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AVERTISSEMENT

DE LA SECONDE ÉDITION.

La première édition de cet ouvrage a été très-rapidement épuisée.

que

Quelle soit la bienveillance du public pour l'auteur, il est manifeste que c'est à la nature même du sujet, à l'intérêt toujours présent et toujours croissant de la plus grave question contemporaine, qu'il faut attribuer un tel empressement pour un livre aussi étendu et aussi sérieux. Oui, la question romaine est et demeure, bon gré, mal gré, la grande préoccupation des âmes; et, à l'honneur de l'esprit public en France, on peut dire que rien jusqu'ici n'en a pu distraire. Voilà pourquoi, après la publi

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cation de tant de livres et de brochures de toute sorte, l'attention ne s'est pas trouvée fatiguée; et même, à l'heure qu'il est, les étranges, les lamentables événements qui s'accomplissent en Sicile et en Orient, loin de faire oublier Rome, y ramènent nos pensées avec plus d'anxiété. Là, chacun le sent, est le terme suprême de la lutte religieuse et morale qui agite le monde; parce que là se trouve et demeure le dépôt sacré des principes fondamentaux de l'ordre, et de ces immuables lois de la justice, dont l'oubli parmi les hommes produit et entretient les effroyables déchirements qui nous épouvantent. Là aussi, et là seulement, se trouvera, dans la simplicité et dans la force de la vérité et du droit, la solution des plus profondes difficultés sociales, et le secret de la paix européenne.

S'il faut maintenant redire encore quelques mots sur ce livre, écrit naguère à travers tant d'autres travaux, dans la mêlée, et sur la brèche même, je réduirai tout son mérite, s'il en a un, à l'effort consciencieux que j'ai fait pour traiter la question tout entière, pour réunir et accumuler toutes les raisons, tous les principes, toutes les preuves, tous les faits, et particulièrement les autorités, qui, de toutes les régions les plus élevées et les plus diverses du monde politique et religieux, concourent, avec une admirable unanimité, à soutenir la thèse que je défends. J'avais voulu élever un

rempart, on a bien voulu dire que j'avais construit un arsenal; je désirerais que le mot fût vrai; je serais heureux si j'avais réussi à mettre là comme en réserve tous les faits et tous les arguments de la cause, et si, en écrivant l'histoire exacte de la lutte présente, j'avais pu préparer des armes utiles pour la lutte future.

Cet ouvrage est donc à la fois un livre de circonstance, et un livre de fond. 11 renferme en effet trois parties distinctes:

La première, doctrinale, où j'ai exposé les vrais et intimes principes de la question, les raisons providentielles, et la nécessité religieuse et politique de la Souveraineté Pontificale;

La seconde, historique, dans laquelle j'ai cherché à confirmer les principes par les faits et par l'histoire de dix siècles;

La troisième enfin, polémique et actuelle, où je suis, dans toutes ses phases, la politique révolutionnaire contemporaine, et démontre, au double point de vue du droit catholique et européen, les funestes et dernières conséquences du démembrement des États du Pape.

Voilà en deux mots quel est ce livre. Au moment d'en donner au public une édition nouvelle, qu'ajouterai-je sur la situation présente? Rien: car, ainsi qu'on l'a dit, la parole est aujourd'hui aux événements. Ils parlent d'eux-mêmes assez haut et ne

confirment que trop mes arguments et mes prévisions. Hélas! ils m'apportent de plus en plus l'immense chagrin d'avoir raison: je n'y ajouterai done. rien, puisque chaque jour un chapitre nouveau s'ajoute de lui-même à mon livre, avec une logique pressée, impitoyable, désespérante, qui dépasse mon attente; et mon indignation même trouve à s'é

tonner.

Qui ne le sait, qui ne le voit? Depuis que ce livre a paru, l'horizon, déjà si menaçant, s'est chargé de nuages plus noirs encore; le mal s'aggrave chaque jour; chaque jour la confusion morale et sociale se fait plus profonde; les hommes, et les Princes euxmêmes, et les conseils des peuples, se parlent et ne s'entendent plus, et nous en sommes venus à redire la plainte de ce vieux Romain Jampridem vera rerum vocabula amisimus. Ces grands mots, la justice, la liberté, la religion, l'honneur, semblent n'avoir plus conservé chez certaines nations le sens qu'ils avaient autrefois dans la conscience universelle; et la conscience elle-même, en Europe, étouffée et comme frappée de stupeur, paraît n'avoir plus de voix.

Les paroles et les actes, tout est également inouï. L'Angleterre particulièrement, et le Piémont, semblent méconnaître à un tel degré les notions les mieux établies du bien et du mal, qu'on ne sait vraiment plus que penser et attendre.

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