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phalie et des alentours de la Misnie reconnaissaient l'aigle impériale; Guillaume, surnommé le roi, et Frédéric de la Montagne, rejoignirent pendant la nuit l'armée de Henri. Le jour de l'Ascension, une députation saxonne se présenta à Mayence chez Udon, archevêque de Trèves, qui y célébrait les saints mystères, pour le prier de soumettre au peuple et à l'assemblée des grands de l'Empire les instances avec lesquelles leurs concitoyens demandaient la paix. Comme Henri s'opposait à cette déclaration, le légat de Saxe se présenta au peuple et lui fit connaître le contenu de la lettre dont il était porteur; mais Rodolphe sut anéantir l'effet de ses paroles par l'énergique protestation de son dévouement à la cause de l'empereur3.

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Après de grands préparatifs, Henri vint, au jour marqué, à Breitungen, à la tête d'une armée nombreuse; Welf ou Guelphe s'y rendit de même avec ses Bavarois; Rodolphe, son ami, qui, dans ces derniers temps, n'avait pas cessé d'exciter l'empereur contre les Saxons, y vint aussi à la tête des Souabes. Gozelon commandait la troupe guerrière qu'il avait ramassée dans la Basse-Lorraine, tandis que Thierry arrivait de la Haute-Lorraine

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^ Carmen de Bello Saxon. Brunon dit :« Hinc vero (c'està-dire du côté des Saxons) non nisi Saxoniæ vix tertiam partem inveniunt..... corrupti auro regis defecerunt. *** Annal. Saxon., ann. 1075. Voy. Ritter, Histoire de la Misnie, pag. 189.

• Brunon.

avec une cavalerie nombreuse et brillante 1; l'antique peuplade des Francs Ripuaires ne manqua pas non plus au rendez-vous général. On voyait dans le camp de Breitungen les évêques de l'Empire, tous les ducs, tous les comtes, tous ceux enfin qui occupaient une charge ecclésiastique ou civile. Berthold de Carinthie, comte de Zahringen, y vint, comme les autres, faire sa cour à l'empereur 3. Les troupes du duc de Bohême, commandées par Borziwog, le fils de Vratislas, étaient assez fortes pour suffire seules, à ce qu'on croyait, à tenir tête à l'armée saxonne. Les deux coupes d'or et les deux grands plats du même métal, que Henri lui avait fait remettre par le comte Wiprecht, n'avaient pas manqué de flatter le nouveau souverain. Wiprecht lui-même, devenu l'époux de Judith, fille de Vratislas, se trouvait dans les rangs des soldats envoyés par son maître au secours de l'empereur.

L'impérieuse nécessité pouvait seule dispenser les évêques de prendre part à l'expédition. L'archevêque de Cologne regardait comme un sacrilége de prendre les armes contre l'archevêque de Magdebourg, son frère, et contre l'évêque d'Halberstadt, son proche parent : fut dispensé du service par l'empereur, qui,

'Carmen de Bello Saxon., lib. 111.

2 Lambert Schaff.

il

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du reste, faisait peu de cas de sa personne1; le grand âge et une longue maladie valurent la même faveur à l'évêque de Liége: tous deux néanmoins envoyèrent à l'armée des troupes nombreuses. Widerad, abbé de Fulde, quoique souffrant et ne pouvant marcher qu'à l'aide d'une béquille, fut forcé de se rendre au camp2: car il importait au monarque de donner de l'éclat et de l'importance à son expédition par le nombre et l'illustration des seigneurs qui en faisaient partie3. Par ce moyen, Henri était parvenu à rassembler une armée si nombreuse et si belle, que de mémoire d'homme on n'en avait vu une pareille en Allemagne. Pendant qu'il campait à Breitungen, il reçut, par ses espions, des renseignements sur les forces des Saxons; il apprit que leur armée était beaucoup inférieure à la sienne sous le rapport du nombre et de la qualité des armes; mais qu'elle l'emportait par ses munitions de guerre et de bouche; que le soldat saxon maniait le glaive avec un rare bonheur; que chacun portait avec lui trois épées, deux au moins, pour remplacer celle qui se briserait entre ses mains : qu'ils avaient avec eux des vivres pour longtemps; que, campés tout près,

1

Quod post primam defectionem invisum semper eum et suspectum habuisset.

Il mourut, peu de temps après, des suites funestes de cet effort.

* Lamb., ann. 1075.

Lehmann Speierense, Chron., p. 384.

T. II.

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}

ils montraient un courage intrépide; que, sans se mettre en peine de l'approche de leurs ennemis, ils goûtaient, sous leurs tentes, les douceurs du, repos; et que leurs chefs voulaient envoyer une dernière députation à l'empereur pour la paix, et commencer les hostilités en cas de refus. A ce récit, les grands qui entouraient le monarque, fiers de leur puissance, éclatérent en propos arrogants : « L'acier et le dia» mant, disaient-ils, ne sauraient résister à notre » armée vaillante; nos guerriers, tous hommes de » cœur, sont rompus au service des armes, tan» dis que les Saxons n'ont à nous opposer que » de lourdes masses, plus habituées à conduire » la charrue qu'à manier le glaive, et qui, pri»vées de toute ardeur belliqueuse, prendront la » fuite au premier bruit du combat Le. »roi Henri n'était point disposé à attendre l'arrivée de la députation saxonne; il craignait que les princes, en voyant les ennemis disposés à se soumettre à toutes les conditions, ne regardassent la guerre comme injuste et ne lui ôtassent le prétexte de venger l'affront qu'il avait reçu; il était raffermi dans ces sentiments hostiles par le duc Rodolphe 1, qui voulait effacer le souvenir de sa conduite passée.

Lamb., ann. 1075 *.

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• Plurimum in hoc annitente duce Suevorum, propterea quod anno priore regnum affectasse in famatus, suspicionem hanc novis erga regem studiis abstergere cupidissime volebat. Lambert. (Note du traduct.)

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On leva donc brusquement le camp de Breitungen pour se mettre en mouvement; le premier jour, l'armée arriva jusqu'à Eln'. Une marche forcée la conduisit le lendemain à Behringe, dans le voisinage d'Eisenach et non loin du camp saxon 2. On dressa des tentes pour accorder aux soldats épuisés quelques moments de repos; l'empereur lui-même était déjà couché, lorsque le duc Rodolphe entra brusquement dans sa tente, et lui dit : « Les Saxons se trouvent tout près de nous, » tranquillement occupés à faire bonne chère, » comme s'ils ne savaient rien de l'approche de

l'ennemi il nous reste une bonne partie de » la journée; je crois qu'il faut leur présenter » la bataille; s'ils la refusent, nous n'aurons » aucune peine à nous rendre maîtres de leur » camp. L'honneur de l'Empire nous com

mande l'attaque et une prompte vengeance. » Henri remercia vivement le duc du sage conseil qu'il venait de lui donner et lui jura une éter

1 Lambert d'Aschaffenbourg désigne ce lieu sous le nom d'Elenen. Peut-être était-ce là où se trouve aujourd'hui Obereln, du côté d'Eisenach. Krause dit : « In monastico Thuringico occurrit hujus nominis villa passim, situ tamen non declarato; ast in Winckii Hist. Hassicá, tom. 11, dipl., pag. 500, in archidiaconatu Gothano recensetur et Isenacum versus exhibent mappa geographicæ Elenas duas.» Ce passage confirme notre opinion, et il s'agit ici d'Obereln ou d'Untereln, dans la principauté de Meiningen.

2 Grand et Petit Behringe. Lamb. et Bruno. Ces endroits existent encore,

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