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évêques de France était trop exagérée; la chose était impossible: de là ils devaient se réunir tous ensemble pour résister avec plus de force.

Grégoire traita l'Angleterre avec plus de modération et d'égards. Guillaume le Conquérant était à cette époque le souverain que Grégoire estimait le plus, comme il le dit lui-même. Il trouvait en lui ce qu'il appréciait beaucoup, un caractère ferme, tendant à un même but; il voyait en lui non-seulement un conquérant, mais un habile administrateur, dont l'esprit était aussi puissant que son bras vainqueur. C'est ce qu'on voit par toutes les lettres de cette époque.

Au mois d'avril de cette année, Grégoire écrivit à ce prince une lettre pleine de douceur et de dévouement. Après avoir loué son zèle pour I'Église romaine, après lui avoir donné quelques conseils de bon gouvernement, que celui-ci lui avait demandés, il continue: « C'est malgré nous » que nous nous sommes embarqués sur ce vais» seau emporté au loin par la violence des vents, exposé aux plus furieuses tempêtes, battu par

'Navem inviti ascendimus, quæ per undosum pelagus violentia ventorum, et impetu turbinum, et fluctibus ad aera usque insurgentibus in incerta dejicitur saxis occultatis et aliis a longe in altum apparentibus, licet cum periculo, obviat tamen et ex animo. Sancta quippe Romana Ecclesia, cui licet indigni et nolentes præsidemus, diversis tentationibus, quamplurimis persecutionibus hypocritarum et hæreticorum insidiis et dolosis objectionibus, con

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» des flots qui l'élèvent jusqu'aux nues, et qui » menacent de le jeter sur des écueils; il résiste cependant, mais non sans périls. Car l'Église >> romaine que nous gouvernons, quoique nous » en soyons indignes, est journellement agitée par >> les persécutions des hypocrites, par les piéges » insidieux des hérétiques, et déchirée clandesti»nement par des puissances humaines. Résister à » ces secousses, et remédier à mille autres choses, » tel est le devoir de notre charge, et ce devoir » nous tourmente nuit et jour. Ce qui nous con» sole, c'est que vous nous témoignez l'affection » d'un bon fils, l'affection d'un fils qui aime sa » mère de tout son cœur. Poursuivez, mon cher » fils, mettez en pratique ce que vous confessez » de bouche, et faites ce que vous avez pro» mis'. >>

tinue et quotidie quatitur, mundanis vero potestatibus occulte et evidenter per diversa distrahitur. Quibus omnibus obviare et his et quamplurimis aliis summopere cavere, post Deum, et inter homines nostri et officii et curæ specialiter horum cura die noctuque coquimur, his et similibus continue divellimur.... Affectum boni filii, affectum filii matrem ex corde diligentis, ostendis. Exequere ergo operibus, fili dilecte, quod ore confiteris imple efficaciter quod dicis. (Epist., 1, 70.) (Note du trad.)

Une autre lettre de Grégoire nous montre quelle était la cause réelle de son attachement pour Guillaume. Ce prince réprimait la simonie et le concubinage des prêtres. Si l'on a fait quelques reproches injustes au clergé anglosaxon, on ne peut nier cependant que les prêtres normands ne l'emportassent infiniment en vertu et en science. « Rex Anglorum, dit Grégoire, licet in quibusdam non ita religiose (sicut optamus) se habeat, tamen in hoc quod

A cette lettre fut jointe une autre adressée à la reine, en réponse à celle qu'elle lui avait écrite. Grégoire lui recommande de faire des instances près de son mari, et de lui suggérer tout ce qui est utile. Au mois de septembre, il écrivit à tous les évêques et à tous les abbés de la Grande-Bretagne 2, se plaignant de ce que les décrets des Pères n'étaient pas observés avec l'exactitude et le zèle que leur devoir exigeait. Il recommande aux évêques de faire exécuter ponctuellement, dans le cercle de leur juridiction, les ordres qu'il leur avait communiqués relativement à la continence, et d'y forcer leurs inférieurs par des peines canoniques. Quant au haut clergé, s'il s'y trouve des hommes qui ne veulent pas obéir, il prie les évêques de l'en avertir au moment du concile, pour qu'il puisse absoudre ceux qui obéissent, et frapper d'anathème ceux qui ne le font pas.

Les légats travaillaient également en Espagne à son œuvre. Ainsi le pape avait mis tout en mou

ecclesias Dei non destruit, neque vendit; et pacen, justitiamque in subditis suis moderari procurat ; et quia contra apostolicam sedem, rogatus a quibusdam inimicis Christi crucis, pactum inire, consentire noluit; presbyteros uxores, laicos decimas quas detinebant,etiam juramento dimittere compulit: cæteris regibus se satis probabiliorem, ac magis honorandum ostendit. » (Epist., 1x, 5.) (Audley.) Epist., 1, 71. Epist., II, 1.

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vement; depuis les côtes de l'Italie jusqu'au nord de l'Europe, depuis l'Orient jusqu'à l'extrémité de l'Espagne, ses légats étaient occupés à remplir ses vues. Le monde était ébranlé par son génie; mais aussi il s'élevait partout des plaintes et des murmures contre lui1. Dans aucun temps on n'avait vu plus de troubles dans l'Église2; ici on défendait les droits du pontife, là on les combattait. On ne renonça pas à la simonie, seulement on donnait à sa cupidité un nom plus honorable; on vendait ce qu'on prétendait donner par pure libéralité, et l'on recevait de l'argent à titre de dons volontaires. La continence n'était pas mieux observée; plusieurs prenaient les dehors de cette vertu pour mieux assouvir leur ambition; un grand nombre mettaient le comble à leur vie déréglée en y ajoutant le parjure et l'adultère. Les laïques profitaient de ce moment favorable pour s'élever contre le clergé, et pour se soustraire à son autorité. Ils profanaient les saints mystères, et se disputaient sur ce sujet ; ils baptisaient euxmêmes leurs enfants, et ne se servaient plus des onctions saintes, et à la fin de leur vie criminelle, ils se faisaient donner le viatique et la sépulture ecclésiastique par des prêtres scandaleux; ils ne payaient plus la dime, ou mettaient le feu à ce que les prêtres devaient recevoir. D'autres fou

1 Epist., 1, 77.

2 C'est ainsi que s'exprime Sigeb., Gembl. Chron., ann. 1074.

laient aux pieds l'hostie consacrée par des prêtres concubinaires, et versaient par terre le sang du Seigneur. Que d'autres crimes et de scandales! Il ne manquait pas de faux docteurs, qui détournaient le peuple de la discipline de l'Eglise par de funestes innovations. Mais ni les troubles, ni les désordres, ni la résistance des hommes ne pouvaient détourner Grégoire de son but. Une maladie grave l'avait abattu, et retenu longtemps en convalescence; le triste état de l'Église lui avait causé mille douleurs et mille anxiétés, mais la force de son esprit était toujours la même '.

Grégoire restait ferme et inébranlable dans ses vues, parce qu'elles étaient non-seulement une création de son esprit, mais une affaire du cœur, une partie de sa foi religieuse. Il avait de sa dignité l'idée la plus claire, la plus distincte et la plus complète. Il possédait à un degré éminent l'esprit de la papauté, tel que le cours des siècles l'avait conçu, nourri, formé et perfectionné. Et que pourrait-on reprendre en lui? - Est-il juste de reprocher à un homme de concevoir une idée, de s'en emparer, de s'y attacher fortement, de la nourrir, et de s'en laisser dominer? - Toutes les grandes actions sont-elles autre chose que l'effet d'une idée fortement conçue, et que l'expression extérieure de l'impulsion qu'elle leur donne. Epist., 11, 9.

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