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champ de dévaster ses propriétés et de l'expulser du territoire de ses pères. Le mot d'ordre était la victoire ou la mort; car on avait vu quel sort Henri réservait aux vaincus '.

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Quand on eut appris l'entrée de l'empereur dans la marche de la Misnie, à la tête de ses hordes dévastatrices, avides de butin, mettant tout à feu et à sang, tous les Saxons se levèrent en masse et coururent aux armes 2. Bientôt leur nombre s'éleva à plusieurs milliers, tous enflammés d'une ardeur guerrière; ils marchèrent contre l'ennemi avec une contenance ferme et grossirent leurs rangs en traversant les villes et les bourgs; comme un torrent, ils entraînèrent tout dans leur marche. Ce qui les animait, c'étaient, non la crainte servile qui jadis ayait réuni, sous la verge de fer de Xerxès, les bataillons persans, mais le feu le plus sacré, la pensée la plus sublime, le sentiment le plus élevé : vaincre ou mourir comme des héros pour la défense de la patrie, voilà ce qui poussait ces hommes à de nobles résolutions, à de grands exploits. Les fils de Géron, ces deux vaillants exilés, avaient réuni autour d'eux sept mille cavaliers d'élite, tous avides de chasser devant eux les hordes ennemies. Si ces troupes eussent atteint le

Nul n'a mieux peint cet enthousiasme universel des Saxons, que Lambert d'Aschaffembourg.

La Saxe n'a vu qu'une seule fois depuis ces temps le même esprit dans son peuple: c'est le 18 octobre 1813.

prince et si leurs épées avides de sang eussent pu se tremper dans la poitrine de ses guerriers, pas un n'eût échappé; car les Bohémiens réunis aux troupes de Henri étaient trop faibles et par le nombre et par le courage pour résister aux Saxons. Mais comme si le Ciel eût pris un soin particulier de sauver, dans ce moment critique, les jours de l'empereur, des pluies récentes avaient tellement grossi la Mulda, qui séparait les deux armées, que tout passage devint impossible. Cette circonstance fit le salut du prince, qui traversa promptement la Bohême et la Bavière, puis revint à Worms," plongé dans la douleur et fort inquiet de son avenir !.

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C'est un malheur, sans doute, pour un général de perdre une bataille contre un ennemi fiombreux, ou de voir ses plans déjoués; mais if est encore plus malheureux pour lui, lorsque les peuples ennemis apprennent par là à connaître leurs intérêts, et que, séparés, ils se réunissent pour tendre à un même but. Il en fut ainsi des Saxons, qui se rappelèrent leur ancienne ligue avec la Souabe, et cherchèrent à la renouveler, afinTM de se défendre ensemble, sous le commandement

Lamb., ann. 1076. Wratislas perdit encore it encore une fois par cette expédition sa seigneurie de Misnie; car Ecbert, aidé des Saxons, s'empara de toutes les places quí avaient garnison bohémienne. La Lusace resta seule au duc.

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d'un nouveau roi, contre les attaques d'un op presseur commun. Ils adressèrent également des lettres au saint Siége, pour demander conseil sur le parti qu'ils devaient prendre'.

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Grégoire ne tarda pas à répondre par une lettre adressée aux évêques, aux, ducs, aux comtes, et à tous les fidèles de l'Allemagne. Si vous avez » bien réfléchi, leur dit-il, sur l'excommunication » lancée contre le roi Henri, vous savez ce qui » vous reste à faire. Il en ressort, en effet, qu'il est » enchaîné par les liens de l'anathème; qu'il est • privé de la dignité royale; que le peuple, naguère » soumis à sa puissance, est dégagé de tout ser» ment de fidélité. Mais, comme nous ne sommes animés contre Henri ni par l'orgueil du siècle, ni par une vaine ambition, que la discipline et » le soin des Églises sont les seuls motifs qui nous » font agir, nous vous demandons comme à des frè- › res de le traiter avec douceur, s'il revient sincère>ment à Dieu, non avec cette justice qui lui enlève » l'empire, mais avec cette miséricorde qui efface » ses crimes. N'oubliez pas, je vous prie, la fragi

lité de la nature humaine; rappelez-vous le sou> venir pieux de son père et de sa mère, auxquels » on ne peut comparer nuls princes de notre » temps. Toutefois, en répandant sur ses blessures

'Quibus ut vel per se vel per nuntium genti pone perditæ consolator adesset, suppliciter oraverunt. Bruno, p. 133.. 2 Epist. IV, 3.

as llet baume de votre piété, ne négligez pas lë vias paigrede la discipline, afin que ses plaies ne puis>■ (sent s'enveni mer, et que l'honneur de la sainte Église et de l'Empire ne souffrent pas de notre négligence. Cependant, qu'il éloigne de sa presence les mauvais conseillers qui, excommunies » pour cause de simonie, n'ont pas rougi d'infectër » leur maître de leur propre lèprè, et de le provo→» quer à troubler la sainte Église et à encourir la a colère de Dieu et de saint Pierre; qu'il en choisisse

qui le préfèrent à leurs intérêts personnels, et -> Dieu à leurs avantages; qu'il ne pense plus que l'Église lui soit soumise comme une humble » servante, mais qu'il avoue qu'elle lui est supé>»rieure, comme sa maîtresse; qu'enflé par l'es-> prit d'orgueil, il ne défende pas des coutumes → opposées à la liberté de l'Église, mais qu'il ob» serve la doctrine des pères que Dieu leur a » enseignée pour notre salut. S'il veut faire ces aire ces promesses, que nous sommes en droit de lui » demander, nous voulons en être aussitôt et ré

gulièrement informés, afin que nous demandions Và Dieu ce qu'il faut faire. Au reste, nous vous

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rappelons surtout que nous avons défendu, par l'autorité de saint Pierre, que personne d'entre » vous ne se permit de l'absoudre avant que le saint Siége l'ait accordé, et que nous ayons donne »notre consentement positif, car nous nous mér (fions des effets de la faveur ou de la crainte,

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»Si, contre nos désirs, et pour l'expiation des » péchés d'un grand nombre, il ne revient pas » sincèrement à Dieu, trouvez un prince qui vous » fasse secrètement la promesse d'observer ce que » nous venons de dire, ce qui serait nécessaire à » la conservation de la religion chrétienne et au » salut de l'Empire. Faites-nous connaître au plus tôt sa personne, sa position et ses mœurs, >> afin que nous confirmions votre choix par l'au» torité apostolique, et que nous lui donnions plus » de force, comme nous savons qu'ont fait nos » saints prédécesseurs; c'est ainsi que vous mé> riterez la faveur du saint Siége et la bénédiction » du Prince des apôtres. Quant au serment prêté

à l'impératrice Agnès, notre très-chère fille, dans » le cas où son fils mourrait avant elle, il ne sau

rait vous arrêter dans ces circonstances. D'ail

1. Ut autem vestram electionem, si valde oportet, ut fiat apostolica auctoritate firmemus et novam ordinationem nostris temporibus corroboremus, sicut a sanctis nostris patribus factum esse cognoscimus, negotium, personam et mores ejus, quantocius potestis nobis indicate, ut sancta et utili intentione incedentes mereamini, sicut 'nobis notæ causæ, apostolicæ Sedis favorem per divinam gratiam et beati Petri apostolorum principis per omnia benedictionem. » (Epist. 1, 1, 1v.). Ces paroles nous montrent évidemment que les papes avaient quelques droits sur l'élection des empereurs, puisque Grégoire veut confirmer et corroborer le nouveau choix, à l'exemple de ses saints prédécesseurs. S'il veut faire ces promesses, dit-il plus haut, que nous sommes en droit de lui demander; ceci s'accorde parfaitement avec les assertions d'Eichhorn, que nous avons produites dans notre introduction. (Note du trad.)

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