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La Saxe se souleva la première; là, les seigneurs tinrent conseil'; ils rappelaient tout ce qu'ils avaient souffert sous l'empereur, et tout ce qu'ils devaient souffrir sous son fils, qui paraissait vouloir suivre les traces de son père 2. Plusieurs étaient d'avis de détrôner le roi3. Cependant, tant qu'il leur manquait un chef, leur esprit turbulent n'avait rien d'arrêté. Mais il arriva que le comte Othon, frère naturel du margrave Guillaume 5, homme de génie et habile dans les affaires, ayant appris la mort de son frère, et voulant prendre possession de son héritage, revint de la Bohême, où il était relégué depuis longtemps. Les princes saxons lui donnèrent leur confiance; encouragé par eux, il conçut de hautes pensées, il voulut s'élever jusqu'au trône. Les grands favorisèrent ses prétentions, lui promirent fidélité, en Jui offrant en même temps leur appui. On résolut donc de mettre à mort le jeune prince, dès que l'occasion se présenterait 6. Les parents de l'empereur, et tous ceux qui avaient à cœur les intérêts de l'Etat, prirent de leur côté la résolution

De injuriis quibus sub imperatore affecti fuerant. 2 Nec procul a fide aberat, filium in mores vitamque patris pedibus, ut aiunt, iturum esse. Lamb,

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Le même qui avait combattu contre les Luticiens.

↑ Matrimonio impari, matre scilicet slavica natus.

Jam a puero exulaverat. Lamb.

* Suivant Lambert, ann. 1057.

de se rendre avec le jeune Henri en Saxe, pour étouffer la révolte et s'assurer de la soumission

y

de ce pays.

Vers la fête de saint Pierre et de saint Paul, ils se rendirent à une assemblée à Mersebourg', pour délibérer sur les affaires du royaume : les seigneurs saxons y étaient invités. Chaque prince y alla à la tête de ses troupes. Le comte Bruno 2 et Ecbert, tous deux cousins du roi et fils de Liudolf de Brunswick, rencontrèrent, près de Mindorf, sur la Saal3, l'armée d'Othon, qui marchait sur Mersebourg. Bruno et Othon nourrissaient l'un contre l'autre une haine alimentée autant par une inimitié personnelle que par des motifs politiques. Ils se défièrent au combat', les deux armées en vinrent aux mains; des deux côtés régnait une égale audace, une égale fureur. Le combat resta longtemps indécis; enfin Bruno et Othon se montrent à la tête de leurs troupes; enflammés de colère, ils se précipitent l'un sur l'autre avec une telle violence qu'ils tombent de cheval

1 Ersenburg Lamb. ad curtem regis in Mersburg. Annal. Saxon.

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Annal. Saxon., ann. 1057. Lambert l'appelle Brun. Patrueles regis.-Lambert: Filii Liudolfi de Brunswick, oncle du roi.-Aventin les appelle «rebus militaribus præfecti. »

Juxta villam quæ dicitur Nienthorp, secus fluvium Salicum.

D'après Aventin, Othon donna le premier : « Otho, signo dato, illos invadit ; nec illi pugnam detractant,

tous deux mortellement blessés '. Quoique privées de leur chef, les deux armées continuèrent de combattre, sans que la victoire se déclarât 2. Ecbert était aussi grièvement blessé; mais, plus affligé encore de la mort de son frère Bruno, il se jeta en furieux au milieu des plus épais bataillons ennemis, et tua le fils du comte Bernard, encore à la fleur de l'âge, et pouvant à peine porter les armes. Son glaive terrible mit bientôt les autres en déroute; car ils résistaient plus mollement depuis la mort de leur chef. Ce combat rendit la tranquillité à la Saxe. Comme dans Othon on avait perdu la tête, les autres membres n'agirent plus. Tant il est vrai que, pour le bien comme pour le mal, rien n'est plus utile qu'un chef autour duquel les autres membres se réunissent et exécutent ce qu'ils veulent et ce que veut leur chef 5.

Mais le feu n'était pas éteint en Saxe; il couvait sous la cendre pour se rallumer bientôt avec plus de vivacité; car il y avait dans ce peuple une cer

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Ancipiti fortuna, modo huc, modo illuc inclinante. Aventin.

3

D'après Lambert et l'annaliste saxon.

Anceps pugna.

↑ Aventin l'appelle « alterum hujusce tumultus aucto

rem. >>

"La qual cosa dimostra appunto l'inutilità d'una mollitudine senza capo. Macchiav., Discorsi, 1, c. 44. Maxime fort sage.

2

taine rudesse de caractère et un esprit guerrier qui ne lui permettaient pas de supporter patiemment un échec, ni de l'oublier sans en avoir tiré une vengeance éclatante; chacun était avide de pillage, et porté à vivre aux dépens de ses voisins 1. Dans la même année, un certain Frédéric et ses frères suscitaient des troubles dans différentes parties de l'Allemagne mais les grands de l'Empire surent bientôt les contenir dans le devoir. Dans d'autres contrées, on vit aussi des germes de troubles et de divisions. La Souabe était jusque-là gouvernée par Othon, margrave de Schweinfurt: il mourut 3, et sur-le-champ Rudolf de Rheinfeld', fils du comte Cuno, entra en pos

Saxonum gens efferata, nempe adhuc cruda carne vescuntur, finitimorum spoliis quæstuosa, vivere rapto more veterumn Germanorum insueta..... obsequentes latrones cognominati. Aventin.

2 L'annaliste saxon et la Chronique d'Ursperg s'expriment d'une manière aussi vague : « Tyrannidem in partibus Germaniæ exercuerunt. »>

'Lambert place sa mort en 1058; il en est de même de la Chronique August.-Herrman, Contr., met le mariage de Rudolf en 1057 et 1059, les Annales saxonnes en 1057. La Chronique d'Ursperg l'appelle « dux Suevorum. >>

* Rinveldon. Son histoire est décrite dans le savant recueil de Gerbert, abbé de S. Blaise, sous le titre de: De Rudolpho suevico, comite de Rinfelden, duce, rege, deque ejus inlustri familia, etc.; per Martinum Gerbertum, monast. S. Blasii, in silva Nigra abbatem. Typis S. Blasianis, 1785. Ce fut lui surtout qui illustra sa famille; auparavant elle ne portait que le titre de comte Rheinfeld,

session de son fief, à l'aide de l'impératrice Agnès. Celui-ci prit d'abord le titre de duc de Rheinfeld, qui était une partie de la Souabe. Pour attacher à l'Empire un aussi vaillant guerrier, Agnès le fiança à sa fille Malthide, jeune princesse dont l'éducation était confiée à Rumold, évêque de Constance. Mais, du vivant même d'Othon, l'empereur Henri avait promis ce duché à Bertold de Zaringen, et lui avait même donné son anneau, afin qu'il pût s'en servir comme preuve de cette promesse. Après la mort de Henri et d'Othon, le comte apporta cet anneau à l'impératrice, et lui rappela l'engagement. Elle le reconnut; mais le fief avait déjà été donné à Rudolf. Bertold en fut fort mécontent. L'impératrice, qui connaissait sa bravoure et sa prudence, lui offrit, en compensation, la seigneurie de Carinthie, qui se trouvait alors sans maître, parce que Cuno, duc de ce pays 2, venait d'être tué dans une tentative contre ses propres sujets 5. Bertold

1 D'après la Chronique d'Ursperg, p. 168, Rudolf paraît avoir enlevé Mathilde à l'évêque, et avoir alors obtenu d'Agnès le duché: « Mox post obitum imperatoris, filiam ejus Rumoldo Constantiam episcopo commendatam, utrum consilio raptam an dolo nescitur, uxorem duxit, receptam jam in gratiam, eumdem ducatum illi, causa filiæ, imperatrix dedit. » Lambert le raconte autrement, ann. 1058, ainsi que les Ann. sax., ann. 1057.

2 Il fut le premier duc de ce pays. Lamb.

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Cuono, dux Carentinorum, contractis ingentibus copiis

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