Sayfadaki görseller
PDF
ePub

qu'il donna au pape, lorsque celui-ci s'en retourna à Rome avec Hildebrand, des lettres secrètes pour tous les princes de cette contrée, afin de s'assurer de leur fidélité, et de se les attacher, par la promesse qu'il leur fit de passer bientôt lui-même les Alpes à la tête d'une armée, dans le but de s'opposer aux projets de Godefroi'. Il fit donc ses préparatifs, après avoir fait couronner roi son fils Henri, à Aix-la-Chapelle, par Hermann de Cologne. Il venait de passer les fêtes de Noël à Goslar, lorsqu'il arriva de Rome un message qui l'exhortait à hâter sa marche, parce que la puissance toujours croissante de Godefroi rendait l'exécution de ses projets plus facile et compromettait de plus en plus la tranquillité de l'Empire. Henri rassembla ses troupes à la hâte et partit pour l'Italie. Le duc de Lorraine envoya des ambassadeurs au-devant de lui2; car, déguisant ses intentions hostiles, il alla jusqu'à inviter l'empereur à passer les Alpes : « Il savait, disait-il, ce dont on l'accusait; mais » il ne pensait à rien moins qu'à troubler l'Etat.

«

Depuis qu'il a obtenu son pardon, il a toujours gardé une fidélité inviolable à l'empe>> reur, ne désirant, ne voulant que la prospé»rité de son règne. L'unique vou de son cœur » est de se conformer au serment qu'il avait prêté; » d'ailleurs il sera toujours prêt à verser son sang

1 Fiorentini, p. 54; Lamb. Schaffn., ann. 1054.

2 Herrman. Corner, prétend qu'il était lui-même parmi jes envoyés, mais ceci n'est guère vraisemblable.

» pour son souverain. Dans cette vue, il ou»bliait volontiers qu'il a été banni de sa pa»trie et privé de ses biens héréditaires, qu'il » se voyait réduit à vivre, chez l'étranger, sur les > biens de sa femme; enfin, il a épousé Béatrix >> sans arrière-pensée, sans violence, et de son » libre consentement'. » Bientôt arriva Béatrix elle-même, parente de l'empereur 2, accompa gnée de sa mère Mathilde; elle venait sans crainte et feignant pour Henri les dispositions les plus loyales et les plus sincères. Son fils Boniface, qui mourut quelques jours après, n'osa pas suivre sa mère, car celle-ci pressentait ce qui devait lui arriver. Béatrix, ayant obtenu audience, parla avec hardiesse, disant « qu'elle n'était coupable >> d'aucun crime, qu'elle n'avait rien fait contre » ses droits et la dignité de son rang; que l'agi»tation de l'Italie, et les armes victorieuses > des Normands, demandaient un homme dans

chaque maison; que la mort l'avait privée de » son premier époux, et que ce qui était accordé à » toute femme noble du royaume, devait aussi lui » être permis au sein de la paix, et suivant tou

"

Lambert et Fiorentini.

2 Henri III était petit-fils de Gisela, femme de Conrad II et sœur de Mathilde, qui fut veuve du duc Conrad, puis femme du duc Frédéric de Lorraine, et enfin mère de Mathilde. Gisela descendait de Charlemagne et Frédéric de Lothaire, et de Othon Ier du côté de sa mère. De Genealog. Mathildis, etc., et Pozzo, Maraviglie heroiche della duches. Mathild., p. 107.

»tes les idées de droit et de justice'. » Telle fut sa justification. L'empereur pesa tous ces motifs, et trouva que les raisons de Mathilde pouvaient avoir quelque fondement; il était d'ailleurs à craindre que Godefroi ne formât une ligue contre lui avec les Normands, et ne jetât l'Italie dans de nouveaux troubles. Henri assembla donc les grands du royaume, et déchargea Godefroi des accusations portées contre lui 2; mais comme il savait bien que celui-ci n'avait pas l'intention d'accomplir ses promesses, afin d'arrêter désormais ses funestes projets, il garda Béatrix comme prisonnière de guerre, sous prétexte qu'elle avait donné, sans permission, sa main et ses biens à un ennemi de l'Etat. Toutes les mesures de Henri, en Italie, tendaient à humilier Godefroi et à le priver des domaines de sa femme; plusieurs princes lombards recurent l'invitation de se liguer contre lui '; d'autres, voyant leur salut dans son abaissement, se réunirent d'eux-mêmes à l'empereur. Cependant Godefroi, révolté de l'offense faite à sa femme, était parti pour l'Allemagne, afin d'y exciter des troubles, et Henri fut obligé de songer au retour. Il se rendit donc de Pise à Florence, où le pape venait de défendre l'aliénation des biens de l'Eglise. L'em

1 Lambert, et, d'après lui, Fiorentini.

2 Lamb., ann. 1055.

* Lambert dit : « Hosti publico Italiam prodidisset. »

4 Leo Ostiens., II, c. 88.

Leo Ost.; Petrus Damian., Epist. iv, 12; Hist. d'Italie, vi.

pereur chercha à s'assurer de Frédéric, frère de Godefroi, qui était revenu de Constantinople et qui lui paraissait un ennemi dangereux en Italie'; mais celui-ci se déroba, fit à l'Eglise romaine les magnifiques présents qu'il avait reçus de l'empercur d'Orient, et, profondément affligé du sort de son frère, il se retira dans le monastère du Mont-Cassin, avec une santé déjà délabrée. A son arrivée en Lorraine, Godefroi ne pensa plus qu'à sa vengeance, et Baudouin, comte de Flandre, tira encore une fois l'épée pour sa cause, car depuis ce temps il n'avait presque jamais déposé les armes. Bientôt ils marchèrent à la tête d'une armée vers Anvers, où ils assiégèrent Frédéric, duc de la basse Lorraine; mais une insurrection en Lorraine ne tarda pas à les forcer de lever le siége1.

[ocr errors]

Ces circonstances, jointes à d'autres encore, obligèrent l'empereur à hâter son retour; il emmena avec lui Béatrix et sa mère. A son passage Zurich, vers Noël, il fiança son fils Henri à Berthe, fille d'Othon, margrave de Sure, qui avait un peu plus de cinq ans 5. Suivi de toute sa cour, il conti

Parce que l'empereur croyait (Murat., p. 308) qu'il avait ligue contre l'Etat avec l'empereur grec.

fait une

Lambert dit que c'était à cause de la mort du pape Léon et de l'élection du nouveau pontife; Fiorentini, pour éviter la persécution de Henri.

3

4

Sigeb. Gembl., ann. 1053.

Sigebert donne 1055; Baronius et Fiorentini s'accordent sur l'année 1052.

* Herrman, Contract., ann. 1055; Tschudi, ad ann. 1056.

nua sa route, au temps de Pâques, par Paderborn, siége épiscopal'. De là il se rendit à Goslar, où il passa quelque temps, puis à Pérois 2, résidence royale, sur les frontières de France et d'Allemagne. Dans ce lieu il eut une vive contestation avec Henri 1er de France, qu'il provoqua même en duel; mais le prudent monarque jugea à propos de se retirer sans bruit à la faveur des ténèbres *. Bientôt l'empereur revint à Goslar pour y célébrer la nativité de la sainte Vierge. Là se trouvaient réunis presque tous les grands de l'Empire, pour recevoir le pape Victor; ils lui fi

Celui-ci, ainsi que Lambert (ann. 1066), appellent Othon, margrave d'Italie.

1 Padelbrunna, Lamb.

2 C'est ainsi que l'appelle Lambert ; d'autres disent Ivois, Ipsch, Yvoix.

Lambert (aun. 1056) en rapporte la cause: A rege Francorum contumeliose atque hostiliter objurgatus (imperator) quod multa sæpe sibi mentitus fuisset, et quod partem maximam regni Francorum dolo a patribus ejus occupatam, reddere tamdiu distulisset. »

Proxima nocte fuga lapsus.

Ce voyage du pape a été contesté. Platina (de Vitis Pontif. roman., p. 161) dit : « Sunt qui scribant, Victorem ad Henricum profectum : sed ego solum Hildebrandum eo profectum puto, qui auctoritate legationis fretus, Henricum tertium (IV), Henrici filium, Cæsarem creat. » Lambert (ann. 1056) dit, au contraire : « Imperator Nativitatem S. Mariæ Goslariæ celebravit, ibique Victorem papam, qui et Gebehart, magnifico apparatu suscepit bospitio, collectis scilicet ad ornandam tantæ diei solemnitatem cunctis pene regni opibus et principibus. » Il en est de même de l'annaliste saxon, ann. 1057. Voy. aussi Chron. Hirsaug., ann. 1056; Tschudi, ann. 1056. C'était vers l'automne, et l'em

« ÖncekiDevam »