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La rédaction du Charivari, au grand complet, s'est passé l'agrément d'une séance intime. Elle arriva défiante, mais de belle humeur ; les esprits des ténèbres, qui parfois sont maussades jusqu'à la rébellion, se montrèrent fort bien disposés (il n'y a pas que les beaux esprits qui se rencontrent !), et ils obéirent on ne peut plus docilement aux ordres du médium et de sa compagnie.

La rédaction entière du Charivari se retira convaincue. Sans y réfléchir, elle venait de se laisser atteindre par la Foi au surnaturel, et cette foi était si vive, que l'un des principaux rédacteurs, M. Louis Leroy, ne put pas résister au besoin de l'épancher dans les colonnes de son organe.

Oui, en vérité, le Charivari a fait acte de croyance au spiritisme dans un grand article sérieux.

Personne n'y a pris garde, parce que la gravure de Cham est tout le Charivari: on ne lit jamais le texte.

Mais les burgraves de la légion des libres penseurs furent instruits de cette faute, et lurent cet article!

Il en résulta une querelle intestine des plus violentes, quoique sourde. Celui des burgraves quotidiens que l'on nomme le Bénisseur, tança vertement les nouveaux adeptes du spiritisme.

-Quoi! ne comprenez-veus pas que vous allez nous faire perdre tout le fruit de notre campagne contre les frères Davemport?

- Cependant, si, malgré notre extrême défiance, la conviction nous est venue avec la certitude! Nous n'y ponvons plus rien. Impossible de résister au témoignage de nos sens et de notre raison.

--Résistez, Monsieur! résistez ! Les principes vous en font un devoir. - Les principes........ font un devoir.. de résister à la certitude et à la raison?

Oui certes, car les principes cesseraient d'être les principes s'ils ne dominaient la raison elle-même. Ici notre principe fondamental se pose avec une netteté et un éclat irrésistibles. Dès que vous croyez aux esprits des ténèbres, il n'y a pas de motif pour que vous vous refusiez à croire aux Anges. Un pas de plus, la personnalité de Dieu et celle du démon vous atteignent! Vous voilà sur le seuil du catholicisme. Donc !....

Ce Done n'était pas nécessaire. Apercevant l'abîme du catholicisme entr'ouvert sous ses pas, la rédaction du Charivari a bien vite rengaîné sa certitude.

Cela devait être : Le Progrès! Ils sont plus forts que leurs aïeux. Leurs aïeux ont dit : « Périssent les colonies plutôt qu'un principe!»; niaiserie sonore, puisque les principes sont d'une nature impérissable. Maintenant, ils disent: «Périsse la vérité plutôt qu'un principe! » A la bonne heure, c'est tout-à-fait bête.

Mais ce n'est pas du tout rassurant. Il y a des bêtises qui semblent procéder du bœuf: elles ont des cornes et elles mugissent.

M. Louis Veuillot a écrit à peu près ceci quelque part, dans un petit livre dont le titre m'échappe :

O bœuf! Tu m'écraseras sous ton pied victorieux, mais tu seras à ton tour ramené à l'écurie.

Hélas! Ce n'est point assez. Le bœuf est fait pour le travail non pour beugler et donner de la corne. Quand il ne travaille pas, on le fait cuire et on le mange. Je sais bien que les bœufs de lettres ou de papier quoditien ont des cornes dorées! Leurs coups de corne ne sont pas pour cela plus agréables.

Comment parler des boeufs sans penser à la Grande Bretagne, où ce principe, envisagé comme viande, a tant souffert?

Il y existe un petit journal facétieux, le Punch, que nous avons entendu souvent comparer au Charivari, avec une réserve étrange: on le disait plus lourd, plus gauche dans ses poses ou ses allures de feuille légère !... Cela nous étonnait beaucoup ce Punch serait donc un véritable bœuf parodiant l'âne de la fable qui donne la patte?

Un petit article emprunté au Punch vous prouvera que notre amour-propre national avait fort mal jugé : la plume anglaise n'a rien de la corne du bœuf elle sait être piquante agréablement.

« A Paris, dit le Punch, non-seulement les jolies femmes s'enduisent de rouge, mais elles en barbouillent aussi leurs babys ! Et la loi ne punit pas un outrage aussi révoltant!

« Cette mode française deviendra-t-elle populaire en Angleterre ?

«Que des filles à la face bourgeonnée et au teint maladif portent du rouge et du blanc, afin qu'on ne les voie point rougir, en admettant qu'elles puissent rougir, c'est très bien. Mais qu'il y ait des pères et des mères qui se prêtent à une pareille infamie sur leurs enfants!

« Dessiner sur velours est un art charmant, mais peindre sur le velours de la joue rose d'un baby, n'est-ce pas un plus grand outrage fait à la nature que de vouloir peindre sur un lis?

« Presque toutes nos dames empruntent les modes françaises; espérons qu'elles n'introduiront pas chez nous cette école de plâtrage d'enfants! >> Le Punch exagère. On ne met du fard aux fillettes et aux petits garçons que lorsqu'ils jouent un rôle dans un proverbe ou une charade.

C'est bien assez qu'on les peigne ou qu'on les plâtre en dedans. Oh! en dedans! S'il était possible d'apercevoir, de visu, le plâtrage de l'éducation d'un enfant de Paris, ce serait bien le plus horrible spectacle!.....

On leur fait des attitudes, des airs de tête, des regards, un minaudage de conversation :

Petite mèèère! Souffrez-vous encore de votre migraine?

Que dis-je nous avons des jeunes personnes de cinq ans déjà sujettes à la migraine.

C'est peut-être une imitation de Mlle de Montpensier, la précoce Frondeuse, qui, au même âge de cinq ans, disait à sa grand'mère :

- A présent que me voilà grande, occupons-nous un peu des affaires de l'État.

Chaque époque démontre ainsi les tendances de sa faiblesse ou de sa force. Les babys du dix-septième siècle conspiraient, rêvaient sceptre, épée, batailles; les babys du dix-neuvième se développent dans la direction du théâtre et des tableaux vivants.

Les chroniqueurs frivoles sont dans l'usage de garder quelque chose de bien joli pour la fin.

On ne saurait faire mieux que de ne point imiter les chroniqueurs frivoles, et même que de prendre leur exemple tout au rebours.

L'Exposition universelle de 1867 nous promet mille et une choses merveilleuses. Voici qui dépasse ses plus belles promesses..... de cent

coudées!

« Il s'agit sérieusement d'élever à Paris un Théâtre antique, où l'on ne jouera que des pièces d'Eschyle, de Sophocle, d'Euripide, d'Aristophane, de Sénèque, de Plaute et de Térence, et, qui plus est, dans le texte original, à ce qu'assurent les gens bien informés. La salle sera copiée sur celle qu'on voit encore à Orange: il n'y aura ni loges, ni galeries, ni avantscène, ni parterre, mais simplement des places disposées en amphithéâtre circulaire. >>

Si cette idée grandiose se réalise, nous assisterons à une espèce de scandale bien curieux. Une partie des spectateurs écoutera Térence et Sophocle dans une attitude d'admiration, d'attention, de vénération indescriptibles; Une autre partie se tordra de rire sur les banquettes de marbre ou de brique. Entre les admirateurs et les rieurs se tiendra la foule des Joseph Prudhomme parisiens allant là expressément pour se faire croire qu'ils comprennent le grec et que les comédies de Térence les amusent. Tachons de vivre jusqu'à la grande Exposition de 1867.

VENET.

Tome XV.

121 livraison.

BULLETIN LITTÉRAIRE

L'EGLISE ŒUVRE DE L'HOMME-DIEU, Conférences prêchées à la Métropole de Besançon, par M. l'abbé BESSON, Supérieur du Collége Saint-François-Xavier. - Ambroise Bray, 20, rue Cassette. Un volume in-8°; 2° édition, un volume in-12.

Le succès, bien mérité sans doute, des Conférences sur l'Homme-Dieu prêchées également par M. l'abbé Besson dans la cathédrale de Besançon il y a deux ans, rendait en quelque sorte obligatoire, comme une suite nécessaire, une nouvelle série de Conférences sur l'Eglise. Il ne suffisait point en effet de prouver que le Verbe divin s'était incarné sur la terre pour expier tous les crimes de l'humanité et donner à l'homme racheté des moyens de salut; évidemment il fallait encore établir comment l'Homme-Dieu avait étendu à tous le bienfait de cette régénération, comment il avait perpétué et consolidé son œuvre. C'est ce que M. l'abbé Besson a fait de la manière la plus remarquable dans les Conférences dont nous venons de parler, et qui peut-être l'emportent sur leurs aînées par la sûreté et la force de l'argumentation, par la manière dont les preuves sont déduites et exposées, et par l'éclat de la diction. On sent que le succès des premières Conférences avait donné à l'orateur le sentiment de sa force et qu'il n'était plus influencé par cette espèce de timidité inséparable d'un début, surtout en venant traiter un sujet que les innombrables réfutations de l'infâme ouvrage de M. Renan semblaient avoir épuisé. Il ne restait d'ailleurs ici qu'à suivre dans leurs développements et leurs conséquences les bases si magnifiquement établies dans l'Homme-Dieu.

Comme dans l'Homme-Dieu, dont l'Eglise est l'œuvre, la nouvelle série de Conférences débute par établir la notion de l'Eglise, sa nécessité et son but, qui est la sanctification de l'homme; elle expose ensuite sa naissance, le principe d'enseignement et d'autorité qui en est la base essentielle, ce qui fait distinguer deux sortes de fausses Eglises celles qui ne veulent pas être enseignées ou les hérésies, et celles qui ne veulent pas être gouvernées ou les schismes. Dans les unes comme dans les autres, il n'y a plus d'unité : elles se subdivisent à l'infini. Ainsi la vérité ne s'y trouve plus d'une manière certaine. La seule Eglise une et universelle ou Catholique peut la garder intacte et conserver ainsi la vie. Telle est l'organisation de cette Eglise, qui porte aussi le nom de Romaine, parce que le Pape, Evêque de Rome, successeur de saint Pierre, en est toujours le chef visible, le chef réel étant JésusChrist, selon sa promesse aux Apôtres qu'il demeurerait avec eux jusqu'à la consommation des siècles. On donne aussi par extension le nom d'Eglise à toutes les divisions principales ou diocèses, et même à toutes les subdivi

sions les plus réduites ou parcisses, parce que toutes, gouvernées par des délégués immédiats ou médiats du Souverain Pontife, et qui tiennent de lui leur autorité et la doctrine qu'ils enseignent, sont bien réellement unies et ne forment qu'une seule et même assemblée de fidèles professant une même foi et soumis à la même direction. Bien que Notre-Seigneur ait eu soin d'établir formellement la primauté de saint Pierre et de conférer à lui seul le privilége de l'infaillibilité, indispensable pour que l'Eglise puisse subsister et demeurer éternellement une, M. l'abbé Besson fait judicieusement observer que les Eglises fondées par les autres Apôtres ont toutes disparu au milieu des tempêtes qui ont bouleversé le monde. Seul, le Siége de saint Pierre s'est constamment maintenu et présente une suite non interrompue de pasteurs, dont l'autorité sur la totalité de l'Eglise s'est

constamment exercée.

Nous croyons avoir suffisamment établi toute l'importance de l'ouvrage nouveau de M. l'abbé Besson, et par conséquent garanti son succès. Nous ne parlerons pas des nombreuses félicitations qu'il a reçues de la part des plus éminents Prélats. Il en est une cependant que nous croyons devoir faire connaître, parce qu'elle émane de celui qui, mieux qu'aucnn autre, par sa position, a pu en apprécier toute l'importance. C'est Mgr Mermillod, Evêque d'Hébron et auxiliaire de Genève. Voici ce qu'il écrivait à M. l'abbé Besson, le 12 septembre dernier :

« Mon cher et vénéré ami, je n'ai pas voulu vous envoyer un banal « remerciement pour vos admirables Conférences sur l'Eglise. J'ai tenu à « lire votre volume, et je le relis après l'avoir conseillé à plusieurs protes« tants. Vous serez par votre parole, ici, à Genève, un de mes plus sûrs « pêcheurs d'âmes. J'avais toujours rêvé un livre sur l'Eglise. Je m'étais « proposé de le faire, et Dieu vient m'exempter de ce labeur. Je ne pour« rais que redire d'une façon incolore ce que vous exprimez avec tant de « solidité, de chaleur et de charme. L'Homme-Dieu et l'Eglise sont les deux « merveilleuses pages de l'œuvre divine, et vous les faites briller aux « regards de tous. Merci, mille fois merci de votre beau travail! Comme « votre parole a tout ensemble la sève du théologien et l'accent du fils « ému et dévoué ! On peut dire de vous le mot de saint Bernard: Lucere « et ardere perfectum. »

Il est impossible de rien ajouter à ces éloquentes et chaleureuses paroles, si ce n'est que l'éloge nous a paru complétement mérité.

Marquis DE ROYs.

LE COURS DE M. L'ABBÉ FREPPEL: Saint Cyprien, Clément d'Alexandrie. Deux volumes in-8°, chez A. Bray.

Il y a neuf ans déjà que M. l'abbé Freppel a commencé ses belles leçons sur les Pères de l'Eglise; leçons qui maintenant embrassent, en dehors du Nouveau Testament, toute la littérature chrétienne depuis les Apôtres jusqu'à ce grand Origène, dont l'éminent professeur nous raconte en ce moment même le génie et les travaux.

En élargissant ainsi le cercle un peu étroit où semblait l'enfermer le nom

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