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CHAPITRE XVI

Le Piémont.

PREMIÈRE PÉRIODE: HOSTILITÉ CONTRE LE SAINT-SIÉGE;
CONTRE L'ÉGLISE; PERSECUTION RELIGIEUSE.

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Dans ce long travail, rien ne m'a tant coûté que ce que je vais faire.

Jusqu'à cette heure, j'avais été heureux, au milieu des amertumes d'une controverse douloureuse, de pouvoir rendre hommage, non-seulement à de grands principes, mais à de nobles caractères, à des hommes illustres, à de grandes choses faites avec grandeur.

Il pouvait encore y avoir de la sérénité et une certaine douceur dans cette lutte.

Mais il me faut maintenant descendre de ces hauteurs et suivre mes adversaires dans des voies sans élévation, sans dignité, et sans droiture.

J'ai maintenant à discuter des faits humiliants, à dévoiler des artifices, à révéler d'ambitieuses convoitises, à accuser des violences.

Dans la tritesse de cette tâche, je serai aussi court que possible, et me réduirai au rôle de simple et bref historien sans discours et sans phrases, je citerai les faits et

les dates; rien de plus, rien de moins; les actes et les paroles en un mot, je dirai la politique du ministère piémontais depuis dix ans ; ce qu'il a fait contre l'Église, contre Rome, contre la France, contre le droit catholique et européen.

On sera peut-être étonné qu'un évêque français, originaire de la Savoie, écrive ces pages sur le Piémont : j'ai cependant peut-être quelque droit de le faire, et peut-être aussi, le faisant, quelque devoir à remplir.

La France est ma patrie à bien des titres. Elle m'est profondément chère. Le Piémont n'a fait honneur ni à son alliance, ni à sa parole.

J'aime, je tiens en très-haute estime la Savoie le Piémont la trouble depuis dix ans, jusqu'à la détacher de cette noble et antique maison dont la Savoie fut le berceau, qui porte son nom, et qui a fait si longtemps sa gloire.

J'ai une seconde patrie, plus sainte encore, l'Eglise : le Piémont la désole.

Des hommes éminents le redisaient il y a peu de moments dans les pages qui précèdent : l'Italie est une terre sacrée sur laquelle chacun, après sa terre natale, vit le mieux par l'intelligence, par le cœur, par la foi, par toutes les sympathies. « L'Italie, disait elle-même la brochure Napo« léon III et l'Italie, représente dans l'histoire quelque chose « de plus grand que la nationalité : elle représente la « civilisation. C'est sur cette terre d'élite que sont nés les «< principes immortels et les glorieux exemples qui ont << formé des hommes et des peuples. »>

Eh bien! je suis profondément malheureux de voir que

les passions irréligieuses et anarchiques sont au moment de perdre de nouveau l'Italie.

:

Partout où la politique piémontaise a mis la main, je souffre; en Savoie, en France, en Italie, dans l'Église je souffre dans ma foi, dans ma conscience, dans ma sincérité. Je souffre dans tout ce que j'ai de plus délicat et de plus sacré au fond de l'âme.

Il y avait un Pape dont on pouvait dire : « Le patrio« tisme italien s'unit en lui à toutes les vertus chré<< tiennes; il était digne de régénérer l'Italie. Ce fut la «< première inspiration de son avénement. Son nom était « le symbole de la liberté et le gage de toutes les espé« rances 1. >>>

Eh bien! c'est contre ce Pape que la politique piémonlaise s'est déclarée, a conjuré, a tout fait.

C'était ce Pape cependant qui «< s'adressait à l'empereur d'Autriche, au moment où les Autrichiens soutenaient, «< contre les Lombards-Vénitiens, cette lutte douloureuse << pour le patriotisme du prince italien et pour le cœur du Pontife, et qui définissait en ces termes les devoirs et la « mission de l'Allemagne :

« Nous avons la confiance que la nation allemande, si géné<< reusement fière de sa propre nationalité, ne mettra pas son «honneur dans des tentatives sanglantes contre la nation italienne, mais qu'elle se croira plutôt intéressée à reconnaître noblement celle-ci pour sœur; toutes les deux nos filles, <toutes les deux si chères à notre cœur, consentant à habiter « chacune son territoire naturel, où elles vivront une vie hono<rable et bénie du Seigneur 2, »>

Eh bien! tout cela a été indignement retourné contre ce

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noble et doux Pontife; et tout l'avenir de l'Italie est à cette heure livré aux hasards de la tourmente révolutionnaire.

Que s'est-il donc rencontré là? Quel a été le mauvais génie du Piémont et de l'Italie ? Quel a été le véritable promoteur de cette suite déplorable d'entreprises contre la Religion, contre la justice, contre tous les sentiments dont un cœur chrétien s'honore? Quel est celui dont on a pu dire que, quand il disparaît de la scène, les honnêtes gens espèrent, les méchants sont consternés; et que, quand le flot révolutionnaire l'y reporte, les bons s'effrayent et les hommes d'anarchie triomphent?

Les faits répondront à ces questions: non pas des faits cachés et des documents inattendus, mais les documents et les faits que le grand jour de la publicité a éclairés, que tous les journaux de l'Europe ont enregistrés, et qu'on semble mettre aujourd'hui dans un oubli trop étrange: seuls toutefois ils découvrent, et dans une lumière irrécusable, la trame cachée d'un profond et inique dessein : et, pour me servir d'une parole autorisée, déjà ancienne, mais très-éclairée sur le fond des choses, seuls ils démontrent bien que tous les actes d'agression contre Pie IX sont, non le mouvement d'un peuple, mais l'œuvre d'une conjuration.

Pour tout ce que j'ai à dire ici, sur la politique du Piémont pendant ces douze dernières années, il y a trois périodes distinctes :

Dans la première, cette politique se cache, mais se prépare;

Message du prince Louis-Napoléon, en 1849.

Dans la deuxième, elle se démasque;

Dans la troisième, elle éclate.

Se trouvera-t-il un congrès européen, une Europe pour consacrer le dénoûment?...

Quoi qu'il en soit, j'aurai du moins, par ce simple et fidèle récit, défendu une cause sainte, innocente, et indignement opprimée; j'aurai montré aux plus aveugles si l'envahissement des États pontificaux par un ambitieux voisin date seulement de l'insurrection des Romagnes, et quels sont les vrais auteurs de cette insurrection; si on n'a pas tout fait pour soulever en Italie les passions irréligieuses et anarchiques, sous prétexte de les apaiser en les satisfaisant; si on n'a pas mis et maintenu, bon gré, mal gré, les États pontificaux dans la situation même qu'on leur reproche; si on n'y a pas empêché, par de continuelles agitations, les améliorations et les réformes qui étaient, qui sont encore dans la pensée et dans la volonté du Pape; en un mot, si on n'a pas tout entrepris, tout osé, pour faire de quelques mécontents une nation de rebelles, d'un peuple tranquille et heureux un peuple révolutionnaire. Je commence.

Encore un coup, c'est de l'histoire que je fais ici, et s'il ressort de cette histoire une accusation, ce n'est pas moi qui serai l'accusateur.

I

Loin de moi la pensée d'attaquer les institutions pié montaises, ni le mouvement régulier de la liberté chez un peuple, ni même la noble ambition d'un agrandissement légitime.

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