, non-seulemet par les invasions des Barbares, mais surtout par les persécutions qu'exercèrent les empereurs iconoclastes: l'île de Bretagne, l'île des Saints, était à l'abri du vandalisme de l'hérésie, le plus féroce de tous; ses évéques, ses abbés encourageaient les artistes, comme l'a toujours fait l'Église.

On sait que des troupes de pèlerins partaient souvent d'Angleterre pour Rome, et que parmi eux se trouvait nn bon nombre d'ouvriers orfèvres, comme l'atteste le retable d'argent donné à l'église de Frascati par des artistes anglo-saxons, qui l'avaient fait en commun, sous le Pape Nicolas Ier, en 858. Il ne paraît donc pas possible de conserver quelque doute sur la nationalité de Wolwin, dont l'ouvrage, enrichi de ciselures exquises et d'émaux d'un fini merveilleux, présente un des plus splendides monuments de l'art au moyen âge. Mais un autre intérêt s'attache encore à cette œuvre. L'autel d'or de saint Ambroise est comme un livre où l'on peut étudier les coutumes ¡liturgiques des plus anciennes époques de l'Église tout) le rituel y est retracé avec une exactitude minutieuse; l'artiste n'a pas même négligé d'indiquer la manière dont les parcelles de la sainte Hostie

:

étaient disposées en forme de croix sur l'autel. «Il serait à désirer,» dit M. Rock en terminant son discours, «qu'aux études ecclésiastiques proprement dites on joignit celles des œuvres d'art de l'antiquité chrétienne. Le théologien, le polémiste, trouveraient là une riche mine à exploiter dans l'intérêt de la cause catholique car l'architecture, la sculpture, la peinture, reproduisent avec fidélité certains détails qui échappent à la plume et qui sont autant de témoignages irrécusables de l'antiquité, de l'unité de croyance et de culte, perpétuée à travers la succession des siècles comme parmi la diversité des races. »>

L'abrégé que nous avons donné du volume édité par Mgr Manning, suffit pour faire apprécier l'importance de l'institution due aux soins de Son Éminence le Cardinal Wiseman.

Elle est sans doute appelée à rendre de grands services à l'Église et à la vérité. L'Angleterre, par ses relations avec l'extrême Orient, par son commerce et les habitudes voyageuses de ses enfants, par les richesses dont disposent le gouvernement et les sociétés particulières, offre à l'exploration scientifique des ressources supérieures à celles des nations du continent. L'Académie catholique, sous la direc tion éclairée où se continue l'esprit de son illustre fondateur, saura mettre à profit, pour le triomphe de la Foi, des recherches faites tantôt dans un but tout matériel, tantôt dans un intérêt tout scientifique. Il se peut que dans les premières années les travaux de l'Académie aient peu de retentissement en dehors du cercle catholique; plus d'une fois peut-être, telle vérité, tel fait victorieusement démontrés resteront pour la masse du public à l'état de superstition ou de fable absurde; mais que nos amis ne se découragent pas. Quand on veut purifier une caverne pleine d'exhalaisons méphitiques, le premier, le second, même le troisième brandon qu'on y jette s'éteignent en apparence sans résultat : chacun d'eux pourtant, en consumant une minime parcelle d'air corrompu, prépare l'action d'autres torches qui se succèdent avec une puissance toujours croissante, jusqu'au moment où la flamme peut resplendir au milieu de la grotte, débarrassée enfin de ses miasmes empoisonnés.

M. DE ROMONT.

DE CHOSES ET D'AUTRES

I

Nous avons plusieurs fois entretenu nos lecteurs des luttes engagées au sein même du Consistoire de Paris entre les protestants libéraux et les protestants chrétiens. M. Guizot, qui ne sait pas au juste ce qu'il croit, est le chef des croyants. Les deux MM. Coquerel et M. Martin Paschoud, tous trois pasteurs, sont les représentants les plus remuants des libéraux. Ces révérends se mettent sans cesse en avant pour soutenir leur foi, laquelle consiste à nier tous les dogmes du Christianisme. M. Martin Paschoud vient de faire une nouvelle manifestation de ce genre. Voici les détails que nous donne le Bulletin de Paris, publication neutre :

« Le protestantisme est plus divisé que jamais. Avant-hier, une démonstration absolument schismatique s'est produite à Paris, au temple de la rue de Grenelle. M. Martin Paschoud, le pasteur qui a eu de si longs démêlés avec le Consistoire, est monté en chaire et a déclaré que, pour sa part, il ne croyait pas à la divinité de Jésus-Christ, ajoutant qu'à bien entendre le langage des Évangiles, Jésus ne s'était jamais donné lui-même comme

Dieu.

<< M. Martin Paschoud a longuement exposé les considérations qui militent, suivant lui, en faveur de cette conclusion catégorique et radicale. On peut juger de l'effet d'un pareil discours sur une nombreuse assistance, composée, en partie du moins, de personnes fermement attachées au dogme. fondamental du Christianisme. >>

Nous ne contestons nullement à M. Martin Paschoud le droit de ne pas voir dans l'Évangile ce que tout le monde y a vu depuis dix-huit siècles, et Dous comprendrions qu'étant devenu aveugle il avouât sa cécité; mais nous voudrions qu'il sût s'en tenir là. Tout au contraire, ce pasteur prétend, au nom de la pensée libre, imposer à ses ouailles son incrédulité; il veut éteindre la lumière chez les autres parce que l'obscurité s'est faite chez lui. Certains journaux, ennemis de toute religion définie, approuvent trèsfort cette conduite : ils prétendent que M. Martin Paschoud en agissant de la sorte, défend un droit et remplit un devoir. C'est oublier un peu trop que M. Martin Paschoud n'est pas un simple libre penseur, ouvrant, avec la permission et sous le contrôle de la police, des conférences où tout le monde

est convoqué, mais où chacun est libre de ne pas aller et dont personne n'est obligé de faire les frais; il est pasteur en titre, c'est-à-dire représentant officiel et rétribué d'un culte reconnu par l'État. Cette fonction et ce traitement, il ne les a obtenus qu'à des conditions déterminées: il s'est tout spécialement engagé à donner un enseignement conforme à la Confessjon d'Augsbourg; la chaire où il monte pour nier la divinité de Jésus-Christ, lui a été confiée pour qu'il y enseignât que Jésus-Christ est Dieu. S'il n'avait pas promis cela, il n'aurait pas le troupeau dont il prétend user et abuser comme de sa chose. Mais voudriez-vous, nous dira quelque défenseur de la pensée libre, que M. Martin Paschoud enseignât des dogmes auxquels il ne croit plus? Nullement; mais je ne puis comprendre ni que ce libéral viole le principe de la liberté de conscience chez ses auditeurs en leur imposant ses négations, ni que cet homme fier, après avoir renié ses anciennes croyances, s'obstine à conserver une situation dont il repousse les devoirs. Et le plus fâcheux, c'est que l'on puisse se dire qu'il renoncerait plus facilement peutêtre aux fonctions, s'il ne fallait pas du même coup renoncer au traitement. Il convient de rappeler ici que MM. Coquerel et Martin Paschoud ne font pas exception dans le camp protestant. Ces ministres libres penseurs ont, au contraire, de très-nombreux émules. La divinité de Jésus-Christ, qui depuis longtemps n'est plus dans le protestantisme qu'une opinion libre, y sera bientôt une opinion proscrite. Voici, par exemple, ce que nous lisons dans une remarquable brochure intitulée: la Parole de Dieu et le protestantisme, publiée récemment à Genève :

<«< On sait où en est le protestantisme à l'égard de la divinité de JésusChrist: M. de Gasparin nous dit qu'en France, sur sept cents ministres, il y en a deux cents qui y croient. Quelle défection!

«En 1864, dans le grand duché de Bade, le Conseil supérieur ecclésiastique (protestant) a refusé de destituer M. Schenk, supérieur du séminaire protestant, qui niait dans un ouvrage la divinité de Jésus-Christ. La raison qu'il en a donnée, c'est que, sur ce point, les opinions variaient dans le conseil.

« A Genève, l'Église nationale a défendu formellement aux prédicateurs de prêcher la divinité de Jésus-Christ. »

Des faits identiques se sont produits partout dans ces dernières années, M. le pasteur Demole a donc raison de dire que le protestantisme en est arrivé à une dissolution doctrinale etjdogmatique absolue. Mais, si M. Demole a raison de tenir ce langage, M. Martin Paschoud a tort de parler comme libre penseur et de se faire payer comme protestant orthodoxe.

II

Dans l'un de nos derniers numéros nous avons dit, d'après une feuille religieuse, que le Souverain Pontife avait condamné le fameux projet formé par une Société ultra-fusioniste pour la traduction des Livres-Saints. Cette

[merged small][ocr errors][ocr errors]
« ÖncekiDevam »