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Il faut que le Père commun puisse toujours élever des mains pures et pacifiques sur la montagne sainte, pour faire descendre l'esprit d'union et de concorde sur les princes et les peuples chrétiens.

La terre, dit saint Augustin, est quelquefois agitéc par les guerres comme la mer l'est par les tempêtes. Le genre humain a ses orages; le ciel se couvre tout paraît entraîné dans un tourbillon de guerre universelle qu'il y ait au moins un peuple qui échappe au redoutable tourbillon! une cité tranquille d'où la pacification puisse venir ! Si les guerres sont parfois inévitables et peuvent armer les mains les plus pures dans l'intérêt de la défense légitime, elles n'en sont pas moins, ajoute le saint docteur, un jeu sanglant des démons (ludi Dæmonum). La condition de ceux qui font la guerre est quelquefois nécessaire. Mais la condition de

1 « L'intérêt du genre humain, dit Voltaire, demande un frein qui «retienne les souverains et qui mette à couvert la vie des peuples : ce « frein de la religion aurait pu être, par une convention universelle,

dans les mains des Papes. Ces premiers Pontifes, en ne se mèlant « des querelles temporelles que pour les apaiser, en avertissant les «rois et les peuples de leurs devoirs, en reprenant leurs crimes, en « réservant les excommunications pour les grands attentats, auraient « toujours été regardés comme des images de Dieu sur la terre. » (Essai sur l'hist. gen., ch. Lx.)

« Je serais d'avis, dit Leibnitz, d'établir à Rome même un tribunal « (pour juger les différends entre les princes), et d'en faire le Pape « président, comme, en effet, il faisait autrefois figure de juge entre « les princes chrétiens. Voilà des projets qui réussiront aussi aisément « que celui de M. l'abbé de Saint-Pierre (le projet d'une paix perpétuelle << en Europe). Mais puisqu'il est permis de faire des romans, pour« quoi trouverions-nous mauvaise la fiction qui nous ramènerait le « siècle d'or. » (Deuxième lettre à M. Grimaret, OEuvres de Leibnitz, tome V, page 65.)

ceux à qui la guerre est épargnée et qui l'épargnent aux autres est sans contredit la plus heureuse.

Romains, entendez ces paroles ne vous plaignez pas du noble et glorieux privilége que vous donne le PontifeRoi, puisqu'il vous affranchit des tristes nécessités de la guerre, et vous assure cette neutralité pacifique, honorable et toujours indépendante, dont vous avez joui pendant les derniers siècles au milieu de l'Europe chrétienne, et dont il ne tient qu'à vous de jouir toujours.

Pour nous, c'est avec reconnaissance que nous nous associons au vœu naguère exprimé dans le sein de l'Assemblée nationale par un honorable représentant de la France, alors qu'il s'agissait de rétablir le Souverain Pontife dans l'intégrité de tous ses droits1 :

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Croyez-vous que l'État romain, ayant pour capitale la «ville éternelle, avec les intérêts catholiques qui s'y rat<< lachent, ne soit pas dans l'univers d'une tout autre importance que la Belgique? Pour moi, je suis con« vaincu qu'après les événements déplorables et criminels a qui viennent de s'accomplir en Italie, à Rome; je suis «< convaincu, dis-je, que ces intérêts vont commander « l'attention la plus profonde de toutes les puissances «< chrétiennes; je suis convaincu qu'il sortira de cet inté« rêt-là un bienfait que j'invoque de tous mes vœux. Oui, « les puissances chrétiennes feront pour les États ro<< mains ce qu'elles ont fait pour la Belgique : elles pro<«< clameront la neutralité perpétuelle des États du Saint« Père, et les placeront sous la sauvegarde de toute la «< chrétienté. Toutes les nations catholiques assureront au «< Saint-Père sa permanence perpétuelle dans les États

1 M. le baron Charles DuPIN.

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qu'il tient de la puissance française depuis dix siècles. « Voilà mes vœux, voilà mon espoir. J'ai la ferme «< croyance que les nations chrétiennes ne resteront pas << sourdes à ce vou, et qu'elles l'accompliront. » (Moniteur, 30 novembre.)

Nous dirons bientôt, en étudiant ce que serait Rome sans le Pape, par quels sérieux avantages les Romains peuvent compenser abondamment leur position politique exceptionnelle dans le monde.

CHAPITRE V

Origine et préparation providentielle de la souveraineté temporel!e du Saint-Siége.

Nous avons vu jusqu'ici le dessein, et, si j'ose le dire, la pensée de Dieu dans l'établissement de la puissance temporelle du Saint-Siége. La Providence a voulu, pour la sécurité de l'Église et pour la nôtre, que le Pape soit libre et indépendant, et qu'il le paraisse indépendant d'une indépendance souveraine, afin d'être toujours, dans l'exercice de son auguste ministère, libre au dedans comme au dehors. Tels sont les graves motifs, la haute raison, et comme le droit providentiel de cette souveraineté du Vicaire de Jésus-Christ.

Étudions maintenant le fait, pour mieux confirmer en

core le droit voyons historiquement par quelles voies s'est accomplie cette pensée, ce dessein de Dieu sur son Église. Voyons quels sont, dans l'histoire, les titres de ce Principat sacré, et s'il y a au monde, à l'heure qu'il est, s'il y eut jamais, dans la suite des siècles, un pouvoir dont les origines soient aussi pures et aussi nobles, un État, en un mot, fondé, à la face du soleil, sur des bases plus légitimes et sur des faits plus honorables.

I

Le grand génie de Bossuet en était frappé, en même temps que son grand cœur d'évêque en concevait une sainte fierté. Nous avons cité ses paroles. Un illustre publiciste de notre époque s'est exprimé de son côté, sur tout ceci, en des termes qui ne sont pas moins remarquables :

<< Il n'y a pas en Europe de souveraineté plus justifiable, « s'il est permis de s'exprimer ainsi, que celle des Souvea rains Pontifes. Elle est, comme la loi divine, justificata a in semetipsa.

<< Mais ce qu'il y a de véritablement étonnant, c'est de a voir les Papes devenir souverains sans s'en apercevoir, « et même, à parler exactement, malgré eux. Une loi in« visible élevait le siége de Rome, et l'on peut dire que « le Chef de l'Église universelle naquit souverain. De l'é<< chafaud des martyrs, il monta sur un trône qu'on n'aper«< cevait pas d'abord, mais qui se consolidait insensible« ment, comme toutes les grandes choses. >>

1 Le comte De MAISTRE.

En effet, aussi loin que l'on remonte à travers les siècles, on trouve dans la Papauté une sorte de magistrature temporelle, établie, reconnue, honorée, parmi les fidèles de Rome. La trace en est déjà sensible dans les annales de ces temps reculés, et pourrait être remarquée dans les Épîtres même de saint Paul. Cette magistrature siégea d'abord aux catacombes. Là, le Pontife et ses prêtres, selon la doctrine et les exhortations du grand apôtre, jugeaient les premiers fidèles; et l'autorité de cet auguste et pacifique arbitrage s'étendait à toutes leurs affaires, même séculières, à toutes les contestations qui pouvaient s'élever parmi eux et troubler la bonne harmonie des familles.

Rien n'était plus humble, plus caché, plus inaperçu, moins imposé par la force et plus volontairement accepté, que ce pouvoir; et toutefois Rome païenne s'en troublait. Le Pape portait sur son front le caractère d'un sacerdoce si éminent, comme dit Bossuet, que l'Empereur, qui avait parmi ses titres celui de Souverain Pontife, le souffrait dans Rome avec plus d'impatience qu'il ne souffrait dans les armées un César qui lui disputait l'empire.

Lorsque l'Église sortit des catacombes, cette magistrature, que le respect et la confiance des premiers chrétiens avaient consacrée, et que la nécessité des temps rendait de plus en plus nécessaire, resta debout, pour recevoir des princes et des peuples les accroissements successifs que les desseins de Dieu lui réservaient, et pour devenir, dans la suite des âges, cette souveraineté temporelle que nous voyons aujourd'hui, mais dont la Providence n'avait point encore prononcé le nom2.

1 Cor., I, ch. vI.

2 M. DE MAISTRE.

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