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<«< bien! soit; mais il y a une chose que vous ne pouvez pas nier, «< c'est la faiblesse du Saint-Siège. Or, sachez-le, c'est cette fai« blesse même qui fait sa force insurmontable contre vous. Ah! « oui, il n'y a pas dans l'histoire du monde un plus grand spec<< tacle et un plus consolant que les embarras de la force aux « prises avec la faiblesse.» (Nouvelles et nombreuses marques d'adhésion à droite.)

« Permettez-moi une comparaison familière. Quand un homme « est condamné à lutter contre une femme, si cette femme n'est << pas la dernière des créatures, elle peut le braver impunément ; «<elle lui dit : Frappez, mais vous vous déshonorerez, et vous « ne me vaincrez pas. (Très-bien! très-bien!) Eh bien ! l'Église « n'est pas une femme, elle est bien plus qu'une femme c'est « une mère. » (Très-bien! très-bien ! Une triple salve d'applaudissements accueille cette phrase de l'orateur.)

:

Ce dernier mot mit fin à la lutte; l'admiration gagna jusqu'à l'extrême gauche, et l'on vit des montagnards même, entrainés par l'enthousiasme universel, applaudir et battre des mains. La victoire était complète. Après cela, il ne restait plus à M. de Montalembert qu'à reposer son esprit et celui de l'assemblée, en donnant, sans plus mênie combattre, un dernier coup à ses adversaires, à la vaine puissance des idées qu'ils avaient opposées à la puissance des dogmes, et en célébrant la gloire de la France et de son armée.

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M. DE MONTALEMBERT : « Vous devez le savoir, Messieurs, l'Église a un vieux texte, Non possumus, dans un vieux livre ap

apelé les Actes des Apôtres; ce texte a été inventé par un vieux

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Pape appelė saint Pierre. (Rire général et approbation.) Et « avec ce mot-là, je vous jure qu'elle vous conduira jusqu'à la a fin des siècles sans céder..... (Rumeurs à gauche.)

« Je sens qu'il faut finir, et je voudrais cependant répondre encore un mot à M. Victor Hugo, qui a prétendu que les idées

<<< étaient tout aussi invincibles et aussi durables que les dogmes. « C'est bien là la prétention du monde moderne, de créer des « idées et de leur donner l'éternité et l'omnipotence des dogmes.

<«< Eh bien! je suis bien aise de vous le dire en passant, c'est «< une prétention chimérique... (Rumeurs à gauche); oui, chi«mérique... Aucune idée ne peut avoir cette résistance contre « les canons et contre la force que lui prêtait M. Victor Hugo. << Par trois raisons : la première, c'est que les idées sont varia«<bles et que les dogmes sont immuables. (Très-bien! très« bien !) La seconde, c'est que les idées sont fabriquées par vous <«<et par moi... on connaît les officines où elles se fabriquent.... « (Rire général et marques prolongées d'approbation à droite.) « Les dogmes, au contraire, ont une origine mystérieuse et surnaturelle...

« A gauche. Oh! oh!

« A droite. Oui! oui! Très-bien! très-bien !

«M. DE MONTALEMBERT. Et en dernier lieu, les idées ne rè<< gnent que pour un temps; et sur quoi? sur l'imagination, tout « au plus sur la pensée, sur la raison, sur la passion. Les « dogmes règnent sur la conscience. Voilà la différence. »> (Applaudissements prolongés à droite.)

<< Du reste, quand M. Victor Hugo m'aura trouvé une idée qui « dure depuis dix-huit siècles et qui a cent millions de fidèles, << alors je consentirai à reconnaître à cette idée-là les droits que « je réclame pour l'Église. (Rires approbatifs à droite.)

« Je termine en relevant un mot qui m'a été sensible, comme « à vous tous sans doute: on a dit que l'honneur de notre dra« peau avait été compromis dans l'expédition entreprise contre « Rome, pour détruire la république romaine et rétablir l'auto«rité du Pape. (A gauche: Oui! oui!)

« A ce reproche, tous, dans cette enceinte, doivent être sen<«<sibles et le repousser comme je viens le faire en ce moment. << Non, l'honneur de notre drapeau n'a pas été compromis; non, « jamais ce noble drapeau n'a ombragé de ses plis une plus

« noble entreprise. » (Réclamations à gauche.

ments à droite.)

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«L'histoire le dira. J'invoque avec confiance son témoignage

« et son jugement. »

A gauche : « Nous aussi. »>

M. DE MONTALEMBERT. « Vous aussi, soit! L'histoire, si je ne « me trompe, jettera un voile sur toutes ces ambiguïtės, sur « toutes ces tergiversations, sur toutes ces contestations que « vous avez signalées avec tant d'amertume et une sollicitude si << active, pour faire régner la désunion parmi nous (Très-bien!); «<elle jettera le voile sur tout cela, ou plutôt elle ne le signa«lera que pour constater la grandeur de l'entreprise par le « nombre et la nature des difficultés vaincues. » (Nouvelle approbation à droite.)

«Mais l'histoire dira que mille ans après Charlemagne et cin« quante ans après Napoléon; mille ans après que Charlemagne «eut conquis une gloire immortelle en rétablissant le pouvoir « pontifical, et cinquante ans après que Napoléon, au comble de « sa puissance et de son prestige, eut échoué en essayant de dé«faire l'œuvre de son immortel prédécesseur, l'histoire dira « que la France est restée fidèle à ses traditions et sourde à « d'odieuses provocations.

«Elle dira que 30,000 Français, commandés par le digne fils << d'un des géants de nos grandes gloires impériales (Vifs applau«dissements à droite), ont quitté les rivages de la patrie pour «aller rétablir à Rome, dans la personne du Pape, le droit, « l'équité, l'intérêt européen et français. » (Nouveaux applaudissements à droite. - Réclamations à gauche)

«Elle dira ce que Pie IX lui-même a dit dans sa lettre d'ac«tions de grâces au général Oudinot:

« Le triomphe des armes françaises a été remporté sur les << ennemis de la société humaine. » Oui, ce sera là l'arrêt de « l'histoire, et ce sera une des plus belles gloires de la France « et du XIXe siècle.

« Cette gloire, vous ne voudrez pas l'atténuer, la ternir,

« l'éclipser, en vous précipitant dans un tissu de contradictions, << de complications et d'inconséquences inextricables. Savez-vous

ce qui ternirait à jamais la gloire du drapeau français? Ce se«rait d'opposer ce drapeau à la croix, à la tiare qu'il vient de dé« livrer; ce serait de transformer les soldats français de pro«tecteurs du Pape en oppresseurs; ce serait d'échanger le rôle « et la gloire de Charlemagne contre une pitoyable contrefaçon <«< de Garibaldi.» (Vifs et longs applaudissements à droite.)

Ce discours, dit le Journal des Débats, fut suivi d'applaudissements tels qu'on ne se souvient point d'en avoir entendu de semblables dans les assemblées délibérantes 1.

IV

Il faut finir je ne finirai point toutefois sans l'ajouter, non pas seulement à l'honneur de M. de Montalembert, mais à la gloire de tous ceux qui alors prirent part avec

↑ Les journaux de toutes les nuances du parti de l'ordre furent unanimes :

Les Débats : « C'est M. de Montalembert qui a pris la tâche de rappeler M. Victor Hugo à l'intelligence pratique et positive des choses a de ce monde, et il l'a fait avec une vivacité, mais aussi avec une élo«quence, une sensibilité, une magnificence de langage qui ont produit l'impression la plus profonde sur l'Assemblée, et ont valu à « l'orateur un de ses plus beaux triomphes oratoires. L'effet a été irrésistible; car nous avons vu dans son discours des passages où la • Montagne, dominée elle-même et comme fascinée par le charme « du talent, oubliait quelquefois d'interrompre l'orateur, entendait « presque silencieuse la brûlante flétrissure qu'il imprimait à la démagogie socialiste, à tous les excès qui, depuis deux ans, ont désho« noré la liberté des factions en Europe, car elles seules ont été libres

lui à ces grandes et mémorables luttes, et firent entendre, dans nos deux assemblées nationales, de si belles, de si courageuses, de si éloquentes paroles. Si jamais discours ne furent plus applaudis, jamais aussi discours ne méritèrent plus de l'être. Jamais l'enthousiasme n'eut plus de raison jamais parole humaine ne fut plus grande. Certes, on le pouvait dire alors: honneur, honneur à la parole et à la puissance que Dieu lui donne quelquefois pour le triomphe du bien sur le mal, dans les luttes de la conscience contre les passions mauvaises ! Honneur aux hom

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« depuis le 24 février. C'èta. par accès seulement que ses fureurs se « réveillaient et éclataient en tempêtes, que toute l'énergie et toute la a présence d'esprit de M. Dupin, car il en a montré beaucoup dans « cette mémorable séance, ne sont parvenues que très-difficilement à « maitriser... »

L'Assemblée nationale: « C'est le privilége de la foi de vaincre « toutes les contradictions, toutes les résistances, toutes les colères. . M. de Montalembert est particulièrement antipathique à ces hommes « qui ne savent rien, qui ne croient à rien, et qui ne respectent rien. « Il les a contraints de l'entendre. Il leur a expliqué, dans un magnia fique langage, ce que c'est que la Papauté, quelles sont les nécesasités de son existence, et surtout quels sont ses bienfaits. Il a dit • à ceux qui inscrivent le nom de liberté sur tous les murs ce que « c'est que la liberté. Il en avait le droit plus que personne, car il « l'a aimée; il a fait plus, il a combattu toute sa vie pour elle. »

L'Opinion publique « M. de Montalembert, enfin, a prononcé au « milieu des interruptions violentes, passionnées, incessantes de la « Montagne, un des plus beaux, des plus raisonnables et des plus élo«quents discours que nous ayons entendus. Il a lavé, on peut le dire, « la tribune française des invectives sans justice, sans élévation, qui « venaient d'en descendre contre le pasteur universel des âmes. »

L'Union, le Pays, l'Univers et la Voix de la Vérité analysèrent avec la même admiration le discours de M. de Montalembert: « C'est l'un des chefs-d'œuvre de la parole humaine, dit l'Univers, l'une des ⚫ impérissables gloires de la tribune française. »

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