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Le roi avait donné des ordres pour que l'armée se trouvât réunie le jour de l'Octave de la Conception. Les Saxons voyaient bien à quoi ils devaient s'attendre. Les dangers dont ils étaient menacés, les injustices qu'ils avaient souffertes, jointes à des humiliations personnelles, leur inspirèrent à tous les mêmes sentiments. Aussi la même nuit qui suivit le jour de Goslar où ils avaient été si indignement joués, et qui devait commencer de si grandes calamités, les princes, avec d'autres personnes de confiance, se rassemblèrent secrètement dans une chapelle à Goslar. Là, à la lueur d'une lampe, ils s'entretinrent de l'outrage qu'ils venaient de recevoir, se rappelèrent tous les maux qui pesaient depuis si longtemps sur leur patrie et sur le peuple auquel ils appartenaient. Tous convinrent unanimement qu'il valait mieux mourir pour la défense de leurs droits et de leurs libertés, que de continuer à vivre dans un si cruel esclavage. Après qu'ils eurent indiqué l'endroit et le jour d'une assemblée générale, ils se séparèrent, et s'en retournèrent chacun chez eux'.

Peu de temps après, une grande multitude de peuple de tout âge se réunit à Nockmeslove2. On était étonné de voir une réunion aussi nom

cipibus, solos circa se Suevos assiduo habebat, ex his sibi auricularios a secretis, ex his tam familiarium quam publicorum negotiorum procuratores instituebat. Lamb.

1 Annal. Saxon., ibid.

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Bruno, ibid.

2 Bruno appelle ce lieu Nockmeslove; l'Annaliste saxon

breuse dans un endroit si petit; car bien des gens ne connaissaient pas le but de ce concours extraordinaire. Otton, duc de Bavière, monta sur une colline qui se trouvait au milieu des champs, imposa silence à la multitude, et parla ainsi': « Braves Saxons, il en est parmi vous qui » connaissent déjà le motif qui a porté vos prin» ces à vous réunir dans ce lieu; mais il faut » le faire connaître à tous, pour que personne ne >>> puisse s'excuser sur son ignorance, et que chacun » soit informé exactement du sujet de nos plaintes. » Le malheur, l'ignominie, l'oppression que nous » souffrons depuis longtemps individuellement, » sont venus à un point extrême et ne peuvent plus être supportés; mais les maux que le roi » veut faire peser sur la nation entière, si Dieu le » permet, sont bien plus grands encore. Vous » voyez les forts qu'on a élevés dans votre patrie, » vous connaissez les nombreux soldats qui les » gardent, et qui n'attendent que le moment de » vous surprendre. Non, ces forts n'ont pas été » construits contre les Barbares qui vous atta>>quent journellement, car ils se trouvent au cœur » du pays, où personne ne nous fait la guerre, et

Holcinesleve, et la Chronique de Magdebourg Nockmelslovo.

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' Comme jadis les généraux romains du haut d'une tribune rustique « E tribunali cespitio, viridi cespite exstructo. » Tacit., Annal., 1, 18.

» l'ennemi ne menace que nos frontières. En les » construisant avec tant de soin, le gouvernement » avait-il un autre but que celui de nous faire souffrir ce qu'un grand nombre de vous a déjà souf> fert, et ce que vous souffrirez tous si la miséricorde » de Dieu et notre courage n'y mettent obstacle? Ils > portent dans ces châteaux tout votre bien. Ils y en> traînent vos filles et vos femmes, ils s'emparent de > vos domestiques et de vos troupeaux au gré de » leurs désirs. Rien n'est à l'abri de leur brigandage. Ils vous forcent vous-mêmes à charger vos épaules d'un fardeau ignominieux. Mais tout » ce que vous avez déjà supporté n'est rien en com» paraison de ce que vous supporterez encore.

» Quand le roi aura couvert tout le pays de » châteaux, quand il y aura placé des hordes ar» mées et qu'il leur aura fourni tout ce qui est » nécessaire, il ne se contentera plus de vous ravir

individuellement votre bien, il vous prendra vos » possessions en masse1, les donnera à des nou» veaux venus, vous ôtera la liberté et vous rendra » esclaves de gens obscurs et inconnus. Car tout > ce qu'il fait tend à votre servitude. Comment! les

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Saxons, ce peuple si brave, si vaillant dans tous ⚫ les temps, le souffriront! Ne vaut-il pas mieux ➤ mourir en héros, que de traîner une vie misérable; que de servir de jouet à leur orgueil et de

Voy. le poëme sur la guerre de Saxe (dans Reuber, Veter. Script., t. 1).

T. I.

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perdre la vie dans l'ignominie? Le valet qui se > loue ne supporte pas l'injustice de ses maîtres, » et vous, qui êtes nés libres, vous accepterez l'esclavage avec indifférence? Peut-être hésitez» vous à rompre le serment prêté au roi, parce » que vous êtes chrétiens! Quoi! au roi! Tant qu'il » était roi pour moi, et qu'il se montrait tel, je lui » ai gardé la fidélité promise; depuis qu'il a cessé » d'être roi et qu'il ne se conduit plus comme tel, » je ne lui dois plus de fidélité Courage donc! nous » ne marchons pas contre le roi, non; mais contre » l'ennemi de notre liberté, contre l'ennemi de »> notre patrie; c'est pour la défense de la patrie et

de la liberté, qui ne se perd jamais qu'avec la vie, que je prends les armes, et que je vous exhorte à » faire de même; courage! levez-vous, transmet» tez à vos enfants l'héritage que vous avez reçu » de vos pères ! agissez, ne permettez pas que, par » votre lâcheté et par votre négligence, vos neveux » deviennent, comme vous, esclaves d'hommes per» vers et corrompus. Cependant, pour ne rien pré

cipiter, nous allons exposer les injustices que cha>> cun de nous a souffertes de la part de celui que nous » avons nourri depuis son enfance, et à qui, d'entre » tous les peuples, nous sommes restés constam » ment fidèles. Nous déciderons alors en commun ⚫ si nous devons supporter plus longtemps de sem. ⚫ blables injustices'.

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1 Voy. Chron. Magdeb., el Bruno, de Bello Saxon., p. 108.

Alors les princes et les évêques se levèrent tous et exposèrent chacun leurs griefs. Werner1, évêque de Magdebourg, accusait le roi d'avoir livré par deux fois au pillage sa ville épiscopale; Bur chard, évêque de Halberstadt 2, d'avoir enlevé à un noble seigneur des biens qui appartenaient à l'E glise. Otton parut aussi à son tour, se plaignant d'avoir été privé, sous prétexte d'un attentat, de ses états de Bavière, après une longue et légitime possession. Dedi exposa le ravage fait dans ses terres; le comte Hermann, le stratagème dont on s'était servi pour s'emparer de Lunebourg. Vint ensuite Frédéric, comte palatin de Saxe, accusant le roi de lui avoir fait enlever le fief de l'abbaye de Hersfeld3; Frédéric de Berge et Guillaume, surnommé le roi, se plaignaient également du prince; l'un, d'avoir voulu lui ôter sa liberté, l'autre, son patrimoine. Le malheur de ces derniers causa le plus d'émotion, parce que chacun y voyait le sort qu'il devait attendre. Enfin, tous se présentèrent; leur nombre était très-considérable '. Pleins de ressenLes Saxons disaient aussi : La liberté d'un pays ne se conserve que par le fer et l'acier.

But man and steel, the soldier and his sword! (Goldsmith.) 'Lambert l'appelle Wezel; l'Annaliste saxon, Werinherus; la Chron. Magdeb., Werner.

1 Homme d'une grande sainteté et qui exerçait une grande influence sur l'esprit des ecclésiastiques.

• Herolde felde.

• Bruno dit, p. 108: « Convenerat autem exercitus maximus. » L'Annal. saxon, 1973, et la Chron. de Magdebourg, p. 296, sont parfaitement d'accord avec lui sur ce point.

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