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Pour ne pas offenser l'empereur ni aller contre le serment qu'il avait prêté, il lui proposa pour pape Gebhard, évêque d'Eichstadt, et se rendit à Mayence, où Henri avait convoqué un concile.

Hildebrand eut certainement une grande part dans l'élection du nouveau pape. Le désaccord même des écrivains sur ce sujet le prouve : car, selon quelques-uns 2, il le nomma tout seul; selon d'autres, ce fut de concert avec les évêques 3. Il est certain que Hildebrand a proposé Gebhard, homme d'une prudence consommée, conseiller estimé à la cour, et qui d'ailleurs ne paraissait pas avoir un grand désir de s'asseoir sur le trône pontifical'; aussi l'empereur présenta d'au

Hildebrand, dit : « Interim Hildeb., novus Proteus novis præsumens tergiversationibus, de Roma ad imperatorem, de imperatore ad Romam, absque consilio romanæ Eccle. siæ, discurrebat. » Cependant Platina et Fiorentini assurent que Hildebrand était parmi les légats. Le premier dit : « Gui (Hildebrandus) omnia ex sententia romani cleri imperatorisque perfecit. >>

1 Herrm. Corneri. Chron.

2 Hildebrandus Gebehardum Victoris nomen imponens, romanum papam cunctorum assensu constituit. Leo Ostiensis.-Une biographie de Victor, qui se trouve dans la collection de Mansi, dit : « Jussu cleri romani per Hildebrandum Ecclesiæ romanæ subdiaconum ab imperatore postulatus. >>

Herrman, Contr., ann. 1054.

* Quelques auteurs disent : « Ab Hildebrando invitus in pontificem electus; » suivant Léon d'Ostie, « propter quod utique post modum dictus est monachos non amasse. »

tres noms. Hildebrand persista dans son choix'; Henri, de concert avec le clergé, l'approuva, espérant influer par là plus efficacement sur les affaires de l'Italie. Bientôt Gebhard se mit en route pour Rome avec les légats. Sa réception dans la ville éternelle fut brillante; mais il fut de nouveau élu et confirmé par le peuple et le clergé, et cela, sans aucun doute, à l'instigation de Hildebrand. Le nouveau pontife prit le nom de Victor II. Dans tout cela on voit que le cardinal sous-diacre travaillait sans relâche à faire regarder la nomination impériale comme une pure formalité, et le choix du clergé et du peuple comme l'acte constitutif de la véritable élection, soutenant déjà de fait ce que plus tard sa bouche devait proclamer.

Peu de temps après, le nouveau pontife envoya Hildebrand en France pour déraciner la simonie, qui y étendait de plus en plus ses ravages 2. Le légat se hâta d'assembler un concile. Il s'y trouvait un archevêque, homme savant d'ailleurs, auquel on reprochait ce crime, mais qui,

1 Ce ne fut certainement pas autant par égard pour la personne que pour la forme dans laquelle on le demanda à l'empereur. Car si Benzo, sans doute mauvais critique, dit vrai, Hildebrand ne fut jamais en bonne intelligence avec Victor. Voy. Benzo, in Paneg. Henr., vII, 2.

2 Il est probable que ce fut en l'année 1055. Voy. Victor, Dialog. 1, p. 896, et Petrus Damian., Epist. 1, 9. Il devait aussi amener Bérenger à rétracter ses doctrines hérétiques.

en donnant l'or, s'était fait des amis de ses accusateurs. Le lendemain de l'ouverture du synode, le prélat se présenta hardiment devant les Pères réunis et dit : « Où sont ceux qui m'ac> cusent? Qu'il se présente, celui qui veut me >> condamner! » Tous se taisaient, lorsque Hildebrand se tournant vers lui: « Crois-tu, lui dit-il, » que le Saint-Esprit soit de la même substance » que le Père et le Fils? Je le crois. - Eh bien! » prononce ces mots : Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit,» reprit le légat. Mais le prélat neput jamais dire au Saint-Esprit, quoiqu'il l'essayât à diverses reprises. Un pareil événement fut regardé comme un jugement du ciel : le criminel se jeta aux pieds du sous-diacre, se reconnut coupable de simonie, et on le déposa de ses dignités ecclésiastiques'. Après cette démarche il prononça sans difficulté les mots qu'on lui avait indiqués. L'impression fut si profonde, que vingt-sept autres dignitaires de l'Eglise, outre quarante-cinq évêques, confessèrent le même crime, et se démirent de leurs fonctions, sans qu'on eût besoin de les poursuivre 2.

Dans la même année (1055), le cardinal réunit encore un synode à Tours, où Bérenger, après

1 Suivant Pierre Damien, il en avait déjà déposé six. 2 Tel est le récit de Paul Bernried, de Desiderius, abbé du Mont-Cassin, de Willielm. Malmesbur., Pierre Damien et Baronius.

avoir anathématisé et abjuré ses erreurs, fit une profession de foi catholique 1. Si par là Hildebrand ne gagna rien pour l'exécution de son grand projet, il fit néanmoins un second pas bien important vers son but.

En effet, Ferdinand le Grand, roi de Castille et de Léon, fils de Sanchez le Grand, avait refusé l'hommage qu'il devait à Henri, et avait été même jusqu'à usurper le titre d'empereur. Celui-ci dénonça le coupable par les députés qu'il avait envoyés au synode2.

Hildebrand avait réussi sans peine à persuader l'empereur que sa dignité, la première de la chrétienté, était compromise par cette usurpation, et de plus, qu'il serait plus facile de faire rentrer Ferdinand dans les bornes de son devoir par la persuasion de l'Eglise, que par la guerre, toujours bien coûteuse. Henri demanda donc au concile que si le roi de Castille ne renonçait pas à son titre,

1 C'est ainsi qu'en parle Guitmand, évêque d'Aversa, et contemporain dont Coletus cite les paroles, si toutefois ce synode n'est pas le même que le précédent. Tout ceci est incertain.

2 Mariana, dans son Histoire d'Espagne, 1. ix, c. v, représente Hildebrand comme un homme «< cujus magna erat opinio probitatis et ingenii dexteritate ad versandos hominum animos valebat maxime; » et ensuite indique en ces termes le point principal de la plainte : « Regem Ferdinandum contra majorum morem et legum præscripta facere, qui se imperii romani jure exemptum ferret, et incredibili arrogantia ac levitate in ipsum imperii nomen invaderet.

l'Eglise l'excommuniât et mit son royaume en interdit'. Les Pères, avec l'autorisation du pape, reconnurent la justice de la cause de l'empereur, et députèrent vers Ferdinand des légats pour lui faire des menaces, et en même temps pour lui signifier qu'il devait, d'après la décision du saint Père et du concile, donner satisfaction et renoncer à son titre usurpé; qu'autrement les peines les plus sévères de l'Eglise pèseraient sur lui et sur l'Espagne. Le roi assembla sur-le-champ les évêques et les grands de l'Etat, pour les consulter sur la réponse qu'il devait donner. La majorité déclarant qu'il fallait obéir au saint Siége, Ferdinand annonça aux légats qu'il était prêt à accomplir ce qu'ordonnait la cour de Rome 2

Par cet acte, Henri III reconnaissait, ou du moins laissait mettre en principe que le pape seul pouvait faire un empereur, lui accorder ou lui enlever ce titre. Si les conséquences de ce principe ne se manifestèrent pas encore d'une manière visible, la cause en résidait dans les événements qui vont suivre.

Henri craignait tellement la puissance et l'influence de Godefroi sur les affaires d'Italie,

1 L'empereur regardait lui-même ce commencement comme très-fâcheux pour l'Église. Voy. les lettres de l'empereur au synode, dans Mariana.

2 Voy. surtout Mariana et Baronius, ann. 1055.

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