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de ne jamais procéder à l'élection d'un nouveau pontife sans l'ordre de l'empereur, attribuant à l'ancien mode d'élection tous les maux que le monde venait d'éprouver 1. Bientôt après, Henri retourna en Allemagne en traversant la Pouille.

Grégoire avait renoncé plus volontiers que les autres à la dignité papale, et l'empereur l'emmena avec lui en Allemagne. Il est probable que Hildebrand demeurait en Italie auprès de son ancien précepteur, et que celui-ci voulut qu'il le suivît en Allemagne. Il partit donc à regret et se rendit avec Grégoire à Cluny, où il fut initié à la vie du cloître3. Ce monastère se faisait remarquer entre tous par une discipline et une piété exemplaires; sa position magnifique tendait à rendre la vie douce et agréable. Une situation si nouvelle,

'Platina, Vita Clementis; Waltram Numburg., Tract. de invest. in Goldast. Apolog. pro Henrico, p. 232.

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« Invitus ultra montes cum D. papa Gregorio abii, dit-il lui-même. Voyez Collect. Conc., t. x. Otto Frising. Chron. v1, 32, lui attribue les mêmes paroles.

* Amalaricus Angorius l'appelle puer claustralis monusterü. De Biterbis, Hist. rom. pontif.

4 Pierre Damien dans ses lettres (lib. vi), et particulièrement dans la quatrième, parle de ce cloître en termes magnifiques; il l'appelle un paradis, hortum deliciarum diversas rosarum ac liliorum gratias germinantem; et quid aliud Cluniacense monasterium nisi agrum Domini plenum dixerim, ubi velut acervus est cœlestium. Dans sa cinquième lettre il dit, en parlant de la règle, que, dans tout le jour, les frères pouvaient à peine se livrer au plaisir de causer ensemble pendant une demi-heure.

cette sévérité, cette uniformité, cette précision de la règle monastique, enfin cette constante direction de l'esprit vers un seul but, le salut, tout cela dut faire sur la jeune âme de Hildebrand une impression profonde, et y jeter des germes qui devinrent féconds dans la suite de sa vie 1. Du moins est-il certain que sa prédilection constante pour une vie religieuse, austère et réglée, prit naissance dans ces lieux. Ce fut là qu'il apprit à modérer la fougue de la jeunesse, et à acquérir sur lui-même un empire extraordinaire2. D'après le sévère règlement de l'ordre, il fit vœu de pénitence et de chastetés, sans toutefois cesser de donner une attention assidue à la culture de son esprit. Hugon, alors abbé, lui accorda son amitié, et sous Odilon ou Majolus' il marcha à grands pas dans la vie spirituelle, en sorte que cet abbé fondait sur Hildebrand de brillantes espérances". Peu après, il se rendit à Rome, d'où il ne tarda pas à revenir à Cluny, dont il fut élu prieur. Il paraît aussi qu'il passa quelque temps à la cour de l'empereur,

↑ Paul. Bernr.; Orderic Vital, surtout au liv. vII. 2 Adolescentiam, assumpto sanctitatis proposito inter mundi contemptores, non sine magnis perfectionis indiciis, perdomuit. Hugo Flaviac, in Chron. Virdun.

In ecclesiastico rigore constantissimus. Otto Frising. Chron., 1. vi, c. 32.

Paul Bernried lui donne ce nom, mais d'une manière dubitative.

"Il lui appliquait ces mots de saint Jean-Baptiste : « Iste puer magnus erit coram Domino.

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-en qualité de précepteur de son fils Henri '; mais il est impossible de déterminer si ce fut avant ou après sa nomination au prieurat. Ce qu'il y a de certain, c'est que l'empereur remarqua bientôt les dispositions peu communes de Hildebrand, et faisait le plus grand cas de sa confiance en Dieu3. Henri eut un jour un songe assez bizarre. Hildebrand était assis à table avec son fils, mais il avait des cornes qui s'élevaient jusqu'au ciel, et il roulait le jeune prince dans la boue. L'impératrice prétendait trouver dans ce songe une indication que l'héritier de la couronne devait être un jour détrôné par Hildebrand, et l'empereur le jeta dans un cachot pour l'y faire mourir de faim. Mais Agnès ayant intercédé pour lui, Henri lui rendit la liberté 3.

Cependant le nouveau pape prouva qu'il entrait dans les vues du monarque allemand pour une

1 Du moins, Theodoricus Engelhusins l'appelle « pædagogum Henrici filii ejus. » Canonici Hildesheim, in Vitis imperat. ex domo Brunsw. oriundorum.

"L'empereur disait qu'il n'avait jamais entendu quelqu'un prêcher la parole de Dieu avec autant d'assurance : « Nunquam se audisse hominem cum tanta fiducia verbum Dei prædicantem. » C'est ce qu'on peut voir surtout dans Paul Bernried. c. x et xi.

Voir la Vie de Grégoire VII, par Paul Bernried. L'anonyme saxon (Histor. imper., an. 1040) raconte que l'empereur donna l'ordre de l'enfermer dans le château d'Hamerstein. Mais l'impératrice lui ayant représenté qu'il était indigne de lui d'emprisonner un clerc sur la foi d'un vain songe, il le fit relâcher au bout d'une année. In Menken., Script. rer. Germ., t. 1, p. 88.

réforme, et cet empereur eut le bonheur d'accomplir ce que ses prédécesseurs n'avaient pu obtenir et ce que ses descendants ne surent point conserver'. Peu après son avénement, Clément convoqua un concile pour la répression de la simonie2. L'importance que mettait Henri à détruire ce vice du clergé, on la vit bientôt par l'aigreur de ses paroles dans un autre concile qu'il ouvrit lui-même à Constance en 1047 : « Vous, qui devriez répandre des bénédictions, s'écria-t-il, corrompus que vous » êtes par l'avarice et la cupidité, vous vous rendez dignes d'anathèmes, soit en donnant, soit en » recevant. Hélas! mon père, pour l'âme duquel » je ne crains que trop, mon père se livra bien aveuglément à ce funeste vice 3. Quiconque parmi » vous est souillé d'une pareille infamie doit être » exclu des fonctions sacrées. Car ce sont de sem

1 a Ut videlicet, dit Pierre Damien, ad ejus nutum * sancta romana Ecclesia nunc ordinetur, ac præter ejus auctoritatem apostolicæ sedi nemo prorsus eligat sacerdotem. » Glaber, Histor., v, 5; Hugo Flaviac, Chron. Virdun. D'après la chronique de saint Bénigne, an. 1046, les Romains vendirent leurs droits pour de l'argent. Sigebert, Gemblac., Chron., an. 1046.

2 Pierre Damien en parle, mais les Actes en sont perdus. > Voyez Wippo, de Vita Conrad., pag. 431, sur l'installation d'Uldaric, évêque de Bâle.

*A quel degré fallait-il que le mal fût arrivé, pour qu'un caprice de l'empereur (nutus) décidât de la nomination du père des fidèles? Sous un pareil régime était-il étonnant que la simonie fût à l'ordre du jour, et que les vices les plus honteux déshonorassent le clergé? Si Jésus-Christ voulait sauver son Église, il fallait nécessairement que l'influence de l'empereur fût affaiblie. (Audley.)

» blables méfaits qui attirent sur les hommes la » famine, la mort et la peste.» Les Pères anéantis demandaient grâce, mais Henri donna cet ordre: « Aucune fonction sainte ne doit être le prix de » l'or, et celui qui la recherche de cette façon » doit être privé de ses honneurs. » La plupart des Romains regardaient l'élévation du nouveau pontife comme irrégulière, parce que l'empereur seul y avait contribué; quoi qu'il en soit, il ne régna que neuf mois et huit jours, et quelques-uns croient, non sans fondement, qu'il a été empoisonné'.

Le jour de Noël de l'année 1047, des ambassadeurs vinrent trouver l'empereur à Poletha, pour lui annoncer la mort du saint Père, et lui demander un successeur 2. Le prince avait déjà appris qu'il pouvait placer sur le trône pontifical un homme qui lui fût dévoué par reconnaissance pour son élévation. Son plan de réforme avait déjà un heureux commencement, et il lui fallait maintenant plus que jamais, un pontife habile, pour continuer l'œuvre, car Benoît s'était de nouveau introduit dans Rome. Dans cette vue, Henri jeta les yeux sur Poppo, évêque de Brixa3, qui prit le nom de Damase II,

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'Romani pontificem injussu suo creatum, veneno e medio sustulere. Platina. Clementi, ut putatur, per intoxicum expedito. - D'autres, tels que Léon d'Ostie (l. 11,81), disent que Clément mourut au delà des monts.

2 Lamb. Schaffn., an. 1048, et Mascou, Comment, de rebus imper., 1. v, p. 330, n. 3.

Platina lui donne le surnom de Bagniarius, et ajoute : Il était Bavarois. Au contraire, suivant Herman Cornerius,

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