Sayfadaki görseller
PDF
ePub

révoltes futures; si c'est de réformes sages et fécondes qu'il est question, elles doivent profiter à tous les États romains on ne peut refuser à aucune province le bienfait des bonnes réformes, ni infliger à aucune le fléau des mauvaises.

Le Pape est-il capable d'accorder les réformes désirables, c'est-à-dire sans aller jusqu'à des concessions qui seraient l'abdication de son autorité suprême; peut-il, dans une mesure convenable, mettre son gouvernement en harmonie avec les besoins des temps nouveaux et les désirs légitimes des peuples? Voilà la vraie question. Si on la résout par la négative, sous prétexte des dogmes, il n'y a plus à parler de réformes: il faut détruire le pouvoir pontifical; si on la résout par l'affirmative au nom du bon sens et de la bonne foi, on pose bien la question des réformes ; mais on condamne du même coup l'insurrection des Romagnes et leur annexion au Piémont. Car, s'il est une chose évidente au monde, c'est que les révolutionnaires romagnols ne demandaient pas qu'on fit la Romagne libre, mais qu'on la fit piémontaise. Aussi ces généreux patriotes n'ont-ils rien trouvé de mieux que de la livrer à M. de Cavour.

Que dans les États du Pape il existe, comme en bien d'autres contrées, des questions pendantes, des œuvres inachevées, des progrès ralentis, nul ne le niera. Mais comment s'en étonner, et à qui s'en prendre? Pour moi, je m'en étonne d'autant moins qu'on n'a pas laissé à Pie IX, depuis dix ans, une heure de paix pour accomplir le bien qu'il méditait. Vous opposez sans pudeur et sans relâche le gouvernement laïque au gouvernement du prêtre; vous vous plaignez sans cesse des retards; mais qui donc, encore un coup, a tout retardé, si ce n'est

ceux qui ont égorgé le premier ministre laïque de Pie IX, sur le seuil même d'un palais parlementaire, dont les portes s'ouvraient avec tant de confiance pour toutes les réformes? Et vous ne permettez pas qu'au lendemain d'une telle épreuve des hommes d'État hésitent et qu'un souve

rain se recueille.

Mais en France même, dans le pays le plus puissant et le plus prospère, nul gouvernement, ni le premier Empire, ni la monarchie, ni la République, n'ont réalisé toutes les améliorations désirables pour le sort des peuples; et vous ne concevez pas que l'État de l'Église, si troublé par des événements étrangers à sa propre action, harcelé sans relâche, comme nous l'avons vu, par le Piémont et par les révolutionnaires, n'ait pu, au milieu de tant d'obstacles, réformer les imperfections présentes et opérer tous les progrès de l'avenir; et vous ne voulez lui laisser ni le temps, ni la tranquillité nécessaires pour accomplir son œuvre!

Mais laissons là ces raisons péremptoires; je suis, moi, comme le Pape, s'il m'est permis de le dire, non pour la séparation, non pour la révolution, mais pour les améliorations et les réformes: examinons donc quelles réformes vous demandez.

CHAPITRE XXVII

Des réformes demandées au gouvernement pontifical.

LA QUESTION DE FAIT.

On assure que nous sommes fort embarrassés par la question des réformes. Nos adversaires le sont bien plus que nous, quand on se retourne vers eux et qu'on leur demande nettement et sans phrases: Quelles réformes faudrait-il faire ?

Les uns parlent en général de liberté et d'émancipation. Un orateur anglais disait avec malignité, à propos de ce côté de la thèse : « Un souverain absolu explique en ce mo<<ment à un autre souverain absolu quelles libertés il con<< viendrait d'introduire dans des États dont ils ne sont pas «<les maîtres'. >>

D'autres adressent au gouvernement pontifical des reproches contradictoires. Si l'on pose à un journaliste de Paris cette question Que manque-t-il au gouvernement romain? il répond la liberté. Si l'on pose la même question à un habitant des États romains, il répond : la sécurité. Ce gouvernement est trop tyrannique, dit le premier. Ce gouvernement est trop débonnaire, dit l'autre.

[ocr errors]

Il s'agissait de l'article du traité de Zurich, par lequel l'Empereur des Français et l'Empereur d'Autriche se promettaient d'intervenir auprès du Souverain Pontife pour lui conseiller des réformes.

Qui faut-il croire? celui qui voit les choses de près, ou celui qui les imagine de loin? Sans perdre le temps à les mettre d'accord, essayons de dégager du torrent des déclamations deux ou trois points un peu nets. Tous les memorandum de la diplomatie, toutes les brochures de la polémique, tous les discours répètent, comme un mot d'ordre, les trois paroles écrites dans un document fameux, la lettre de 1849` au colonel Ney: sécularisation, Code Napoléon, gouvernement libéral.

Prenons ces questions comme on les pose, et examinonsles une à une.

I

LA SÉCULARISATION.

Quel est le sens précis de ce mot? Est-ce la séparation absolue du temporel et du spirituel, réunis à Rome sur la même tête; et veut-on que le Pontife ne soit plus prince? Mais alors qu'on ne parle plus de réformes: qu'on demande hautement la destruction du pouvoir pontifical.

Par la sécularisation entend-on la décentralisation administrative, en sorte que les laïcs, dans les communes et les provinces, puissent gérer eux-mêmes leurs intérêts locaux? Mais, sous ce rapport, les États romains sont plus décentralisés que la France: nulle part les libertés provinciales et communales ne sont plus anciennes et plus étendues.

Veut-on parler de l'administration des Romagnes par un vice-roi laïque? Mais pourquoi les Romagnes seulement? Peut-on avoir pour un pays deux lois; pour une nation, deux régimes; pour l'autorité, deux têtes? Cela serait ab surde partout; combien plus dans un petit État de trois

millions d'âmes!

.

Et quel aurait été le vice-roi des Romagnes? le roi de Piémont? Mais pouvait-on exiger que le Pape se livrât ainsi de lui-même à son ennemi déclaré ?

Ce qu'on voudrait, serait-ce d'éloigner absolument les hommes de l'Église du gouvernement temporel des États de l'Église? Mais par là on ne détruirait point un privilége clérical; on constituerait contre toute raison et toute justice un monopole séculier. « Il ne suffit pas, dit M. Saint-Marc << Giradin, d'être laïc pour avoir la capacité administrative; << il n'est pas établi non plus par l'expérience de l'histoire << que les prêtres sont incapables de gouverner. >>

Non, dit-on, c'est une large participation des laïcs à l'administration du pays que l'on réclame, et leur admission à toutes les fonctions publiques. Soit, mais si ce désir est légitime, il est grandement réalisé. Voyez les faits; voyez les chiffres notre ancien ambassadeur à Rome, M. de Reyneval, écrivait en 18561:

« Hors de Rome, c'est-à-dire dans toute l'étendue des États « pontificaux, à part la capitale, dans les Légations, les Marches, <«<l'Ombrie et toutes les provinces, au nombre de dix-huit, com« bien pense-t-on que la cour de Rome emploie d'ecclésiastiques? << Leur nombre ne dépasse pas 15, 1 par province, sauf trois où « l'on n'en compte pas un seul. Ils sont délégats, nous dirions « préfets. Près d'eux, conseils, tribunaux, employés de toute « sorte, sont laïcs. Le nombre de ces derniers s'élève à 2,313 « de l'ordre civil, 620 de l'ordre judiciaire, en tout 2,933, soit « un seul employé ecclésiastique sur 195 employés laïcs. Serait-il « possible à l'esprit le plus prévenu de taire un crime à un pou

Ce rapport a été publié diverses fois, et récemment dans le Recueil des traités et actes diplomatiques concernant l'Autriche et l'Italie, chez Amyot, 8, rue de la Paix, à Paris.

« ÖncekiDevam »