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s'attaque? Y a-t-il sur la terre un gouvernement contre lequel il soit permis de faire des complots, et auquel il soit interdit de se défendre?

Qu'a donc fait, non pas seulement l'Autriche en Hongrie, mais le Piémont contre les insurgés de Gênes; mais l'Angleterre aux îles Ioniennes, et chez elle-même, contre les chartistes ; mais la France républicaine, après le 15 mai, après les sanglantes journées de juin, en 1848; et la France impériale, après le 2 décembre? Ce qu'on trouve trèsnaturel ailleurs serait-il donc un crime à Rome? Cependant, en fait, rien de semblable n'a jamais eu lieu dans les États romains.

Mais c'est assez sur les lois et sur la justice: passons à un autre chef de réformes: le gouvernement libéral.

CHAPITRE XXVIII

Des réformes demandées au gouvernement pontifical.

QUESTION DE FAIT. SUITE DU MÊME SUJET.

Le Gouvernement libéral,

I

Les grandes puissances européennes ont, à diverses reprises, demandé au Pape, pour ses sujets, un gouvernement plus libéral. Que manque-t-il sous ce rapport au gouver

nement romain? est-ce la forme libérale? est-ce l'esprit libéral? Examinons successivement ces deux points.

1° La forme. Une forme libérale de gouvernement? mais qu'entendent par là les diverses puissances européennes? Attache-t on à ces paroles le même sens à Saint-Pétersbourg et à Paris, à Vienne et à Londres?

Mais par là, nous-mêmes, en France, qu'entendonsnous? Ces mots, à Paris, en 1830, en 1840, en 1850, en 1860, ont-ils eu toujours exactement le même sens? Sommes-nous à cet égard bien d'accord avec nous-mêmes? Et à laquelle de ces formes, si diversement et si inégalement libérales, Rome devra-t-elle se conformer? Non : il est évident que ceux qui pressent le plus le Pape sur ce point ne sont d'accord ni entre eux, ni toujours avec eux

mêmes.

Mais allons au fond.

Je le déclare hautement des institutions libres, des libertés municipales et provinciales, la liberté individuelle, l'égalité devant la loi, l'égale répartition des impôts et des charges publiques, le contrôle sérieux de l'emploi des finances, le plus large développement de l'industrie et du commerce, non moins que le progrès des lettres, des sciences et des arts; en un mot, la liberté et l'égalité civile et politique, et toutes les grandes choses qui résument ce qu'on appelle un gouvernement libéral et progressif, il n'est aucune syllabe de l'Évangile, aucune définition de l'Eglise qui les repousse tout le monde sait même que c'est l'Évangile et l'Église qui les ont données à la société européenne.

Je sais qu'on abuse étrangement de ces choses; mais de quoi n'abuse-t-on pas? Je sais que certains écrivains les voudraient pousser jusqu'à des excès inacceptables, et

certes, je n'entends pas me rendre solidaire de tout ce qu'on a abrité sous ces mots; mais enfin ils ne sont pas de vaines formules, et ils répondent à des idées que les catholiques sont aussi libres que le reste des hommes d'accepter et de pratiquer. La majorité des esprits, en Europe, estime ces idées salutaires, autant que vraies. Je tiens donc à le constater, nulle difficulté religieuse ici : la difficulté est toute politique. Quels sont les peuples capables de porter ces libertés, et dans quelle mesure, et avec quels tempéraments? Voilà uniquement ce que peut être ici la question.

Mais, je l'ajoute aussitôt, et certes avec grande raison, nous qui changeons de libéralisme tous les dix ans, au gré de chaque révolution, voudrions-nous imposer à Rome les diverses constitutions dont chaque émeute heureuse ou chaque coup d'État hardi nous gratifiera? La prétention serait prodigicuse.

Et s'il faut entrer dans quelques détails, la liberté de la presse, par exemple, sera-t-elle absolue et sans limites? Sera-ce la liberté, telle que l'avions en 1846, ou en 1849, ou celle que nous avons en 18601?

Sera-ce celle de la Russie, de l'Angleterre ou de la France?

Quant à la liberté de la tribune, sera-ce le régime parlementaire? Mais il n'existe plus chez nous !

Pie IX l'avait accordé dans une assez large mesure, ce

1 Quant à la liberté de la presse, on voudra bien du moins remarquer que, critiqué librement soir et matin dans tous les parlements et par tous les journaux qui existent, le Saint-Siége est assurément le gouvernement le plus contrôlé qui soit sur la terre. Si le roi de Danemark avait ainsi à ses trousses tous les avocats, les écrivains, les orateurs, les diplomates, et les divers procureurs généraux du genre humain, il ne se maintiendrait pas deux ans sur le trône.

régime qui l'a supprimé ? C'est la révolution. Et en 1849, quand nous ramenions le Pape à Rome, quand nous discutions les conditions de son retour, l'Europe assemblée à Gaëte a-t-elle demandé au Pape de rétablir ce régime parlementaire que Rome n'avait pas su conserver? Pas le moins du monde.

Mais Pie IX du moins rentra dans Rome avec un motu proprio qui a satisfait lord Palmerston lui-même ', en même temps que M. Thiers et la France républicaine; et si ce motu proprio ne relevait pas la tribune parlementaire, il contenait du moins, il faut l'avouer, d'assez larges et d'assez précieuses libertés :

Des libertés municipales ;

Des libertés provinciales ;

Des libertés même politiques, pour le règlement de l'impôt et des finances.

Oui, dans ce pays barbare qui ne ressemble en rien aux pays civilisés, comme le dit impudemment M. Pepoli, il y a toutes ces libertés l'Europe les a trouvées suffisantes, et le Pape, de même qu'il les avait librement et loyalement promises, les a fidèlement exécutées; en plusieurs points même il les a dépassées : il a fait plus qu'il n'avait dit.

On a répété que le motu proprio était lettre morte : à la place des déclamations, voulez-vous les faits? - Les voici :

L'organisation municipale a été l'objet d'une réforme complète.

Les habitants les plus imposés de la commune, auxquels sont adjoints ceux qui ont acquis des grades supérieurs

15 juillet 1856, discours à la Chambre des communes.

dans les diverses universités romaines, forment un corps électoral qui nomme directement les conseillers municipaux. Ceux-ci dressent à leur tour, par voie d'élection, une liste de candidats, parmi lesquels l'autorité gouvernementale choisit les membres du conseil provincial. Ces derniers désignent de la même manière, au choix du Saint-Père, les membres de la consulte d'État pour les finances.

Une grande latitude est laissée, tant aux conseils communaux qu'aux conseils provinciaux, pour se créer des ressources et en disposer. Ce ne sont pas les représentants du gouvernement qui administrent les fonds de la commune ou de la province : ce soin est laissé à une commission exécutive, élue par le conseil qu'elle représente, et qui reste en permanence pendant tout l'intervalle qui sépare une session de l'autre. Les délégats, ou préfets, n'ont qu'un pouvoir de surveillance, et ne prennent pas une part directe à la gestion des affaires communales ou provinciales.

Voilà les libertés municipales des États romains: quelles sont donc celles dont le Piémont prétendrait leur faire cadeau ? Nous-mêmes, en France, en avons-nous de plus larges? Nos libertés communales n'ont-elles pas, comme toutes les autres libertés, subi le contre-coup des révolutions? Le gouvernement ne s'est-il pas réservé et n'exercet-il pas la faculté de choisir les administrateurs de nos cités en dehors des conseils élus par les citoyens?

Combien de fois même, chez nous, les conseils élus ne sont-ils pas remplacés par des commissions gouvernementales? Nous en faisons ici l'observation sans reproche : nous savons tenir compte des nécessités du temps; mais il n'est pas inutile de constater que ce n'est pas dans les États du Pape seulement que l'esprit de révolution a retardé le développement des libertés publiques; et il nous semblerait

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