Sayfadaki görseller
PDF
ePub

Le commencement de cette année, déjà pleine de troubles à cause du schisme, s'annonça par des prodiges effrayants: tremblements de terre, éclairs et tonnerre au mois de février, épizooties, grande mortalité, dommages considérables causés dans les champs et les vignes', tous les fléaux se montraient à la fois. Au printemps, Cadalous, sous le nom d'Honorius II, voulant se faire consacrer à Rome, partit pour cette ville, à la tête d'une forte armée et avec une somme considérable d'argent 2. Bucco, évêque de Halberstadt, l'accompagnait. Honorius était appelé par les Romains qui étaient mal disposés pour Alexandre. Après avoir passé les Alpes, il fut arrêté par Béatrix, qui avec sa fille Mathilde, à peine âgée de quinze ans, s'opposa à sa marche; il ne put donc pas s'établir dans la Lombardie, il crut qu'une tentative sur Rome déciderait mieux de son affaire 3. Il leva le camp, l'établit entre Sutri et Rome, dans l'espoir que les Romains accourraient à lui et abandonneraient Alexandre. Ses partisans s'emparèrent, en effet, de la tour de Crescentius et d'une autre près du pont de Milve. Enfin, apprenant les préparatifs du parti d'Alexandre, Cadaloüs se re mit en marche et parut sous les murs de Rome le

[blocks in formation]

3

14 avril', bien déterminé à se frayer un chemin jusqu'au trône pontifical, par la force des armes, comme il avait déjà essayé de le faire par son or. Il arriva à l'improviste; les Romains se laissèrent séduire, l'appuyèrent de tout leur pouvoir surtout les grands 2, et entre autres un nommé Pierre Léo, dont la famille jouissait d'une grande considération. Honorius campait dans la prairie de Néron ; ce fut là qu'Alexandre conduisit ses troupes; le palais de Latran était gardé par Godefroi de Toscane. Une lutte acharnée s'engagea au pied du mont d'Or; des deux côtés, les combattants tombaient en foule; mais la victoire se déclara pour Honorius, et déjà lui et Guibert, se regardant d'un air de triomphe, allaient attaquer Rome, quand arriva soudain Godefroi, l'époux de Béatrix, à la tête de troupes fraîches et enflammées d'ardeur. En un instant il enfonça l'armée ennemie d'ailleurs indisciplinée, en culbuta une partie dans le Tibre 5, et mit le reste

'Aventin., Hist. Boior.

"Cardin. Aragon., In Vita Alex. « Capitanei Romanorum volentes urbem deprimere. » Leo Ost,, III, 21. 3 Ad urbem Leoninam.

Qui auspicio Cæsaris rebus Italicis præsidebat. Avent. * Aventinus raconte le fait suivant. Au commencement de l'action, les troupes d'Alexandre sé sauvaient vers le Tibre, et un grand nombre d'entre elles s'étaient précipitées dans un bateau. Un soldat d'Honorius lança une flèche au milieu de cette foule, et, pour l'éviter, tous se portèrent

en fuite. Honorius, craignant d'être enveloppé, songea à une prompte retraite 1.

Cependant l'Italie était dans une affreuse confusion. Tout était ébranlé; la fidélité ne se trouvait nulle part, les partis devenaient plus violents

du même côté, ce qui fit chavirer la barque, et ils furent engloutis dans les flots. « Hisce peractis nomen, factis favor Honorii gliscit, Alexandri pars diminuitur. >>

'Suivant Muratori, Ann. d'Ital., ann. 1062, le duc se serait laissé gagner par des prières et des dons, afin de favoriser l'évasion d'Honorius. Fiorentini est de la même opinion. Sigonius (Hist. Ital., ann. 1062), ainsi que Platina, d'après Fiorentini (mais je n'ai pu découvrir où il rapporte ce fait), soutiennent que Mathilde eut aussi une part dans cette victoire. S'il en était ainsi, elle se trouvait sous les drapeaux de son beau-père qui, au rapport de Damien, combattait contre l'antipape avec Béatrix. On a fort soupçonné Godefroi d'avoir favorisé le parti d'Honorius, parce que, dit-on, s'il l'avait voulu, il aurait pu s'emparer de sa personne et ainsi terminer promptement les maux de l'Eglise. Pierre Damien (Epist. vII) paraît aussi pencher vers cette opinion. Suivant Aventin, au contraire, Godefroi n'assistait même pas au combat; il aurait ordonné une suspension d'armes, aurait fait venir devant lui les deux papes; puis, leur ayant adressé des paroles sévères, il les aurait renvoyés devant le roi en Allemagne, pour que celuici, aidé des grands et des évêques, donnât le pontificat au titulaire légitime. Ils se rendirent donc auprès de lui, chacun se fiant sur la bonté de sa cause. Mais le roi était alors occupé dans une expédition contre la Hongrie ; on ne put convoquer un concile, et rien ne fut décidé. Cependant celui qui était sacré et déjà en possession du Latran devait continuer à porter le nom de pape jusqu'à nouvel ordre. Alexandre se retira donc à Rome, et Honorius à Parme; le premier réunit un synode dans lequel il condamna le second comme coupable d'homicide : l'antipape lui rendit la pareille.

que jamais. Pour se soustraire aux embûches de ses ennemis, Alexandre se retira à Lucques et accorda aux Lucaniens un grand nombre de priviléges pour récompenser leur dévouement. Béatrix, de son côté, lui donna une garde. Pierre Damien, ayant appris qu'Honorius n'avait pas encore renoncé au trône pontifical et qu'il faisait de nouveaux préparatifs, lui écrivit à Parme une seconde lettre dont voici quelques passages': « Vous ne cesserez donc jamais de vomir, comme un volcan, des flammes infernales pour perdre l'Eglise, et de corrompre les cœurs par l'appât de l'or. Les troupes que vous commandez sont achetées avec ce vil métal; ce n'est point la trompette guerrière, mais le son de l'argent qui les fait courir sur le champ de bataille. L'or n'a jamais sauvé personne, ni Ptolémée l'Egyptien, ni Néron qui pêchait avec des filets d'or: Justin n'a pu éviter sa ruine malgré ses trésors. Rarement on a vu, dans les temps passés, un homme aussi impie que vous; les païens mêmes n'ont jamais montré autant de fureur. » Mais les paroles du saint homme ne pouvaient changer l'esprit d'Honorius. Il s'armait de nouveau, quand sa fortune fut ébranlée par un coup auquel il ne s'attendait

'Dans cette lettre, comme dans les autres, Damien montre une profonde connaissance de l'histoire et surtout de celle de Rome. Voy. plusieurs lettres à la fin du premier livre de ses lettres. Baron., Ann,

pas. Car, vers cette même époque, les grands de l'Empire enlevèrent le jeune roi Henri des mains de sa mère, pour le remettre entre celles d'Annon, archevêque de Cologne, qui prit dès lors les rênes du gouvernement. Déjà, depuis longtemps, cet évêque voyait avec peine qu'Agnès donnait à Guibert tant de pouvoir en Italie; il lui ôta donc sa charge de chancelier pour en investir Grégoire, évêque de Verceil. Tout, ou presque tout ce que faisait le roi, se fit par le conseil des évêques; car, roi et gouvernement, tout était en leurs mains 1.

Agnès qui, pendant sa régence, avait doté l'Empire de sages et de belles institutions, suivait, dans le gouvernement de l'Etat, les conseils de Henri, évêque d'Augsbourg, qui lui inspirait une confiance justement méritée. Les autres chefs de l'Eglise se crurent humiliés par cette préférence, qui devint pour eux une source de jalousie et de calomnie. Poussé par ce sentiment d'envie qui porte les hommes à regarder comme mauvais tout le bien qui ne se fait pas par eux et pour eux, on accusa l'impératrice et l'évêque d'Augsbourg d'un commerce criminel. Parmi les ennemis d'Agnès étaient Annon de Cologne et Siegfried,

'Educatio regis atque ordinatio omnium rerum publicarum penes episcopos erat. Lamb. 1063.

L'histoire ecclésiastique nous représente Annon comme un homme de bien et d'un grand mérite. (Note du trad.)

« ÖncekiDevam »