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beaucoup plus aimé et vénéré au dehors qu'au dedans de la ville. Quand on eut appris dans la campagne la manière dont le prélat avait été traité, il y eut un mécontentement général; on vantait ses vertus, ses services, et on rougissait de l'infâme conduite des habitants de Cologne. Un pareil avilissement de la dignité sacerdotale était regardé comme un crime qui demandait vengeance au Ciel. L'indignation était au comble; on se réunit, on prit les armes de quatre à cinq milles à la ronde, le peuple se leva en masse pour venger l'injure faite à son pasteur. L'archevêque se vit donc à la tête de nombreuses troupes disposées à tout entreprendre pour soumettre la ville. Le fer et le feu devaient être leurs moyens, si toutefois les habitants de Cologne ne se soumettaient pas volontairement. Le quatrième jour après sa fuite, Annon s'approcha de la ville avec ses troupes. Les bourgeois furent effrayés à la vue de cette multitude de gens armés, contre lesquels ni leurs forts ni leurs remparts ne pouvaient les garantir; ils envoyèrent donc des députés au prélat pour reconnaître leur faute et pour lui dire qu'ils étaient prêts à se soumettre à toute pénitence qu'il leur imposerait. Le prélat se laissa toucher; mais il excommunia ceux qui avaient pris part aux profanations des choses saintes, et les exhorta à la pénitence. Alors les habitants sortirent de la ville, allèrent au-devant de l'archevêque pieds nus et en habits de lin; on avait de la

il y

peine à les défendre contre la fureur du peuple de la campagne, qui était fort mécontent de l'indulgence du pasteur. C'est pourquoi celui-ci ne voulait pas entrer dans la ville, avant qu'il eût congédié cette foule indisciplinée dont il redoutait les excès; fit entrer seulement ses soldats. Dans cette nuit, six cents des plus riches négociants s'enfuirent de Cologne et allèrent implorer la protection du roi'. Le lendemain, l'archevêque fit son entrée dans la ville, et attendit pendant trois jours ceux qui devaient faire pénitence. Le quatrième jour, les troupes archiepiscopales (on dit que ce fut à l'insu de leur maître) pénétrèrent dans les maisons pour les piller; ils y exercèrent toute leur fureur et enchaînèrent un grand nombre de citoyens. L'auteur de la sédition et plusieurs autres de ses compagnons eurent les yeux crevés. D'autres furent frappés de verges; tous furent condamnés à une amende exorbitante, et forcés ensuite à s'engager par serment à défendre l'archevêque contre tous ses ennemis, et à regarder comme tels ceux qui s'étaient sauvés de la ville. On rapporte que pendant longtemps on vit régner dans cette

Voy. sur le commerce de Cologne l'Histoire du commerce allem., par Fischer, 1er vol., p. 539. A Pâques, il venait à Cologne, des bords du Rhin et des villes maritimes, une foule innombrable de monde pour assister aux offices divins : « Plateæ vix capiebant stipata viantium examina. >>

cité, autrefois si populeuse et si florissante, la solitude, l'horreur et le silence'.

Cependant Grégoire ouvrit à Rome son premier concile, dont les délibérations étaient de la plus haute importance. Il avait pris toutes ses mesures contre l'orage, il s'était armé pour le combat. Après avoir longtemps médité et mûrement réfléchi, il se mit à l'œuvre, et montra enfin dans l'exécution de son plan une sagesse et une prévoyance dignes d'éloges et d'admiration. Il avait bien choisi son temps pour découvrir ses projets au monde, et il n'avait pas moins bien choisi la partie de sa grande pensée qu'il voulait mettre au jour par le moyen du synode. Grégoire y avait invité les évêques de la Lombardie par une lettre spéciale 2. Les évêques arrivèrent de toutes les parties de l'Italie; car le pontife avait annoncé ce synode comme devant être général, conformément aux

1

<< Ita civitás paulo ante civibus frequentissima, et post Moguntiam caput et princeps Gallicarum urbium, subito pene redacta est in solitudinem. » Lamb.

* Epist., 1, 42, 43. Il s'y plaint de l'horrible situation du clergé : « Sacerdotes et qui regimen Ecclesiæ accepisse videntur, legem Dei fere peuitus postponentes et officii sui debitum Deo et commissis sibi ovibus subtrahentes, per ecclesiasticas dignitates ad mundanam tantum nituntur gloriam et quæ speciali dispensationi multorum utilitatibus et saluti proficere debuissent, ea aut negligunt, aut infeliciter in pompa superbiæ et superfluis sumptibus con

sumunt. >>

* Il ne s'agit pas cependant ici d'un concile œcuménique, mais d'une réunion de tous les évêques de l'Italie; les ca

anciens canons qui prescrivaient d'en tenir un tous les ans pour l'honneur et l'intérêt de l'Eglise. La comtesse Mathilde, le margrave Azzo, Gifulf, prince de Salerne et d'autres y arrivèrent également'. Quatre canons furent rédigés contre la simonie et l'incontinence des clercs, vices combattus depuis si longtemps 2.

I. Qu'aucun clerc n'obtienne une dignité ou un emploi ecclésiastique par voie de simonie, c'est-àdire par le moyen de l'argent.

II. Que personne ne conserve une église acquise avec de l'argent; que personne ne se permette d'acheter ou de vendre les droits d'une église. L'Ecriture sainte, les décrets des conciles et les sentences des Pères condamnent les vendeurs et les acheteurs de dignités ecclésiastiques *; les entremetteurs de ce commerce ne peuvent pas même éviter l'anathème.

III. Que toute fonction de l'autel soit interdite aux clercs incontinents; qu'aucun prêtre n'épouse une femme, et s'il en a une, qu'il la renvoie sous peine de déposition; que personne ne soit élevé au sacerdoce sans avoir promis solennellement

nons des pontifes voulaient qu'elle eût lieu tous les ans, et on lui donnait le nom de concile général, pour le distinguer des synodes diocésains. (Audley.)

'Cardin. Aragon.

2 Les canons de ce concile se trouvent dans Coleti, Coll. sacros. Conc., t. xii, p. 547-580, ou dans Mansi, Coll. Conc., t. xx, p. 402 et seq.

Voy. Capitul. vII, VIII, IX, X.

qu'il gardera la continence perpétuelle. Tel est le décret des plus saints et des plus anciens conciles 1.

IV. Que le peuple n'assiste pas aux offices d'un clerc qu'il voit fouler aux pieds les décrets apostoliques. Tel est le décret de tous les conciles *.

On ajouta à ces canons une apologétique qui est comme une pièce de conviction nécessaire à l'époque où l'on vivait **. « Tout ce qui est arrêté ici, » y est-il dit, est conforme à la décision des saints

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Pères; ceux donc qui méprisent ces canons méprisent les Pères mêmes. Le pape peut con

Voy., ., cap. xi., les décrets des conciles et des papes. Aux chap. XII, XIII, on trouve rassemblé tout ce que dit l'Ecriture sur ce sujet.

* Ce fut dans ce synode que Guillaume, évêque de Beauvais, offrit un bel exemple de générosité chrétienne. Il avait été cruellement persécuté par ses diocésains, tant clercs que laïques, et le pape les avait excommuniés. Le prélat écrivit au pape en le priant de lever l'excommunication. La lettre était tellement édifiante, qu'elle fut lue au concile, et le pape s'empressa de lever les censures par une lettre adressée aux habitants de Beauvais. Epist., 1, 74. (Note du trad.)

** Cette apologétique, qui fut adressée à tous les évêques, est un véritable chef-d'œuvre de sagesse et d'érudition; on voit que Grégoire ne se contentait pas d'ordonner, il voulait convaincre l'esprit et entraîner le cœur. On ne sait pas précisément quel en est l'auteur; mais quand on en compare le style avec celui des lettres de Grégoire, on ne peut guère douter qu'elle n'ait été écrite sous sa dictée ou sous sa direction. Nous regrettons de ne pouvoir pas reproduire ici cette belle défense; le lecteur trouvera dans notre ouvrage sur le Célibat ecclésiastique la partie qui est relative à la continence des clercs. (Note du trad.)

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