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archevêque de Mayence, qui mirent dans leurs intérêts Adalbert, archevêque de Brême. Dans leurs réunions ils attirèrent encore dans leur parti quelques seigneurs laïques, tels que le comte Ecbert, cousin du roi, et Othon, duc de Bavière. Malheur à notre folie, disaient-ils, voyez quelle » femme commande à tant d'hommes d'Etat, à des princes, à des administrateurs habiles, à tant » de vénérables pères, de savants prélats, à une > nation qui est la reine du monde, à un peuple qui est le vainqueur de tous les autres peuples! Vraiment, c'est un sombre et triste présage pour l'Etat! La vertu d'une femme est

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plus fugitive que l'eau et le vent. Aujourd'hui » elle affirme, demain elle nie; tantôt elle hait, > tantôt elle aime. Une intimité criminelle a mis > tout entre les mains d'un seul homme, qui jouit » des avantages et des revenus de l'Etat; tandis » que nous autres, quoique non moins nobles et » braves, nous végétons sans faveur et sans con> sidération : tout est vénal, même la justice. Le pouvoir et les honneurs sont à la disposition d'un seul; mépris et ignominie sont pour la » Germanie guerrière. Le souverain, dont l'âge » commence à mûrir, est éloigné des hommes, » élevé au milieu des femmes, assujetti à des occupations d'esclave. Cependant il est un temps » où le chef de l'Etat doit se former par une » éducation publique, paraître dans les assem

» blées, s'initier aux affaires de l'Etat, s'exercer » aux armes et s'occuper de l'administration de » la guerre. » On chercha aussi à soulever le peuple contre l'impératrice; tout tendait à enlever le jeune prince à la direction de l'évêque d'Augsbourg et de sa mère 2. Mais le peuple était dévoué à l'impératrice, car un gouvernement doux et pacifique plaît toujours au peuple. C'est pourquoi les princes ambitieux, mettant de côté toute prudence et toute réflexion, employèrent la ruse avec des mesures promptes et énergiques.

Dans cette vue l'archevêque de Cologne fit faire un vaisseau richement travaillé, orné de tapis, de tenture d'or et d'argent, de tableaux et de sculptures, et de tout ce qui pouvait piquer la curiosité; puis il descendit le Rhin jusqu'à l'île de Saint-Suitgard . Le roi, accompagné de sa mère, était en voyage pour aller passer les fêtes de Pâques à Nimègue; il venait d'arriver à la charmante île du Rhin. Il s'y trouvait une foule de monde. Un jour que Henri montrait au milieu d'un festin une gaieté extraordinaire, le prélat se mit à parler du vaisseau merveilleux qu'il avait fait construire et qui se trouvait au rivage. Il piqua

1 Avent., Ann. Boiorum.

2 Suivant Benzo, ce fut Godefroi qui conseilla cet acte de violence. Ce qui est fort vraisemblable quand on connait le caractère honorable d'Annon.

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la curiosité du jeune prince, qui voulut le voir, ne pensant à rien moins qu'à la ruse et à la perfidie. On sortit au milieu d'une foule de peuple: le roi monte sur le vaisseau. Sur-le-champ des rameurs, avisés par l'archevêque, font voler, à un signal donné, les avirons. Dans le premier moment l'archevêque amusa l'enfant par de faux prétextes; cependant, effrayé par l'inquiète précipitation et le tumulte, Henri craint pour ses jours'. Soudain il s'élance dans le fleuve et disparaît dans les flots; mais le comte Ecbert se jette après lui, le ramène à bord du vaisseau, et à force caresse et de douceur, on le conduit à Cologne. Le peuple accourut en foule au rivage, jetant de hauts cris, et menaçant de venger, par le glaive, l'injure faite à la majesté royale. Annon essaya tout pour apaiser la colère de la multitude, et s'offrit à rendre compte de sa conduite. A cet effet, il convoqua un synode 2 où il se justifia, en disant qu'il n'avait rien fait pour son avantage particulier, mais tout pour le bien de l'Allemagne; car l'archevêque, dans le diocèse duquel le roi allait se trouver, veillera sur le salut et la sécurité du royaume 3, et réglera toutes les affaires qui seront soumises au jeune monarque 1.

'Lamb. et Aventin.

2 Peut-être à Osbor, où se trouvaient beaucoup de prélats italiens et autres.

* Ne quid detrimenti res publica caperetur. Lamb. * Statuit ut pontif. Max. Germaniæ sex curiis, juxta nu

T. I.

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Si les princes avaient eu réellement le projet de soigner l'éducation de Henri, ils auraient trouvé à développer une grande capacité et des

merum archimystarum Germaniæ rem consociaret, singuli publica munia obirent, Imperiumque per omnes in orbem iret, finiretur. Aventin.

Les chroniqueurs, ainsi que le remarque Baronius (Ann., ann. 1062), ne sont pas d'accord sur les motifs qui portèrent Annon à cette action. Lambert, qu'on a suivi dans le texte (Lehmann's Speyers, Chron., p. 370), donne pour raison certaine: Ut eo modo regni regimen auferretur a matre et ab illis, qui ab ea ejus administrationi præfecti erant, quorum arbitrio cuncta male miscerentur, atque plane auditu nefanda perpetrarentur. » On verra par la suite si ce fut pour le mieux. Pierre Damien, de son côté, loue le prélat de cet acte de vigueur : « Servasti, venerabilis pater, dit-il, relictum tuis manibus puerum, firmasti regnum, restituisti, pupillo paterni juris imperium *. »

* Ces paroles de Pierre Damien sont d'autant plus frappantes qu'il avait pour Agnès la plus haute vénération, et qu'il aurait dû, ce me semble, être opposé à une mesure qui lui enlevait la régence d'une manière si violente. En outre, le caractère d'Annon de Cologne se montre partout si beau, sa droiture lui attira si publiquement l'inimitié de Henri, que nous devons hésiter de le confondre avec les autres dans une commune accusation. Il paraitrait, d'après Baronius, que la véritable cause de cet enlèvement était de le soustraire à l'influence de plusieurs mauvais conseillers, en qui l'impératrice avait trop de confiance. De ce nombre était surtout Guibert de Parme, qui soutenait Cadaloüs, et qui, entre autres choses, lui suggéra l'idée de tenir à Bâle un conciliabule contre le saint Père. Or, Annon travailla efficacement à ruiner l'antipape, ainsi que le prouve une lettre de Damien, il est donc facile de comprendre et sa conduite et les paroles du vénérable Pierre. Baronius dit ailleurs, en parlant de ce fait : « Quod licet audax Annonius facinus hactenus intentatum, tamen a laudatis viris laudatum invenimus et inter alios a Petro Damiani, dum hoc anno in Galliis legatione pontificia fungeretur. » Il était donc à même d'être bien informé. Au reste, nous ne faisons ici qu'hasarder une conjecture, Annon ayant pu céder comme les autres au désir de dominer. (Audley.)

dispositions heureuses. Mais leurs efforts continuels pour s'emparer du pouvoir ne leur permirent pas de donner à son éducation les soins assidus que demandait la vivacité de son esprit. C'est dans cette éducation négligée que réside le principe de tous les malheurs qui empoisonnérent le reste de sa vie. Car la sévérité outrée ne produit pas des effets aussi funestes, ni aussi durables, que l'excessive indulgence, ou la trop grande liberté. Si les grands se sont plaints naguère sans fondement de la manière dont l'impératrice élevait le jeune prince, on pouvait les blâmer, à plus juste titre, de ne lui avoir donné aucune éducation, et de l'avoir éloigné à dessein de toute participation aux affaires publiques. Ils ne permettaient à personne de l'approcher, ni de le visiter sans leur autorisation'. Sous prétexte de ménager sa tendre jeunesse, ils le livraient entièrement à la chasse et aux plaisirs. Contents d'avoir seuls en main les rênes du gouvernement et de diriger les affaires d'après leurs caprices, ils le laissaient faire ce qu'il voulait; tout devenait vénal, honneurs et magistratures; tout tendait à augmenter leurs richesses et leurs jouis

Adolescentulum a curis reipublicæ in angulos ablegant nemini adire, nemini salutare Cæsarem, nec huic quidem salutare quempiam, nisi ex præscripto principum licuit. Aventin.

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