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chevêque de Magdebourg; Burchard, évêque de Halberstadt, et les autres grands à qui s'adressaient principalement les menaces de Henri; ils déclarérent que jamais ils n'avaient violé d'une manière quelconque la paix de Gerstungen; que si le roi les eroyait les instigateurs de l'incendie de l'église de Harzbourg, du pillage du trésor, de la profanation des tombeaux, ou de toute autre infraction au traité de paix, ils étaient prêts à prouver leur innocence dans une diète des princes de l'Empire, à reconstruire à leurs frais une église plus belle et plus riche que la première; enfin à rétablir tout ce que l'aveugle populace avait détruit dans sa fureur, pourvu que le prince remît dans le fourreau le glaive suspendu sur leur tête et tiré pour la perte de toute la nation saxonne. Ils y ajoutèrent qu'ils se soumettraient à toutes les peines qu'on prononcerait contre eux.

Après cette déclaration, on congédia les envoyés de Henri 1, et on députa vers lui quelques-uns de l'assemblée pour lui faire part de la réponse faite à ses légats. Mais l'empereur ne fut pas plutôt instruit de leur voyage, qu'il leur défendit de paraître en sa présence, menaçant de les châtier comme les ennemis de l'Etat, puisque, sous prétexte de négociations, ils venaient répandre dans le peuple de faux bruits, soulever contre lui

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les princes fidèles, et empêcher son expédition. Le retour des envoyés, après leur tentative infructueuse, n'empêcha point les Saxons de continuer leurs députations vers Henri 1; mais ni les sollicitations verbales, niles suppliques écrites, ni les plus humbles prières 2, ne purent fléchir la colère du monarque. Enfin, le malheureux peuple s'adressa aux ducs Rodolphe, Berthold, Gozelon et autres, tant pour solliciter leur intercession 3 que pour leur rappeler leur ancienne alliance, et pour les conjurer, au nom du Dieu qui avait reçu leur serment, detendre une main secourable aux infortunés Saxons. Une épître fut adressée à l'archevêque de Mayence, au nom de Wecel de Magdebourg1, par les évêques, les ducs, les comtes, les clercs, les laïcs de tout rang et de toute condition. Ils commencent' par y exposer les vues et la conduite de Henri à l'égard de la Saxe, démontrent qu'ils ont eu raison de détruire les châteaux forts, mais qu'ils ne sont pas responsables des dégâts de Harzbourg; que les hommes de guerre auxquels l'empereur, par défiance pour les Saxons, a confié la démolition du fort, avaient appelé à ce travail des paysans indisciplinés, 'paresseux et insouciants, qui trou

* Bruno et Lambert.

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Sæpius domino nostro regi, ut humiles servi cum multa supplicatione misimus.» Lettres des Saxons citées. dans les Annal. Saxon.

Annal. Saxon.

L'annaliste saxon le nomme Werner; le même auteur cite également la lettre, ann. 1075, ainsi que Bruno, p. 114.

vaient naturellement leur intérêt à ne pas laisser pierre sur pierre; en sorte que le roi et ses serviteurs peuvent être considérés comme les seuls auteurs de ce désastre. Ils supplient instamment l'archevêque de disposer Henri à la paix et à un jugement équitable; ils protestent de leur innocence, et se montrent prêts à répondre à toutes les inculpations, si le roi consent à les laisser venir! au tribunal de l'Empire; enfin, ils essaient de détacher Sigefroi du parti de Henri, dans le cas où ce dernier ne serait point disposé à prêter une oreille favorable à leurs sollicitations. Les plaintes et les prières qui remplissent cette épître sont les mêmes dans presque toutes les autres lettres; mais Henri demeura inflexible; il se sentait fort de l'appui des grands; son honneur était trop vivement blessé, il jura de tirer une éclatante vengeance des Saxons, et, dans cette vue, il fit prêter serment à ses vassaux de ne recevoir aucun message à son insu, de refuser aux peuples de la Saxe l'appui de leurs armes et de leurs conseils, et de ne jamais venir intercéder pour eux, avant qu'il cût déclaré lui-même que son honneur était suffisamment vengé. L'empereur fit savoir ensuite aux Saxons qu'ils n'avaient de grâce à espérer qu'autant qu'ils remettraient entre ses mains, sans condition aucune, leurs personnes, leur liberté, et tous leurs biens'.

Bruno, pag. 144.

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Les Saxons se trouvèrent dans un embarras extrême. Les princes et les évêques, dont nous avons déjà parlé, se liguèrent plus étroitement encorc, et gagnèrent à leur parti de nouveaux alliés, entre autres Udon, margrave de Salzwedel, connu ensuite comme margrave de Brandebourg '. Le peuple manifesta un esprit inquiet et violent il était poussé par le désespoir. Les grands tinrent des réunions fréquentes dans la Saxe et dans la Thuringe pour délibérer sur les mesures à prendre, pour conjurer l'orage qui grondait sur leurs têtes. Comme ils se voyaient privés de toute autre espérance de salut, ils résolurent de chercher leur appui près de Dieu, qui sait humilier les rois insolents et protéger l'innocence opprimée; cette résolution fut le cri unanime de toutes les âmes fortes, que l'amour de la patrie et la grandeur du danger avaient élevées au-dessus d'elles-mêmes. Dans les deux pays, on ordonna des jeûnes et des actes de pénitence, on revêtit des habits de deuil, on distribua de riches aumônes : des troupes de pèlerins allèrent nu-pieds visiter les lieux saints, et adresser au Seigneur des armées de ferventes prières ; ensuite on annonça partout que le même jour où le roi Henri réunirait ses troupes à Breitungen, tous les Saxons en état de porter les armes se rassembleraient à Lupnitz 2. Six mille

'Herm. Corneri Chron., ann. 1075.

2 Krause, dans son édit. de Lambert d'Aschaffenbourg,

hommes devaient rester pour la garde des châteaux, tandis que le reste de l'armée attendrait le roi au camp de Lupnitz, et remettrait au ToutPuissant l'issue de cette lutte désespérée. A la même époque vinrent dans la Saxe des députés de la Luticie et de la Pologne, qui offraient de les secourir et d'entrer dans la Saxe à un jour convenu avec des forces considérables, ou de faire diversion en leur faveur en marchant contre les Danois, que le roi avait engagés à une invasion sur le territoire de ses ennemis. Ces offres généreuses ranimèrent le courage des Saxons, qui ne pensèrent plus qu'à faire des préparatifs de guerre et qu'à adresser de pieuses supplications au ciel pour obtenir la paix'; une foule de seigneurs ne cessaient, par leurs énergiques paroles, de soulever le peuple des campagnes.

L'empereur essaya d'attirer sous sa bannière plusieurs nobles saxons, en leur offrant l'appât de ses royales faveurs. Ses tentatives ne furent pas infructueuses; il parvint à en gagner plusieurs et à les rendre traîtres à leur patrie : tous les prélats étaient pour lui ou du moins ébanlés; les seuls évêques de Magdebourg, d'Halberstadt, de Mersebourg et de Paderborn, restèrent inaccessibles aux caresses comme aux menaces; les peuples de la West

croit que ce Lupnitz, dont il est ici question, est le même qui se trouve entre Eisenach et Langensalza.

'Lambert d'Aschaff.

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