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» le sens exact et littéral de ce seul petit verset, dont je ne vous demande ni la pensée mys

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tique, ni l'explication allégorique, je vous dé» clare affranchi de toute enquête, justifié de toute > inculpation et digne de l'épiscopat. » Ce langage étonna le pontife, qui ne savait à quelle cause attribuer l'audace de ses clercs toujours réservés et soumis; il demanda, dans son trouble, d'où leur venait cette folle présomption? Quelques paroles dures et injurieuses furent échangées entre eux, lorsque parurent soudain les légats du saint Siége qui lui annoncèrent de vive voix le décret de Grégoire. Hermann vit seulement alors d'où venait l'insolence de ses clercs. Triste et confus, il s'adressa à l'archevêque de Mayence, son ami, et, sous bien des rapports, son obligé, le pressant de le rejoindre immédiatement pour apaiser le clergé qui s'était soulevé contre lui et qui le menaçait au sein même de son église. Sigefroi vint, négocia avec les clercs, les exhorta, leur demanda grâce pour son collègue, leur promettant que tout le mal serait réparé; mais les clercs, sourds à toutes ses paroles, se répandirent de nouveau en invectives, rappelèrent le verset du Psalmiste et tinrent même à l'archevêque des propos peu courtois. Ce dernier ne voulut pas insister davantage sur la réconciliation, et jugea plus utile de se rendre à Rome avec Hermann pour gagner Grégoire, soit par des prières, soit par des présents, et pour faire lever l'interdit. Mais,

réfléchissant en route sur les inconvénients de conduire un évêque à Rome, avant de connaître les intentions du souverain pontife, il engagea Hermann à rester sur les terres de l'Eglise de Bamberg et à y attendre son retour. Sigefroi partit, avec de riches présents, mais avec une suite peu nombreuse'. Grégoire hésita longtemps avant de communiquer avec le prélat suspect; car l'archevêque lui-même était sous le poids de graves préventions, lui qui avait sacré l'évêque de Bamberg, quoiqu'il le sût entaché de simonie. Aussi, loin d'avancer l'affaire de son ami, il reçut l'ordre de rompre toute communication avec lui, de faire savoir à tous les princes de l'empire la sentence du saint Siége, et de saisir la première occasion favorable pour donner un autre évêque à l'Eglise de Bamberg. Alors Hermann se mit lui-même en route et se rendit auprès de Grégoire avec quelques amis qui devaient appuyer ses prières mais il trouva le pape inflexible, et ce ne fut qu'à force de larmes et de supplications qu'il obtint la faveur de se retirer dans un monastère de son diocèse.

Quelque temps après, Grégoire expédia en Allemagne, sur cette affaire, trois lettres, dont l'une était adressée aux habitants de Bamberg, l'autre à Sigefroi de Mayence, et la dernière à l'empereur

'Lamb., ann. 1075, et Gregor., epist. 1, 3, s'accordent sur ce point.

T. II.

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Henri'. Il fait savoir aux premiers que la sentence portée contre leur faux évêque était irrévocable, et que ni prières ni suggestions frauduleuses ne pourraient la changer. Et comme le coupable avait exercé tant d'actes de tyrannie contre l'Eglise de Bamberg, une des filles les plus chéries de la mère-église romaine 2, le pape lui interdit toute fonction, non-seulement épiscopale, mais ecclésiastique, et le déclare frappé d'anathème, ainsi que tous ceux qui, depuis son élévation à l'épiscopat, avaient reçu de lui des biens ecclésiastiques et l'avaient ainsi favorisé dans ses criminelles entreprises. L'archevêque Sigefroi reçut l'ordre de Grégoire de faire connaître cette sentence à tous les évêques soumis à son siége métropolitain.

Le pape accorde des éloges à l'empereur dans la lettre qu'il lui écrit: « Entre autres bonnes » œuvres, lui dit-il, que vous pratiquez, mon » très-cher fils, pour faire paraître le zèle que » vous mettez à réformer des désordres passés, > il en est deux qui vous ont mérité au plus haut >> point la bienveillance de votre mère, la sainte Eglise : ce sont l'énergie avec laquelle vous vous >> opposez au scandale de la simonie, et l'ardeur » avec laquelle vous faites exécuter les règle»ments concernant la chasteté des clercs. Vous >> nous avez donné par là une preuve qu'avec l'as

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» sistance du Très-Haut, nous pouvons attendre » de vous des choses encore plus grandes et plus > louables.... Il l'exhorte ensuite à protéger l'E

glise de Bamberg, dans le cas où l'évêque continuerait ses audacieuses rapines, et à procéder, d'après l'avis des hommes pieux, à l'élection d'un nouvel évêque. »

Quand Hermann vit toute espérance anéantie, 'il résolut de renoncer au monde; mais cette résolution fit naître de vifs mécontentements et trouva une forte opposition dans ceux qu'il avait gagnés à sa cause par les richesses dont il les avait comblés autrefois. Ses partisans murmuraient contre une déposition prononcée sans aucun jugement préalable; ils prétendaient que cet acte était chose inouïe en Allemagne, qu'un affront de ce genre s'adressait à chacun d'eux, et qu'ils voulaient soutenir sa cause. Cette manifestation plut à Hermann; il reprit courage, revint à Bamberg et y séjourna quelque temps. Dans l'espoir d'annuler l'anathème, il reprit l'administration temporelle de son diocèse. Aussitôt le service divin cessa dans toutes les églises et le clergé se retira de la ville. L'évêque passa le reste du temps sur les terres de son évêché, soutenu et protégé par ses hommes d'armes 1; mais personne, ni le roi ni aucun évêque, ne voulurent plus communiquer avec lui.

Militum suorum.

Ce qui donnait à la conduite de Grégoire visà-vis d'un évêque allemand une bien haute impor tance, c'est qu'elle offrait aux autres la mesure de l'énergie qu'il déploierait contre quiconque violerait les décrets du saint Siége. Après avoir fixé l'attention des clercs sur la loi du célibat, au point de leur faire oublier les canons contre les investitures, le pape s'attendait à de grands orages de la part des princes; car la défense des investitures devait les intéresser bien vivement, puisqu'ils perdaient leurs droits sur les vastes domaines que beaucoup d'entre eux avaient donnés aux ministres des autels. Mais l'irritation des seigneurs contre le décret pontifical fut si grande, qu'ils gardèrent un morne silence, faisant semblant de n'y donner aucune attention, et cherchant ainsi à le faire tomber, comme si une atteinte portée par le pape à leurs droits ne pouvait être sérieuse ou réelle. Mais cette manoeuvre était impuissante contre l'inflexible courage de Grégoire; il devina sans peine la tactique de ses adversaires, et demeura inflexible dans sa volonté et ferme dans l'exécution. L'assemblée d'Erford lui avait démontré qu'il ne ferait rien par la voie des synodes: le concile tenu, d'après ses ordres, cette même année, à Mayence, par Sigefroi, avait encore justifié ses prévisions 1. Car, au moment où l'on y

Lamb., ann. 1075. C. F. Mansi, tom. xx, p. 446.

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