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« L'un était grand juge à Calcutta, en 1783; il compulsait les coutumes « locales et faisait des vers, traduisant du bengali en anglais et de l'an«glais en bengali.... L'autre, un évêque, représentait l'Eglise anglicane à « Bombay, en 1824; il a laissé d'assez jolis vers sur les tourments d'un « cœur épris, retenu loin de l'objet aimé.... M. Villemain le compare à « Fénelon. » — « L'évêque Réginald Héber, ajoute M. Eugène Veuillot, « et le grand juge William Jones représentent le génie anglais dans l'Inde, « à peu près comme M. Villemain, fourrant partout ses petites allusions « politiques et ses épigrammes effarouchées, représente en France le « génie de Brutus. »>

« Après une analyse du livre ayant pour titre : Victor Hugo par un témoin de sa vie, M. Eugène Veuillot résume ainsi son jugement sur l'homme et l'écrivain: « Il a eu des tendances, mais pas de croyances; « des aspirations, mais pas de résolutions. Par suite même de ses facultés, « qui se résument dans l'imagination, il avait particulièrement besoin « d'une direction vigoureuse, calme et suivie; toute direction lui a fait « défaut. La base chrétienne, qui avait manqué à l'union de ses parents, a « manqué également à son enfance et à son éducation. Un instant il s'est « approché de la vérité; mais son esprit n'a pas su la reconnaître, ou son <«< cœur n'a pas trouvé la force de s'y dévouer. Il s'est cru tour à tour légi<< timiste, orléaniste, conservateur, libéral, démocrate; il s'est même cru « catholique maintenant il se croit socialiste. Au fond, en politique <«< comme en religion, il n'a jamais eu que des opinions d'amateur, dictées « par son orgueil ou ses intérêts. » C'est sévère, sans aucun doute, mais c'est juste. M. Eugène Veuillot ne songe pas à refuser à Victor Hugo, il lui accorde sans parcimonie la puissance de l'imagination, la faculté de créer des formes, le don de l'énormité, et, par moment, de la véritable grandeur. Mais où serait la justice, si, après cela, on n'allait pas au fond, à l'intime infirmité du Titan? Cette infirmité, c'est l'incertitude de tout principe. Ces demi-dieux qu'on nous fait voir toujours dépassant la stature commune, se croient à peine pétris de notre argile. C'est justice, c'est nécessité de faire voir que, dans le bloc superbe où il sont taillés, il y a une veine de doute misérable, et qu'ils retombent par là, non pas au niveau vulgaire simplement, mais très-au-dessous des humbles et des ignorés.

« Il y a d'autres portraits dans le volume, notamment un passage, relativement étendu, consacré à restituer la grande figure du P. Lacordaire. L'auteur redresse les compromettants louangeurs qui, bien à tort, ont vonlu faire prédominer l'homme politique dans le glorieux Dominicain. Mais ce sont des pages qui doivent être lues, non analysées.

« Essayerons-nous de caractériser le talent de M. Eugène Veuillot? Nous dirions d'abord qu'il n'est le reflet ou la miniature de personne, pas même de son frère aîné, M. Louis Veuillot. Il a sa part distincte, sa riche part d'originalité. Cette fraternité littéraire dans la fraternité du sang de MM. Eugène et Louis Veuillot fait ressouvenir, sans la rappeler tout à fait, d'une autre fraternité illustre : il y a eu les deux de Maistre, Xavier à côté de Joseph, comme la grâce s'appuyant à la force. C'est un peu, mais ce

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n'est pas complétement la proportion entre les deux MM. Veuillot. M. Eugène est un joûteur vaillant; la grâce en lui domine, mais non certes la grâce fragile qui fait antithèse à la force. Tout est sobre et viril dans cet écrivain. L'épithète de brillant ne sied pas à son style, style simple avant tout, ayant horreur des mots qui reluisent, et dont tous les effets résultent de la spontanéité du mot, de l'aisance et de la distinction du tour. Au total, la vigueur dans la grâce, une svelte élégance, sous laquelle on sent la trempe et le ressort de l'acier: voilà ce qui peut le plus ressembler à une définition du talent de M. Eugène Veuillot.

<< Son livre, dont nous nous sommes borné à signaler quelques passages, résiste, par sa forme digressive, à l'analyse et au compte rendu proprement dit. Il traite, avec une finesse et une vigueur de touche exceptionnelles, une grande variété de sujets: questions sociales, querelles littéraires, questions de mœurs, le mariage, la toilette, les salons, presque tous nos travers et toutes nos dégénérescences. La scène est changeante; le point de vue est fixe: d'où l'unité de l'œuvre. Cette unité n'est point abstraite et latente; le lecteur en a la sensation, il la respire dans le souffle de foi sous lequel s'épanouissent ces diversités. Ce qui fait l'unité, enfin, c'est l'accent de cette conscience loyale et chrétienne vibrant à toutes les pages. M. Eugène Veuillot est singulièrement maître de sa verve; il ne va que jusqu'où il doit et veut aller, jamais hors de la mesure et de la justice. Le persifflage, chez lui, est toujours dans le ton de la bonne compagnie, tout le monde en convient; mais il est mieux que cela: il est honnête essentiellement, consciencieux; on y sent un fond de clémence chrétienne. M. Eugène Veuillot n'est l'ennemi d'aucun homme, seulement il préfère à tous la vérité: Magis amica veritas. Son œuvre est assurée du suffrage des hommes de goût, des esprits délicats, qui ne peuvent qu'aimer ce style ennemi des tons violents, se tenant dans le jeu, dans le chatoiement discret des nuances. L'ouvrage a un mérite plus élevé: si c'est faire de l'histoire que de juger avec puissance et équité les hommes dominants d'une époque, de traiter de haut les questions qui l'agitent, d'en peindre au vif les orgueils et les misères, le livre de M. Eugène Veuillot restera comme une des œuvres les plus vivantes et les plus fidèles d'histoire contemporaine. >> PH. SERRET.

Voici, d'après la table des Critiques et Croquis, quels sont les sujets traités dans cet ouvrage :

Le Christianisme romanesque.

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trimoniale. Sur la Toilette.- Le Roman-Feuilleton.

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Les Mémoires d'un Poëte. Un Concours académique.

littéraire. Le Cardinal de Retz et ses récents Biographes. Le Père Lacordaire et l'Académie. Un Saint de la libre pensée. Un Procès criminel et la Publicité judiciaire. - Rome et les Enfants juifs. Le Génie anglais dans l'Inde. L'Angleterre et les nations catholiques aux Colonies. - Une Mission russe en Palestine. La belle Antiquité.

Croquis et traits de mœurs:

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Infortunes dramatiques de M. About. — Science cléricale de M. Hugo. -Un Humanitaire. Un Peintre de Mœurs.

-Saint François de Sales et le Bal.-La Musique de salon, les Romances. L'Art dramatique. Un Apôtre de la Liberté. Propos d'avocat. Souvenirs d'un autre temps: Proudhon et Henriette.

Ancien Pair

de France et Socialiste. Élans patriotiques. L'Anacréon de la Montagne. Un Drame démocratique. Un Acte de Foi.

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LES EPITRES PASTORALES, ou Réflexions dogmatiques et morales sur les Epîtres de saint Paul à Timothée et à Tite; petit in-8°, 392 pages.Palmé, 1866.

Il y a quelque temps, nous parlions à nos lecteurs d'un ouvrage de Mgr Ginoulhiac, autrement important que celui qui vient d'être mis en vente. Nous espérons lui avoir gagné des lecteurs, et nous espérons en gagner à celui que nous annonçons aujourd'hui. Les Epitres pastorales ont une moindre importance que l'Histoire du dogme catholique; mais elles sont à la portée d'un plus grand nombre d'intelligences et peuvent produire des résultats féconds. Personne n'ignore que les Epîtres à Timothée et à Tite avaient pour but, dans la pensée de saint Paul, d'instruire nonseulement ces deux apôtres de leurs devoirs, mais d'instruire en leurs personnes tous les ministres de Jésus-Christ et de son Eglise. Ces Epîtres, il est vrai, s'adressent surtout aux évêques;'il y a des choses qui leur sont tout à fait particulières; mais cependant il faut reconnaître que les leçons adressées aux évêques conviennent aussi aux prêtres, et peuvent être appliquées à ceux qui ont charge d'âmes. Sauf la mesure, la règle de vie des évêques et des prêtres doit être la même. Saint Paul rappelle aux uns et aux autres les devoirs de leur charge et leurs devoirs personnels. Quant aux premiers, il leur recommande de garder avec fidélité le dépôt de la foi, de la transmettre à des hommes sûrs, d'éviter même les nouveautés de paroles, et de défendre la vérité sainte contre tous ceux qui s'écartent de la doctrine apostolique, et dont il décrit les caractères distinctifs. Il leur fait connaître les qualités que doivent avoir les évêques et les diacres, à qui ils auront à imposer les mains, et aussi les veuves que l'Église attachait alors à son service. Il leur marque ce qui doit faire l'objet des prières publiques de l'Église, et la part que les diverses classes doivent y prendre. Il décrit les qualités d'un prédicateur de la parole sainte; il indique les points sur lesquels il doit insister en général, et la manière dont il doit instruire, en particulier, les maîtres, les serviteurs, les hommes, les femmes, les riches du monde. Enfin il leur enseigne comment ils doivent se conduire envers les hommes de toute condition, de tout âge, de tout état envers les prêtres, envers les jeunes gens, envers les vieillards, envers les jeunes personnes, envers les femmes, et aussi à l'égard des novateurs qui s'écarteraient de la doctrine évangélique, ou qui s'efforceraient d'en altérer la pureté. Quant aux devoirs personnels des ministres de l'Eglise, saint Paul recommande à ses disciples de se nourrir des paroles de la foi, d'en méditer les enseignements, de s'appliquer à la lecture, de veiller sur eux-mêmes; de ne pas négliger, mais de ressusciter sans cesse la grâce de leur sacerdoce; d'être sobres et de se conserver chastes en toutes manières; de préférer les exercices de la piété et de la charité à

ceux du corps; de remplir exactement toutes les fonctions de leur ministère, et de se montrer les modèles des peuples dans leurs entretiens et dans toute leur conduite. Partout il leur représente la vie du ministre de Jésus-Christ comme une vie de privations, de travail et de luttes. Il leur apprend qu'ils doivent être prêts à tout souffrir pour Jésus-Christ et son Evangile; il les anime au combat et les fortifie contre les persécutions, tantôt par l'exemple du Sauveur, tantôt en leur rappelant ses propres luttes, ses délaissements, ses souffrances, et en leur montrant la couronne de justice qu'il espère et qui leur est aussi préparée. Quand on médite avec attention ces divines Epîtres, et que Dieu nous fait la grâce de les goûter, on ne sait trop, même aujourd'hui, ce qu'un docteur, ce qu'un ministre des sacrements, ce qu'un pasteur des âmes pourrait désirer de plus; et l'on comprend avec quelle raison saint Augustin a dit que « ceux qui sont destinés à servir l'Eglise, surtout par la prédication, doivent avoir sans cesse ces Epîtres devant les yeux, » et pourquoi l'Eglise elle-même, dans l'ordination des prêtres, leur rappelle que c'est sur ces saintes règles qu'ils doivent s'être formés.

Mgr Ginoulbiac a écrit son livre pour les fidèles de son diocèse et pour son clergé. Il a voulu inspirer le goût de méditer les Epîtres àTimothée et à Tite; il a voulu aider à en pénétrer le sens. Dans les réflexions qui suivent chaque verset, pris séparément, l'illustre écrivain s'est proposé surtout d'édifier; porter ses lecteurs à remplir leurs devoirs est le but qu'il s'est proposé avant tout. Laissant de côté toutes les questions de critique et de grammaire, passant rapidement sur l'histoire, il s'attache surtout à la morale; il apporte dans ses réflexions moins les recherches de la science que les lumières de la foi il emploie moins les efforts de l'esprit que les pieux mouvements du cœur. Cependant les lecteurs pourront s'apercevoir que Mgr Ginouihiac ne néglige pas le dogme; il n'oublie pas que le dogme est le fondement, la règle, la sanction et l'âme de la morale; et, quoique les Epîtres à Timothée et à Tite ne soient pas dogmatiques, cependant on y retrouve les dogmes capitaux de la religion, enseignés avec clarté et foi. On voit, d'après les quelques réflexions qui précèdent, que le livre de Mgr Ginoulhiac mérite d'être lu et étudié, et nous le recommandons vivement à tous nos lecteurs,

HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE, par les religieux Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, sous la direction de M. PAULIN PARIS. 2 vol. in-4°, 768 pag. Victor Palmé, 1866.

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Nous avons, dans un premier article, parlé du but que s'est proposé Dom Rivet dans son grand ouvrage de la France littéraire; nous avons indiqué sa marche et fait connaître la valeur du livre comme œuvre scientifique, littéraire et critique. Nous n'avons donc pas à revenir sur tous ces points: ce serait nous répéter inutilement. Nous voulous seulement, après avoir rappelé les principales actions de la vie de Dom Rivet, dont nous n'avons pas encore parlé, dire rapidement ce que contient ce second volume, que suivra de près le troisième. Ce dernier sera sans doute mis en vente quand paraîtra cet article.

Dom Rivet était du Poitou. Il naquit en 1683 et mourut en 1749. Une partie de sa famille était protestante. Il fit ses études à Confolens et suivit un cours de philosophie chez les Jésuites de Poitiers. Sa vocation fut déterminée par un accident dans lequel le ciel intervint d'une façon merveilleuse étant à la chasse, il fut renversé de cheval et traîné assez loin, un pied engagé dans l'étrier. Préservé de la mort, il se seniit pressé d'en remercier Dieu, et pour cet effet entra dans l'église de l'abbaye de SaintCyprien. Pendant qn'il priait, il crut entendre une voix qui, par trois fois différentes, l'engagea à se faire bénédictin. Résolu dès lors de laisser le monde et de se consacrer à Dieu, il entra, malgré les répugnances de sa mère, dans l'abbaye de Marmoutiers, près de Tours, et prononça ses vœux en 1705. Après avoir occupé différentes positions, avoir conçu différents projets sans avoir pu les réaliser, pris part aux querelles de son temps, il fut envoyé au monastère de Saint-Vincent du Mans. C'est dans cette retraite, s'écoulèrent les trente dernières années de sa vie, qu'il commença la rédaction de l'Histoire littéraire dont il avait précédemment conçu et esquissé le plan. Son cadre était des plus vastes. Il fut aidé dans ses recherches par Joseph Duclcu, Maurice Poncet et Jean Colomb. Ces hommes avaient un goût sûr et ils étaient infatigables au travail. Dom Rivet écrivit les neuf premiers volumes de ce grand et remarquable ouvrage. Les tomes X et XI sont dus à Dom Clémencet, et le tome XII est sorti de la plume de Dom Clément. La continuation est l'œuvre d'une commission spéciale de l'Institut, dont fait partie M. Paulin Pâris, qui est à la tête de la réimpression de l'Histoire littéraire. Il est inutile de nous arrêter à montrer l'importance et la valeur de ce grand ouvrage : nous nous en sommes occupé. Tous les hommes intelligents et amis des gloires de leur pays garderont à ce livre, qui était devenu très rare, une place distinguée dans leur bibliothèque. Les parties les plus remarquables de cette grande œuvre sont, dit M. Daunou, les discours généraux sur la littérature de chaque siècle : ils représentent d'une façon aussi fidèle que méthodique l'état des études, des institutions, des sectes, des traditions ou doctrines et des principaux genres de compositions. Tous ces discours supposent des recherches profondes et répandent une instruction saine. Nous ajouterons que ces discours sont de véritables chefs-d'œuvre, digres d'être lus et étudiés par tous ceux qui désirent s'instruire sur la partie littéraire de l'histoire de la France.

Le deuxième volume de l'Histoire littéraire, très-original comme le premier dans son incontestable beauté, renferme l'histoire du cinquième siècle. Il s'ouvre par un discours, un de ces magnifiques discours dont nous venons de parler, sur l'état des lettres dans les Gaules en ce siècle; puis vient l'histoire de chacun des auteurs qui ont vécu à cette époque, avec l'énumération raisonnée et détaillée de leurs œuvres et des différentes éditions qu'ont eues ces œuvres dans le cours des siècles. Ces auteurs sont au nombre de cent trente-deux; parmi ceux-ci, trente ont été des Saints célèbres. A l'histoire de ces auteurs s'ajoute l'histoire des Conciles tenus pendant cette époque dans les Gaules: nous en avons compté quinze. Chacun a eu sa grande importance et mérite de figurer dans l'Histoire littéraire de la

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