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thold, de Carinthie, dont il connaissait l'influence dans les affaires du royaume, et sur lesquels il comptait beaucoup. Il les exhorta aussi d'une manière presante à déraciner le mal qui entraînait le monde dans sa ruine, à se servir de tous les moyens, même de la force, pour extirper la simonie et l'incontinence des clercs, à en parler à la cour et en tout autre lieu, et principalement dans les assemblées publiques; et, si on leur disait que cette affaire ne les regardait pas, à répondre « que rien de tout » ce qui concerne le bien du peuple ne leur était » indifférent, que les mécontents n'ont qu'à aller » à Rome pour discuter avec le pape sur ce sujet*. » Tout concourt à prouver que le pape avait en Rodolphe la plus intime confiance.

Ainsi Grégoire avait mis par son concile la plus grande partie du monde en mouvement, il avait touché à tous les ressorts; mais il s'était créé aussi par là même une foule d'ennemis irréconciliables. La situation des évêques, des prêtres, des diacres et de tous les ecclésiastiques, était changée, ou devait l'être. Tous les liens qui attachent si fortement l'homme à la femme allaient être brisés; tout ce qu'il y a d'amour entre le père et l'enfant devait être rompu; ce que le monde avait prôné comme beau devait être foulé aux pieds

* Hoc illis respondete : ut vestram et populi salutem non impedientes de injuncta vobis obedientia ad nos nobiscum disputaturi veniant. Epist., 11, 45. (Note du trad.)

et abandonné. On devait sacrifier tout cela pour la foi, dont la conviction n'était pas dans tous les cœurs, et dont la vérité trouvait tant d'ennemis. Parmi ces ennemis se trouvaient des hommes qui avaient été jusqu'à présent puissants dans les affaires d'Allemagne. Tels étaient les évêques de Strasbourg, de Spire, de Bamberg, d'Augsbourg, de Wirtzbourg, de Constance : l'archevêque de Mayence penchait tant soit peu de leur côté.

Grégoire résolut donc de soumettre par la crainte ceux qu'il ne pourrait vaincre par ses conseils. Robert Guiscard, duc de Normandie, enorgueilli par le succès de ses armes, n'avait pas voulu prêter au pape le serment de fidélité, que lui avaient prêté les autres princes de l'Italie'. Grégoire, dans son concile à Rome, lança contre lui une sentence d'excommunication 2.

Grégoire crut aussi devoir traiter avec plus de

1 Voilà ce qui est le plus vraisemblable. Léon d'Ostie (1. m, c. 44) prétend, il est vrai, qu'à la nouvelle de la conquête de la Campanie, Grégoire l'exclut de la communion de l'Eglise ainsi que Gifulf, prince de Salerne, avec tous ses vassaux, et qu'il résolut de les attaquer avec une armée. Mais plusieurs lettres de Grégoire prouvent que la raison véritable fut leur obstination à refuser le serment. Vid. Epist., 1, 25: « Nimis obstinate perseverant; 46: Normanni qui nobis rebelles sunt. » Et dans une lettre à Béatrix et à Mathilde (1, 4), il dit : Robert s'est corrigé, « et tantæ fidelitatis securitatem in suis manibus dare optatur, ut nemo unquam firmiori obligatione se cuilibet domino debeat vel possit astringere. »

2 Voy. les canons dans la collection de Mansi, t. xx.

rigueur le roi de France*. Il voulait lui montrer, à lui et à tout l'univers, quelle est la puissance de celui qui est le chef de la chrétienté, et qui a le pouvoir de lier et de délier ce qui sera lié et délié dans le ciel. Grégoire avait adressé les canons du concile aux évêques, aux abbés et à tout le clergé de France, et avait vivement pressé, comme partout ailleurs, leur exécution; mais il rencontra une vive résistance: car on s'était réuni à Paris dans un synode, non pour délibérer, mais pour prendre ensemble la résolution de rejeter les décrets de Grégoire, qu'on regardait comme intolérables et comme contraires à la raison'. Mais quel

* Grégoire avait déjà donné quelques avertissements au roi de France. Celui-ci lui envoya une ambassade pour l'assurer de son obéissance et du respect avec lequel il recevrait ses avis sur tout ce qui concerne la religion. Le pape lui répondit que, s'il parlait sincèrement, il aurait lieu de s'en réjouir, et lui recommanda de réparer les torts qu'il avait faits à l'église de Beauvais. «< Vous devez considérer, lui dit-il, quelle gloire se sont acquise vos prédécesseurs, et combien ils ont été chers au saint Siége tant qu'ils se sont appliqués à protéger et à défendre les églises de leurs Etats. Mais quand ce zèle a commencé à se ralentir sous les rois suivants, la gloire et la splendeur du royaume de France ont été éclipsées par les désordres et les vices qui ont pris la place des vertus, et qui ont mis un Etat si noble et si florissant sur le penchant de sa ruine. C'est ce que le devoir de notre dignité nous oblige de vous représenter souvent, et, s'il le faut, en termes un peu durs.» (Epist., 1, 75.) La lettre est du mois d'avril 1074. (Note du trad.) « ' Importabilia ejus esse præcepta, ideoque irrationabilia.» Mansi, Coll. conc., t. XX.

T. I.

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qu'un s'éleva dans cette nombreuse assemblée, et dit qu'on ne devait pas traiter de folie les » ordres de son chef; parce que, si l'on était inno» cent d'ailleurs, on deviendrait coupable par >> cette orgueilleuse prétention. » Ces paroles excitèrent des troubles dans le synode, on jeta de grands cris, on chassa l'orateur de la salle, et on le traita de la manière la plus ignominieuse, en lui crachant à la figure, en le souffletant et en l'entraînant jusqu'au palais du roi1. Mais il resta impassible au milieu de ces indignes traitements; il souffrit même, sans murmurer, qu'on le mît en prison, d'où il fut tiré par quelques seigneurs qui lui étaient attachés.

Grégoire, ayant appris cette nouvelle, résolut d'employer toute la rigueur de son autorité apostolique. Il s'adressa aux évêques et écrivit une lettre forte, dure et menaçante, aux archevêques Manassés de Reims, Richer de Sens, Richard de Bourges, à Adralde, évêque de Chartres, et à tous les autres prélats du royaume2.

« Il y a longtemps, dit-il, que le royaume de » France, autrefois si glorieux et si puissant, a » commencé à déchoir de sa splendeur, et à rem>> placer les insignes de la vertu par ceux de la corruption. Mais aujourd'hui il paraît avoir perdu

>>

1

Il est dit : « Ipsum de concilio rapiunt, trahunt, impingunt, colaphizant conspuunt, multisque contumeliis affectum ad domum regis perducunt. »

2 Epist., 11, 5.

> toute sa gloire et toute sa beauté, puisque les lois » y sont méprisées, la justice foulée aux pieds, et » qu'on y commet les crimes les plus honteux, les plus cruels et les plus déplorables, avec tant d'impunité que la licence semble être passée en droit. Il y a quelques années que les citoyens › prenaient les armes les uns contre les autres, et » vengeaient, comme usant du droit des gens, leurs » propres injures qui n'étaient plus arrêtées ni » punies par aucune loi et par aucun pouvoir. Ces » vengeances, qui ont causé des meurtres, des in<»cendies et tous les autres maux que la guerre » entraîne, nous ont fait de la peine; mais encore il ne fallait pas s'en étonner. Maintenant tous les citoyens, comme atteints d'une maladie pestilen» tielle, se livrent aux crimes les plus affreux, sans » que personne y mette obstacle. Il n'y a plus ni ⚫ lois divines, ni lois humaines; les parjures, les » sacriléges, les incestes, les trahisons sont comp»tés pour rien et ce qui ne se voit nulle part » ailleurs, les citoyens, les parents, les frères > même, se font prisonniers et s'extorquent leurs » biens jusqu'à se faire périr dans la misère. On » arrête les pèlerins qui vont visiter les tombeaux » des saints apôtres ou qui en reviennent; on les » jette dans des cachots, et on les tourmente plus » cruellement que ne le feraient les païens, pour en exiger des rançons au-dessus de leurs facultés. » C'est votre roi qui est la cause de ces maux ; lui,

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