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vilége; mais il se jeta sur la minorité du roi. L'Eglise est sa mère, disait-il; et le roi, malgré les dispositions heureuses de son esprit, n'est encore qu'un enfant qui a besoin de tuteur: or, qui peut mieux

>> nous de vouloir punir des fautes d'autrui un prince innocent, >> ou de chercher à affaiblir, à cause des injustices d'un autre » homme, l'autorité que nous lui avons donnée. Vous dites que » trois mois se sont écoulés entre la mort du pape Nicolas et l'avé»> nement de son successeur; que nous aurions pu par conséquent >> informer la cour de cette élection; mais le cardinal Etienne n'a» t-il pas été envoyé au roi (ad aulam regiam) avec des lettres apo» stoliques, sans avoir pu obtenir audience des conseillers du sou» verain? Cet homme sage et patient a supporté cet affront, mais » il n'a pu remplir son mandat, et force lui a été de rapporter le » décret du conclave, sans qu'il eût été ouvert. » 3o Le défenseur dit ailleurs qu'on avait procédé immédiatement à l'élection d'Alexandre pour éviter les désordres affreux et les dissensions intestines auxquelles les élections précédentes avaient donné lieu. Or, quel avait été le but du décret de Nicolas II? uniquement de mettre un terme à ces scandales, d'assurer l'avenir de l'Eglise, en pro tégeant la nomination de son chef contre les intrigues et la simonie. « Novit beatitudo vestra, dilectissimi fratres, dit-il, defuncto >> piæ memoriæ domino Stephano prædecessore nostro, hæc apo» stolica sedes, cui auctore Deo deservio, quot adversa pertulerit, » quot denique per simoniacæ hæreseos trapezitas repetitis malleis >> crebrisque tunsionibus subjacuerit; adeo ut columna Dei viven>> tis jamjam penè videretur concussa nutare; et sagena summi » piscatoris, procellis intumescentibus, cogeretur in naufragii » profunda demergi! Undė, si placet paternitati vestræ, debe» mus, auxiliante Deo, futuris casibus prudenter occurrere, et » ecelesiastico statui ne recidiva (quod absit) mala prævaleant, » præcavere. » C'était donc pour le saint Siége une question d'existence même; les choses ne pouvaient rester comme elles étaient; et d'ailleurs cette mesure avait été reconnue par Henri le Noir. Remarquons enfin que le privilége accordé par les papes aux empereurs était personnel; ceux-ci devaient le demander au commencement de chaque année : « Sicut jam sibi et successoribus illius » qui ab apostolica sede personaliter hoc jus impetraverint.» Or, le donateur n'avait-il pas le droit de retrancher d'un privilége, de Pôter même au donataire, quand celui-ci en abusait? Tel est le langage du défenseur, tel nous paraît être aussi celui du sens commun. (Vid. Baron., ann. 1062, 1063, p. 257, 304, 309, 310.) (Audley.)

que l'Eglise se charger de cette tutelle et exercer ses droits? Comment pouvait-il choisir un pape? De même que sa mère naturelle veille à ses intérêts terrestres, de même sa mère spirituelle, ou l'Eglise, prend pour lui le soin des choses spirituelles.

L'avocat. Soutenez tout ce que vous voudrez, pourvu qu'il reste constant qu'il n'est pas permis de changer ce que le pape a confirmé et réglé par un décret.

Le défenseur. Est-il étonnant qu'un homme fragile change ce qu'il a établi, lorsque le Tout-Puissant, qui pénètre dans l'avenir, change souvent ce qu'il a arrêté? car il modifie quelquefois, et même anéantit ses promesses; il menace de ch⬠tier et ne châtie point; il annonce des bienfaits et ne les accorde pas.

A la demande de l'avocat, le défenseur prouva cette vérité par des exemples tirés de l'Ecriture. Il conclut son dialogue par cette pensée : « Nous, >> conseillers de la couronne, et serviteurs du saint Siége, nous faisons de communs efforts pour » l'union du sacerdoce et de l'Empire, afin que le » genre humain, gouverné par ces deux puis»sances, ne soit jamais divisé, qu'elles se sou» tiennent l'une l'autre comme les deux pôles du » monde, et que les peuples qui leur sont soumis > ne deviennent pas indociles par leurs divisions, » en sorte que, comme le médiateur entre Dieu » et l'homme a mystérieusement uni la royauté et

» le sacerdoce, les deux chefs soient unis par une » affection mutuelle, et que l'on trouve le roi dans

le pontife romain, et le pontife dans le roi, sauf » le droit du pape, que lui seul peut exercer'. Au

surplus, que le pape réprime les criminels par » la loi du prince, et que le roi ordonne, par ses ▸ évêques, ce qui concerne le salut des âmes, sui» vant les saints canons. Que le pape, comme le » père, ait la prééminence; que le roi, comme un fils unique, repose dans les bras de son affec» tion 2. »

Tout ceci se passait à Osbor le jour de la fête des apôtres saint Simon et saint Jude. Il y avait un an, à pareil jour, que Cadaloüs était élu pape, et, suivant une prophétie de Pierre Damien, il devait mourir au bout d'un an, c'est-à-dire, comme il l'explique lui-même, de mort morale, être déposé et condamné. Ce qui arriva en effet par une sentence unanime des évêques allemands et italiens réunis aux métropolitains. Pendant l'absence d'Annon et les voyages fréquents qu'il faisait en Italie pour mettre fin au schisme scandaleux qui désolait l'Église, Adalbert, archevêque de Brême, fut mis en

Ce passage me paraît singulier: « Salvo scilicet suo privilegio papæ, quod nemo præter eum usurpare permittitur.» Labbe, Concil., t. ix, p. 1172.

Il est fâcheux qu'on ait bientôt vu le contraire *. 'Non ego te fallo: cæpto morieris in anno.

4

Voy. là-dessus Muratori, Annal. d'Italie, t. vi, p. 354.

* Et par la faute de qui? (Audley.)

Allemagne à la tête des affaires. Comme cet homme a déjà joui, sous Henri III et Léon IX, d'une grande considération', et qu'il a influé si puissamment sur l'esprit de Henri IV, par son caractère, ses mœurs et sa conduite; comme il a présenté dans sa personne l'image vivante de la vie d'un grand nombre d'ecclésiastiques de cette époque, et que par ses idées et ses travaux il a contribué peut-être même à l'accomplissement des vues du pape et de Hildebrand, il n'est pas hors de propos de retracer ici en abrégé l'histoire de sa vie.

Son prédécesseur Bezelin, surnommé Alebrand, était un homme supérieur, très-digne de son rang, agréable à Dieu et aux hommes. Il avait gouverné pendant dix ans le diocèse qu'il tenait de Conrad, et personne n'eut jamais à se plaindre de lui. Il était regardé comme l'ornement du clergé, et le salut du peuple. Plus d'une action pieuse, plus d'un couvent restauré ou reconstruit, plus d'une église élevée perpétuait son souvenir, et après qu'il eut dédié avec larmes à Dieu et aux saints sa nouvelle basilique, il se reposa dans le sein de Dieu 2.

Adalbert avait reçu de Henri III le bâton pastoral et du pape Benoît le pallium archiepiscopal, par l'entremise des légats, comme on l'avait fait pour ses prédécesseurs. L'empereur, un grand nombre de princes et douze prélats assistèrent

Adam Brem., III, 31.

Adam Brem., Ecclesiast., 11.

à sa consécration à Aix-la-Chapelle, et comme tous lui avaient imposé les mains pour le bénir, il fit usage dans la suite de cette multitude de bénédictions contre les malédictions qu'il reçut, disant, avec souris, que celui qui était béni par tant de Péres ne pouvait être maudit de personne1. C'était un homme admirable et d'une trempe particulière. A des talents du premier ordre et à des vertus réelles, il unissait une naissance distinguée. Il avait en outre un extérieur gracieux, une figure imposante et bien conservée par la sobriété et la chasteté, vertus que personne ne pouvait lui contester. La fortune lui avait donné des richesses, de la puissance et de la gloire, en sorte qu'il pouvait passer pour un des hommes les plus heureux de son siècle. Du reste, il était sévère sur la discipline ecclésiastique; tout ce qui touchait à l'honneur du saint Siége, aux intérêts de l'Etat ou aux soins de son diocèse, faisait toujours le premier objet de son application 2.

Versé à la fois dans les sciences divines et humaines, son esprit montrait partout un discernement exquis et une grande souplesse. Ce qui est assez rare, ses études étaient favorisées par une mémoire heureuse et une élocution peu ordinaire. Il était à la fois généreux et avare, humble, indul

'Adam, II, c. 1.

* Adam, 111, 2. Halem, Geschichte des Herzogthums Oldenburg, 11. Buch, p. 132.

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