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publia le décret apostolique touchant le célibat des prêtres, tous les clercs présents à l'assemblée se levèrent de leurs siéges, protestèrent contre les paroles de l'archevêque et firent des démonstrations tellement hostiles, que celui-ci désespérait de sortir vivant du synode; il résolut donc de ne plus se mêler, à l'avenir, des intérêts du pape. Grégoire crut en conséquence devoir suivre une voie différente.

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Il savait que, pour gagner les masses, il faut user de prudence et chercher à se concilier les membres individuels qui les composent, et qu'on ne saurait acquérir le tout sans s'approprier successivement chacune de ses parties; car la multitude, en réfléchissant sur elle-même, retrouve toujours sa force dans l'union, tandis que l'homme isolé est faible, humble et docile '. Grégoire, à la vue de cette opposition du clergé, eut recours à ses légats pour obtenir la soumission de chaque clere en particulier. Les hommes à qui cette mission délicate était confiée reçurent les instructions les plus détaillées; ils devaient publier partout les décrets du saint Siége, les commenter, en montrer le but, mettre les évêques en rapport les uns avec les autres; recommander les prélats chancelants à d'autres bien connus pour leur entière soumission aux volontés du Siége apostoli

Machiavel, passim.

que, surveiller avec soin les églises particulières et ceux qui les gouvernent, adresser au pape les détails les plus circonstanciés et les plus précis sur leur situation, et, en particulier, sur la conduite et le caractère des ecclésiastiques qui y appartenaient, etc. Lui-même ne négligeait rien pour assurer à ses légats la plus haute considération, rappelant aux rois, aux évêques, à tous enfin la dignité et l'importance de ceux que le souverain pontife envoyait revêtus de son autorité'. Leurs décisions devaient être regardées comme les siennes propres ; partout où ils se trouvaient, ils jugeaient en dernier ressort. Grégoire n'avouait pas hautement le but de leur mission; mais il le rendait ostensible par la puissance qu'il leur conférait. De cette sorte il donna une nouvelle vigueur à l'institution des légats, il en fit des ministres ambulants, qui, munis d'une autorité suprême, se portaient dans toutes les parties de la chrétienté; aussitôt qu'ils apparaissaient quelque part, rois, princes, archevêques, tous devaient

1 Pour s'en convaincre, il suffit de consulter les lettres écrites à cette époque (11, 40) : « Per eos nostra vobis repræsentatur auctoritas et nostra vice, quæ ad utilitatem S. Ecclesiæ pertinent, cum Dei adjutorio studiosa procuratione peraguntur (11, 41, 56). » Grégoire mandait à Geisa, roi de Hongrie : « Ut obedientiam legatis S. Ecclesiæ romanæ exhibeat (11, 63, 64, 65, 66, 73, 74); » Combien ce pontife n'a-t-il pas employé, dans ce sens, le verset de l'Evangile : « Qui vos audit, me audit; qui vos spernit, me spernit!» (Luc., x.)

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plier, tous devaient obéir; ils étaient les anneaux isolés de la grande chaîne dont le pape entendait se servir pour diriger à son gré chaque Eglise et chaque évêque en particulier : cette action, pour être plus secrète, devenait plus sûre et plus durable.

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Pendant que Grégoire travaillait ainsi à élever, avec une prudente circonspection, l'édifice dont il avait conçu le plan, on vit crouler de jour en jour, au milieu des tourmentes d'une guerre désastreuse, celui que, dans la précédente période, la puissance impériale avait essayé de construire. Un sombre avenir se préparait aux yeux de tous, depuis qu'au jour de Pâques Henri avait expédié de Worms quelques-uns des siens pour faire savoir aux princes saxons, qui venaient lui offrir leurs hommages et passer à la cour de l'empereur la grande solennité, qu'ils devaient s'en retourner chez eux, que le roi ne leur permettrait plus de se présenter devant lui; puisque pour les criantes injustices dont ils s'étaient rendus coupables envers lui, ils ne lui avaient encore offert aucune satisfaction qui pût apaiser son légitime courroux'. Les Saxons comprirent dès lors le sort qui les attendait et retournèrent dans leur pays. Lorsque l'empereur eut fait tous les préparatifs qu'il jugeait nécessaires pour entrer en campagne,

* Lamb., ann. 1075.

il annonça solennellement dans l'Empire son expédition contre les Saxons, et ordonna à ses grands vassaux de réunir leurs troupes au jour fixé',' dans des environs de Breitungen, inoz

A la nouvelle des projets de Henri, toute la Saxe se mit en émoi. Les princes s'assemblèrent à Goslar, pour délibérer sur les moyens de sauver la patrie; ils sentirent tout le danger de leur position; car ils savaient que le peuple, prêt, dans son premier empórtement,à assommer celui qui s'aviserait d'envahir leur territoire, était peu propre à combattre en bataille rangée; et que leurs guerriers d'élite étaient trop inférieurs en nombre pour luttér avecavantage contre la puissante armée de Henri2. Pendant qu'ils délibéraient ainsi, parurent devant eux des envoyés du roi. « Notre souverain, dirent

ils, n'a point oublié les criantes injustices com» mises à son égard, l'avilissement de son auguste » dignité, et la fuite honteuse par laquelle il fut » obligé de sauver ses jours. Il n'en veut pas à » tous les princes saxons; il sait quels sont les > chefs qui soulèvent la multitude inexpérimentée >> et qui lui inspirent l'amour des nouveautés

dangereuses; contre ceux-là, il saura demander » à son glaive une vengeance que les lois sont impuissantes à lui accorder. Il exhorte les autres » à ne prêter à ses ennemis ni l'appui de leurs

' VI id. junii.

* Brunon, pag. 113.

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› bras ni celui de leur fortune; s'ils écoutent ses »avis, il est prêt à leur pardonner leurs torts; » sinon, il les traitera avec d'autant plus de sé» vérité, qu'il les a avertis. » L'un des Saxons répondit au nom de ses compatriotes: Si nos

>> chefs refusent de donner au roi satisfaction des » torts qu'ils ont envers lui, nous n'hésiterons pas » å les arrêter et à les conduire enchaînés devant » son tribunal; nous brûlerons leurs maisons et » les chasserons pour toujours de leur pays. Mais s'ils sont disposés à réparer leurs fautes et à se justifier des reproches qu'on leur fait, nous con» jurons le roi, au nom de Dieu, de consulter leur » honneur plutôt que sa colère: qu'il daigne fixer » le lieu et le jour auxquels ils devront se présen»ter; qu'il leur accorde un sauf-conduit, et qu'en» suite il prononce selon la justice et selon les lois

de l'Empire. Mais si le ressentiment empêche que justice se fasse; si le sang de nos princes peut >> seul apaiser son courroux, nous croirions nous rendre coupables du plus noir forfait en aban» donnant nos chefs, en laissant égorger des >> hommes qui n'ont pris les armes que pour la » défense de leur pays et le maintien de leur liberté. Il ne reste donc au souverain qu'à accor» der à tous un égal pardon ou à prononcer contre » tous un égal châtiment.... »

Ensuite se levèrent dans l'assemblée Otton de Nordheim; Magnus, duc de Saxe; Wecel, ar

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