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elle fit entrer non-seulement ses actions mauvaises, mais même ses pensées, ses paroles inutiles et tous ses mouvements déréglés du cœur. Elle mena ensuite une vie édifiante et austère, partageant ses biens avec les pauvres. Pleine de bonnes œuvres, elle mourut l'an 1077. Sa conversion est l'ouvrage de Pierre Damien qui nous donne ces détails. (Note du trad.)

CHAPITRE III.

Annon de Cologne se déclare pour Alexandre. — Concile d'Osbor. -Célèbre discussion entre l'avocat royal et le défenseur du saint Siége. Alexandre II reconnu pape. — Ambition d'Adalbert de Brême. Il cherche à supplanter l'archevêque de Cologne. —Abus de son gouvernement. — Pèlerinage et combat des chrétiens se rendant à Jérusalem. L'antipape Honorius pénètre dans Rome. Troubles de Florence. Lettre de Damien à Henri IV. - Voyage de Annon de Cologne à Rome. Mathilde de Toscane se dévoue à la défense du saint Siége. — Esprit de révolte dans le clergé, — Honorius se désiste de ses prétentions à la papauté. — Concile de Mantouc. Nouveaux troubles de Milan.Mort de saint Ariald. - Election d'Othon au siége de Milan. Mort de l'intrus Godefroi.

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Cependant l'archevêque Annon crut voir dans la lutte opiniâtre des deux papes une source de malheurs pour lui-même comme pour l'Etat. Voyant qu'Alexandre se maintiendrait plus facilement sur le trône pontifical qu'Honorius, il s'appliqua à détruire le pouvoir de ce dernier. Il résolut donc de réunir en concile les prélats allemands et italiens, et désigna Osbor1 comme lieu de réunion; il s'y rendit avec le roi, dans l'automne de 1062, et ouvrit le concile. L'assemblée

1 C'est ainsi que Pierre Damien appelle cet endroit. Baronius ignore s'il l'a bien écrit; quant à lui, il ne le connaît

devint remarquable par une lettre de Pierre Damien qu'on y lut, et qui renfermait une discussion entre un avocat du roi et un défenseur de l'Eglise romaine1. Comme cette discussion jette quelque jour sur ces temps, et qu'elle nous met sous les yeux le plan et les intentions de Hildebrand, on nous saura gré d'en rapporter quelques points principaux.

Le défenseur. Il s'agit d'une affaire qui, si elle est bien établie, fixe tout le reste2; mais qui aussi, si elle s'écroule, entraîne tout dans sa ruine, parce qu'elle est la base et l'appui de tout. Le roi ou l'empereur, ou bien un homme irréprochable de chaque ordre, fixaient, suivant leur volonté et leur pouvoir, les siéges des patriarcats, les limites des métropolitains, la juridiction des évêques, les dignités des églises, et de chaque ordre. Ils réglaient d'une manière constante l'étendue des prérogatives ecclésiastiques. Mais l'Eglise romaine

Baronius regarde bien cet écrit comme étant de Damien. « Ejusdem auctoris, dit-il, esse non dubitamus, nam ab ejus stylo non abhorret, imo magnopere congruit. » Pierre d'ailleurs n'était pas présent; il avait été envoyé par le pape comme légat dans les Gaules, et il fit parvenir cette lettre au concile. Il dit en commençant que tandis que la cour impériale soutenait un candidat, l'Église romaine avait placé un de ses prêtres sur le trône. Dans un pareil état de choses, il appartient aux hommes sages et prudents de décider dans un prochain concile: c'est pourquoi il veut, par sa lettre, fournir un modèle. »

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A savoir si l'Eglise seule, ou le roi, ou l'empereur, de concert avec elle, devait élire le pontife,

a été fondée et élevée sur le rocher de la foi, sans aucune volonté ni intention humaine, par cette unique parole qui a fait le ciel et la terre. C'est sur cette force qu'elle s'appuie. Il est certain que celui qui ôte à une Eglise quelconque ses droits est injuste, et que celui qui enlève à l'Eglise romaine la suprématie qu'elle a reçue du chef de toutes les Eglises, est hérétique.

L'avocat. Pour bien juger de cette affaire, je prétends qu'en nommant le pape, sans le consentement du roi, l'Eglise romaine a lésé les droits et déshonoré la majesté du souverain.

Le défenseur. Il faut d'abord voir si le pape peut être nommé sans le roi, avant de parler de droits lésés.

L'avocat. Il est clair que le pape doit être élu par ceux qui, suivant les saints canons, doivent lui obéir après son ordination; or le peuple romain et l'empereur, qui en est le chef, doivent lui obéir, comme à leur pontife souverain. Il s'agit donc de savoir si le peuple peut faire une élection sans son chef, s'il doit obéir à un pape que l'empereur n'a point élu. Il est donc prouvé que l'élection du pontife n'est point valide, si elle n'est confirmée par le roi des Romains.

Le défenseur s'efforça de prouver, par plusieurs exemples, que les princes temporels n'ont jamais exercé une grande influence sur les élections des ecclésiastiques. Il en conclut que, puisque la su

prématie religieuse et le chef de la religion chrétienne ont été établis par le Roi des cieux, le roi de la terre agit contre la justice en s'en mélant L'empereur n'a aucun pouvoir dans l'Eglise. Comment donc le pape ne pourrait-il être élu sans l'approbation de celui qui n'a aucun pouvoir dans l'Eglise? L'avocat admit cette proposition, mais il en avança une autre : On ne peut nier, dit-il, que Henri III, père de notre monarque actuel, a été fait patrice des Romains, et a reçu d'eux le premier rang dans l'élection du pape? De plus, le pape Nicolas a accordé au roi ce privilége qu'il tenait déjà de son père, et l'a confirmé par un décret synodal. Quoi! le roi aurait donc perdu cette prérogative qu'il tenait de la libéralité du saint Siége?

*

Le défenseur ne contesta pas la réalité du pri

* Le défenseur du saint Siége justifia la démarche des Romains par plusieurs raisons qui nous paraissent fort solides : 1° le roi était si jeune, qu'il n'était pas capable de faire un choix; le pape était même son tuteur; or, un mineur de six ans pouvait-il, avec quelque apparence de bon sens, prendre un parti dans des conjonctures aussi critiques, lui qui avait besoin d'être dirigé ? 2o Les Romains avaient même fait tout ce qui dépendait d'eux; ils s'étaient adressés aux conseillers du prince sans avoir pu se faire écouter. « Vous me forcez, dit le défenseur en répondant à >> son adversaire, à faire connaître en public ce que mon respect >> pour le palais impérial me portait à taire. Oui, vous, conseillers >> de la Cour du roi (rectores aulæ regiæ), de concert avec quel>>ques évêques allemands, vous avez conspiré contre l'Eglise >> romaine, vous avez convoqué un concile dans lequel vous » avez, avec une audace incroyable, porté un prétendu décret » (quasi per synodalem sententiam) qui condamnait tous les ac>> tes du pontife précédent; et, par là, vous avez follement dé>>truit ce même privilége dont vous nous parlez. Mais loin de

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