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toute la chrétienté, il avait à ses ordres une armée de laïques, avec laquelle il pouvait accomplir ce qu'il désirait.

Aussi Nicolas résolut de montrer sur-le-champ tout ce que le saint Siége avait gagné par la coalition avec le prince normand. D'après son avis, Robert rassembla une armée formidable 1; et comme, avant cette époque, les comtes de Tusculum et d'autres princes qui vivaient à Rome avaient souvent nui au saint Siége et l'avaient déshonoré par des sujets indignes élevés sur le trône pontifical, il se jeta à la tête d'une armée normande dans la Campanie, dans le territoire des Prénestins, des Tusculans et des Nomentains, et se vengea de tous ceux qui résistaient à ses avertissements. Passant ensuite le Tibre avec une infanterie nombreuse, et avec des frondeurs, il attaqua Galère, qui fut ruinée. Il attaqua également les villes du comte Gérard, reprit toutes les forteresses jusqu'à Sutri, brisa ainsi l'orgueil des grands 2, délivra l'Eglise de leur tyrannie, et fit respecter les possessions du saint Siége.

L'Eglise de Milan était alors dans une hor

Platina, in Vita Nicol. Aragonius, cardinal. Baron.,

Annal.

2 Post multa denique damna, et exspoliationes, capitaneorum cervicositas valde destructa, redire ad mandatum et subjectionem damni pontificis coacta est, liberata urbe ab eorum tyrannide, et in suum statum Ecclesia restituta. Aragon. cardinal., dans Muratori, Scr. rer. Ital., t. ш, p. 301.

rible confusion. Un diacre nommé Ariald, issu d'une famille distinguée, et natif du bourg de Cutiaco, entre Milan et Côme, homme remarquable par sa piété et son zèle dans les choses de Dieu, avait depuis longtemps éprouvé un violent dégoût et une tristesse profonde à la vue des divisions des Milanais et des habitants de Pavie, occasionnées par la dissolution du clergé. Aimé et vénéré de tous, il laissait échapper dans son zèle plus d'un mot piquant contre les ecclésiastiques 2. Il trouvait qu'il était contre, les Ecritures qu'un évêque suivît ses penchants et allât jusqu'à oublier ses fonctions dans le tourbillon des passions humaines. Il s'en expliqua souvent en ces termes devant le peuple. La vérité lui attira des ennemis il s'unit donc volontiers à un puissant bourgeois nommé Landulf, qui avait les mêmes sentiments. Par eux, le peuple s'irrita contre le clergé; il en résulta bientôt des injures, des sarcasmes et des scènes violentes. Les chefs de l'Eglise délibérèrent souvent pour savoir comment ils pourraient étouffer l'esprit de révolte, sans toutefois abandonner complétement leurs coupables habitudes. Mais quand une idée s'est

1 Cui nomen Cutiacum.

'Dum litterarum vacaret studio severissimus est legis divinæ interpres, dura exercens in clericos solos judicia. Arnulf., Hist. Mediol., 11, c. 8.—« Diu multumque pro custodio sacrarum legum adversus Simoniacos et Nicolaitas in defesso studio laboravit. » Baron., Annal., ann. 1066.

une fois emparée d'un homme, il est immuable dans ses volontés et dans ses actions. Le peuple ne se laissa pas mener hors des églises, il poursuivait les prètres de ses railleries et de ses huées, il les insultait sur la place publique. Etienne IX gouvernait encore l'Eglise. Le clergé de Milan lui fit des plaintes sur la violence d'Ariald et de Landulf. D'après le conseil du pape, l'archevêque Gui convoqua un synode à Fontanetum. Mais Ariald et Landulf, quoique sommés d'y comparaitre, ne s'y rendirent pas et encoururent l'excommunication. Alors, partout où ils allaient, il se rassembla autour d'eux une foule nombreuse qui ne respectait plus ni les églises ni le service divin, donnant le nom de simonie à tout ce que faisaient les clercs, et s'écriant à la vue d'un prêtre : Vous étes des patarins1. Ariald se rendit à Rome, où il exposa la malheureuse situation de Milan, ses vues et celles de Landulf. Les Romains se laissèrent persuader. Pierre Damien, récemment élevé à l'évêché d'Ostie par Nicolas, fut informé de cette affaire. Le pape résolut de traiter avec douceur les prélats dont la conduite était irrégulière, afin de ne

'On ne peut donner aucune bonne explication de ce sobriquet. Arnulf, dans son Histoire de Milan, Iv, c. 11, le fait dériver de bog, trouble; ainsi Patarini signifierait perturbatores, fauteurs de troubles. Sigonius, 1. ix, en donne une autre signification : « Sacerdotes, qui uxores habebant, præ pudore separatim a cæteris, rem divinam facere cogebantur in loco, qui pataria dicitur; unde a pueris Patarini dicebantur. » Baron., Annal., ann. 1059.

point déshonorer leur ministère par une sentence publique. Il chargea donc Pierre, en lui donnant toute autorité, de négocier secrètement avec eux, afin de les ramener à de meilleurs sentiments. Mais l'évêque d'Ostie, n'ayant point réussi, engagea le pape à se servir de son autorité apostolique, sans s'arrêter à des considérations humaines1. Le saint Père suivit le conseil d'un homme aussi pieux ; il résolut d'arracher l'ivraie sans pitié. Il envoya donc à Milan quelques hommes sûrs parmi lesquels figuraient ce même Pierre Damien et Anselme, évêque de Lucques. Hildebrand, qui avait été récemment nommé archidiacre de l'Eglise ro

'La lettre de Pierre Damien au pape est dans Baronius, Annal. Il s'y élève avec une grande énergie contre la vie condamnable des prêtres du temps: « Si hoc malum esset occultum, fuerat fortasse utcumque ferendum, sed heu scelus! omni pudore postposito, pestis hæc in tantam prorupit audaciam, ut per ora populi volitent loca scortantium, nomine concubinarum, etc., et nequid his assertionibus deesse videatur, testimonio sunt discursio nuntiorum, effusio munerum, cachinnantium joca, secreta colloquia *. »

1 Arnulf (Hist. Mediol., 11, c. x11) met Hildebrand au nombre des légats. Mais ceci n'est guère probable à cause de la lettre de Pierre à Hildebrand, dans laquelle il lui rend compte de sa mission. Voy. la lettre dans Baronius, Annal., ann. 1059, no xLv.

Si le mal était grand dans l'Eglise, Dieu animait aussi ses serviteurs d'un zèle ardent de le détruire. Pour en donner une idée au lecteur, nous avons placé cette lettre de Damien (n. E) à la fin du volume. (Audley.)

maine, s'intéressait vivement à toutes ces affaires. Pierre lui envoya un rapport détaillé de tout ce qu'il avait fait. Le lendemain de son arrivée, le peuple s'ameuta d'une manière effrayante; on murmurait de ce que l'Eglise de saint Ambroise dût se soumettre aux ordres de Rome, puisque jusque-là elle avait été libre. L'Eglise romaine, ajoutait-on, n'avait aucun droit de juger ou de régir celle de Milan. La foule se précipita vers le palais épiscopal; on sonna le tocsin, et quelques amis conseillèrent au légat de mettre sa vie en sûreté, parce que, dans sa furie, le peuple avait soif de son sang. Ce qui augmenta encore l'exaspération, c'est que, dans l'assemblée du clergé milanais, le légat plaça l'archevêque à sa gauche, et Anselme de Lucques à sa droite. Damien se présenta lui-même au peuple, et parvint, par ses paroles, à calmer sa fureur. Il prouva la préséance et la supériorité de l'Eglise romaine, de laquelle était sortie celle de Milan, comme une fille de sa mère. Gui, de son côté, exhorta avec énergie les assistants à laisser cet habile médecin guérir les maladies du clergé; il lui fit sentir qu'il fallait bannir des fonctions saintes la vénalité et la vie déréglée, comme le plus grand fléau des serviteurs de Dieu. Puis le saint homme s'en alla droit à l'autel, et jura que, conformément aux vœux de l'Eglise, il travaillerait

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