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timent, animés par l'amour de la liberté et de la justice, ils levèrent les mains et jurèrent tous les évêques qu'ils se serviraient de tout leur pouvoir pour soutenir l'indépendance de l'Eglise et de l'Etat; les seigneurs, qu'ils défendraient jusqu'à leur dernier soupir la liberté de leur patrie, et qu'ils verseraient leur sang pour assurer son indépendance'.

Parmi les ecclésiastiques qui prêtèrent le serment, figuraient Hecel, évêque de Hildesheim; Werner, évêque de Marsebourg 2; Eilberth de Minden; Immel de Paderborn; Frédéric de Mimigardenfurth, et Bennon de Meissen : parmi les laïcs, le margrave Udon; Adèle, la courageuse épouse du margrave Dedi; Ecbert, margrave de Thuringe, fils de celui qui avait retiré le roi des flots du Rhin: il était encore trop jeune pour porter les armes; enfin les comtes Otton, Henri et Conrad. Tous ceux-là et une foule innombrable d'autres jurèrent

! Annal. sax., ann. 1073.

• C'était un homme distingué de son temps qui, & suo tempore quasi sidus cœleste totam illustravit ecclesiam, vir excellen tis in Deum meriti, et sui vigilantissimus executor officii. » Il montrait un zèle ardent à convertir les païens au christianisme. Il n'avait aucune connaissance de la langue slavonne, et comme il désirait particulièrement communiquer la parole de Dieu aux Slaves, dont un grand nombre était encore attaché à l'idolâtrie, il fit composer en caractères latins quelques ouvrages dans leur langue, et ce qu'il ne comprenait pas, il s'efforçait de le faire comprendre aux autres par les intonations de sa voix : « Quod non intelligeret, verbis stridentibus intelligendum aliis infunderet. » Winnigstadii; Chron. Halberst,

de prendre la défense de la liberté, des lois et de la justice, et promirent leur active coopération'.

Après une démarche semblable, on peut bien penser qu'ils refusèrent de prendre part à l'expédition contre la Pologne. Le roi laissa échapper plus d'une parole menaçante, mais elles ne firent que raffermir les Saxons, et que conduire leur plan à maturité. Tout le peuple voyait avec une profonde douleur le sort malheureux du duc Magnus, dont le père, Ordulf, était mort en lui laissant de grands domaines, et dont la mère était une fille du roi de Danemark. Il était détenu depuis deux ans. Déjà plusieurs fois on avait demandé sa liberté avec les plus vives instances. Mais le roi ne voulait l'accorder qu'à condition qu'il renoncerait à son titre et lui donnerait tout son patrimoine pour prix de sa délivrance. Le duc n'y consentit pas, aimant mieux passer toute sa vie dans la misère et dans les tourments. Personne ne souffrait plus du sort de Magnus, et n'en concevait plus de chagrin, que le noble duc de Bavière, Otton. Il alla encore une fois trouver le roi, s'offrit à porter les fers à sa place, et lui dit : « Pre

nez et partagez à votre gré tous mes biens; mais >> rendez la liberté à mon ami, dont la loyauté pour » moi est devenue la cause de son malheur. » Le roi lui répliqua par ces paroles injurieuses, « que

'Lamb. en porte le nombre à plus de soixante mille. Lamb.Schafn., ann. 1073, et Lehmans Speyer., Chron., p. 376, donnent seulement le nom des principaux conspirateurs.

» lui et ses biens appartenaient depuis longtemps » au roi, et qu'il n'avait pas encore assez expié ses » crimes pour pouvoir offrir ses biens et sa per

» sonne. >>

Le duc fut indigné de cette réponse, et avec lui le peuple de tout âge et de toute condition. On courut aux armes. Les mots de droit et de liberté étaient dans toutes les bouches', on ne s'entretenait plus que de l'indigne conduite du roi. Car le peuple a une longue patience; il se soumet sans difficulté à celui qui commande, mais lorsqu'un roi passe les bornes de la justice, lorsqu'il foule aux pieds des droits sacrés qui sont écrits dans tous les cœurs, et que chaque individu se met à les expliquer selon sa fantaisie, sans en connaître le sens et sans s'en rapporter à des hommes plus éclairés, alors il n'y a plus de sûreté pour le trône*, surtout quand on reçoit injustice et oppression d'où l'on ne doit attendre que justice et qu'amour. Les trônes sont entre les mains du peuple et ne sont assurés qu'à ceux qui savent gagner les cœurs.

Henri s'était rendu odieux dans la Saxe et dans la

'Le poëme de la Guerre de Saxe fait ainsi parler le peuple au roi :

Corrige facta,

Leges redde tuis ablataque patria jura.

* M. Voigt avoue donc que le principe de l'interprétation individuelle en matière politique conduit à l'anarchie; mais ce principe produit le même effet en matière religieuse. Avec l'interprétation individuelle, plus de religion, comme il n'y a plus de gouvernement lorsque chacun est libre d'interpréter les lois à sa fantaisie. (Note du trad.)

Thuringe', et il ne s'était pas moins aliéné l'esprit de bien des gens en Allemagne. Cependant il n'était pas encore sans ressources; il avait pour lui tous les archevêques, les évêques, les abbés et les prélats de l'Empire. Liémar, archevêque de Brême3, Eppon, évêque de Ceits, Bennon d'Osnabruc, ne donnaient pas non plus dans les idées du peuple, ils quittèrent leurs villes et se mirent du côté du roi. Il avait aussi pour lui Rodolphe de Souabe et Godefroi, duc de Lorraine, l'époux de Mathilde de Toscane; Zwentibold, duc de Bohême. D'autres, tels que le duc de Carinthie, et Ernst, margrave de Bavière, lui promirent leur appui. Bien des 'Berthold. Constant., ann. 1073. « Tota Saxonia et Thuringia rebellant. »

Leymani Speyer. Chron., p. 376.

La position personnelle de ce prélat pouvait le décider à faire cause commune avec le roi, à raison de nombreuses avanies que son Eglise avait souffertes de la part de Magnus. Ordulf et son fils Magnus étaient extrêmement contents de voir Adalbert de Brême « ab ordine senatorum ejectum esse (Albert., Stadensis Chron., ann. 1067), et Adam de Brême (Hist, eccles., IV, p. 9) se plaint amèrement: « Cum tota ducis (Ordulfi) familias, pastorem et ecclesiam (Bremensem) populum et sanctuarium derisioni haberent, Magnus ante omnes sæviebat, glorians se tandem reservatum esse, qui rebellem domaret ecclesiam. Magnus ergo filius ducis collecta latronum multitudine non eo modo ecclesiam impugnare conatus est, quemadmodum parentes ejus, verum ipsum ecclesiæ pastorem persecutus.... aut membris truncare aut funditus interficere quærebat archiepiscopum. >> C'est sans doute pour cela que dans un acte (Lindenbrog., Script. septentr., p. 144), Henri dit de l'archevêque :«< Lateri nostro fidus et irremotus comes toto illo tempore adfuit. • Lehmann nomme les premiers, et Lambert les deux derniers.

villes naissantes se déclarèrent en sa faveur, espérant de trouver protection dans ses armes contre la violence des seigneurs. Si Henri, avec son esprit pénétrant, avait su réunir ses forces et les diriger vers un même but, il n'y a pas de doute qu'il n'eût promptement soumis la Saxe.

Henri se trouvait au mois d'août à Goslar; les Saxons envoyèrent trois de leurs principaux chefs! pour lui exposer leurs déclarations et leurs demandes. Meinfroi, l'un d'eux, déjà âgé, et qui avait blanchi sous les armes, parla avec une grande élé, vation « Très-noble roi, dit-il, et très-magna>> nime héritier de l'empire de votre aïeul et de vo » tre père ! le peuple de la Saxe, qui ne le cède » à aucun autre en valeur et en fidélité, vient >> vous demander de lui rendre les droits de ses » ancêtres et la liberté de son pays. Des étrangers >> et des misérables s'emparent par violence de » nos biens et enlèvent aux habitants du pays » leurs forêts, leurs pâturages et leurs troupeaux. » Si vous nous laissez vivre d'après les usages de » nos aïeux, alors, ni la Gaule, ni la Germanie » ne pourront offrir des sujets plus dévoués à votre » personne. Mais dispensez-nous de prendre part » à la guerre contre la Pologne; car, nuit et jour, » nous sommes obligés de tirer l'épée contre les

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Tous les deux appellent l'orateur Meginfried.

• Aventin et le poëme de Bello Saxon. sont d'accord.

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